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Pierre François Boullay

BOULLAY INVENTEUR DU SIROP D’ÉTHER

par L. LEMAY, RHP, 1955

 

« Pierre-François-Guillaume Boullay, pharmacien et chimiste remarquable, est très peu connu, éclipsé par les grandes vedettes. Né à Caen le 21 avril 1777, il ouvre une officine à Paris en 1799, devient docteur es sciences en 1818, membre de l’Académie de Médecine le 27 décembre 1820 et son président pour 1834. Il meurt le 3 novembre 1869.

Au cours de sa longue carrière, il publie des travaux sur les éthers chlorhydriques, phosphoriques, arséniques, sur les amandes douces, la violette, la coque du Levant, dont il extrait la picrotoxine, sur la fève Tonka, les eaux minérales avec Henry et sur une méthode de déplacement avec son fils. Sa prédilection pour l’étude et l’usage des éthers, il la communique à son fils, Félix-Polydore, collaborateur de Dumas, qui devait, hélas ! mourir à 29 ans de brûlures d’éther dans un accident de laboratoire.

Les obligations de sa pharmacie, la poursuite de ses recherches ne l’empêchent pas de fonder, avec Boudet père, Planche, Cadet et Destouches, le Bulletin de Pharmacie, devenu en 1814 le Journal de Pharmacie et de Chimie, auquel il s’intéressa toute sa vie. Une lettre à Regnault, chef de la Pharmacie centrale des hôpitaux, moins d’un an avant sa mort, en témoigne :

Paris, 3 février 1868.

Je ne suis pas jaloux, mon cher Regnault, que M. Bussy ait été plus heureux

que moi, et je nous en félicite. C’était un vrai chagrin pour moi, fondateur du

journal, qui avais réussi à y maintenir l’harmonie pendant près de soixante ans,

de la voir se détruire.

Votre confrère et ami,

Dr Boullay. Paris, 15 février 1865.

Il se plaignait d’ailleurs lui-même de cette activité débordante. Pour s’excuser d’un retard, il écrivait à Pelletier, pharmacien à Lyon, en 1826 : « Vous ne vous doutez pas de la vie qu’on mène dans cette immense cité. On y vit harcelé, tiraillé sans cesse, le temps s’y passe sans qu’on sache comment. »

Tout ceci pour en venir à son invention commerciale : le sirop d’éther, dont on ignore généralement l’auteur. C’est encore une lettre à Regnault qui nous fixe sur ce point, ainsi que sur la date de l’invention :

Paris, 15 février 1865. Mon cher Regnault,

L’idée du sirop d’éther m’est tout à fait personnelle. Je l’ai composé et proposé aux médecins par une circulaire, la première année de mon établissement en 1799. Ce fut une manière honorable de leur dire que j’étais là.

Tout à vous de oœur,

Dr Boullay.

Ajoutons que Boullay avait l’âme généreuse. En mars 1826, il envoyait au baron Ternaux, président de la Société philanthropique en faveur des Grecs, une nouvelle somme d’argent, « vu l’urgence oà nous nous trouvons d’augmenter de tous nos moyens les ressources de nos frères prêts à succomber sous le fer des Barbares ». Son gendre, Adrien, qui partage ses sentiments et ses vœux, envoie la même somme « pour le succès de la cause sainte ». »

P. Lemay.

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