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Maux et Images (suite)

 

Adieux de Napoléon à Alexandre à Tilsit, 1807. Publicité pour Tensitral (Laboratoires Dausse)

 

 

Nous avons déjà vu, lors d’une exposition précédente, la série « Maux et images ». C’est sous ce titre que fut organisé par Mme M.-V. Clin, conservateur du Musée d’histoire de la Médecine à Paris, et par le Dr J.P. Briois, il y a plus de 25 ans, une exposition sur de magnifiques publicités pharmaceutiques et plaquettes d’information médicale.  Étaient déjà parus à cette époque : Les veinotoniques (Laboratoire Innothera) ; Le calcium (Laboratoire Nativelle) ; La constipation (Laboratoire Nativelle) ; Les Vitamines (Centre d’Études et d’Information sur les Vitamines, Produits Roche) ; La santé, la nutrition, la vie (Jacquemaire Santé Nutripharm). Paraitront par la suite l’Eté Indien (Théramex) et l’EnuHérésie (Ferring). Nous allons poursuivre cette exploration avec deux nouveaux thèmes abordés par cette série : l’hypertension artérielle et l’allergie. 

 

1°) L’hypertension artérielle (INERGIE laboratoires).

Dans cet ouvrage, Michel Safar rappelle brièvement l’histoire de la notion d’hypertension artérielle et de sa prise en charge thérapeutique. « C’est à partir des années 1950 que les premières thérapeutiques médicamenteuses efficaces voient le jour » nous dit l’auteur, d’abord avec les diurétiques puis les alcaloïdes de la Rauwolfia. Dans l’Antiquité, les signes d’hypertension sont encore très mal définis, même si on en décrit quelques uns chez les Egyptiens comme l’angine de poitrine : « Si vous examinez un malade souffrant de douleurs dans le bras, la poitrine et d’un côté de son « cardia »… cela veut dire : la mort s’approche de lui. » En ce qui concerne la médecine grecque, il est probable que les Hippocratiques ont observé angor et infarctus, devant lesquels ils recouraient fréquemment à la saignée. Mais c’est à Galien que revient le mérite d’avoir fait les premières observatoires correctes sur le système cardio-vasculaire. Le premier, il identifie la texture différente de la paroi des veines et des artères. Il reconnaît deux systèmes circulatoires, droit et gauche, mais prétend que ces deux systèmes sont caractérisés par leur contenu différent en sang, plus abondant à droite.

 

Il faudra attendre quelques siècles pour que Léonard de Vinci et surtout Vésale pour commencer à remettre en cause les conceptions de Galien qui seront définitivement révolues avec Harvey, en 1628.

 

Publicité pour Tensimic et Décaserpyl, des Laboratoires Roussel. Eglise de Lauris (Vaucluse). Début du XVIIe siècle.

La fin du XVIIe siècle est marquée par la parution du « traité du coeur » de R. Lower, premier ouvrage de cardiologie au sens moderne du terme. L’histoire de l’hypertension artérielle proprement dite commence au XIXe siècle lorsque Bright (1836) envisage les relations entre lésions rénales et symptomatologie cardiovasculaire. C’est en 1905 que la méthode de Korotkow aboutit à l’appréciation des pressions minima et maxima, ce qui amena à examen clinique usuel dès 1925. De nombreux produits seront commercialisé pour tenter de normaliser la pression artérielle. En 1931 s’ouvre l’ère du Rauwolfia. L’origine vasculaire rénale devient progressivement reconnue, en particulier grâce à l’artériographie en 1950. Plus tard, deux autres groupes de substances vont se joindre aux dérivés du Rauwolfia : les hydrazines et les alcaloïdes du Vératrum, suivis par les diurétiques, puis après les années 1970, de toute une série d’anti-hypertenseurs : Béta-bloquants, Inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC), inhibiteurs calciques.

2°) Les Anti-allergiques (Schering-Plough).

Le premier accident allergique rapporté par l’histoire, nous indique ce document, s’est produit en Occident, quatre mille ans avant notre ère. La victime en a été Menès, roi légendaire à l’origine de l’unification de l’Égypte et fondateur de Memphis. Venu en Angleterre chercher de l’étain destiné à la fabrication d’armes, il périt des suites d’un choc anaphylactique provoqué par une piqûre de frelon. Par la suite, c’est encore d’Égypte que nous viennent les premières recommandations relatives au coryza, l’asthme et l’eczéma, rapportées par le fameux papyrus d’Ebers. Mais la première notion d’immunité n’apparait que beaucoup plus tard, 90 ans avant Jésus-Christ, lors de « l’expérimentation » tentée par Mithridate VI, roi de Grèce, qui va inventer la mithridatisation, l’aïeule la plus ancienne de la désensibilisation. Ce n’est qu’au XIIe siècle qu’on trouve la trace d’un nouvel intérêt pour les affections allergiques avec les écrits de Maimonide qui rédigea un « traité de l’asthme ». Quelques siècles plus tard, la littérature rapporte l’allergie aux fraises de Richard III d’Angleterre. En 1765, Desbrets, médecin militaire, rédige la première description médicale d’un choc anaphylactique provoqué par des piqûres d’abeilles. L’Anglais Blakeley met en évidence le rôle des pollens dans le rhume des foins. C’est bien sûr Jenner qui tente les premières immunisations par la vaccine, même s’il faudra attendre les travaux de Richet en 1887 pour mieux comprendre l’anaphylaxie, ce qui lui vaudra le prix Nobel de médecine en 1912.

 

 

Cela donnera naissance au terme d’allergie, proposé par Von Piquet en 1905 pour désigner l’ensemble des réactions d’hypersensibilité provoquées par le contact de l’organisme avec des substances étrangères, les antigènes. En 1937, les travaux de D. Bovet et A.M. Staub vont bouleverser l’approche thérapeutique avec la découverte des premiers anti-histaminiques comme l’Antergan et le Néoantergan. Après la guerre, le Chlo-Trimeton de Schering-Plough devient leader du marché aux Etats-Unis, et c’est la Polaramine qui est très utilisé en France à partir de 1961. De nombreux autres antihistaminiques vont suivre à partir des années 1990.

 

 


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