Les remèdes d'origine animale dans les thérapeutiques anciennes : les oiseaux (2)

 

 

Les remèdes d’origine animale dans les thérapeutiques anciennes.

(Voir à la fin de l’exposition la définition des termes médicaux au XVIIIe siècle)

Les oiseaux (2)

Corbeau, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Le corbeau : Le corbeau, oiseau commun  dans la région méditerranéenne, a constitué un médicament important pour les peuples anciens. Pline donne au sujet de l’œuf de corbeau l’affirmation suivante : « On sait que toute femme enceinte doit éviter avec soin de passer par dessus des oeufs de corbeau sous peine d’avorter par la bouche ». Ce même auteur reproduit la recette suivante pour noircir les cheveux : « Un oeuf de corbeau, battu dans un vase de cuivre et appliqué au liniment sur la tête préalablement rasée, noircit les cheveux : mais jusqu’à ce que le mélange soit sec, on doit avoir de l’huile dans la bouche, pour empêcher que les dents noircissent de même; il faut, de plus, opérer à l’ombre, et ne se laver qu’au bout de quatre jours ».

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Les jeunes corbeaux sont recommandés par Lémery dans le traitement de l’épilepsie et de la goutte. D’après Valmont de Bomare, on prétend que les petits corbeaux, calcinés au sortir du nid, produisent un excellent spécifique contre le mal caduc. Par la suite, les corbeaux ont été admis parmi les constituants de l’eau de Duclos, remède naguère fameux pour le traitement des affections convulsives. Enfin Alexis (le Piémontais) et la plupart des écrivains de son temps ont fait entrer les jeunes corbeaux dans la préparation des eaux de beauté. Voici l’exemple de sa préparation « pour faire eau qui rend la chair très belle, et qui est de garde comme un baume très précieux » : « Prens un jeune corbeau hors du nid si tu peux ainsi avoir ; sinon, prens le aussi jeune que tu pourras, auquel (par l’espace de quarante jours) ne donneras autre chose à manger que des moyeux d’oeufs cuits durs. Après le tuyeras, et en ôteras la peau, dérompant la chair par petites pièces… ».

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On utilisait également le cerveau que De Blegny recommande contre l’épilepsie, pris dans du vin blanc « le matin au décours de la lune ». D’après Sonnet de Courval, le coeur de corbeau « porté sur soy retarde et empesche le sommeil ». Alexis (le Piémontais, quant à lui, fait entrer le fiel de corbeau dans la préparation pour « un qui voit bien de loin et mal de près ». La bile de corbeau était aussi utilisé pour combattre l’impuissance. La fiente a été longtemps portée en amulette: placée « dans un sac de laine, elle guérit la toux des enfants » (Pline). Attachée au bras du malade, elle calme les maux de tête. Chez les Étrusques, on attachait au cou du patient un porte-amulette contenant de la fiente de corbeau avec l’espoir de faire disparaître les maux de dents. Enfin, Pline recommande, pour noircir les cheveux, le mélange de sang de corbeau et de vin noir.

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La cigogne : Pline prétend qu’il est possible, en mangeant un petit de cigogne, de s’exempter pour des années de toute espèce de chassie (matière gluante qui se dépose sur les paupières). En 1530, André Le Fournier donne la recette suivante : Pour faire belle face : prenez un jeune cigognat qui n’ait encore volé, et lui ostez les entrailles et dedans le corps mettez une once de camphre et une dragme d’ambre fin, et le mettez distiller en séparant trois eaux selon leurs couleurs : et la dernière est très bonne. »

 

 

Cigogne, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Charas (1676) trouve inutiles les cendres de cigogne employées de son temps, car la dissipation qui s’y fait de leur huile et de leur sel volatile doit détourner les artistes de ces sortes de destructions », et il décrit une préparation complexe, faite par distillation, utilisant les cigognes plumées et vidées, donnant :

1°) un sel volatil recommandé contre l’épilepsie et contre « toute sorte de venins et de maladies épidémiques »;

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2°) une huile employée pour les mêmes usages. Lémery et Valmont de Bomare signalent plus spécialement l’emploi de la cigogne comme alexipharmaque et fortifiant des nerfs.

D’autres parties de l’animal étaient utilisées : Pline recommande l’estomac de cigogne comme antidote universel; contre le furoncle, il conseille « un estomac de cigogne cuit dans du vin ». D’après Lémery, le fiel de cigogne « éclaircit la vue, étant mis dans l’oeil ». Galien dit que la fiente de cigogne est inutile, contrairement à Charas qui la recommande contre les venins et lui préfère cependant « le sel et l’huile volatile de la mesme fiente qui ne peut se rencontrer en grande quantité qu’en Suisse et en Hollande ». Lémery la recommande encore dans le traitement de l’épilepsie. Enfin, Charas comme Lémery préconise la graisse de cigogne dans le traitement de la goutte.

 

 

 

Grue, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765
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La grue: La grue, dit Lémery, est recommandé « dans la colique venteuse, pour éclaircir la voix, augmenter la semence, fortifier les parties nerveuses ». Mais Lémery cite aussi la tête, les yeux et même le ventricule de grue « séchez et pulvérisez » comme propres « pour les fistules, pour les chancres, pour les ulcères variqueux ». D’autres auteurs se sont intéressés aux ailes de grue. Pline écrit : »l’homme qui porte sur lui des nerfs d’ailes et de pattes de grue est infatigable à quelque travail qu’on l’applique ».

Alexis (le Piémontois), en 1699, recommande le fiel de grue pour les affections oculaires. Déjà recommandée par Pline « pour les excroissances et pour toutes les tumeurs dures », la graisse de grue, d’après Valmont de Bomare (1769), est pénétrante et résolutive » et donne de bons résultats dans la paraysie, les rhumatismes et contre certaines surdités.

 

Publicité pour le Bismuloxane du Laboratoire de l’Hépatrol, 1965
Héron, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Le héron : Dans son « traité universel des drogues simples » (1760), Lémery évoque le Falcinellus, « espèce de Héron, ou un oiseau qui a la figure et la grandeur d’un héron ordinaire. Son corps est couvert de belles plumes vertes mêlées de rouge… « . Sa graisse est propre , dit-il, pour fortifier les nerfs, pour résoudre, pour dissiper les nuages des yeux ».   Pomet (1735) fait le rapprochement avec la Frégate, dont l’huile ou la graisse est « un souverain remède pour la goutte sciatique, et pour toutes les autres provenances de cause froide. On en fait un grand cas dans toutes les Indes comme d’un médicament précieux ».

Le Faucon : Le même Lémery rapporte que la chair de Faucon (Falco) contient beaucoup de sel volatil et d’huile. « On se sert de la graisse pour les maladies des yeux, pour résoudre les tumeurs, pour ramollir et fortifier les nerfs. Sa chair est estimée bonne contre les maladies du cerveau. Son excrément est résolutif, étant appliqué sur la partie malade : on pourrait aussi en prendre par la bouche pour exciter la sueur. »  

 

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La bécasse : C’est encore Lémery qui évoque la bécasse (Rusticula), « oiseau qui ressemble à la perdrix, mais qui a le bec beaucoup plus long… Il est propre pour fortifier, pour restaurer, pour exciter la semence. Son fiel est bon pour les ulcères des yeux et pour dissiper les cataractes. » Lémery parle aussi dans son ouvrage « Traité des drogues simples » de la bécassine (Rusticula minor), « espèce de bécasse qui diffère d’avec l’autre en ce qu’elle ne croit jamais si grande ». Elle a, dit-il, les mêmes qualités que la bécasse. Enfin, il décrit la bécasse de mer (Rusticula marina) , « oiseau à peu près comme le canard », qui est « fortifiante et restaurante ». 

 

Coucou, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Le coucou: Dans l’antiquité, on utilisait en médecine le coucou entier. Pline le recommande contre les morsures de chien enragé en faisant cuire ensemble « une fouine, un coucou, une hirondelle et d’en boire le suc ». Il donne également le coucou comme hypnotique quand on le porte « en amulette dans une peau de lièvre ». Lémery le préconise pour l’épilepsie, pour la pierre, pour les fièvres intermittentes, pour la colique. Il recommande de préférer le bouillon aux cendres de l’oiseau, « car la calcination fait dissiper toute la partie volatile et essentielle des animaux ». Ce dernier auteur utilise aussi la fiente de coucou propre à préserver de la rage, étant prise intérieurement. Garsault (1765) considère que « le bouillon de coucou est céphalique, adoucissant. Sa fiente en infusion est propre contre la rage. »

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Le milan: Les brins d’herbe ou de bois tirés d’un nid de milan et placés sous le chevet du malade constituent un remède contre les maux de tête (Pline) ; un brin de vitex (agnus catus) de même origine donne, toujours d’après Pline, une amulette très utile contre les douleurs nerveuses du cou. Pline (comme curatif de la goutte) comme Lémery (contre l’épilepsie et la goutte) utilisent la chair de milan. Le fiel de milan est donné par Jean de Renou dans sa Pharmacopée comme indiqué « pour aiguiser la vue ». Lémery précise que, pour cet effet, il faut employer ce médicament en applications. Toujours selon Lémery, la fiente de milan est « résolutive ». Quant au foie, Pline le recommande dans les affections de l’oeil et à l’intérieur contre l’épilepsie. « On se préserve de l’opisthotone, dit-il, en buvant trois oboles de foie sec de milan dans trois cyathes d’eau miellée ». Il préconise aussi, dans le traitement de la goutte, de frotter les pieds avec du sang de milan. Enfin, le tête de milan brûlée figure dans un inventaire de pharmacie fait en 1607 et reproduit par Gilbert (Histoire de la pharmacie).

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Le paon: D’après Charas (1676), le paon, « qui passe pour le plus beau de tous les oiseaux…, n’a pas obtenu en vain la qualité d’oiseau médical, puisque non seulement on trouve dans son corps plusieurs remèdes propres pour la médecine, mais qu’on peut conserver sa chair sans corruption beaucoup plus longtemps que celle d’aucun autre animal. Pour lui aussi les organes peuvent être utiles : pour Lémery, les oeufs de paon étaient indiqués dans le traitement de la sciatique et des rhumatismes. De son côté, Pline note que la fiente de paon était utilisée : Notons en passant, dit-il, que les paons avalent leur propre fiente, jaloux qu’ils sont de l’usage qu’en font les hommes ». J. de Renou considérait la fiente de paon comme un médicament indispensable dans toutes les pharmacies. Charas donne des détails complet sur la préparation à partir du paon « vuidé de ses entrailles » : 1°) d’une eau distillée pour fortifier le cerveau et le défendre contre les maladies auxquelles il est sujet ; 2°) d’un sel volatil et d’une huile claire « de grande vertu et sur tout contre l’épilepsie, s’en servant de mesme et et en pareille dose que des autres sels volatils de mesme nature, et employant mesme l’huile en onction aux Narines, aux Temples et aux endroits des sutures du crâne ». Lémery recommande encore le bouillon de paon dans le traitement de la pleurésie, des calculs des reins et de la vessie. 

 

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Le hibou: Les anciens ne possédaient que des données très vagues sur la classification des oiseaux de proie nocturnes et il est donc difficile de distinguer de façon certaine ce qui concerne le hibou. Mais il semble bien que c’est le hibou que de Blégny conseille d’employer sous la forme de poudre de hibou, desséché avec ses plumes, dans le traitement des tumeurs de la gorge. Lémery fait entrer le hibou dans le cataplasme de nid d’hirondelles de Mynsicht et, dans son Traité universel des drogues (1723), il donne sa chair comme « résolutive et propre pour la paralysie, la mélancolie, pour la squinancie ; on s’en sert intérieurement et extérieurement : la dose en est depuis demi-scrupule jusqu’à un dragme, étant séchée et pulvérisée ».

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Là encore on pouvait se servir de tel ou tel organe plus approprié. Pline recommande le mélange de cervelle de hibou et de graisse d’oie « pour réunir les plaies » et une pommade composée de fleur de nitre et de cervelle de hibou dans le traitement de la gale. Lémery, de son côté, cite le fiel de hibou comme « bon pour emporter les taches des yeux ». Il considère aussi la graisse de hibou comme émolliente, résolutive, et « propre pour fortifier les nerfs, pour aiguiser la vue ». Pline préconise d’utiliser les pieds pour le traitement des morsures de serpents, les pieds de hibou brulés avec de la plombagine (herbe). Contre les maux de rate, il indique comme remède la cendre de tête de hibou dans un onguent. Dans les névralgies, dit-il, « la cendre de tête de hibou, en breuvage avec de la racine de lis dans du vin miellé, est encore fort bonne au dire des mages. » Enfin Pline toujours écrit au sujet du traitement de l’épilepsie : « Quant à la cendre des yeux de hibou, c’est encore une recette des charlatans qui se jouent de la crédulité humaine ».

 

 

Huppe, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

La huppe: La huppe, putput ou pupu, est un fort bel oiseau caractérisé par une crête qu’il peut élever et abaisser à son gré. Alexis(le Piémontais) recommande en 1699 le remède suivant « contre la douleur de colique : brûlez une huppe tout entière avec les plumes, puis en prens de la cendre et en donne à boire au malade avec du vin. » Lémery (1723) et Valmont de Bomare (1769) citent encore l’emploi de la huppe contre la colique : le premier préconise la chair, le second cette même chair « en substance ou en bouillon ».

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D’autres auteurs vont utiliser certaines parties de l’animal : d’après Albert de Grand (1791), la langue d’une huppe pendue au cou fait « revenir la mémoire et le jugement à ceux qui l’ont perdu ». La tête, l’oeil ou la cervelle ont les mêmes propriétés. Pour lui, les pierres trouvées dans le nid des huppes rendraient invisibles ceux qui les portent. Alexis (le Piémontais) préconisait « pour chasser de la maison les mouches, les araignées, les scorpions et autres bêtes » la technique suivante : « tu prendras plumes de la huppe, en telle quantité que tu voudras, et les brûleras en ta chambre ; quand les bêtes sentiront cette odeur, elles s’en iront, et ne retourneront plus, c’est chose éprouvée. » Le même auteur recommande pour « faire voir choses merveilleuses à une personne en dormant » d’opérer comme il suit : « Ayes du sang d’une huppe et t’en oingts les temples de la tête, et t’en vas ainsi coucher, et tu verras choses merveilleuses. »

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L’hirondelle: Les hirondelles les plus connues dans nos pays sont : 1°) l’hirondelle des cheminées ou Hirundo rustica, 2°) l’hirondelle des fenêtres ou Chelidon urbica, 3°) l’hirondelle des rivages ou Cotile riparia, 4°) l’hirondelle des rochers ou Cotile rupestris. D’après Pline, les individus jeunes sont plus spécialement recommandés pour l’usage médical. Parmi les usages les plus connues figure le nid : Pline recommande contre la pierre et les embarras de la vessie « la terre d’un nid d’hirondelles délayée dans de l’eau chaude ». De nos jours encore, le nid d’hirondelle salangane (Hirundo esculentaun) constitue un mets recherché pour les peuples d’Extrème-Orient et recommandé comme aphrodisiaque.

Hirondelle, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

C’est le nid d’alcyon, le souttonbourong des Chinois. Guibourt, dans son Histoire naturelle des drogues, pense que « ces nids si vantés… ne peuvent avoir de prix… que pour des peuples auxquels des idées religieuses prescrivent de ne pas se nourrir de chair, ou qui vivent dans une grande pénurie de substances alimentaires ». Pour l’usage externe, Pline indique dans le traitement de l’épilepsie « une petite pierre, prise dans le nid de cet oiseau, qui soulage le malade si, et préserve à jamais des rechutes si on la lui pend au cou ». Il recommande aussi, dans la cure de l’esquinancie, une décoction de nids d’hirondelles.

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J. Rodriguez de Castallobranco a surtout contribué à la vogue de ce médicament en préconisant le cataplasme de nids d’hirondelles dans le traitement externe des affections de la gorge. Tous les auteurs médicaux du XVIIe et XVIIIe siècles proposent de nombreuses indications de ce cataplasme, dont Lémery qui fait également entrer dans son cataplasme des hirondelles grillées. Les œufs d’hirondelle  entraient également dans un remède de Alexis (le Piémontais) contre les « ampoulles et pustules de la face, dit petite vérole ».  D’autres organes furent utilisés comme le bec (dû à Horus, roi des Assyriens) comme préventif de l’ivresse, ou encore le cerveau contre la cataracte (Paul d’Egine),

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le cœur pour traiter la fièvre quarte (Pline), le fiel pour empêcher la croissance du poil (Pline). Mais on utilisait également l’hirondelle entière. La chair fraîche était recommandée contre les morsures de serpent (Pline). Par ailleurs, le premier petit d’une hirondelle, donné à un épileptique au moment de sa première attaque, était préconisé comme capable de prévenir toute nouvelle crise. C’est ce que reprend Lémery qui ajoute comme indications la fortification de la mémoire, le traitement des inflammations de la gorge, et l’éclaircissement de la vue. 

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On utilisait  aussi les cendres d’hirondelles étranglées dont le sang avait été répandu sur les ailes, pour traiter l’épilepsie (Pline). Mélangées aux cendres de belette, elles sont souveraines contre les écrouelles; additionnées de suc de tithymale (?) et de bave de limaçon, elles empêchent de repousser « les poils incommodes des paupières une fois arrachées ». Enfin, amalgamées avec le cerveau de chouette et avalées avec de l’eau chaude, les cendres donne de bons résultats dans l’esquinancie (Ovide). De Blégny donne comme remède contre la goutte et le rhumatisme, un mélange de cendres d’hirondelle, semences d’ortie, poudre de crâne d’homme mort de mort violente, etc. On trouve chez auteurs anciens des décoctions d’hirondelle pour guérir les ulcères de la dent et des lèvres (Pline),  et l’eau d’hirondelles très populaire contre l’épilepsie (De Blégny, Alexis, Lémery). Enfin, il faut mentionner l’huile d’hirondelles obtenue en faisant digérer à petit feu dans un pot de terre vernissé, des hirondelles plumées et coupées en morceaux, avec diverses plantes pilées et un mélange d’huile et de vin d’Espagne. D’après Lémery, cette huile « résout, elle ramollit, elle fortifie les nerfs ; on peut s’en servir dans la paralysie, la goutte sciatique ; on en frotte les parties affectées ». 

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La poule (oeuf) : Lémery consacre un long chapitre à la poule (Gallica) mais aussi à la gallinasse (Galinassa) et à la poulette d’eau (Gallinula aquatica). Pour ce qui concerne les poules, « elles sont pectorales, nourrisantes, restaurantes, fortifiantes, mangées ou prises en bouillon… La poule, étant ouverte vivante et appliquée toute chaude sur la tête, est propre pour ouvrir les pores, pour la phrénésie, pour le délire, pour les transports du cerveau, pour les fièvres malignes, pour l’apoplexie, pour la léthargie. La membrane intérieure de l’estomac de la poule étant séchée et pulvérisée, elle est employée pour fortifier l’estomac, pour aider à la digestion, pour arrêter le vomissement et les cours de ventre, pour exciter l’urine… La graisse de poule amollit les duretés, elle adoucit, elle résout. L’oeuf de la poule est d’un grand usage dans la médecine aussi bien que dans les aliments. Sa coquille est apéritive et propre pour la pierre, étant prise en poudre. » Lémery propose aussi d’utiliser d’autres parties de l’oeuf : sa membrane, le germe de l’oeuf, le blanc d’oeuf, l’oeuf dur, le lait « qui se trouve à l’ouverture des oeufs frais à demi-cuits », et bien sûr le jaune d’oeuf. Ce dernier « est employé intérieurement et extérieurement ; il est astringent ; on en mêle dans les lavements pour la dysenterie, et pour les autres cours de ventre : on le fait entrer dans les digestifs, dans les cataplasmes. » Quant au poulet, il est « humectant, nourrissant, restaurant, rafraichissant ; on en fait une manière de demi-bouillon qu’on appelle Eau de poulet, et qu’on donne aux malades dans la diète, ou quand à cause de la fièvre, on n’a besoin que d’une nourriture très légère… L’excrément de la poule est résolutif; les maquignons s’en servent avec succès pour une espèce de colique violente et dangereuse qui arrive aux chevaux, et qu’ils appellent tranchées rouges. »

Caille, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

La caille (Coturnix) : Lémery décrit la caille comme « un petit oiseau un peu plus gros que la grive, couvert d’un beau plumage ». Sa graisse, dit-il, est propre pour emporter les taches des yeux et sa fiente est estimée bonne pour l’épilepsie, étant séchée et pulvérisée.

 

 

 

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Chardonneret, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

 

 

Le Chardonneret : le même Lémery donne quelques éléments sur cet oiseau (Carduelis) « petit oiseau fort agréable par ses belles couleurs et par son chant ». Son nom viendrait de ce qu’il mange des chardons.

On prétend, dit Lémery, qu’il est bon pour la colique étant rôti et mangé.Garsault ajoute : « En aliment, il purge le sang ».

 

 

 

 

 

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Autruche, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765
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Autruche ou Cerf-Oiseau : Cet oiseau (STRUTHIO) est décrit par Lémery dans son Dictionnaire universel des drogues simples (1759). Mais son usage thérapeutique est, pour lui, assez limité. il indique que la membrane intérieure de l’estomac de l’autruche est « estimée propre pour fortifier l’estomac ; elle est apéritive, étant séchée et prise en poudre. Sa graisse est émolliente, résolutive, nervale » (c’est à dire vertueux pour les nerfs).

 

 

 

 

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Alouette, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Alouette (Alauda): Lémery signale que cet oiseau a l’habitude de chanter le matin et qu’il en existe deux sortes, avec une huppe ou sans. Quant à leur usage en médecine, il signale que le coeur et le sang de l’alouette sont bons pour la colique ventreuse, pour la néphrétique, pour pousser le sable et les phlegmes du rein et de la vessie. Il ajoute qu’on dit que le nom d’alouette vient de l’ancien gaulois et que Jules César ayant levé des soldats en France, on les appela alouettes, à cause de la figure de leur casque qui ressemblait à une alouette crêté. 

 

 

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Faisant  (Phasanius chez Lémery ou Gallus sylvestris) :  Pour Lémery, le faisant est ordinairement de la taille d’un coq. « Il est fort nourrissant et propre pour l’épilepsie, pour les convulsions. Sa graisse fortifie les nerfs, dissipe les douleurs des rhumatismes, et résout les tumeurs, extérieurement appliquée.

Faisan, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Mais il évoque aussi un autre oiseau, l’urogallus qui est « une espèce de faisan » qui a deux espèces dont l’une est appelé faisan des montagnes. Leur graisse, selon Lémery, est émolliente , résolutive, fortifiante, nervale.

Garsault ajoute que le fiel de faisant est ophtalmique.

 

 

 

 

 

 

 

Perdrix, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

La perdrix : La perdrix a fait partie de l’arsenal thérapeutique depuis l’Antiquité. D’après Pline, les œufs de perdrix , cuits avec du miel dans un récipient de cuivre, « guérissent les ulcères ophtalmiques et les glaucomes ». employés comme aliment, ils pour les femmes un bon galactagogue et un excellent remède pour guérir leur stérilité. Enfin, « un œuf de perdrix passé trois fois autour de la gorge l’empêche de tomber ». Quant à la cendre de coquille d’œufs de perdrix, elle donnerait, après addition de cire et de cadmie, une préparation recommandable pour obtenir la fermeté des seins.

L’oiseau entier était également utilisé. D’après Chambon, il guérit « la vérole » chez les personnes assez riches pour en manger fréquemment. Pour Valmont de Bomare, le perdreau est très indiqué dans le traitement des diarrhées. Le bouillon de perdrix, déjà vanté par Pline dans le traitement des affections de l’estomac et de la diarrhée, est cité par Lémery comme « propre pour eciter la semence, et le lait aux nourrices », et par Valmont de Bomare comme « très restaurant et très utile aux convalescents d’un tempérament pituiteux et mélancolique ».

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La cervelle de perdrix, délayée dans du vin, est indiquée par Pline comme remède contre la jaunisse.

 

Références

M. Bouvet. L’emploi des oiseaux en thérapeutique.

M. Bouvet La thérapeutique d’autrefois : la Corneille, le Cygne. Paris-Médical

M. Bouvet. Thérapeutique d’autrefois : la chouette en thérapeutique. Paris-Médical, supplément mensuel du Courrier médical.

M. Bouvet Thérapeutique d’autrefois : le Coq. Paris-Médical

M. Bouvet. Thérapeutique d’autrefois : la Pie. Paris-Médical

M. Bouvet : Thérapeutique d’autrefois : le vautour en thérapeutique. Paris-Médical

M. Bouvet. Thérapeutique d’autrefois : le pigeon en thérapeutique. Paris-Médical, supplément mensuel du Courrier médical, 14 juillet 1923

M. Bouvet. Thérapeutique d’autrefois : la tourterelle en thérapeutique. Paris-Médical, supplément mensuel du Courrier médical, 21 juillet 1923.

M. Bouvet. Thérapeutique d’autrefois : le canard en thérapeutique. Paris-Médical, supplément mensuel du Courrier médical, 11 août 1923.

Termes médicaux au XVIIIe siècle (Geoffroy)

Acerbe : c’est un goût qui tient de l’aigre et de l’amer.

Adoucissants : remèdes qui corrigent l’âcreté des humeurs.

Agglutinatifs : Remèdes qui réunissent et recollent les plaies.

Alexipharmaques ou alexitères : remèdes qui résistent aux venins, fièvres malignes, peste, etc. Il y a en a pour l’intérieur et pour l’extérieur.

Anodins : remèdes qui calment les douleurs.

Antiépileptiques : remèdes contre l’épilepsie ou mal caduc.

Antihystériques : remèdes contre les vapeurs de matrice.

Antiscorbutiques : remèdes contre le scorbut.

Antispasmodiques : remèdes contre les convulsions ;

Apéritifs : remèdes qui rendent les humeurs moins épaisses et plus coulantes.

Astringents : remèdes qui resserrent les pores et s’opposent au cours immodéré des humeurs.

Béchiques : remèdes qui conviennent aux maladies de poitrine.

Calmants : c’est la même chose qu’anodins : voyez ce mot.

Carminatifs : remèdes qui dissipent les vents.

Caustiques : remèdes qui brûlent les chairs

Céphaliques : remèdes bons pour les maladies de la tête.

Cicatrisants : remèdes qui affermissent et dessèchent les nouvelles chairs des plaies.

Consolidants : remèdes qui servent à la réunion des plaies.

Cordials : remèdes qui rétablissent les forces abattues

Décoction : préparation de drogues médicinales qu’on fait bouillir dans quelque liqueur pour en tirer les vertus.

Dentifrices : drogues pour nettoyer les dents.

Dépilatoires : drogues qui font tomber le poil.

Désobstruants : remèdes qui enlèvent les obstructions ou embarras, causés par l’épaississement des humeurs.

Dessicatifs : remèdes qui consomment les humidités superflues, intérieurement et extérieurement.

Détersifs : remèdes qui nettoient les plaies, en dissolvant les humeurs visqueuses qui s’y attachent.

Diaphorétiques : remèdes qui font dissiper les humeurs, par la transpiration.

Digestifs : remèdes qui disposent à la suppuration.

Discussifs : remèdes qui dissolvent et dissipent les humeurs.

Diurétiques : Remèdes qui adoucissent l’acrimonie des humeurs et les poussent par les urines.

Emétiques : remèdes qui excitent le vomissement

Emollients : remèdes qui ramollissent les tumeurs, en relâchant les fibres.

Errhines : c’est la même chose que sternutatoires : voyez ce mot.

Hépatiques : remèdes capables d’enlever les obstructions.

Hydragogues : remèdes purgatifs qui évacuent les eaux et les sérosités.

Hystériques : remèdes qui excitent les règles.

Incisifs : remèdes qui divisent les humeurs grossières

Incrassants : remèdes qui épaississent les liquides, et leur donnent de la consistance.

Infusion : médicaments qu’on fait seulement tremper dans quelque liqueur chaude et non bouillante, pour en tirer les vertus.

Laxatifs : remèdes qui lâchent le ventre, et purgent doucement par bas.

Masticatoires : drogues qui se mâchent, et attirent par la bouche les eaux et les sérosités.

Maturatifs : remèdes qui disposent les plaies à suppuration.

Narcotiques : remèdes qui calment les douleurs et procurent l’assoupissement.

Nervins : remèdes qui fortifient les nerfs.

Ophtalmiques : remèdes propres aux maladies des yeux.

Otalgiques : remèdes bons pour les maux d’oreilles.

Pectoraux : c’est la même chose que béchique. Voyez ce mot.

Pénétrants : remèdes actifs qui divisent les humeurs.

Purgatifs : remèdes qui purgent par bas seulement.

Rafraichissants : remèdes qui tempèrent la trop grande agitation des humeurs.

Répercutifs : remèdes extérieurs qui repoussent les humeurs en dedans.

Résolutifs : remèdes extérieurs qui dont dissiper par la transpiration les humeurs arrêtées dans quelque partie du corps.

Spléniques : remèdes propres aux maladies de la rate

Sternutatoires : drogues qui excitent l’éternuement

Stiptiques : c’est la même chose qu’astringents : voyez ce mot.

Stomachiques, stomacales : remèdes propres à faciliter la digestion.

Sudorifiques : remèdes qui excitent la sueur

Suppuratifs : Remèdes extérieurs qui facilitent la suppuration

Tempérants : remèdes qui apaisent la trop grande fermentation.

Vomitifs : c’est la même chose qu’émétiques : voyez ce mot à la lettre.

Utérins : c’est la même chose qu’antihystériques.

Vulnéraires : remèdes propres à la guérison des plaies.

Vermifuges : remèdes qui font mourir les vers ou les chassent du corps.

Vésicatoires : remèdes caustiques, qui attirent les sérosités vers la superficie de la peau

   
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