Les pots de pharmacieVoir aussi : Galerie R. Montagut
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Pour plus d’information voir l’article de M. Cotinat joint | ||
et l’exposition temporaire associée | ||
Les pots de pharmacie sont aussi anciens que l’art de guérir. On en a fait de toutes sortes de substances : bois, corne, ivoire, marbre, jaspe, albâtre, verre, étain, plomb, argile, grès, faïence, porcelaine, etc. Les vases d’argiles, dont l’invention remonte à la plus haute antiquité, ont été employés, concurremment avec ceux d’étain, pour la conservation de la plupart des médicaments simples et composés, jusqu’à l’adoption de la faïence pour les usages pharmaceutiques. Néanmoins, les vases de faïences ne furent adoptés par les apothicaires français que pour remplacer ceux d’argile, de grès, d’étain, etc., qu’après la création des fabriques de Nevers, Rouen, Moustiers, Strasbourg, etc., lorque les produits de cette nouvelle industrie furent devenus d’un prix abordable. En 1697, Nicolas Lemery reconnait qu' »on préfère la fayance aux autres terres chez les apoticaires, à cause de sa beauté et sa netteté ». Un siècle plus tard, on donne la préférence à la porcelaine. C’est à la suite des gisements de kaolin de Saint-Yrieix, effectué en 1768 par l’apothicaire Vilaris, de Bordeaux, que la fabrication de cette nouvelle poterie s’implante définitivement en France. Bientôt, les manufactures de Sèvres, de Paris, de Lille, d’Orléans, de Niederville, de Marseilles, d’Arras, etc. en produisent suffisamment pour que la porcelaine, devenue commune, ne tarde pas à prendre, en pharmacie, la place de la faïence. Les pots de pharmacie en faïence peuvent être classés de la façon suivante : 1°) les chevrettes, pour les sirops, les miels et les huiles; selon Chaussier, la chevrette est une espèce de vase oblong à large ouverture, de faïence ou de porcelaine, lequel « d’un côté porte une pougnée, et de l’autre, un bec saillant que l’on a comparé à la corne d’un chevreuil; ce qui lui a donné son nom. La chevrette fut le pot de pharmacie par excellence : seuls, les apothicaires avaient le droit de la posséder et de l’étaler à la fenêtre de leur officine. Les archives des apothicaires de Paris contiennent plusieurs sentences rendues contre des épiciers possesseurs de chevrettes. Les chevrettes étaient également interdites aux chirurgiens. Voici quelques exemples d’inscriptions qu’on peut y trouver : SYR. Altheae = Sirop de guimauve utilisé comme émolliant; SYR. Papaver. Alb.=Sirop de pavot blanc; SYR.Flor.Persic.=Sirop de fleur de pêcher (à propriétés légèrement purgatives qui était employé chez l’enfant); OLEI Hyper.=huile de Millepertuis ou Chasse-diable (employé comme vulnéraire, hémoptysique, antihystérique). 2°) les bouteilles, pour les eaux distillées; »Les bouteilles, dit Jean de Renou, sont de verre, ou de terre » 3°) les cruches, pour les sirops et les eaux distillées;Les cruches étaient employées dans les grands hopitaux, non seulement pour la garde des euax distillées, mais encore pour celle des sirops qui étaient le plus ordonnés par les médecins. Contrairement à la chevrette, la cruche était commune aux apothicaires et aux épiciers; mais ceux-ci n’y logeaient que leurs huiles. 4°) les pots à canon, pour les onguents, les opiats, les confections, les électuaires, les baumes, etc. En 1679, Richelet définissait le canon : « un pot de faîence un peu long que les apoticaires de Paris appelent d’ordinaire pot à onguent ». Quelque vingt ans plus tard, Nicolas Lémery dit que les apothicaires appellent ces vases pots à canon « à cause de leur forme » et qu’ils y mettent « les électuaires, les baumes, les onguents ». Au temps de Baumé, on conserve dans les pots à canons « les électuaires, les opiates, les confections ». Par ailleurs, Dorveaux indique dans son ouvrage sur les pots de pharmacie que « les dénominations de canon et de pot à canon sont ignorées de la plupart des archéologues. Pour désigner cet objet, l’un emploie les expressions « vase de pharmacie », « vase en forme de cornet, dit albarello », « cornet de pharmacie »; l’autre se sert des terme « vase de pharmacie (albarello) »; un troisième propose le mot albarelle, tiré de l’italien albarello. On pouvait trouver les inscriptions suivantes : ELECT Diascor= Electuaire diascordium (électuaire opiacé astringent contenant du scordium ou germandrée aquatique); ELECT. Diacathol = Electuaire guérissant tous les maux; THERIAC. Coelest= Thériaque céleste, une simplification de l’électuaire thériaque qui contenait une soixantaine d’ingrédients; LAPIS Pumic = Pierre ponce; CROC. Vener.=Crocus veneris ou oxyde de cuivre (antiépileptique, émétique et purgatif); REGUL. Antim.=Regule d’antimoine (Regule=Corps simple métallique). Ces petites balles d’antimoine servaient indéfiniment et étaient appelées « pilules perpétuelles ». 5°) les piluliers, pour les pilules;Baumé disaient que les pilules, lorsqu’elles sont en masse, se conservent dans des pots semblables aux pot à canon, mais beaucoup plus petits: on les nomme piluliers. On conserve les extraits dans des pots semblables à ces derniers 6°) les vases à thériaque et à grandes compositions galéniques. Ces vases, destinées aux quatre grandes compositions galéniques (thériaque, mithridate, confections d’alkermès et d’hyacinthe) et à quelques autres préparations très populaires, telles que l »orviétan, l’opiat de Salomon, etc. se distinguaient généralement par leur hauteur et leur volume, supérieurs à ceux des autres pots de pharmacie. En 1702, Rouvière, apothicaire à Paris, possédait un vase colossal, fabriqué d’après ses indications, lequel contenait deux mille deux cent livres de thériaque préparée par lui même. Les inscriptions : Jusqu’au XVII° siècle, les pots de pharmacie sans inscription furent beaucoup plus nombreux que les autres; ils portaient généralement des étiquettes manuscrites. Les inscriptions sur les vases ne deviennent fréquentes qu’après la création des faiences indigènes. Comme toutes les inscriptions, celles des pots de pharmacie contiennent assez souvent des erreurs, qui sont imputables soit à l’apothicaire qui en a rédigé la liste, soit au décorateur qui les a peintes. Certains vases sont décorés non seulement d’inscriptions mais encore d’armoiries de familles nobles ou d’ordre religieux, de chiffres et d’attributs qui en indiquent la provenance. Pour plus de détail, voir la Galerie R. Montagut |
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Référence :
Paul DORVEAUX : Les pots de pharmacie. Leur Historique suivi d’un dictionnaire de leurs inscriptions. Librairie Marqueste, Toulouse, 1923 Mme J. Heintz. Les pots de Pharmacie. Revue de l’hôpital de Colmar, 1982 |