Les mémentos thérapeutiques : L’exemple du mémento édité par Maurice PONSOT Illustrations de Van Rompaey (1946) |
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Légende du SALICYLATE ANA hyperactivé (Laboratoires ANA) :
– Rhumatisme articulaire ? – Non, armure rouillée
Le Salicylate ANA fait partie des très nombreuses médications Salicylées : Alcacyl, Arthrex, Blimal, Campho-Salyl, Dithioral, Entérosalicyl, Glutisalyl, Glutisalyl, Iodaseptine salicylée, Iodéopyrine, Iodoinjectol salicylé, etc.
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La plupart des entreprises pharmaceutiques au cours de la première moitié du XXe siècle possédait un journal « scientifique » pour valoriser leurs spécialités, ce qu’on a appelé les « House-Organs ». Mais le mémento thérapeutique présenté ici, datant de 1946, a la particularité de présenter de très nombreux produits venant de laboratoires différents. On trouve ainsi des produits de Toraude, Couturieux, Leprestre, Viophan, Buriat, Loiseau et bien d’autres. La richesse des illustrations mérite à elle seule de s’intéresser à cet ouvrage très volumineux qui était offert aux médecins. Les illustrations sont des aquarelles de Van Rompaey. Nous en avons sélectionné quelques unes parmi une centaine ! |
Légende de l’AEROCID (Laboratoire de l’Aerocid): – Avec son aérophagie, il ne pourra jamais plongé !
Dans l’ouvrage, on voit de nombreux produits pour le traitement de l’aérophagie : Aérophagyl (Beytout), Aérocid (Lab. Aerocid), Ambocurine, Argyseptine, Bellafolline, Broméserine, Bromogastrine (Vergelot), Carbatropine, Citropeptol (Lab. René Faure), Elixir Grez (Lab. Monin). L’Aérocid était une « préparation opothérapique » dont la formule n’était pas indiquée !
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La préface de l’éditeur mérite d’être reproduite ici, car elle est riche d’enseignement pour mieux comprendre ls intentions des auteurs et les dessins de l’illustrateur belge : « L’innovation dans le sens du progrès est une loi d’ordre général qui vaut pour toutes les formes de l’activité humaine. mais aucune, peut-être, n’en reçoit plus de profit que la Médecine, science en perpétuelle évolution de recherche et de renouvellement. Aussi l’esprit du médecin est-il, par définition, pourrait-on dire, et par obligation de conscience professionnelle, ouvert, accueillant et compréhensif devant toute tentative de faire du neuf hors de la routine, hors du sentier battu. L’éditeur du « Mémento Thérapeutique » est donc assuré que les membres du corps médical verront avec intérêt et faveur un ouvrage documentaire qui leur est devenu indispensable et dont ils font un usage courant, se renouveller de telle manière qu’ils y doivent trouver désormais plus de commodité avec, par surcroît, quelque agrément. |
Nous croyons, en effet, que ces deux avantages résulteront de la présentation nouvelle dont nous prenons l’initiative. Pour expliquer nos intentions, nous ne nous donnerons pas le ridicule de prononcer de grands mots tels que psychophysiologie, mnémotechnie, etc., qui cependant, ne seraient pas pour déconcerter des médecins. Nous dirons simplement que notre but est de seconder, de faciliter l’effort de pensée que le médecin doit faire pour se remémorer la spécialité qui convient exactement au cas qu’il soigne. il n’aura plus, ensuite, qu’à se reporter à la page du Mémento consacrée à cette spécialité. Or, chacun sait que le mécanisme de la mémoire est grandement facilité par une association d’idées. De toute antiquité – y compris l’antiquité grecque et romaine – on a observé que deux idées correspondantes s’entr’aident dans le souvenir, l’une évoquant l’autre. On le sait depuis si longtemps que les recueils de « Bons Mots » sont emplis d’exemples plus ou moins ingénieux ou plaisants de calembours aide-mémoire. Que d’écoliers, pour se bien fixer dans la tête qu’Arras est le chef-lieu du Pas-de-Calias, se sont répété le vers macaronique : Ah, race d’avocats, pour vous pas de cas laids ! |
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Légende pour VIOPHAN (Laboratoires du VIOPHAN) : – Voilà, Docteur, il ne peut plus se redresser, pendant son numéro, il a eu sa crise de rhumatisme ! Le VIOPHAN était une association du sel de soude de l’acide phenylcinchoninique avec iodure de sodium. |
Telle est donc notre formule conforme à la longue expérience des âges et des hommes : aider la mémoire du médecin par le moyen d’une association d’idées. Et pour que l’idée directrice, celle qui doit se présenter la première à l’esprit s’y fixe avec un maximum de relief, nous la concrétisons par une image. Quel genre d’image ? Parbleu, sans hésitation possible, une image humoristique. Cela pour deux raisons : D’abord parce que, en vérité, l’existence de l’homme qui s’est voué à soulager les souffrances de ses semblables et à les guérir, s’il se peut, de leurs maux, n’est pas si drôle… Familier de la douleur, compagnon de toutes nos misères physiologiques, témoin, -trop souvent impuissant à son gré- des pires déchéances humaines, le médecin évolue, sans trêve appréciable, dans une atmosphère dont la hantise tragique va parfois jusqu’au cauchemar. Qu’on s’étonne, après cela, des débordements de vitalité joyeuse des salles de garde des hôpitaux, des échappées de belle humeur que laissent apparaître, à toute occasion propice, les médecins réputés les plus sérieux… Quelle profession, plus que la profession médicale, est justifiée d’éprouver le besoin de s’accorder, de temps à autre, la détente salutaire du rire ? |
Rire ? … Oui. Pourquoi pas ? Rire à la française, à la gauloise, comme le veut le tempérament de notre race, sans jamais franchir la limite de la décence que fixe à l’honnête homme le respect de soi-même et des autres. C’est d’un rire de cette qualité que s’inspirent les hors-texte en couleurs de Van Rompaey dont s’accompagne l’exposé médical de chaque spécialité figurant au Mémento. Verve alerte, joyeuse fantaisie, invention cocasse, brio et élégance, légendes et dessins débordants d’esprit, voilà de quoi retenir l’attention irresistiblement amusée du médecin. L’image ainsi fixée dans sa mémoire lui servira, le cas échéant, de rappel et de repère spontané presque instinctif et le conduira directement à la spécialité correspondante telle qu’elle figure au Mémento. Au surplus, l’homme de goût – et quel médecin ne l’est peu ou prou – ne se méprendra pas sur la haute valeur d’art des compositions de Van Rompaey et trouvera, à les examiner et revoir souvent, un plaisir raffiné. » |
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L’ouvrage où nous avons eu la bonne fortune de pouvoir les réunir, et qui constitue bien un ouvrage de luxe, est de ceux dont on ne se sépare pas. Il nous sied, en terminant, de remercier les grands laboratoires qui, passant outre à certains préjugés quelque peu périmés, ont compris et soutenu nos intentions aujourd’hui réalisées en grande partie grâce à leur concours. Avec eux, nous croyons avoir donné une importante et précieuse plus-value d’utilisation pratique et rapide, dans une fome artistique, au nouveau « Mémento thérapeutique » que nous mettons au servicedu corps médical. L’Editeur » |
Légende de l’EVONYL (Laboratoires « Fluxine »)
– Mais Georges, il est bien de toi ! Rappelle-toi que tu es hépatique !
L’Evonyl était composé d’extraits biliaires et de glandes intestinales, ferments lactiques, evonyme, fucus, agar-agar, podiphyllin. Ses indications étaient les affections hépatobiliaires, cholécysites, ictères, angiocholites, constipations aigües ou chronique, mais aussi hypertension ! |
On peut donc voir que le ressort principal pour stimuler l’intérêt des médecins a été de faire de l’humour. C’est ce qu’on utilisé de très nombreux supports publicitaires en matière de médicament. Pensons à Nitendo, où à de très nombreuses autres revues ou le dessin humoristique se trouvait à chaque page… Quoiqu’il en soit, l’ouvrage comprend deux parties bien distinctes : un Mémento Thérapeutique par maladies et par médications (par ordre alphabétique) et un Mémento Thérapeutique par produits. Nous allons examiner le contenu de ces deux parties. |
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Terpine Granulée Baron (Laboratoire Flahaut) Légende TERPINE GRANULEE BARON, voies respiratoires (Laboratoire Flahaut):
– C’est formidable ! J’ai toussé et l’écho a répondu : « Prenez de la Terpine Baron ».
La Terpine Baron était constituée de Terpine pure et de benzoate de soude. Elle était fortement concurrencée par la Terpine Gonnon (à base de Terpine et de sirop de Tolu), et par la Terpine Mariani (Terpine + Coca)
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Le Mémento thérapeutique par maladies et par médications commence donc logique par l’ abcès du foie : « Il est généralement d’origine amibienne. Le traitement est mixte : chirurgical et médical. La thérapeutique médicale, à base d’émétine, est celle de la Dysenterie amibienne ». Il faut se souvenir que nous sommes en 1947 ! Le métronidazole n’apparaitra que bien plus tard. Quant à l’anesthésie, elle se pratique encore au chloroforme, à l’éther et au chlorure d’éthyle, produits Adrian. On traite la syphilis par des composés mercuriels ou idurés. Pour l’anorexie, il est recommandé d’utiliser des tonique reconstituants tels que serum de cheval ou chlorophylle. Les boues radioactives sont proposées pour diverses affections. Pour les anticancéreux, on évoque la magnésie, le plomb (Plombyl) et même des extraits de tumeur (Néoral) mais aussi l’opothérapie. Quant à la démence précoce, la méthode physiothérapique de choix reste l’électrochoc (en combinaison avec le coma hypoglycémique) ! |
Légende de la Boldolaxine (Laboratoire Charpentier) :
– Alors Docteur, ce sera une fille ou un garçon ! – Hélas, ce n’est que de la constipation.
Ce produit était à base « d’extrait spécial de feuilles fraiches de boldo ». C’était l’un des nombreux produits classés dans les cholagogues : Alone Houdé, Amphobyl, Boldine Houdé, Bolde Gmet, Boldoimucyl, Bolène, Grains d’Evian, Grains de Vals, Grains Miraton, Lactobyl, etc.
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On constate dans cette première partie certains pages rassemblant un ensemble de produits hétéroclites. Par exemple, on peut découvrir une page sur les médications iodéesavec plus de 80 produits : le Lipiodol bien sûr qui est le seul survivant de la liste), mais aussi l’iodure d’amidon Lumière, l’iodone Robin, l’iodoinjectol (simple ou salicylé), le Dépuriode du Dr R. Weber, etc. On trouve aussi une liste encore plus longue pour les neuro-modérateurs ; sédatifs, hypnotiques, anticonvulsifs ou antispasmodiques. Dans cette liste se trouve évidemment le Gardenal, mais aussi le sirop de Strontium, le Polybromure Gonnon, le Persédon Roche, la Salix de Troutte-Perret, etc; Plus de 100 noms au total ! La liste est également très longue pour la médication ophtalmologique (collyres et pommades) où les produits Chibret sont concurrencés par Blache, Clin, Dulcis, Armanite.. Enfin, deux pages entières sont consacrées à l’opothérapie, organe par organe où les noms de Choay, Chaix, Carrion, Deschiens, Grimault, Bazin, etc., sont bien présents.
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ELIXIR GREZ (Laboratoire Monin) Légende de l’Elixir GREZ (Laboratoire MONIN) : L’Elixir Grez était composé de chlohydropepsine, acide chlorhydrique, pepsine, amers digestifs.
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Légende de l’Iodocitrane, Haute tension (Laboratoire des produits Scientia): – Ici, tout marche à l’électricité ! Même le ghrand-père est à haute tension !
Composition : corps iodé original et citrate de soude. On pouvait difficilement être plus vague ! Il y avait à l’époque de très nombreux produits contenant de l’iode : Iodalose Galbrun, Iodargol (iode colloïdal), Iodaseptine, Iodéol, Iodéopirine (à base d’acide acétyl-iodo-salicylique), Iodocyanyl, etc.
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SULFIODE (Laboratoires de thérapeutique antirhumatismale Sarein) Légende de SULFIODE , « la plus haute teneur en iode » (Laboratoire SAREIN) : – Tiens, que fais-tu assis sur les déchets d’ampoules Sulfiode ?
La encore Sulfiode, fait partie des nombreux produits iodés utilisés. IL était composé de iodomethylate d’isothiourée et était indiqué pour les rhumatismes chroniques, scléroses, hypertension, infections.
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Curieusement, une liste de produit très hétéroclite rassemble des « pommades médicamenteuses, pates, crèmes », suivi des « pommades biologiques, puis des « pommades et huiles anti-hémorroïdaires », « pommades nasales », « pommades ophtalmologiques ». Parmi les pommades de la première liste, on trouve la pommade à l’huile d’oeillette iodée à 40% (Lipiodol), le Néthorium (antiseptique), l’onction Angelini, contre la gale, le néocollargol cocaïné, le mercurochrome, etc. Parmi les produits de contraste, on trouve le trop fameux Thorotrast qui sera à l’origine de cancer du foie, à base de Thorium, mais aussi les produits uro-angiographiques d’avant guerre : Ténébryl, Uroselectan… qui seront remplacés à partir des années 1953 par des produits tri-iodés. On remarque aussi le Lipiodol, le seul qui existe encore dans cette liste ! Il faut enfin remarquer la très longue liste des « Toniques reconstituants » : acides aminés, arsenic (!), calcium, fixateurs calciques, végétaux-céréales, le cérium, la chlorophylle, le cholestérol, les cinnamates, le cuivre, le fer, le fluor, les extraits opothérapiques, la manganèse, le phosphore, la nucléine, , les serums, la silice, le tanin, le vanadium, les vitamines, et bien sûr les « vins toniques » : Vin Mariani, Vin des Indes, etc. |
Légende pour la FLUXINE Gouttes, Troubles veineux des deux sexes (Laboratoire Fluxine) : MARIVAUDAGE La Fluxine était composé d’Intrait de Marron d’Inde, alcoolature d’anémone, noix vomique. |
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Pour ce qui concerne les Vitamines qui méritent à elles seules une page, on a bien sûr la plupart des vitamines déjà identifiées, mais aussi l’huile de Flétan et l’huile de foie de morue, les polyvitamines et les pommades vitaminées. Il faut enfin noter deux pleines pages sur les vaccins avec de très nombreux laboratoires producteurs : – Astier |
Légende pour ZYMION (Laboratoire Couturieux) : -On ne sait plus où donner de la tête, Docteur ! Le mille-pattes a des rhumatismes
Zymion était l’un des nombreux produits proposés pour le traitement des rhumatismes. C’était un complexe colloïdal organo-mineral constitué de Levure extractive, source de vitamine B, antalgines, de soufre colloïdal, d’étain colloïdal, la manganèse colloïdal, et de lithium.
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Légende LENIBAR (Laboratoires Drouet et Plet) : -Le patron a dit : pansement gastro-intestinal.
Il était proposé à cette époque de très nombreux pansements gastriques et intestinaux, dont faisait partie le Lenibar, à base sulfate de baryte précipité et oxyde de titane à propriétés colloïdales. Parmi les dizaines de spécialités de l’époque, on peut citer Alucol, Biomucine, Bis-Ka-Ma, Bismokaol, Bismugastrine, Bismusodine, Bismuth B3, Bismuth Desleaux, Cal-Mag-Na, Cal-Bi-Brom, le Charbon de Belloc, etc.
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La deuxième partie du Mémento Thérapeutique est donc consacrée aux produits, par ordre alphabétique, en commençant par ACATAR, un produit de la Société d’Exploitation des Laboratoires Beauxis-Lagrave, de Paris, qui commercialise sous ce nom du Goudron de Norvège, associé à du Benzoate de sodium, du Benjoin, de l’Argent colloïdal et de la Térébenthine cuite. La dernière spécialité de la liste est le ZYMION, produit des Laboratoires Couturieux, complexe colloïdal oragnao-minéral constitué de levure extractive, source de vitamines B, antialgiques, de soufre colloïdal, d’étain colloïdal, de manganèse colloïdal et de lithium. Cette coincidence qui veut que le premier et le dernier produit de cette longue liste soit à base de métal colloidal n’est pas surprenant à une période où la mode a amené de nombreuses entreprises pharmaceutiques à parier sur ces métaux colloïdaux depuis de début du XXe siècle.
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Légende pour ASPRO, traitement puissant et sans contre-indication des états douloureux, fébriles et rhumatismaux. (Laboratoires ASPRO) : – Oh ! ma tête !… ma pauvre tête !!!
L’ASPRO était bien sûr à base d’aspirine. Le laboratoire revendiquait une très granbde pureté et indiquait « toléré même par les estomacs délicats ». Présenté sous forme de comprimés, on pouvait aussi le prendre en gargarisme.
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On a du mal dans cette liste à trouver encore quelques produits commercialisés. On trouve par exemple l’ASPRO dont on voit ici l’illustration correspondante où le pauvre torturé du moyen-âge aurait bien besoin du produit, « traitement puissant et sans contre-indications des états douloureux, fébriles et rhumatismaux. on voit que les choses ont bien changé quand on lit la liste des contre-indications actuelles (RCP sur le site de l’ANSM en 2015): · Hypersensibilité à l’acide acétylsalicylique ou à l’un des excipients, · Antécédents d’asthme provoqué par l’administration de salicylés ou de substances d’activité proche, notamment les anti-inflammatoires non stéroïdiens, · Enfant de moins de 6 ans : risque de fausse route ; utiliser une autre présentation, · grossesse au delà de 24 semaines d’aménorrhée (5 mois révolus) pour des doses supérieures à 100 mg par jour · toute maladie hémorragique constitutionnelle ou acquise, · risque hémorragique, · insuffisance hépatique sévère, · insuffisance rénale sévère, · insuffisance cardiaque sévère non contrôlée, · en association avec le méthotrexate utilisé à des doses supérieures à 20 mg/semaine et pour des doses anti-inflammatoires ≥ 1 g par prise et/ou ≥ 3 g par jour) ou pour des doses antalgiques ou antipyrétiques ≥ 500mg par prise et/ou < 3 g par jour), · en association avec les anticoagulants oraux pour des doses anti-inflammatoires d’acide acétylsalicylique (≥ 1 g par prise et/ou ≥ 3 g par jour), ou pour des doses antalgiques ou antipyrétiques (≥ 500 mg par prise et/ou < 3 g par jour) chez un patient ayant des antécédents d’ulcère gastro-duodénal. |
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BUFOX (Laboratoires du Bufox)
Légende de BUFOX, empirisme du Moyen âge = thérapeutique de demain (Laboratoire du BUFOX) : – Je voudrais un sol parisis d’onguent de crapaud pour mettre sur le torniole à Papa.
Ce produit à base de venin de crapaud, présenté en ampoule et comprimé, était spécifique des hémorragies et de la « médication du terrain ».L’image indique « Reconstitue la force médicatrice naturelle » !
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Parmi les spécialités présentées, il faut noter le BUFOX, des Laboratoires du Bufox, produit à base de solution de venin de crapauds, qui « maitrise les hémorragies » et reconstitue la force médicatrice naturelle ». La légende mérite quelques explications : le sol parisis était le vingtième de la livre qui était la monnaie de compte de l’Ancien régime. Quant au mot torniole, on peut penser qu’il est mis ici dans le sens du Terme populaire qui signifie « Petit mal blanc qui fait le tour du doigt » (Littré), et pas dans le sens de coups reçus. En tout cas, le crapaud avait en effet certaines faveurs au Moyen-age et même dans les pharmacopées du XVIIIe siècle. Par exemple, dans celle de Charas de 1676, on peut lire que le crapaud entier desséché, tenu dans la main, ou sous l’aisselle, ou derrière l’oreille, ou pendu au col, passe pour un spécifique pour arrêter le saignement du nez ; il arrête aussi les menstrues et les pertes de sang démesurées des femmes, étant appliqué sur le nombril. L’os de la jambe gauche de devant, qu’on appelle le bras du Crapaud, appliquée contre la dent, en apaise la douleur suivant Helmont, et l’expérience de quelques Modernes… On peut lire aussi sur Wikipedia : « La médecine traditionnelle chinoise utilise depuis des siècles, une préparation à base de sécrétions de peau de crapauds géants, comportant le Bufo bufo gargarizans Cantor et Bufo melanostictus Schneider, pour traiter le mal de gorge, les inflammations, les douleurs, les accidents cardiaques, les problèmes de peau et le cancer. Cette préparation faite à partir du venin séché de Bufonidés, est connue sous le nom de chansu. » |
Légende pour BIOSTABYL (Laboratoire Monin) : – Ca fait 20 minutes qu’il discourt ! Quelle endurance ! Le produit était composé d’oléosaccharure de marjolaine et de lactate de calcium. Il faisait partie des toniques reconstituants très nombreux à l’époque. On trouvait dans cette catégorie des acides aminés (Aminostyl, Dynavone, Maltozine…), de l’arsenic (Arseniode Buriat, Cacodyl Gonnon, Strychnotonine, Uvotonyl, etc. ), et du calcium : environ 60 spécialités sur ce dernier principe actif : Actine, Actiphos, Biocalcium, Calcium Corbière, Calcium Sandoz, Opocalcium, etc.
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Légende de CUROGENE. Supprime toujours la douleur. SURPISE PARTY
Le Curogène était à base de camphorate de pyramidon, de pyramidon et de méthylacétanilide. Il était classé dans ce Mémento dans les neuro-modérateurs analgésiques-antithermiques avec de très nombreux autres médicaments : Aconitine Houdé, Alcacyl, Aspro, Antigrippine Midy, Dolosal, Optalidon, Kalmine, Pyramidon, Véganine, etc.
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Légende du GELOMUTH, traitement des affections du tube digestif (Laboratoires Arnault) : – Il a beaucoup de mal à digérer depuis quelque temps, le dernier missionnaire lui est resté sur l’estomac.
Ce produit GELOMUTH était à base de Charbon activé, de bismuth et de carbonate de chaux. Il faisait partie des produits destinés à traiter les dyspepsies, gastites, diarhhées, ulcères… Comme le LENIBAR, il était classé dans les pansements gastriques et intestinaux, souvent à base de bismuth.
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Dans la longue liste des spécialités présentées, on est frappé par le nombre de laboratoires différents, quasiment tous disparus depuis, et par la complexité de certaines formules. le record dans ce domaine est sans doute établi par le Laboratoire d’Opochimiothérapie, de Toulouse. En voici quelques exemples : ENTEROCUPROL (destiné à traiter l’aérophagie) : Poudre de Dower, d’ipéca, de badiane, d’anis vert, urotropine, salicylate de bismuth, peroxyde de magnésium, sous-gallate de bismuth, carbonate de chaux, sulfate de magnésie anhydre, salicylate de Nayht, benzoate de naphtol, charbon végétal, charbon animal, pour un cachet renfermant en outre un comprimé glutinisé suivant la formule : aspirine, thymol, sulfate de cuivre. |
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Voici un autre exemple du même laboratoire, avec le DOLOPHAN, indiqué pour le rhumatisme, dont voici la composition : Poudre de genêt, de colchique, de gelsenium, de gaiac, d’aconit, de frêne, bleu de méthylène, diméthylamino-antipyrine, oxythylpara-acétanilide, phénylcinchonimate de soude, salicylate de lithine, benzoate de lithine, théobromine, magnésie calcinée, pour un cachet. Dernier exemple de produit du Laboratoire d’Opochimiothrérapie : La Passibromine, destinée au « nervosisme » ! : Pyramidon, phényl-éthylmalonylurée, bromure de calcium pulvérisé anhydre, teinture d’aubépine, extrait fluide de passiflore, extrait fluide de valériane, glyzine, serpolet, houblon, sirop de sucre, eau distillée q.s.p 100 cc (Sirop).
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Légende de HEDOPEPTOL, désinfectant gastro-intestinal – Facilite la digestion (Laboratoire Saunier) : – Ca fait vingt fois que l’on recommence l’orgie romaine ! Néron demande quelque chose pour le faire digérer. L’Hedopeptol a été classé dans la catégorie très fournie des antiseptiques intestinaux. Ce produit était à base de charbon animal et de citrate monosodique. On trouve dans cette catégorie les sels de bismuth, les charbons, l’iodure d’amidon Lumière et beaucoup d’autres produits divers.
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Dans cette multitude de produits divers, cette liste montre qu’à la sortie de la deuxième guerre mondiale, le corps médical dispose, malgré l’introduction du Visa en 1942, de nombreuses formules héritées du XIXe siècle ou début du XXe siècle, un mélange souvent complexe d’extraits et de principes actifs isolés, et en même temps de quelques produits de chimiothérapie. On aurait du mal aujourd’hui à commercialiser bon nombre de ces produits, et pas seulement celui à base de venin de crapaud ! : Le bitmuth, les extraits de pavot, certains mélanges d’opothérapie, des pastilles de cocaïne (Houdé), les métaux colloidaux sous des formes multiples, ou encore le strychnine (Houdé). On trouve aussi des yaourths vendus par la société OFCO (culture pure de ferments bulgares sélectionnés). |
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Légende pour l’Hyposulfene (Laboratoire Toraude) : HERCULE ET LA TUNIQUE DE NESSUS – Ca a l’air de la gratter ! Il faudrait peut-être lui donner quelque chose contre les démangeaisons.
Ce produit, présenté sous forme de dragées ou ampoules, était constitué d’hyposulfite de sodium « chimiquement pur ». Il était classé dans les désensibilisants – modificateur du terrain, avec de nombreux autres produits (une quarantaine) : Allergantyl, Anaphyl, Asthmapepton, Fluokol, Hypothirorine, Sulfothiorine, etc. )
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Interessons nous aussi aux dessins, porteur d’une culture et d’une mentalité sans doute dépassées. Le GELOMUTH véhicule encore l’image de l’Africain anthropopage qu’on aurait du mal à publier aujourd’hui. L’image de la femme est également typée d’une époque ! Toutes les périodes de l’histoire sont mises en scène, de l’antiquité qui voit apparaitre Hercule, jusqu’à nos jours en passant par le Moyen-âge. Le dessinateur nous fait voyager autour de thèmes très différents allant des accidents de voiture aux tortures du moyen-âge en passant par la zoologie et le mille-pattes. |
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Légende (Laboratoire JATEL): Vous serez quatre jours exempts de service : Ces trois médicaments n’ont entre eux aucun point commun sauf le laboratoire qui en faisait la promotion : JATEL. La Phytamine était à base de germe de blé « stabilisé sans traitement chimique » et était indiqué pour le surmenage, croissance, convalescence, etc. ; le Canol contenait des poudres végétales (Lawsonia, Chimaphila, Aphloïa, Lawsotanine) « sans aucune addition de corps d’origine chimique ». Ses indications étaient très larges et allaient de la lthiase biliaire à l’arthritisme en passant par « l’asthme hépatique » ; enfin, le Rhino-Sulforgan était du soufre organique naturel « à l’état sulfinique (c’est à dire entièrement neutre, non oxydé) » et traitait « tous les états infectieux », mais était aussi utilisé en ORL pour la « prophylaxie de la grippe, sinusites, coriza, ozène ». |
Pour finir, voici quelques exemples supplémentaires des dessins de Van Rompaey (prononcer Rompaille). Au delà de ces belles illustrations, ce Mémento Thérapeutique restera le témoin d’une époque où le Visa n’était pas encore devenu Autorisation de Mise sur le Marché et les dossiers réglementaires étaient encore très légers. les premiers dossiers de Visa aux Archives nationales comprennent généralement une page : celle de la formule ! On pouvait donc se permettre encore toutes les audaces, et la publicité était un élément essentiel du succès de la spécialité pharmaceutique. De nombreux autres dessinateurs connus ou non vont ainsi prêter leur crayon à l’industrie du médicament : Jean Droit, Peynet, Jean Effel, Sennep, Dubout, Chaval, Piem, Sempé, etc. De nombreux laboratoires ont soutenu ces artistes jusqu’aux années 1970. Dans le présent Mémento, 154 laboratoires différents sont cités. Parmi eux, ceux qui présentent le plus de produits (et qui ont sans doute le plus contribués financièrement) sont les suivants : ROCHE (34 produits), PASTEUR (17 produits), HOUDE (15 produits), DE RIVE (14 produits), Laboratoire d’opochimiothérapie (10 produits), SITSA, SCIENTIA, TORAUDE, DELALANDE, LOBICA (8 produits chacun), CRUET, SANDOZ, MAYOLY SPRINDLER, LICARDY, RAPP, DROUET (7 produits chacun), etc… |
Légende pour le Neurocalcium (Laboratoires Biologiques de l’Ile de France) – Ne t’occupe pas, elle a sa crise de nerfs, papa dit que toutes les femmes sont pareilles.
Le sirop était à base de gluconate de calcium, de chlorure de calcium et de bromure de calcium ; les granulés étaient composés de gluconate de calcium, de chlorure de calcium et de phénylméthylmalonylurée. Le médicament était indiqué pour les insomnies, convulsions, irritabilité, troubles de la dentition, spasmophilie, tics, etc…, chez l’enfant et l’adulte. Il faisait partie d’un groupe très large (plus de 130 produits) : les neuro-modérateurs : sédatifs, hyptoniques, anticonvulsivants ou anti-spasmodiques. Il était donc voisin avec Gardenal, Chloral iodé, Intrait de valériane, Véronal, Vin Raci-Bel (pour la maladie de Parkinson), etc.
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Légende pour les Instruments de précision pour la médecine et la chirurgie (Etablissements E. SPENGLER : – le docteur a une panne, ou la force de l’habitude. Cette publicité dénote par rapport à toutes les autres car il ne s’agit pas de médicament mais de ce que nous appellerions aujourd’hui des dispostifs médicaux. il s’agit en effet d’appareils pour la mesure de la tension artérielle (méthode oscultatoire et oscillométrique), sphygmotensiophone Vaquez-Laubry, Oscillomètres perfectionnés, Shygmo-oscillomètre du Dr YACOEL, appareils pour le Pneumothorax artificiel du Dr J. Lagaillarde.
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