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Louis Domange

Louis Aimé Joseph Domange

(27 mars 1903, Bouilly-en-Gâtinais

– 26 septembre 1971, Paris)

 

A l’exemple de ses parents instituteurs, Louis Domange a envisagé de bonne heure de se consacrer à l’enseignement. Reçu en 1924, avec le n°1 dans la section de mathématiques, à l’École normale supérieure de Saint-Cloud qui préparait alors au professorat des Ecoles normales d’instituteurs, il ne se contenta pas des enseignements de sa section, mais suivit également ceux de la section de physique et de chimie. Ce zèle le conduisit à être admis à la fois aux professorats de mathématiques et de physique, mais surtout le fit remarquer du professeur de chimie, Augustin Damiens de la Faculté de Pharmacie de Paris, ce qui devait avoir une influence déterminante sur l’orientation de sa carrière. Cependant, après son service militaire, il fut affecté à l’École Normale d’Obernai en Alsace et c’est seulement au cours de sa seconde année de fonctions qu’il devait retrouver le professeur Damiens, nommé depuis peu dans la chaire de chimie minérale.

Se laissant convaincre par ce dernier, il délaissa provisoirement l’enseignement et entreprit une carrière dans la recherche scientifique. Mais à l’instigation de son Maître, il effectuait parallèlement des études aux Facultés de pharmacie et des sciences de Paris et obtenait le 7 juin 1934 son diplôme de pharmacien, et peu après, sa licence ès-sciences. Deux ans plus tard, il soutenait une thèse consacrée au fluor et aux fluorures et devenait docteur ès-sciences.

Déjà assistant à la Faculté de Pharmacie, ce grade lui permettait d’être nommé en 1937 chef de travaux pratiques en 1ère et 2ème années. Le 1er novembre 1945, il était nommé maître de conférences, puis professeur sans chaire le 30 mars 1949 et professeur à titre personnel le 1er janvier 1953. Le 1er décembre 1955, il était nommé titulaire dans la chaire d’Hygiène et d’Hydrologie qui venait d’être rétablie vingt et un ans après sa suppression. mais dès le 1er décembre 1957, il était transféré dans la chaire de chimie minérale en remplacement du professeur Marius Picon.

Sa vocation d’enseignant et la formation qu’il avait reçu à l’École normale de Saint-Cloud faisaient de Louis Domange un professeur tout à fait remarquable, passionné par les problèmes de pédagogie et qui n’a jamais ménagé sa peine pour la formation de nombreuses générations d’étudiants. Son précis de chimie générale et minérale en deux volumes, qui en est à sa 3° édition, porte témoignage des qualités de clarté de son enseignement.

En dehors de ses travaux de recherches et de son enseignement, Louis Domange consacra une partie de son activité pendant près de trente ans au laboratoire de contrôle des médicaments sous ses dénominations successives. Sous-directeur de la section des visas en 1942, il fut nommé directeur de la section de Paris, le premier janvier 1947, et il le demeura jusqu’à la fin de mars 1968, où il atteignit l’âge de la retraite pour cette fonction.

Recherches.

En chimie minérale, les recherches du professeur Domange ont été principalement consacrées à la chimie du fluor, à laquelle il avait été initié par Augustin Damiens. Dans sa thèse, il avait effectué l’étude thermodynamique des équilibres entre la vapeur d’eau et les fluorures métalliques et l’avaient menée à bien malgré des difficultés techniques considérables, puis il entreprit, en collaboration avec le C.E.A., une étude analogue avec le tétrafluorure d’uranium. Il aborda également l’étude des fluorures de chlore et celle de l’action du fluor sur les composés minéraux et organiques soufrés. Mais il parvint surtout à obtenir une porcelaine à base de fluorine, pouvant être usinée après la première cuisson , imperméable après la seconde, et stable jusque vers 1000°C en atmosphère de fluor, travail de précurseur dans la réalisation des creusets en fluorine indispensables dans la métallurgie de l’uranium.

Notons aussi des recherches sur les phénomènes d’oxydo-réduction, spécialement sur la réduction des acides stanniques et des sels cuivriques par le sulfate chromeux, ainsi que la poursuite de divers travaux sur les sulfures, les seleniures et les tellurures entrepris dans le laboratoire par le professeur Picon.

Dans le domaine de la chimie analytique, ses travaux sont en relation avec les méthodes d’analyse des médicaments et principalement consacrés à l’introduction des techniques physico-chimiques les plus modernes pour leur contrôle : polarographie, photométrie de flammes, chromatographie en phase gazeuse; spectrométrie infrarouge et ultraviolette, etc…

Fonctions diverses, missions, distinctions honorifiques.

Président de la Commission des directeurs de laboratoires de contrôles de la Fédération internationale pharmaceutique, et chargé à ce titre de l’organisation et de la direction de leurs réunions annuelles.

Expert près de l’Organisation mondiale de la Santé.

Membre du Conseil supérieur d’Hygiène publique de France, de la Commission permanente de la Pharmacopée, du bureau de la Société de Technique Pharmaceutique et du Comité scientifique des Poudres. Il fut vice-président de la Société des experts-chimistes de France de 1961 à 1970 et membre du conseil de la Société chimique de France de 1961-1962.

Il était membre résident de l’Académie de Pharmacie depuis 1948.

L’O.M.S. le chargea de missions d’enquête à Bagdad et à Téhéran, l’Éducation nationale de missions d’enseignement à Tunis et à Beyrouth. Il fut invité à prononcer des conférences à Naples, Liège, Oslo et Belgrade. 

Il obtint en 1934 le prix de la fondation Cahours de l’Académie des Sciences.

Il fut lauréat de l’Académie de médecine à deux reprises, en 1952 (prix Demarles) et en 1961 (prix Spécia).

Officier de la Légion d’honneur  et de l’Ordre national du Mérite, Commandeur des Palmes académiques, Officier du Mérite agricole et de l’Etoile noire du Bénin, Chevalier de l’Ordre de la Santé publique et de l’Ordre de Léopold II de Belgique.

Biographies.

  • Le professeur Louis Domange (1903-1971) par R. Weitz (Annales pharm. franç., décembre 1971, p. 70 et 71).
  • Jean Flahaut (Produits et problèmes pharmaceutiques, décembre 1971).
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