Christophe OPOIX (1745-1840)
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« La raison doit quelquefois suivre la ligne moyenne qui l’écarte des extrêmes et si la Sagesse personnifiée descendait sur Terre, elle quitterait souvent le sentier du mieux pour s’en tenir à celui qui conduit simplement au bien. » Mieux qu’un portrait, ces quelques lignes de Christophe Opoix révèlésireuse de compter dans ses rangs cet érudent parfaitement la personnalité de leur auteur qui, en plusieurs circonstances, appliquera cette ligne de conduite. Fils d’un apothicaire de Provins, Opoix naquit le 28 février 1745. Il fit ses humanités chez les Oratoriens de sa ville natale et paracheva ses études pharmaceutiques à Paris. Il avait à peine vingt-cinq ans quand il se fit remarquer par un ouvrage sur les Eaux minérales de Provins. Il les avait analysées avec soin et les recommandait pour leurs propriéts ferrugineuse, « désobstructive » et tonique. Le célèbre Macquer lui-même félicita ce jeune confrère chimiste pour le travail accompli et l’incita à poursuivre dans la voie de la recherche. Opoix suivit le conseil et publia par la suite une Minéralogie de Provins et de ses environs, une Théorie des couleurs et des corps inflammables et, dans ses vieux jours, une Histoire et descriptions de la ville de Provins. Notre apothicaire, en effet, pratiquait aussi bien les belles-lettres que la chimie. Archéologue rentré et poète à ses heures, il établit un historique très détaillé de sa ville natale et chanta tout particulièrement ses fameuses roses rouges. Correspondant de plusieurs sociétés scientifiques et littéraires, Opoix fut contacté en 1786 par l’Académie d’Arras, désireuse de compter dans ses rangs cet érudit et chimiste de talent. L’apothicaire accepta avec joie et fut admis dans la docte assemblée, le 18 avril 1787. Assemblée qui était présidée cette année là par un modeste avocat : Robespierre. Cinq ans plus tard, le destin allait réunir ces deux hommes si différents sur les bancs de la Convention. Fidèle à lui-même, Opoix fit preuve de modération. Grâce à son député, Provins échappa aux excès révolutionnaires. Seule, l’église Sainte-Croix fut transformée en atelier de salpêtre et en temple de la Raison pour obéir aux lois du temps. Opoix, qui se fit un devoir de maintenir la concorde entre ses concitoyens, se prononça, d’autre part, contre la mort de Louis XVI. Retiré de la politique et de la vie active, Opoix consacra ses dernières années de septuagénaire à l’histoire locale.
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Texte de Nicole Richet |