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Noël-Etienne Henry

Noël-Étienne Henry (1769-1832)

Noël-Etienne Henry est né à Beauvais le , mort à Paris le .

Il fut adjoint à Demachy, directeur de la Pharmacie Centrale des Hôpitaux de Paris, lors de la fondation de cet établissement (1797) et lui succéda en 1803 : il fut professeur adjoint à l’École de Pharmacie et, en collaboration avec Caventou, isola de la gentiane un principe amer qu’ils nommèrent gentianine. Il mourut du choléra le 30 juillet 1832. 

(Source : René Weitz. Les grands pharmaciens du XIXe siècle, Paris 1931)

Notice nécrologique de Noël-Etienne Henry (Par Planche, 1832)

Encore une victime de l’épidémie ! A peine la tombe s’est-elle refermée sur les restes inanimés de Laugier, de Sérullas, de Plisson, qu’une nouvelle tombe vient de s’ouvrir pour l’excellent confrère dont nous déplorons aujourd’hui la perte ! En présence d’une épidémie aussi désastreuse, quel homme peut se flatter de revoir le lendemain l’ami qu’il quitta la veille ! Quel père entouré de ses enfans (sic) ne se sent le cœur serré, en songeant que dans quelques heures peut-être ils seront sans appui ou qu’eux-même peuvent lui être soudainement enlevés ! Dans ces temps de calamités, la vie ordinaire est en quelque sorte suspendue, ce n’est plus qu’une vie d’angoisses, d’anxiétés, d’incertitude ! Faut-il donc féliciter ceux qui se vantent d’être impassibles en de si tristes conjonctures, je crois qu’il faut plutôt les plaindre.

Noël- Etienne Henry naquit à Beauvais, le 26 novembre 1769, de parens (sic) honorables mais peu aisés ; il fit ses premières études dans sa ville natale, avec assez de succès pour obtenir une bourse qui lui permit de les terminer à Paris. C’est là, au collège de Navarre, qu’il recommença sous la direction de nouveaux maîtres sa rhétorique et sa philosophie. Arrivé à l’âge où il faut se fixer sur le choix d’un état, son goût pour les sciences exactes le porta de préférence vers l’étude de la chimie et de la pharmacie. Entré en 1793 comme élève à l’Hôtel-Dieu de Paris, Henry y passa les années les plus terribles de la révolution. Il sut mettre à profit les loisirs que lui laissaient ses fonctions en suivant avec assiduité les cours de chimie du célèbre Fourcroy, et ceux d’histoire naturelle et de botanique du Jardin des Plantes. Dans les intervalles des cours il s’exerçait, soit à la pratique des opérations de chimie, soit à compléter son instruction par tous les moyens qui étaient en son pouvoir. Tant d’efforts ne tardèrent pas à être récompensés. En 1797 fut créé la Pharmacie Centrale des hôpitaux, sous la direction de M. de Machy (sic), vieillard respectable et spirituel, mais peu propre, il faut le dire, par son âge, par ses habitudes et sa mauvaise santé à diriger un établissement qui exigeait, outre le talent du pharmacien, une certaine activité et l’esprit d’ordre de l’administrateur. Henry lui fut adjoint en qualité de sous-chef, non sans avoir eu bien des rivalités à combattre, bien des jalousies à calmer, bien des dégoûts à vaincre. L’emploi de M. de Machy était dans ses mains une véritable sinécure : tout le poids en retombait sur Henry et c’est évidemment à lui qu’est due la création de la Pharmacie centrale. L’année suivante le collège de Pharmacie l’admit au nombre de ses membres. En 1803, à la mort de M. de Machy, le conseil général des hospices désigna Henry pour lui succéder et ce choix fut confirmé par le ministre.

Jusque-là, tous ses soins avaient été concentrés dans la préparation des médicamens (sic) ; devenu chef titulaire, il eut la noble ambition de faire de la Pharmacie centrale un établissement modèle, et il y parvint. C’est à son amour de l’art, à son zèle, à sa bonne administration, secondés par le conseil général à qui Henry avait su inspirer une confiance méritée, que sont dus ce riche mobilier de laboratoire, ces belles collections de matière médicale et de minéralogie que l’on remarque aujourd’hui à la Pharmacie centrale, et qui en font un des établissements les plus importans (sic) de la capitale. Pendant trente-cinq années d’exercice cette sollicitude ne s’est pas démentie, il a constamment travaillé à l’amélioration d’une entreprise qu’il pouvait à juste titre considérer comme son ouvrage. Il a formé sous sa direction un grand nombre d’élèves dont plusieurs occupent aujourd’hui des places distinguées dans la pharmacie. Il a publié ou dirigé une suite de recherches et de travaux chimiques intéressans (sic) : il a indiqué une infinité de procédés pharmaceutiques devenus classiques et imprimés dans les journaux scientifiques, notamment dans le Journal de Pharmacie. Les ouvrages ex professo publiés par Henry sont : en 1815, en commun avec son fils, Manuel d’analyse chimique des eaux minérales, un vol. in-8° ; en commun avec M. Guibourt, Pharmacopée raisonnée, 2 vol. in-8°.

Nommé lors de la création de l’Ecole de Pharmacie, professeur de chimie adjoint, il en a rempli les fonctions jusqu’en 1826 avec une exactitude exemplaire. Il faisait à la Pharmacie centrale un cours de pharmacie, théorie et pratique, généralement goûté. Trop ami d’Henry pour exagérer ses mérites aux dépens de la vérité, je dirai que ce ne fut pas un professeur brillant, mais que ses leçons étaient pleines parce que l’exemple y était toujours à côté du précepte. Les élèves déjà pourvus de quelques connaissances élémentaires étaient ceux qui en retiraient le plus de fruit. Henry était membre titulaire de l’Académie royale de Médecine, de la Société de Pharmacie, de la Société centrale d’Agriculture et de plusieurs Sociétés savantes, nationales et étrangères. Il fut décoré en 1830, de l’ordre de la Légion d’honneur et reçut après trente-cinq ans de service un témoignage flatteur de l’administration, dans sa nomination de pharmacien en chef honoraire de tous les hôpitaux de Paris.

Quatre mois s’étaient à peine écoulés depuis sa retraite, et il allait commencer à jouir d’un repos acquis par tant de fatigues et si justement mérité, lorsque la mort est venu le frapper, le 30 juillet 1832, à l’âge de 63 ans, et l’enlever à sa famille éplorée et à ses amis.

Henry laisse un fils qui fut l’objet de toutes ses affections, de toutes ses pensées, qui le paya en retour du plus tendre attachement et dont les antécédens (sic), soit comme ami de la science et du travail, soit comme père de famille, promettent un digne successeur à l’homme vertueux que nous regrettons.

D’autres rediront plus éloquemment les rares qualités de notre habile confrère, mais personne mieux que moi ne les a senties et appréciées.

Planche

Journal de pharmacie et des sciences accessoires, 1832 : 520-522

Biographie : Noël-Etienne Henry in L’Hôpital et l’Aide sociale à Paris, n°24, nov-dec 1963, p. 655.

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