Hippolyte MEGE-MOURIES (1817-1880)

Hippolyte Mège-Mouriès naquit à Draguignan, dans le Var, le 24 octobre 1817. Fils d’un modeste instituteur, on ignore presque tout de son enfance. On sait qu’il fut l’un des 130 élèves du Collège des Doctrinaires de cette ville.

 Ayant terminé ses classes, le jeune Mège, porté vers les sciences, entra en apprentissage chez un pharmacien Dracinois, puis, plus tard, chez un autre à Aix-en-Provence. Ce n’est qu’en 1836 qu’il pris la résolution de gagner Paris pour terminer ses études. Il travaille d’abord chez un pharmacien, Jourdain, puis prépare le concours d’Internat de février 1838. Il est reçu interne l’année suivante et entre en fonction à l’Hôtel Dieu où il avait à s’occuper du magasin, du laboratoire, de la confection et de la distribution des remèdes. En février 1839, il part à Trousseau, puis retourne à l’Hôtel Dieu et est finalement interne à la Maison Royale de Santé. Il n’en poursuivit pas moins ses expériences personnelles.

Dès 1840, s’associant à Jozeau, Hippolyte Mège prend son premier brevet, celui d’une spécialité antivénérienne à base de copahu, qui portera son nom et pour laquelle il recevra l’approbation de l’Académie de Médecine. D’autres brevets vont se succéder avec des fortunes diverses. Mège se détourne peu à peu de la pharmacie pour aller vers la chimie et l’industrie. Interne encore, il compose des dragées carboniques pouvant remplacer les eaux minérales et, quelques années plus tard, une combinaison de chocolat phosphaté et de semoule, qui lui vaut un prix de l’Académie des Sciences, qui restera commercialisé jusqu’aux années 1930.

Entre 1841 et 1880, l’année de sa mort, il lance un moyen de conserver des jaunes d’œufs et des corps gras destinés à l’assouplissement des cuirs ; il tente de perfectionner la fabrication des vins mousseux ; il s’occupe de la préparation et de la dessiccation des légumes, des fruits et des racines alimentaires destinées à être conservés, il s’intéresse au raffinage et à l’extraction du sucre tiré de la betterave et d’autres plantes.  Mège qui a adjoint son nom à celui de sa mère (Mège-Mouriès) a des associés. Entre un moyen d’obtenir une pâte propre à la fabrication du papier, un procédé inédit pour produire la force motrice, la fabrication des acides gras en vue d’une nouvelle méthode de saponification qui a failli révolutionner cette industrie, il s’intéresse à la possibilité d’obtenir des viandes inaltérables ou de nouveaux condiments. Diététicien avant la lettre, Mège-Mouriès se passionne à partir de 1852 aux problèmes diététiques : de 1854 à 1858, l’ambition d’améliorer la fabrication du pain occupe tout son temps. Le 18 avril 1858, ses travaux sont récompensés par la grande médaille d’or de la Société Impériale et Centrale d’Agriculture et, trois ans plus tard, par la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur que Napoléon III lui remet de ses propres mains.

Du Froment, il passe ensuite aux corps gras et devient l’un des meilleurs spécialistes de son époque. C’est alors qu’il s’attaque à un problème posé par l’empereur lui-même qui ouvre un concours pour découvrir un substitut au beurre pour la marine et les classes peu aisées. Ce produit, d’un prix de revient nécessairement modique, doit être capable de se conserver sans  contracter le goût acre et l’odeur forte du beurre rance. Après de nombreuses expériences à la ferme expérimentale de Vincennes, Mège-Mouriès met au point un nouveau produit : la margarine. Le 15 juillet 1869, Mège-Mouriès dépose sous le n°86.480 une demande de brevet sur la production de certains corps gras d’origine animale.

La guerre de 1870 arrête brutalement ses travaux. Mais la margarine survit à la guerre et on la fabrique à grande échelle dès 1872. Mais notre margarine est différente de celle de Mège-Mouriès, sa composition étant essentiellement d’origine végétale. Malgré l’importance de ses découvertes, l’ex-interne en pharmacie connut un dédain injustifié et une pauvreté qui jette une ombre pénible sur ses dernières années, à tel point d’ailleurs qu’en 1880, aucun journal ne mentionna son décès.