Henri Moissan (1852-1907) |
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Ferdinand Frédéric Henri Moissan naît à Paris, le 28 septembre 1852, au sein d’une famille modeste. Son père est employé de la Compagnie des chemins de fer de l’Est ; sa mère est couturière. En 1864, la famille Moissan quitte Paris pour se fixer à Meaux où l’enfant va y continuer ses études. Il ne semble pas que Moissan, malgré sa vive intelligence, ait été un bon élève et il lui arrive de faire l’école buissonnière. Au sortir du Collège en juillet 1870, à l’âge de 18 ans, Henri Moissan entre en apprentissage chez un horloger de Meaux, M. Godaillier. Il n’y reste que quelques jours. La débâche de la guerre conduit en effet la famille Moissan à se réfugier à Paris où ils vivent le dramatique siège de la capitale. Moissan est alors trop jeune pour être incorporé dans les troupes mais tout combattant peut se faire remplacer momentanément et le jeune Moissan prend à plusieurs reprises la place de son père dont l’état de santé est précaire. A la capitulation, le 28 janvier 1871, Henri Moissan doit trouver un emploi et il s’oriente vers la pharmacie. Il entre comme stagiaire dans l’officine de M. Baudry, 9 rue Saint-Martin, le 1° février 1871. N’étant pas titulaire du baccalauréat, Moissan ne peut prétendre qu’au titre de pharmacien de 2° classe. Le stage se déroule normalement la première année, bien que les taches modestes qu’on lui assigne ne l’intéresse que médiocrement. Fin 1872, il abandonne partiellement l’officine avec l’accord de son maître de stage, pour se diriger vers le Muséum. Moissan débute dans le laboratoire du Pr Fremy, puis, en 1873, est accueilli par Dehérain qui l’initie à la recherche et en fait bientôt son collaborateur. Il entreprend des travaux de biologie végétale. Il fréquente de nombreux savants dont des chimistes dont certains deviennent ses intimes, tels Etard et Landrin. Il décide de reprendre ses études secondaires et obtient le baccalauréat en 1874, à l’âge de 22 ans. Il s’inscrit à l’Ecole de Pharmacie, cette fois pour obtenir le diplôme de Pharmacien de 1° classe et publie son premier mémoire scientifique sur l’émission de gaz carbonique par les plantes. En 1875, Moissan s’engage dans l’armée, effectuant pendant un an son « volontariat ». A son retour, il reprend ses travaux et ses études. En 1877, il est licencié ès sciences et , en 1879, pharmacien de 1° classe (à 27 ans). Moissan est surtout attiré par la chimie minérale et commence seul, dès 1876, des recherches dans ce domaine. Ses premiers travaux portent sur le fer pyrophosphorique et sur les oxydes. Ayant constaté le polymorphisme des oxydes de fer, il met en évidence un phénomène semblable pour les oxydes de manganèse et de nickel, puis s’intéresse aux dérivés du chrome. En 1880, Moissan passe une thèse de doctorat ès Sciences sur les oxydes métalliques de la famille du fer. Il réussi au concours d’agrégation en 1883. En 1882, il épouse la file d’un pharmacien de Meaux, Marie Léonie Lugan. En 1885, naît son fils Louis (Ce dernier sera plus tard tué au cours de la guerre de 1914-1918 dans la Meuse). En 1882, ne disposant à l’Ecole de pharmacie d’aucun laboratoire de chimie minérale, Moissan sollicite du Pr Debray la faveur d’être admis dans son laboratoire de l’Ecole Normale Supérieure. Il peut alors, dans une annexe de la faculté des Sciences, dans des conditions difficiles, poursuivre ses travaux et c’est là, en juillet 1886, qu’il isole le fluor. Moissan, peu de temps après, se voit nommer professeur de toxicologie à l’Ecole supérieure de Pharmacie de Paris. Il y entreprend quelques travaux de toxicologie et en assure l’enseignement. Mais il poursuit surtout son travail sur le fluor et les composés fluorés. En 1892, dans un petit laboratoire attenant à l’amphithéâtre qui porte aujourd’hui le nom de Moissan, ce dernier ouvre l’immense voie de la chimie des hautes températures grâce au four à arc. En 1899, Moissan succède à Alfred Riche dans la chaire de chimie minérale devenue vacante. Il n’y reste qu’un année car, en juillet 1900, il est nommé à la Faculté des Sciences. Moissan reçoit, en décembre 1906, pour l’ensemble de son œuvre, le premier prix Nobel de chimie minérale. Mais deux mois plus tard, atteint d’une foudroyante appendicite, il décède à l’âge de 54 ans. |
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Source : J. Flahaut : La vie et les travaux d’Henri Moissan. Bulletin de l’Ordre des Pharmaciens, Mars 1987 |
Complément (G. Dillemann*, 1970+):
Distinctions honorifiques :
Membre résident de la Société de Pharmacie de Paris qu’il présidait en 1891 ; élu membre de l’Académie de médecine le 22 mai 1888, en remplacement de Méhu ; élu membre de l’Académie des sciences, le 8 juin 1891, dans la section de chimie en remplacement de Cahours ; nommé membre du Conseil d’hygiène publique et de salubrité du département de la Seine en 1895 ; nommé membre du Comité consultatif des Arts et Manufactures en 1898.
Henri Moissan a été nommé membre honoraire de la plupart des académies ou sociétés scientifiques étrangères : Royal Society, Académies des Sciences d’Amsterdam, Berlin, Bruxelles, Munich, Saint-Petersbourg, Turin, New York, Vienne, Société Royale des sciences du Danemark et d’Uppsala, Sociétés des sciences de Haarlem et de Manchester, Société de pharmacie de Londres, Société Bunsen.
Ces académies et sociétés lui ont décerné les prix suivants : Institut de France (prix La Caze, 1887); Royal Society (médaille Humphrey Davis, 1896); Société chimique de Berlin (médaille Hofmann, 1903); Franklin Institute de Philadelphie (1898); Société d’Encouragement pour l’industrie nationale (1898); Société industrielle du Nord de la France (Fondation Kuhlmann, 1896). Enfin, il reçut le prix Nobel de chimie en 1906 « pour ses travaux sur le fluor et l’introduction du four électrique dans le technique scientifique », récompense la plus élevée à laquelle puisse prétendre un savant.
Commandeur de la Légion d’honneur en 1900, il avait reçu auparavant la Komturkreuz de l’Ordre autrichien de François-Joseph 1er (qu’il porte à son cou sur son portrait).
La Faculté de pharmacie de Paris a conservé le souvenir du plus éminent de ses professeurs en donnant son nom à un des amphithéâtres et en recueillant les souvenirs de son activité scientifique (four électrique, appareil pour isolement du fluor, entre autres).
*G. Dillemann, Historique es Facultés de pharmacie et leurs chaires magistrales. H. Moissan. Produits et problèmes pharmaceutiques, tome XI, n°112.