La Porcelaine
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La Chine avait découvert la porcelaine aux environ du IXe siècle de notre ère. En Europe, les premiers essais de fabrication se déroulèrent en Saxe. L’imitation la plus parfaite est due à Johann Friedrich Böttger (1682-1719), qui cherchait tout d’abord comme tous les savants de son temps la transmutation des métaux à l’aide de la Pierre Philosophale. L’Electeur de Saxe, Frédérique-Auguste, roi de Pologne,le fit arrêter et emprisonner pour qu’il travaille pour son compte. En 1706, Böttger découvrit un genre de grès rouge qu’il appela porcelaine rouge. Il avait confectionné cette nouvelle poterie en vue de préparer des creusets pour ses travaux alchimiques. Après cette découverte, il fut transféré en 1707 de la forteresse de Koenigstein dans un chateau des environs de Dresde. Ce n’est qu’en 1709 qu’il découvrit la façon de fabriquer la véritable porcelaine de Chine. Pour cela, il se servit d’une terre que l’on avait découverte à Aue, près de Schneeberg et qui n’était autre que du kaolin. L’Electeur de Saxe lui fit effectuer un nouveau transfert le 6 juin 1710 pour le chateau d’Albert près de Meissen. Son but était d sauvegarer, par tous les moyens, le secret. Mais en 1720, un chef d’atelier, nommé Stobzel, le connaissant, fonda à Vienne une fabrique de porcelaine. Il ne fut pas le seul, puisque de Vienne partirent plusieurs transfuges, dont Ringler qui s’établit en 1745 à Frakenthal avec le négociant Paul Hannong. Ce dernier se fixa en 1745 à Strasbourg et créa la première fabrique de porcelaine dure en France. Il donne par conséquent l’amorce d’un mouvement qui va s’intensifier et se propager dans toute la France. La fabricationde porcelaine dure en France ne débuta donc que vers 1750, avec du kaolin allemand puisque, avant cette date, on n’avait pas découvert encore en France cette argile blanche. C’est sur la demande du directeur de Sèvres que le ministre Bertin par l’entremise de Trudaine, administrateur français (fondateur en 1747 de l’Ecole des Ponts et Chaussées) donna l’ordre aux ingénieurs de son école de rechercher le kaolin en France. En 1746, le naturaliste Guettard découvrit des gisements près d’Alençon, qui ne donnèrent qu’un porcelaine grise et médiocre. Elle fut tout de même présentée à l’Académie des sciences en 1765. En 1768, Madame Darcet, femme d’un chirurgien de Saint Yriex, trouva dans les environs de cette ville proche de Limoges une terre blanche, qu’elle utilisa comme savon. Son mari la fit analyser par le pharmacien Villaris de Bordeaux qui reconnut le kaolin tant recherché. Il fit un rapport à Macquer, directeur des travaux de la Manufacture de Sèvres. Ce dernie, en juin 1769, présenta à l’Académie des sciences, les premières pièces de porcelaine dure obtenues avec cette matière. L’essor fut rapide, car on connaissait déjà ce produit et le succès qu’il engendrait. Ce fut également une chance pour la région limousine qui devenait le fournissseur de toutes les fabriques de porcelaine française et même étrangères, non seulement pour le kaolin mais aussi pour le feldspath. Le transport s’effectuait par roulage dont le prix s’élevait parfois à dix fois celui de la matière transportée. Ces deux produits, le kaolin et le feldspath, sont, avec le quartz, les principaux composants de la porcelaine dure. On obtient grâce à ce mélange une pâte translucide, blanche et imperméable. Cette préparation subit une première cuisson au feu de « dégourdi » aux alentours de 800°C. La pièce est ensuite plongéedans un vernis à base de Felspath qui va donner une « couverte » transparente, et subir une seconde cuisson vers 1400°C appelée « grand feu ». L’objet passe aux mains du décorateur qui va appliquer les couleurs, additionnées d’un fondant incolore destiné à les fixer sur l’émail cuit. Une troisième cuisson est alors nécessaire au feu « de moufle » pour fixer le décor sur la couverte. C’est au début du XIXe siècle qu’apparaissent les premiers pots de pharmacie en porcelaine dure. La production sur une plus grande échelle se fait aux alentours de 1820. Le XVIIIe et le XIXe siècle ont été des périodes cruciales pour l’histoire de la céramique. Les modifications successives seront décisives et le plus souvent fatidiques pour certaines fabriques, qui n’auront pas les moyens ou le reflexe de s’adapter rapidement. Comme dans beaucoup d’autres domaines, le goût et la mode sont des facteurs clefs qui sont souvent déterminants de la réussite ou de la perte d’un projet. C’est ainsi que la faïence et la porcelaine, par des engouements successifs, ont pris un tel essor, et que tant d’hommes se sont mis à tenter de percer leurs secrets, à améliorer sans cesse la technologie du produit et de sa transformation, et cela jusqu’à la fin du XIXe siècle.
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Source : Fabien Rauch. Thèse de pharmacie, Reims, 2007 |