La pharmacie comme la médecine ont souvent été utilisés comme métaphores de la prise en charge de la santé de l’âme ! La présente exposition complète celle déjà réalisée il y a quelques années et va en montrer davantage d’exemples parmi les multiples représentations du Christ apothicaire provenant de calendriers allemands ou français et d’autres sources diverses.
Comme l’indique notre collègue Guy Devaux dans un article de la Revue d’histoire de la pharmacie en 19851, quatre siècle après la première figuration dans un manuscrit rouennais du Christ dans l’officine (1537) formulant son ordonnance mystique pour Adam et Eve après la faute, le thème du Christ apothicaire a inspiré de nombreux autres artistes comme Wilhelm Baur, Peter Troschel, Simon-Thaddaùs Sondermayr, Andreas Ehmann, Ruth Schaumann, par exemple.
Le sujet du Christ proposant ses remèdes spirituels à l’humanité malade de ses péchés, plus ou moins implicite dans certains passages de l’Écriture, repris par saint Augustin et d’autres auteurs ecclésiastiques, semble avoir pris corps en France au VIe siècle avec la miniature du manuscrit de Rouen ; mais c’est ensuite surtout dans les pays germanophones (Allemagne, Autriche, Nord de la Suisse) qu’il s’est le plus largement développé, même si des représentations du Christ apothicaire ont été retrouvées jusqu’en Russie, en Grèce ou dans les pays Scandinaves. On sait d’ailleurs tout ce que l’étude de ce sujet doit aux auteurs allemands parmi lesquels il convient de citer particulièrement Fritz Ferchl et surtout le professeur Wolfgang-Hagen Hein2.
Florissant au début du XVIIe siècle, le thème du Christ apothicaire le restera fort avant dans le XIXe en se développant selon différents types, avec des caractéristiques propres à certaines régions. D’une façon très générale, on peut distinguer quatre modèles : le Christ en demi-figure derrière le comptoir ; le Christ avec des assistants ou dans une officine représentée en détail ; le Christ avec des pécheurs repentants; le Christ devant l’officine.
Le sujet a été cultivé dans les parties aussi bien protestantes que catholiques de l’aire germanophone. Une différence réside dans le texte des citations de la Bible. Une autre est la présence, dans les représentations catholiques, d’instruments du culte propres au catholicisme ou du Cœur de Jésus.
Les médicaments spirituels dont les noms figurent sur les récipients sont avant tout les trois vertus théologales et les quatre vertus cardinales, mais aussi les sept dons du Saint-Esprit et les sept œuvres de charité. Souvent ils portent les noms de plantes qui symbolisent ces mêmes vertus dans le folklore ou jouent un rôle dans la symbolique chrétienne. Quant aux officines, leur représentation correspond en général fidèlement à la réalité contemporaine moyenne, sans faste particulier.
Voici quelques autres exemples de représentation du Christ apothicaire :
Comme nous l’avons vu, il existe des exemples plus récents de ces « Christ apothicaires ».
Guy Devaux a présenté dans notre Revue deux gravures de 19851, ci-dessous :
1. Devaux Guy. Nouvelles représentations du Christ apothicaire. In: Revue d’histoire de la pharmacie, 73ᵉ année, n°266, 1985. pp. 203-207.
2. HEIN (Wolfgang-Hagen) : Christus als Apotheker. 2. neubearbeitete Aufl.- Frankfurt am Main, Govi- Verlag, 1992, 103p.
Nous avons retrouvé une bonne partie de ces peintures grâce au don de notre collègue François Locher, de Lyon, qui a donné à la SHP d’un grand nombre de calendrier des pharmaciens allemands.