Extrait de l’ouvrage du docteur Dehaut (1902) sur ce sujet1 :
Lorsqu’on introduit de la viande ou quelque substance analogue dans un estomac sain, un changement ne tarde pas à se produire dans cette substance ; elle se ramollit, se désagrège et finit par former un liquide; On connaissait ce fait depuis longtemps, mais on en ignorait la cause, aujourd’hui bien connue. Il y a, dans l’épaisseur de la paroi interne de l’estomac, une multitude de petites glandes qui ont pour fonction de fabriquer une substance qu’on nomme Pepsine. c’est cette pepsine qui a la propriété de rendre liquides les substances alimentaires dont la composition chimique est analogue à celle de la viande.
Il arrive assez souvent que ces petites glandes de l’estomac ne fonctionnent pas bien, et que la pepsine n’est pas fabriquée en quantité suffisante ; alors, la viande et les substances analogues sont mal digérées, ou ne le sont pas du tout, et les malades soufrent d’une dyspepsie à laquelle, autre fois, on ne remédiait que bien difficilement. Le docteur Corvisart, ayant fait à ce sujet des expériences nombreuses et très ingénieuses, a reconnu que la pepsine retirée de l’estomac des animaux de boucherie pouvait remplacer celle qui, parfois, fait défaut dans l’estomac de l’homme. C’est sous cette inspiration, et avec le concours de ce savant médecin, que M. Boudault a créé des procédés à l’aide desquels la pepsine des animaux est obtenue à l’état de pureté. les médecins qui savent combien est délicate la préparation de cette substance ont toujours l’attention de prescrire la Pepsine de Boudault, la seule, d’ailleurs, que l’on trouve dans les bonnes pharmacies.
Lorsque, pendant plus ou moins longtemps après les repas, une personne souffre de gastralgie, de crampes d’estomac, de malaises pénibles et prolongés, on peut attribuer ces souffrances à des causes diverses. Si tous les digestifs ont été employés successivement sans résultat, on est fondé à croire que la dyspepsie est due à la cause que nous venons d’expliquer, et il est probable que l’emploi de la pepsine fera cesser le mal, en assurant la digestion. Mais, il n’est pas nécessaire de commencer par essayer tous les stomachiques avant d’arriver à celui-ci, et nous conseillons à toute personne qui souffre de l’estomac de ne pas tarder à essayer de cet excellent remède. Si le résultat est bon, ce que l’on sait bientôt, on continue, à chaque repas, de prendre la dose reconnue suffisante, après quelques jours de tâtonnements. De temps en temps, on essaye d’interrompre, pour savoir si la guérison est obtenue. Mais, nous devons dire qu’il n’y aurait aucun danger à continuer à prendre la pepsine après le rétablissement des fonctions de l’estomac.
L’emploi de la pepsine est des plus simples : elle se prend à la dose d’un demi-gramme pour les enfants et d’un gramme pour les adultes, au commencement ou à la fin des repas. on peut la prendre soit dans du pain azyme, soit dans de l’eau ou dans du vin, soit entre deux tranches de soupe. Une cuiller-mesure contenant un quart de gramme accompagne les flacons de Pepsine Boudault, et permet ainsi au malade de mesure la dose à prendre.
Pour les malades ayant quelque difficulté à prendre une poudre, M. Boudault prépare un vin de pepsine d’un goût excellent, qui peut remplacer l’usage de la pepsine en poudre, à la dose d’une ou deux cuillerées à café pour les enfants, et d’une cuillerée à bouche pour les adultes.
La pepsine artificielle remplace la pepsine naturelle ; mais, elle ne saurait guérir l’affection de l’estomac qui s’oppose à la production normale de celle-ci. il faut donc continuer à prendre ce digestif à tous les repas pour ne pas souffrir, jusqu’à ce que l’estomac, bien guéri, ait retrouvé la faculté de produire lui-même toute la pepsine nécessaire….
La préparation de pepsine est extrêmement délicate et difficile. Aussi, le produit du commerce, fabriqué sans aucun contrôle, présente des variations de qualité considérables. malgré cela, beaucoup de pharmaciens s’en contentent, et cela rend compte des résultats insignifiants obtenus par des malades auxquels la vraie pepsine Boudault, procure un soulagement quelquefois miraculeux. C’est donc une des préparations pour lesquelles la garantie de la signature de l’inventeur est le plus indispensable. Lorsque, dans son ordonnance, le médecin oublie de mentionner le nom de Boudault, le malade doit exiger du pharmacien que la pepsine qu’il lui délivre soit bien de la pepsine Boudault »
Manuel de médecine, d’hygiène, de chirurgie et de pharmacie domestiques par Dehaut…24ème édition, Paris, chez l’auteur, 1902