Les remèdes d’origine animale dans les thérapeutiques anciennes (3)
Les médicaments préparés à partir des insectes
Pendant plus de quatre millénaires, les animaux, et parmi eux les insectes, ont fait partie des remèdes en Europe et en méditerranée. On en voit la trace dans les papyrus égyptiens, dans les écrits grecs et romains des premiers siècles. Ils sont mentionnés chez Dioscoride, Pline et Galien, par exemple. Ils sont souvent présentés sous forme d’huile et de vins. (Voir à la fin de l’exposition la définition des termes médicaux au XVIIIe siècle)
Le cloporte : Le cloporte fut, avec les cantharides, l’un des insectes les plus utilisés et le plus longtemps en médecine. On en trouve encore trace dans l’officine de Dorvault en 1844 et dans plusieurs éditions ultérieures. Il n’a quitté le Codex qu’en 1908 ! Charas dans sa Pharmacopée Royale consacre tout un chapitre à la distillation des cloportes. Il considère que brûler et réduire en cendres ces insectes, comme le faisaient les Anciens, est une erreur. Le sel volatil de cloporte est pour lui « diaphorétique et fort propre à purifier la masse du sang et à en faire transpirer les impuretés ; ils poussent aussi au dehors et ils font sortir par les pores de la peau des humeurs fuligineuses, acres et malignes. Ils mortifient puissamment les acides, d’où vient qu’on recommande beaucoup leur usage pour la guérison des vieux ulcères et celle des cancers et du scorbut. On les estiment pas moins pour le soulagement des gouttes, des rhumatismes et des douleurs, ou des autres maladies qui arrivent aux muscles et aux nerfs. » Dans le traité universel des drogues simples, Lémery décrit les cloportes (ou Pourcelets, Porcelets de Saint-Antoine) comme de petits insectes plats, « forts propres pour la pierre, pour la gravelle, pour la jaunisse, pour exciter l’urine, pour les scrofules, pour les cancers, pour aider à la respiration étant prises en poudre ». Il précise également qu’on peut les employer extérieurement : « on les écrase et on les applique en cataplasme sur la gorge pour la squinancie. Elles sont résolutives. » En 1790, Baumé, dans ses éléments de pharmacie théoriques et pratiques, donne la façon de les préparer : On choisit, dit-il, les cloportes des bois : « on les lave et on les fait mourir dans du vin blanc : on les fait sécher ensuite au soleil ou dans une étuve pour pouvoir les mettre en poudre. On attribue aux cloportes une vertu fondante & apéritive, propre à dissiper la jaunisse, pour exciter l’urine, » etc. Voici un exemple de recette de Fournier pour l’usage des cloportes : Vin pour la jaunisse. Recette : Une pinte de vin de Champagne, savon de la grosseur d’une noix, cloportes, 36, dissous dans le vin dont on prendra 2 verres le matin et le soir.
La punaise : La punaise était autrefois un agent thérapeutique précieux. Pline, après avoir critiqué les recettes répugnantes des auteurs précédents, écrit : « la punaise, cet animalcule hideux, et dont le nom répugne, est très bonne, dit-on, contre la morsure des serpents, surtout des aspics, ainsi que contre tous les poisons ». Et il affirme que « jamais poule n’a été mordue par un aspic le jour où elle avait mangé des punaises ». Il conseille, contre ces morsures, un liniment de punaise et de sang de tortue et recommande pour les maladies des yeux de les étuver avec un mélange de punaise, de sel et de lait de femme. Additionnées de miel et d’huile rosat, il les indique pour « oindre les oreilles » dans le traitement de la léthargie ; il recommande de faire avaler sept punaises dans un cyathe d’eau (quatre s’il s’agit d’un enfant). Il recommande aussi un liniment à base de punaises écrasées pour guérir des démangeaisons des parties génitales.
Matthiole dans ses « commentaires de Dioscoride » dit que « bien que cet animal soit si vilain, fascheux, et puant, Nature néanmoins ne la voulu laisser inutile en la Médecine. Plusieurs Modernes les mettent vives dedans la verge, ou dedans les lieux naturels des femmes, pour les faire uriner… Ceste opinion me semble fort bonne ; car les punaises vives marchans par les membres naturels chatouillent et provoquent les conduits de l’urine à s’ouvrir, et à pousser dehors. »
Abeille : Charas (1676) prépare une « eau de miel » par distillation. Elle est « apéritive et diurétique, surtout lorsqu’on l’a animée de son esprit. L’un et l’autre mêlés sont aussi fort propre pour faire naître et croître les cheveux, de même que pour guérir plusieurs maladies des yeux, et particulièrement les sussusions (NB : épanchement de sang hors des vaisseaux). On les emploie aussi fort à propos pour effacer les taches du visage ; et l’Esprit bien rectifié tout seul, pour dissoudre le Mars, le Saturne, et quelques autres minéraux. » L’huile du miel « est fort bonne pour mondifier les ulcères, et pour ôter la carie des os ». De son côté, Lémery indique que les abeilles contiennent beaucoup de sel volatil et d’huile. « Elles sont propres, étant séchées, pour faire croître les cheveux. On les réduit en poudre et on les mêle dans de l’huile de lézard, pour faire une espèce de liniment dont on frotte la tête. Pomet ajoute que l’on peut tirer du miel un sel fixe « qui est apéritif, propre pour fondre et atténuer les humeurs visqueuses ».
Chenilles du Brésil : Lémery décrit les chenilles, dans son Traité universel des drogues simples, comme « une espèce de ver ou un insecte long et gros comme le petit doigt, molasse, humide, fort commun et connu de tout le monde ». Pour lui, elles contiennent beaucoup de flegme, d’huile et de sel volatil. « Les chenilles brûlées et mises dans les narines arrêtent le sang du nez. On dit que dans le Brésil, certaines chenilles se transforment en petits oiseaux de la grosseur des cigales, couverts et ornés de plumes de couleur d’or et de rubis… »
Mouche : Lémery évoque les mouches communes (Musca) qui, pour lui, « sont propres pour ramollir, pour résoudre, pour faire croître les cheveux étant écrasées et appliquées ; on en tire aussi par la distillation une eau propre pour les maladies des yeux. »
Araignée : Les propriétés de l’araignée ont été constatées depuis très longtemps. On trouve dans les « Commentaires de Pierre-André Matthiole » (1572) les bénéfices des arachnides : « l’araignée qu’on appelle Holcos ou Lycos, c’est à dire loup, broyée dans une pièce de lin, mise sur un linge et appliquée aux deux tempes ou au front, guérit la fièvre tierce. Sa toile estanche le sang et garde inflammation les playes superficiaires. Il y a une autre espèce d’araignée qui fait une toile blanche, fine, épaisse, laquelle liée dans un cuir et attachée au bras, guérit, comme on dit, des fièvres quartes : cuite en huile rosat, est bon aux douleurs d’oreilles, si on en met au dedans. » Garsault ajoute que la toile d’araignée est vulnéraire, astringente, consolidante ; elle arrête le sang ».
On trouve chez Lémery, plusieurs recettes à base d’huile d’araignée. La première est l’huile d’araignée de Mindererus, faite à partir d’environ quarante-cinq araignées, de feuille de rhüe et de fleurs de sureau, d’huile de nénuphar et de vers de terre, et de vinaigre. « On l’employe pour les fièvres malignes, pour la peste, pour la petite vérole, on en frotte les artères et les émonctoires. L’auteur prétend qu’elle puisse suppléer au défaut de l’huile de scorpions de Matthiole. » Lémery propose d’autres formules plus simples : l’huile d’araignée réformée, et l’huile d’araignée simple.
Exemple de recette à base d’araignées chez Fournier : Huile fébrifuge : Recette : Trois ou quatre araignées et les écraser dans une fiole où il y aura de l’huile d’olive pour un ou deux soir, puis y ajouter de la toile des araignées de la grosseur d’un petit oeuf et laisser bien incorporer le tout en le remuant souvent avec un bâton, et lorsque le malade sentira le commencement de la fièvre, on lui frottera avec cette huile l’épine du dos, le tenant devant un bon feu.
Guêpe : Lémery en parle très rapidement dans son Traité des drogues simples. Pour lui, « elle est propre pour faire croître les cheveux, étant pulvérisée et appliquée dessus. »
Sauterelle : Garsault (1765) décrit la sauterelle mais évoque très peu son usage thérapeutique : « Elle est diurétique mais on l’emploie rarement ». Geoffroy rappelle par ailleurs que « Dioscoride assure que ces insectes pris en forme de parfum guérissent la rétention d’urine, surtout dans les femmes : d’autres les conseillent contre les vapeurs ». Il ajoute : « Linus dit qu’en Suède les gens de la campagne font mordre les verrues de leurs mains à notre grande sauterelle verte, qui en mordant vomit sur la plaie une liqueur qui les fait sécher. «
Cantharides : Nous empruntons aussi des extraits du travail de C. Raynal dans notre Revue (N°368 : pages 548-568). Les cantharides sont des coléoptères, improprement appelés «mouches » ou «mouches d’Espagne » . Insectes d’un vert doré brillant et longs d’environ 2 cm, on peut les rencontrer en essaim, aux mois de mai et juin, sur les frênes, lilas, troènes, sureaux, jasminées… Le dictionnaire Dorvault précise la manière de les préparer à un usage pharmaceutique : «Elles sont récoltées le matin, avant le lever du soleil, en secouant les arbres. Puis, on les fait périr en les plaçant dans du vinaigre ou en les exposant à sa vapeur. » Elles sont ensuite séchées, puis réduites en poudre. Les cantharides sont présentes dans la pharmacopée depuis longtemps (Dioscoride, Pline et Archigène en recommandaient déjà l’emploi), en raison de leur propriété irritante. Utilisée à l’intérieur, la poudre de cantharide constitue un stimulant recommandé pour ses vertus prétendument aphrodisiaques. Mais dans ce cas, elle doit être employée à dose très faible, sous peine de s’avérer toxique, comme en témoigne l’anecdote suivante. Au XVIIIe siècle, le marquis de Sade semblait la distribuer sans modération sous forme de bonbons au cours de ses frasques érotiques, c’est du moins ce qu’écrit Henri d’Almeras. «[ Sade] a donné un bal où il a invité beaucoup de monde, et, dans le dessert, il avait glissé des pastilles au chocolat, si excellentes que quantité de gens en ont dévoré. Elles étaient en abondance et personne n’en a manqué ; mais il avait amalgamé des mouches de cantharides. […] Le bal a dégénéré […]. » 5 En juin 1772, à Marseille, dans une «maison publique » , Sade procéda encore de la sorte : «Tandis que les femmes jacassaient et buvaient, il sortit négligemment de sa poche une bonbonnière et offrit à la ronde des pastilles d’anis très fortement cantharidées. » Peu de temps après, l’une des jeunes filles présentes, «travaillée depuis quelques jours de douleurs internes et de vomissements» , porta plainte et déclara «qu’elle se trouvait dans cet état après avoir mangé avec excès des pastilles » . Le procureur du roi fit alors examiner, par deux apothicaires chimistes de la ville, les pastilles incriminées. Le résultat de cette analyse ne révéla pas de trace de produit «mortel ni venimeux» . Il est vrai qu’à cette époque, à la décharge de nos prédécesseurs, les examinateurs n’avaient pas encore la capacité matérielle de mettre en évidence le principe actif, la «cantharidine » . Celle-ci fut en effet isolée près de quarante ans après cet examen, en 1810, par P. J. Robiquet.
La poudre de cantharide ne fut pas utilisée exclusivement par voie interne. Elle fut également indiquée en usage externe, incorporée dans des petits emplâtres. À une époque où le dogme médical impose encore, pour peu de temps, de faire sortir les humeurs, il est recommandé d’appliquer sur la peau des produits irritants. Cautères, vésicatoires et taffetas vésicants sont donc très employés et la plupart renferment de la poudre de cantharide (vésicatoire dit «anglais » , «de Trousseau » , «de Bretonneau» , «de Lecomte » , «de Janin » , «de Méjean » , etc). Ces emplâtres à base de cantharides, ou «mouches d’Espagne » , sont appelés «Mouches de Milan » en référence au premier fabricant, Pessina, de Milan. Sous ses différentes formes (cautère, poudre, teinture), la cantharide est inscrite au Codex de 1884, puis figure au tableau A (toxique). Par la suite, la cantharidine et ses sels n’apparaissent plus dans la VIIIe édition de la pharmacopée française de 1965.
Geoffroy (1756) considère que les cantharides ont une qualité caustique & corrosive qui attaque principalement la vessie et les parties voisines qu’elle enflamme jusqu’au sang ; c’est pourquoi on ne doit jamais s’en servir intérieurement, même en petite dose. Extérieurement leur poudre est la base de tous les vésicatoires ». Voici un exemple de recette qu’on peut trouver chez Fournier : Cataplasme apoplectique. Recette : De la Racine de bruyère récente, 3 onces ; du Savon et de la graine de moutarde, une once de chaque ; des Cantharides pulvérisées, 4 dragmes ; et la quantité qu’il faudra du meilleur vinaigre pour faire du tout un Cataplasme que vous appliquerez chaudement sur la tête après l’avoir bien rasée. VERTUS : Il est vésicatoire, il irrite, il attire les sérosités, il est propre pour l’apoplexie, pour la léthargie, pour la paralysie, et pour les autres occasions où il est besoin de réveiller les esprits ; on ne s’en sert jamais que sur les parties extérieures. Quelques-uns appliquent sur la tête rasée une ventouse avec quelques scarifications avant de mettre le Cataplasme. Dans les maladies des yeux : Plusieurs praticiens en doublant la quantité de ces mouches font des petits emplâtres de ce Cataplasme, desquels ils appliquent tous les jours, un à la nuque du col, et par là, ils attirent et font sortir les sérosités ; ils continuent ce remède deux ou trois mois et par là, ils soulagent les maux des yeux et des autres parties de la tête qui viennent de fluxion.
Fourmis : De très nombreux auteurs se sont intéressés à l’usage médical de la fourmi. Jean Liébault écrit en 1573 sur l’huile de fourmi, huile produite à partir d’oeufs de fourmis et d’ortie distillés ensemble, pour frotter les reins et la vessie, ce qui « provoque l’urine ». Mouffetus, en 1634, rappelait déjà les travaux de Pline sur la fourmi : » Pline prétend que la fièvre quotidienne, tierce, quarte et toute fièvre intermittente est guérie si, après avoir approché la main d’une fourmilière on en a retiré la première qui a mordu l’extrémité des doigts et qui y est restée attachée. Les oreilles vous font-elles mal ? Remplissez un verre avec des oeufs de fourmis et avec des fourmis. Enfermez-les dans un four jusqu’à ce que le pain se soit cuit, vous aurez là un remède excellent pour soulager les douleurs d’oreilles. Vous n’y voyez pas d’un oeil ? Tirez le suc des fourmis rouges, mettez-le sur les yeux, ce liquide provoque une certaine douleur, mais guérit complètement les yeux malades. Les oeufs de fourmis broyés et appliqués sur les oreilles guérissent rapidement les oreilles les plus paresseuses. Les uns broient les oeufs de fourmis et appliquent la substance rendue liquide ; les autres les font macérer dans l’huile, les mettent sur le feu et les appliquent sur les oreilles. »
En 1637, Jean de Renou écrit : « Les boutiques de nos pharmaciens sont si bien fournies de tout que dans icelles on trouve jusqu’à des fourmis, desquelles ils font une certaine huile de grande efficacité à plusieurs chofes et notamment pour éveiller la vertu assoupie des parties génératrices et pour eschauffer ceux qui ne sont pas gaillards envers les dames. »
Charas rédige dans sa pharmacopée royale un paragraphe sur la distillation des fourmis pour obtenir une « eau spiritueuse » pour « éveiller et fortifier la chaleur naturelle, et donner aux hommes et aux femmes du courage et de la vigueur pour l’acte Vénérien… On l’estime aussi propre pour rétablir les personnes atrophiées… On infuse aussi et on fait cuire après, sur du feu à feu fort doux, les fourmis dans l’huile d’olives, puis on la coule et on la garde pour s’en servir en onction sur les parties naturelles pour aider au coït. Lémery, dans sa pharmacopée, reprend le même sujet et donne le détail de la préparation de l’eau de magnanimité qui doit son nom, dit-il, à ses grandes vertus. « Elle est propre pour réveiller les esprits, pour dissoudre et résoudre les humeurs froides, pour exciter la semence, pour résister au venin.
Scarabée : Geoffroy consacre un chapitre à cet insecte, qui comprend, dit-il, une infinité d’espèce : Cerf-volant ou Escarbot en particulier. Ce dernier est, pour lui, diurétique, et on peut l’employer « dans les maladies ou il convient de purger les sérosités comme dans l’hydropisie, le rhumatisme, la goutte et la néphrétique… On estime encore les Cerfs-volants propres pour apaiser les convulsions et la douleur des nerfs, étant écrasés et appliqués sur la partie, ou bien cuits dans un onguent approprié ». Selon Schröder, dit-il, l’huile extraite de ces insectes par infusion et distillée dans l’oreille, en apaise les douleurs et même ôte la surdité. Et Ettmuller assure que l’huile de Cerf-volant et celle de Scorpion jointes ensemble guérissent l’épilepsie des petits enfants et facilitent l’accouchement difficile. Quelques-uns conseillent de porter ce scarabée vivant enveloppé ou suspendu au col en amulette pour guérir la fièvre quarte. D’autres en attachent les cornes au col des enfants pour les aider à retenir leurs urines. » On emploie de la même façon le Hanneton, précise Geoffroy.
Scorpions : Le scorpion est décrit dans de nombreux ouvrages de référence à la fois pour en traiter les piqures que pour son usage thérapeutique. Lémery précise qu’on le fait sécher après l’avoir tué et séparé le bout de sa queue, puis qu’on le réduite en poudre. « Il est propre pour exciter l’urine, pour chasser le sable du rein et de la vessie, pour résister à la malignité des tumeurs, pour provoquer la sueur…. On s’en sert extérieurement pour résoudre, pour fortifier. On noye les scorpions vivants dans de l’huile d’amande douce, et on les y laisse infuser pour faire l’huile de scorpion. » Cette dernière est décrite par Lémery dans sa « Pharmacopée universelle » : On mettra soixante scorpions vivants des plus gros dans un pot de terre vernissé, on versera dessus trois livres d’huile d’amandes amères, on couvrira le pot exactement, on le placera dans un bain-marie, et par un feu assez fort, on fera cuire les scorpions, on coulera l’huile avec expression, et on la gardera. On en prend intérieurement pour exciter l’urine, pour atténuer et pousser la pierre, la gravelle, et pour résister au venin. » Lémery prépare également une huile de scorpion composée, avec des feuilles de millepertuis, des sommités de chamedris, de calamens, de chardon bénit, etc. « Cette huile est estimée contre les poisons et les venins. On s’en sert pour faire sortir la petite vérole, ans les fièvres malignes, dans la peste, dans l’épilepsie, dans la paralysie et dans les autres maladies du cerveau ; pour faire mourir les vers, on en applique sur l’estomac, sur le coeur, aux émonctoires, aux poignets, aux tempes, aux narines, aux pieds… On en fait aussi prendre quelques gouttes par la bouche ». Lémery décrit encore deux autres médicaments à base de scorpions : l’huile de scorpion réformée (contre les poisons) et l’huile de scorpion composée de Mésué.
D’autres insectes ont été utilisés en médecine comme la cigale et le ver à soie qu’on peut trouver dans la Matière médicale de Geoffroy (1756). Chez Lémery, on trouve aussi la Blatte d’Orient, le Bourdon, la Bupreste, le Charançon, la Cochenille, le Criquet, le Papillon, le Perce-Oreille, la Phrigane, la Puce, la Reduve, le Ver luisant, etc.
Termes médicaux au XVIIIe siècle (Geoffroy)
Acerbe : c’est un goût qui tient de l’aigre et de l’amer.
Adoucissants : remèdes qui corrigent l’âcreté des humeurs. Agglutinatifs : Remèdes qui réunissent et recollent les plaies. Alexipharmaques ou alexitères : remèdes qui résistent aux venins, fièvres malignes, peste, etc. Il y a en a pour l’intérieur et pour l’extérieur. Anodins : remèdes qui calment les douleurs. Antiépileptiques : remèdes contre l’épilepsie ou mal caduc. Antihystériques : remèdes contre les vapeurs de matrice. Antiscorbutiques : remèdes contre le scorbut. Antispasmodiques : remèdes contre les convulsions ; Apéritifs : remèdes qui rendent les humeurs moins épaisses et plus coulantes. Astringents : remèdes qui resserrent les pores et s’opposent au cours immodéré des humeurs. Béchiques : remèdes qui conviennent aux maladies de poitrine. Calmants : c’est la même chose qu’anodins : voyez ce mot. Carminatifs : remèdes qui dissipent les vents. Caustiques : remèdes qui brûlent les chairs Céphaliques : remèdes bons pour les maladies de la tête. Cicatrisants : remèdes qui affermissent et dessèchent les nouvelles chairs des plaies. Consolidants : remèdes qui servent à la réunion des plaies. Cordials : remèdes qui rétablissent les forces abattues Décoction : préparation de drogues médicinales qu’on fait bouillir dans quelque liqueur pour en tirer les vertus. Dentifrices : drogues pour nettoyer les dents. Dépilatoires : drogues qui font tomber le poil. Désobstruants : remèdes qui enlèvent les obstructions ou embarras, causés par l’épaississement des humeurs. Dessicatifs : remèdes qui consomment les humidités superflues, intérieurement et extérieurement. Détersifs : remèdes qui nettoient les plaies, en dissolvant les humeurs visqueuses qui s’y attachent. Diaphorétiques : remèdes qui font dissiper les humeurs, par la transpiration. Digestifs : remèdes qui disposent à la suppuration. Discussifs : remèdes qui dissolvent et dissipent les humeurs. Diurétiques : Remèdes qui adoucissent l’acrimonie des humeurs et les poussent par les urines. Emétiques : remèdes qui excitent le vomissement Emollients : remèdes qui ramollissent les tumeurs, en relâchant les fibres. Errhines : c’est la même chose que sternutatoires : voyez ce mot. Hépatiques : remèdes capables d’enlever les obstructions. |
Hydragogues : remèdes purgatifs qui évacuent les eaux et les sérosités.
Hystériques : remèdes qui excitent les règles. Incisifs : remèdes qui divisent les humeurs grossières Incrassants : remèdes qui épaississent les liquides, et leur donnent de la consistance. Infusion : médicaments qu’on fait seulement tremper dans quelque liqueur chaude et non bouillante, pour en tirer les vertus. Laxatifs : remèdes qui lâchent le ventre, et purgent doucement par bas. Masticatoires : drogues qui se mâchent, et attirent par la bouche les eaux et les sérosités. Maturatifs : remèdes qui disposent les plaies à suppuration. Narcotiques : remèdes qui calment les douleurs et procurent l’assoupissement. Nervins : remèdes qui fortifient les nerfs. Ophtalmiques : remèdes propres aux maladies des yeux. Otalgiques : remèdes bons pour les maux d’oreilles. Pectoraux : c’est la même chose que béchique. Voyez ce mot. Pénétrants : remèdes actifs qui divisent les humeurs. Purgatifs : remèdes qui purgent par bas seulement. Rafraichissants : remèdes qui tempèrent la trop grande agitation des humeurs. Répercutifs : remèdes extérieurs qui repoussent les humeurs en dedans. Résolutifs : remèdes extérieurs qui dont dissiper par la transpiration les humeurs arrêtées dans quelque partie du corps. Spléniques : remèdes propres aux maladies de la rate Sternutatoires : drogues qui excitent l’éternuement Stiptiques : c’est la même chose qu’astringents : voyez ce mot. Stomachiques, stomacales : remèdes propres à faciliter la digestion. Sudorifiques : remèdes qui excitent la sueur Suppuratifs : Remèdes extérieurs qui facilitent la suppuration Tempérants : remèdes qui apaisent la trop grande fermentation. Vomitifs : c’est la même chose qu’émétiques : voyez ce mot à la lettre. Utérins : c’est la même chose qu’antihystériques. Vulnéraires : remèdes propres à la guérison des plaies. Vermifuges : remèdes qui font mourir les vers ou les chassent du corps. Vésicatoires : remèdes caustiques, qui attirent les sérosités vers la superficie de la peau |
Références
1. M. Bouvet (sous le pseudonyme de Rufus). Remèdes étranges et secrets merveilleux : les propriétés thérapeutiques de la punaise. Courrier médical, 1923 : 587-588.
2. Cabanes. Remèdes d’autrefois, Paris, 1910 : 67-83.
3. Cabanes. Remèdes d’autrefois, Paris, 1910 : 102-112
4. Fournier 1753. Le Manuel ou formules de différentes espèces de médicaments faciles à préparer, utiles à toutes sortes de personnes, avec dix remarques pour faciliter la juste application des remèdes qui sont contenus dans ce traité, ensemble leurs vertus et les doses de chaque remède