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Limonade purgative de Rogé et poudre de Rogé

Description de ces produits  par le Dr Déhaut en 19021:

« La propriété purgative des eaux minérales est le résultat de la présence, dans ces eaux, des sels… C’est, presque toujours et presque exclusivement, du sulfate de magnésie ou du sulfate de soude qui s’y trouvent, en quantités et en proportions diverses. Aussi, toutes sont-elles salées et amères ; quelques-unes possèdent, en outre, une odeur désagréable, nauséabonde.

Toutes ces eaux nous sont apportées des pays allemands, ce qui n’empêche pas qu’elles soient fort à la mode aujourd’hui. On les prend, malgré leurs imperfections, parce qu’elles sont assez actives pour bien opérer le lavage des intestins. Néanmoins, beaucoup de personnes, des femmes et des enfants surtout, ont autant de répugnance pour les eaux purgatives que pour les sels mêmes, et nous croyons rendre service aux personnes qui ont des motifs pour prendre un purgatif salin, de préférence à nos pilules, en leur donnant quelques détails sur la Poudre Rogé.

Il existe un seul purgatif qui ne possède aucune odeur, et qui n’est ni amer ni salé ; c’est le citrate de magnésie, combinaison de l’acide du citron avec la poudre de magnésie. M. Rogé, pharmacien très habile, a fait sur ce sel, qui n’était connu que des chimistes, des recherches en vue de le fabriquer en grand et de l’utiliser en médecine. Il s’assura d’abord que ses propriétés purgatives sont les mêmes que celles des eaux minérales et des autres sels usités, mais avec plus de douceur. Il tenait, avant tout, à obtenir un purgatif salin qui fût, non pas tolérable, mais agréable à prendre, et il ne fit connaître ses projets que lorsqu’il eut trouvé la formule de sa limonade, qui ressemble, à s’y tromper, à la limonade rafraîchissante des limonadiers.

Le mémoire, dans lequel M. Rogé fit connaître à l’Académie de médecine le résultat de ses recherches, fut l’objet d’une approbation des plus élogieuses, et la formule de sa limonade purgative fut insérée au Codex. La limonade purgative, telle qu’on doit la boire, n’est pas un liquide qui puisse s’emmagasiner et s’exporter ; elle ne se conserve que pendant quelques jours. M. Rogé fut donc obligé de chercher le moyen d’obvier à cet inconvénient. Il y parvint en mettant dans un flacon, à l’état de poudre, tous les éléments qui composent le remède, moins l’eau. Chaque flacon renfermant la dose d’une bouteille de limonade, occupe un petit espace, ce qui en rend le transport et la conservation très faciles. 

Nous terminerons cette notice par une observation qui a son importance : si, avec la formule du Codex, tout pharmacien peut faire une limonade purgeant bien, il faut bien savoir que pour obtenir la limonade purgative parfaite et agréable, comme la prépare M. Rogé, il est indispensable d’employer des produits extrêmement purs et d’opérer, à la fois, sur de grandes quantités. Cela explique ce fait constant : c’est que le plus habile pharmacien à qui l’on demandera une bouteille de limonade ne pourra pas obtenir un produit comparable à celui de l’inventeur. Que ceux qui ont pris de la limonade purgative des pharmacies essaient un jour de prendre le vrai remède de Rogé, et nous sommes certain qu’elles ne voudront plus en prendre d’autres.

Ce n’est donc pas la limonade purgative qu’il faut demander dans les pharmacies, mais la vraie Poudre Rogé, avec laquelle on fait, soi-même, le liquide agréable qui a été approuvé par l’Académie de médecine. Une instruction, qui enveloppe le flacon, explique la manière de procéder, qui est, d’ailleurs, des plus simples, pour obtenir la limonade, gazeuse ou non gazeuse, à volonté. Pour finir, on peut dire que si nos pilules, avec leur bon régime alimentaire, constituent le meilleur purgatif dépuratif, la poudre Rogé est un purgatif salin agréable et plus doux que les autres sels, et même que les eaux minérales allemandes… »

 

  1. Manuel de médecine, d’hygiène, de chirurgie et de pharmacie domestiques par Dehaut…24ème édition, Paris, chez l’auteur, 1902
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