Dans son ouvrage de 1902, voici ce qu’en dit le docteur DEHAUT1 :
« L’éther, le chloroforme, l’essence de térébenthine sont des remèdes dont l’usage est fréquent, mais dont l’administration offre des difficultés, soit à cause du goût, soit à cause de la grande volatilité de ces substances. Ainsi, par exemple, l’éther, qui est si souvent utile dans des familles où il y a des personnes nerveuses, ne peut pas même être conservé en flacons ; il s’échappe, peu à peu, au travers des bouchons, et souvent, quand on va le chercher dans l’armoire, on trouve le flacon vide. Quand on verse de l’éther sur un morceau de sucre, pour le prendre rapidement, le remède s’évapore tellement vite qu’on est pas sûr d’en avoir absorbé une quantité appréciable. Tous les médecins connaissent bien ces difficultés ; aussi, tous furent émerveillés, lorsque M. Clertan présenta sa jolie invention à l’Académie de médecine. Cette invention consiste à enfermer plusieurs gouttes d’éther dans une petite boule creuse de gélatine, souple et transparente. Ainsi emprisonné, le liquide se conserve indéfiniment, et lorsque l’on veut en faire usage, il suffit d’avaler une ou plusieurs de ces petites boules, comme des pilules ; quelques minutes après leur arrivée dans l’estomac, la gélatine étant fondue, l’éther s’échappe et produit son effet calmant sur les parois de l’estomac, sans qu’il s’en perde un atome.
Le chloroforme, l’essence de térébenthine, et d’autres substances analogues, se conservent parfaitement dans les capsules de Clertan, et l’administration de ces remèdes est devenue des plus faciles.
Les perles d’éther sont d’une efficacité très rapide dans les crampes d’estomac, les palpitations nerveuses, les coliques hépatiques, les vomissements nerveux, les étouffements causés par des points douloureux provenant d’une digestion difficile. Enfin, dans le cas des douleurs intérieures dépendant d’une surexcitation nerveuse.
Les perles de chloroforme ont les mêmes propriétés rapidement calmantes que celles de l’éther, et on peut les employer dans les mêmes circonstances. Les personnes très nerveuses, qui ont souvent besoin de calmer les crises plus ou moins pénibles, peuvent employer les deux sortes de perles, pour savoir, par expérience, si l’une d’elles présente un avantage sur l’autre, et s’en tenir, pour la suite, à celle-là.
Une remarque importante, c’est que, absorbés par l’estomac, le chloroforme et l’éther ne produisent pas le sommeil, comme dans le cas où leurs vapeurs sont aspirées par la voie des poumons.
Les perles d’essence de térébenthine rendent facile l’emploi de ce remède, si désagréable à prendre quand on le donne dans des potions ou autrement. Nous engageons les personnes auxquelles leurs médecins prescriront de l’essence de térébenthine à réclamer des perles de Clertan : par ce moyen, elles éviteront la répugnance qui empêcherait, dans une proportion notable, le remède de produire tous ces bons effets.
Les perles d’essence de térébenthine sont utiles dans les affections des voies urinaires, dans les catarrhes, dans les calculs biliaires ; mais leur utilité la plus fréquente se trouve dans le traitement des névralgies de toutes sortes, ainsi que contre la migraine, qui est aussi une névralgie. Les bons effets du remède sont quelquefois très rapides, et il suffit, parfois, d’absorber cinq ou six capsules, dans l’espace d’une heure ou deux, pour voir cesser une migraine ou une névralgie, intercostale ou autre. Contre les névralgies tenaces et rebelles, il faut combiner l’emploi de notre médication purgative avec celui des perles ; on peut prendre une perle toutes les heures ou toutes les deux heures, ce qui n’empêche pas de faire le régime alimentaire le plus confortable possible. Ce traitement présente les plus grandes chances de réussite, dans les cas très graves, et, à plus fortes raisons, dans les cas moins difficiles. Bien entendu, si les douleurs dépendent de la pauvreté du sang, il faut s’attendre à des rechutes, tant que le traitement de l’anémie n’aura pas été suivi complètement…
Perles de sulfate de quinine…. Toutes les personnes qui ont besoin de prendre du sulfate de quinine, soit par leur propre initiative, soit par la prescription du médecin, devront tâcher de se procurer des perles de Clertan, qui renferment le sulfate de quinine dans un état de pureté que bien peu de pharmaciens pourraient garantir. Si l’on ajoute à cet avantage énorme celui de pouvoir avaler le remède sans le sentir, on ne saurait hésiter, surtout s’il s’agit d’enfants, de femmes ou de personnes délicates. Il est toujours bon après avoir pris ces perles de sulfate de quinine, de boire un verre d’eau sucrée contenant soit un peu de vinaigre, soit du jus de citron, soit du jus de groseilles. Ces substances acides rendent l’action du remède plus rapide…. »
- Manuel de médecine, d’hygiène, de chirurgie et de pharmacie domestiques par Dehaut…24ème édition, Paris, ch, mais dont l’administration ez l’auteur, 1902