escargot

Les remèdes d'origine animale dans les thérapeutiques anciennes : crustacés et animaux divers

Les remèdes d’origine animale dans les thérapeutiques anciennes

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Nous allons examiner ici les crustacés, serpents, pieuvre, licorne, etc… (Voir à la fin de l’exposition la définition des termes médicaux au XVIIIe siècle)

Différents groupes d’Invertébrés marins ont été utilisés en médecine et donc en pharmacie depuis la plus haute antiquité et actuellement on a pu isoler des substances médicalement actives chez certains de leurs représentants. Dans cette étude, l’auteur confronte pour chaque groupe zoologique les données historiques et les observations récentes.

Spongiaires. Des cendres d’épongés calcinées étaient utilisées dans les pharmacopées d’Orient (Inde) et d’Occident (Europe) contre diverses affections intestinales ou pour guérir le goitre. Par ailleurs, depuis la période médiévale, les éponges servaient de support à diverses décoctions végétales (pavot, mandragore, etc.) censées avoir des propriétés anesthésiques.

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Des éponges imprégnées de cire, de blanc d’œuf, etc., furent utilisées jadis en chirurgie. De nos jours, diverses substances antibiotiques ou cytotoxiques ont été isolées de divers Spongiaires marins.

Coelentérés. C’est le « squelette » calcaire broyé en poudre des coraux qui figurait dans les anciennes pharmacopées. Le corail rouge était recommandé comme astringent, cicatrisant et diurétique. On le trouve mentionné par Dioscoride, par Pline et il figure dans les matières médicales indienne, arabe et européenne jusqu’au xvne siècle. Au début du XIXe siècle dernier, la poudre de corail était encore utilisée dans la confection de divers dentifrices. De nos jours, diverses substances antimicrobiennes ou hormonales (prostaglandines) ont été isolées chez des gorgones.

Echinodermes. Le test et les organes internes des oursins (Echinoidea) figurent chez Dioscoride et les étoiles de mer (Asteroidea) étaient utilisées dans la médecine populaire en Bretagne, tandis que les holothuries séchées sont consommées en Extrême- Orient en raison de prétendues propriétés aphrodisiaques. Des travaux récents ont permis d’isoler des substances antivirales, anti-inflammatoires et antitumorales chez divers Echinodermes (holothurine, holo toxine, etc.).

Mollusques. Des Gastéropodes, Bivalves et Céphalopodes sont déjà mentionnés dans le corpus hippocratique, où l’on conseillait l’absorption de leur chair et de leur jus (propriétés laxatives), tandis que les coquilles réduites en poudre, riches en calcaire, étaient recommandées comme antiacide. Parmi les espèces utilisées figurent la pourpre (Murex), les patelles, buccins, moules, pectens (ou « coquilles Saint-Jacques »), huîtres et palourdes. On retrouve des Mollusques marins dans les matières médicales latine (Pline, Celse), arabe (al-Kindi, al-Biruni, etc.), indienne et chinoise (pen ts’aos). Jusqu’en 1850, les coquilles d’huîtres en poudre incorporées à une omelette étaient encore utilisées contre la rage dans la médecine populaire (cf. Rev. Hist. Pharm., XXVI, n° 243, 1979, p. 269-279). Un siècle plus tard, diverses substances à applications médicales possibles (antivirales, antibactériennes et antitumorales) ont été extraites de divers Mollusques marins (huîtres, palourdes, murex, buccins, poulpes, etc.).

Crustacés. Ce sont surtout les Décapodes (crabes, crevettes, pagures, etc.) qui ont été utilisés en matière médicale tant en Orient qu’en Occident. Parmi ceux-ci, ce sont principalement les crabes calcinés dont les cendres étaient absorbées comme contrepoison, tandis que les gastrolithes (concrétions stomacales) de divers autres Décapodes, riches en carbonate et phosphate de calcium, étaient destinés à pallier l’acidité stomacale. De plus, l’hépato-pancréas des écrevisses et des langoustes contient une substance anticoagulante étudiée à la fin du siècle dernier, mais détrônée par l’héparine, isolée en 1916.

En conclusion, de nombreux Invertébrés marins furent utilisés en thérapeutique depuis la plus haute antiquité jusqu’au siècle dernier, comme le confirme leur présence dans diverses pharmacopées. En dehors de quelques cas précis et restreints (présence d’iode dans les éponges ou de calcaire dans les coquilles de bivalves et les gastrolithes de Décapodes), la plupart des vertus curatives attribuées à ces organismes étaient purement illusoires. (Extrait de « Les Invertébrés marins en thérapeutique à travers les siècles : Jean Théodoridès, Considerations on the Medical Use of marine Invertebrates, In Oceanography : the Past, ed. by M. Sears and D. Merriman ; New York, Heidelberg, Berlin, Springer-Verlag, 1980).

Il est aussi intéressant de lire l’article publié dans l’histoire des sciences et de leurs applications (Ed. Armand Colin) en 1965, par M.D. Grmek et D. Guinot, sur les crustacés dans la Matière médicale du XVIe siècle. Les auteurs indiquent que l’opinion classique sur les vertus thérapeutiques des crustacés nous est connu en premier lieu grâce à Dioscoride (1e siècle) qui dans sa Matière Médicale consacre un chapitre au Crabe, et grâce à Pline (1e siècle) qui dans son Histoire Naturelle aborde ce sujet à plusieurs reprises. Grmek et Guinot concluent que ce n’est pas l’expérience qui amena nos ancêtres à employer les Crustacés pour telle ou telle maladie, mais que cet usage était le fruit de considérations philosophiques, astrologiques, magiques.

Les médicaments préparés à partir des crustacés

Ecrevisse, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Ecrevisses : Les écrevisses sont décrites par Lémery
comme un poisson à écaille. Leurs pattes noires « sont fort apéritives, propres pour la pierre, pour la gravelle, pour exciter l’urine, pour purifier le sang. » Par ailleurs, pour lui, les écrevisses sont propres pour la phtisie, pour l’asthme et pour réparer les forces abattues, pour atténuer la pierre du rein et de la vessie, pour exciter l’urine, pour pour déterger les ulcères de la gorge, pour purifier le sang, prises en bouillon ou en substance… un bouillon d’écrevisses écrasées fait dans du lait est très bon pour arrêter le vomissement. » Il évoque également les yeux d’écrevisses qui sont en réalité des pierres présentes dans l’estomac de l’animal, très souvent falsifiées. Selon Lémery, « les véritables pierres d’écrevisses sont astringentes, dessiccatives, absorbantes, propres pour adoucir les humeurs trop acides, ou âcres, pour arrêter les cours de ventre, les hémorragies, le vomissement. Elles provoquent un peu l’urine, elles purifient le sang étant prises en poudre subtiles. Geoffroy, de son côté, indique une recette à base de poudre d’écrevisses pour le traitement des morsures de chien enragé. On peut aussi les piler pour en faire des cataplasmes pour « la douleur et la chaleur des reins ». Geoffroy cite également l’eau d’écrevisse de Lémery. Comme on peut le constater, les concrétions calcaires (gastrolithes) qu’on trouve dans l’estomac des Écrevisses et quelques autres crustacés ont eu un grand succès. On retrouve des indications semblables chez Charas qui recommande la distillation des écrevisses pour la phtisie, pour ouvrir les conduits urinaires, et pour dissoudre les calculs. 

Crabe, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Crabe : L’usage du Crabe comme médicament remonte à l’Antiquité. Selon Dioscoride, la cendre obtenue par la combustion des Crabes d’eau douce sert de remède aux gens mordus par un chien enragé. « La recommandation est de prendre deux cuillerées de poudre préparée avec le rhizome de gentiane. Cette même cendre, enduite de miel cuit, mitige, toujours d’après Dioscoride, les fissures et les crevasses des pieds et des mains, les mules au talon, et toutes sortes d’ulcérations carcinomateuses » (Grmek et Guinot). Crus, broyés et mélangés à du lait d’ânesse, les Crabes étaient aussi préconisés comme antidote contre le venin de serpent, scorpion ou araignée. La principale vertu médicale des Crabes serait donc, selon le médecine d’Anazarbe, d’agir comme contrepoison dans les cas d’intoxication d’origine animale. Comme l’indique Grmek et Guinot, il fallait choisir le bon moment pour capturer les Crabes et pour la préparation des médicaments correspondants : « Les Crabes sont censés être sous l’influence de la Lune et de Jupiter, ainsi que, bien sûr, sous celle de la constellation du Cancer… Puisque Jupiter règne sur le poumon et le foie, et puisque le signe du Cancer influence la poitrine, il n’est point étonnant que les drogues préparées à partir de Cancres soient préconisées contre les maladies des poumons et des seins. Dans ces cas, leur pouvoir est présumé, au moins en partie, astral et dépend donc de la position du Soleil par rapport au signe du Cancer au moment de la préparation et de l’administration du médicament. » Par ailleurs, la forme de la carapace du Crabe rappelle le thorax de l’homme. Selon la doctrine des signatures, « les Crabes sont conseillés aux phtisiques, sous forme de brouet ou, encore mieux, broyés tout crus et mélangés à du lait d’ânesse ou de chèvre ». On utilisait également les Crustacés pour leur propriété diurétique. Enfin, l’utilisation relativement fréquente des Crustacés en gynécologie se rattache à une vieille tradition qu’on trouve dans le traité pseudo-hippocratique sur les maladies des femmes. On recommande les Crustacés notamment dans la thérapeutique des fleurs blanches et après l’accouchement, pour accélérer l’évacuation des lochies. L’odeur des Crabes est censée faciliter l’expulsion du foetus mort. L’emploi des Crustacés est préconisé aussi dans le traitement du cancer des organes féminins (Grmek et Guinot).

Huitre, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Huitres : L’huitre a été utilisé longtemps en médecine et plus spécialement sa coquille. Geoffroy précise que la chair des huitres n’est pas d’usage en médecine : « quelques-uns cependant la recommandent dans le Scorbut et dans la goutte. » Le même Geoffroy recommande l’usage de la coquille « un des meilleurs remèdes de la médecine pour absorber et corriger les aigres de l’estomac », plus spécialement chez l’enfant. Par ailleurs, « on regarde la poudre de coquilles d’huitres comme propre à pousser les sueurs et les règles, et pour guérir les fièvres intermittentes… On se sert encore de cette poudre incorporée avec la graisse de porc pour en faire un onguent admirable contre les hémorroïdes…. Cette poudre convient dans le vomissement, dans les cours de ventre et pour faciliter la digestion du lait, lorsqu’il est sujet à aigrir dans certains estomacs. »  Lémery évoque également longuement l’huitre dans son Traité des drogues simples. Pour lui, l’huître excite un peu le sommeil étant mangée, mais elle assez difficile à digérer : si on l’applique sur les bubons pestilentiels, elle en fait sortir le virus au dehors. Son écaille ou coquille étant calcinée ou pulvérisée, est apéritive, détersive, dessiccative, propre pour fortifier l’estomac, pour nettoyer les dents, pour exciter l’urine, pour les hémorroïdes, pour les ulcères. On trouve la recette suivante chez Maître Fournier : Pilules astringentes. Recette : Alun de roche, os de seiche, huitres calcinées, bol d’Arménie, une demi-once de chaque. Le tout réduit, en prendre et mêlé avec Q.S. de Baume de Copahu pour en former des pilules. La dose est une dragme. Le malade en prendra trois par jour : le matin à jeun, à deux heures et le soir.

Sèche, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

La seiche : Elle est bien décrite par les auteurs du XVIIe siècle comme Lémery ou Geoffroy : Lémery dit que l’on se sert en médecine de l’os de seiche et qu’il faut choisir les plus épais, les plus blancs, les légers et friables : « Ils sont détersifs, apéritifs, dessiccatifs, propres pour emporter les taches du visage, pour nettoyer les dents, pour exciter l’urine, pour pousser la pierre et la gravelle. Les œufs de sèche étant mangés, provoquent l’urine et les mois aux femmes ». Voici une des recettes de Fournier pour l’os de seiche : Pilules pour la Gonorrhée. Recette: Rhubarbe, Confection hamec, hiera pigra, une once et demi ; os de seiche, ambre jaune, safran de mars, poudre diamarga frigidum, une dragme de chaque; Scamonée, deux dragmes; Mercure doux, une demi-once; Mêler le tout ensemble pour en faire des pilules avec Q.S. du Sirop de Nerprun. La dose est une dragme. On en prend deux jours de suite et un bouillon rafraichissant par dessus, et dans le courant de la journée, on boit de la tisane rafraichissante.

6°) Les médicaments préparés avec d’autres animaux

Vipère, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Vipère : Le serpent était sans aucun doute dans l’esprit des Anciens tout à la fois la représentation du mal, du poison, mais aussi source de vie et de santé. Quand les grands prêtres voulaient fonder un nouveau sanctuaire, ils y envoyaient une des couleuvres sacrées élevées à Epidaure. La vipère se retrouve aussi dans la formule de la Thériaque de Galien qui comportait soixante-quatorze corps différents. Pomet, dans son Histoire générale des drogues de 1694 dit qu’il y avait fort peu de gens de qualité n’usant pas de la vipère comme d’un remède contre plusieurs sortes de maux. Il fallait d’ailleurs, pour les trochisques de vipère, un soin tout particulier : les vipères devaient avoir été capturées à une période précise de l’année, il fallait les fouetter avant de leur couper les extrémités, etc. Le spécialiste incontesté de la vipère au XVIIe siècle est Moyse Charas qui essaye de rationaliser la préparation des trochisques. Célèbre apothicaire de Montpellier installé à Paris à l’enseigne «Les Vipères d’or », Charas avait étudié de près l’anatomie et les moeurs des vipères, publiant un ouvrage de référence : « Nouvelles expériences sur la vipère, les effets de son venin et les remèdes exquis que les artistes [ sic] peuvent tirer du corps de cet animal ». Charas lui assurait les vertus suivantes : sa tête, montée en pendentif, guérit l’esquinancie ; sa cervelle fait pousser les dents aux enfants ; elle permet de rajeunir, etc. » Il ajoutait, à propos du Sel volatil de vipère que c’était « un remède souverain contre la peste, la rougeole, la petite vérole et toutes sortes de maladies épidémiques et de fièvres malignes. Il est ennemi de toute pourriture, guérissant les fièvres qui en sont causées… On ne peut pas trouver un remède plus propre pour purifier la masse du sang, lui donner sa fluidité naturelle et en hâter la circulation. ; d’où vient qu’il est très propre pour la guérison des maladies scorbutiques, de même que pour faire transpirer les humeurs âcres et fulignineuses qui causent les gales, les érysipèles, les dartres, la teigne et les autres maladies de la peau…. » La vipère était à l’époque très prisée et un conseiller du roi, Passerat de la Chapelle, disait : «on se sert de vipère fraiche, écorchée, nettoyée en morceaux, pour des bouillons propres à corriger le sang, à l’atténuer. »

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Par ailleurs, Mme de Sévigné écrivait en 1698 : «C’est aux vipères que je dois la pleine santé dont je jouis et que je ne connaissois plus depuis des temps si funestes pour moi. Elles tempèrent le sang, elles le purifient, elles rafraichissent. Nicolas Lémery s’y intéresse aussi quelques années plus tard : Plusieurs pages y sont consacrées dans son Traité universel des drogues simples dans lequel il précise qu’il faut choisir les vipères grosses, bien nourries, amassées au printemps ou à l’automne. Il propose tout d’abord d’utiliser le tronc « pour résister au venin, pour purifier le sang : on s’en sert pour la petite vérole, pour les fièvres malignes, et intermittentes, pour la peste, pour la ladrerie, pour la gale, pour le scorbut… La graisse de vipère est sudorifique, résolutive, anodine… Le foie et le coeur de vipère étant séchés et pulvérisés sont appelés bézoard animal ; ils ont la même vertu que la poudre de vipère mais ils agissent avec une plus grande efficace… Son fiel est sudorifique : il est aussi bon pour les cataractes des yeux ; il déterge et il résout. » On peut également citer Geoffroy (1765) qui indique que la poudre de vipère entre dans l’Orviétan et la Thériaque céleste, que la poudre et le Sel volatil dans l’Orviétan fin, le Sel volatil dans la poudre de patte d’écrevisses. Les Trochisques dans la Thériaque ordinaire. 

On peut évoquer enfin le remède fameux préparé avec la vipère à la fin du XVIIe siècle par les Capucins du Louvre, les abbés Aignan et Rousseau. L’essence de vipères des Capucins du Louvre a été inventé en réalité par l’abbé Rousseau : la formule a été donnée par son frère après sa mort dans les Secrets et remèdes eprouvez dont les préparations ont été faites au Louvre, de l’Ordre du Roy, par deffunt M. l’abbé Rousseau, ci-devant Capucin et Médecin de sa Majesté. Après avoir soigneusement desséché les vipères, « il faut mettre trois ou quatre livres de poudre de vipères… avec trois fois autant pesant de mile qui soit en bonne fermentation dans l’étuve; et laisser agir jusqu’à la fin du bouillon. Quand il est fini, il faut distiller… Quand tout l’esprit et le sel volatil est distillé, on évapore jusqu’à sec dans les terrines à feu léger, ce qui reste au fond de l’alambic ; puis on le distille dans une cornue à feu de réverbère par degrez… ». Après de nouvelles opérations, on obtient l’essence de vipères qui est, dit le père Rousseau, « quelque chose de rare et digne d’être recherché, tant pour conserver la santé et la vie que pour rétablir les vieillards et les malades languissans ; elle faite encore mieux que l’Elixir de propriété dans les Apoplexies après qu’on a donné Emetique.  »

On peut trouver cette recette chez Fournier : Opiat fébrifuge. Recette: Sels de tamaris, d’absinthe, une dragme de chaque; poudre de vipère, un gros; Emula campana, une dragme; cristal mineral, une demi once; sirop d’absinthe, une demi-once; quinquina, une demi-once; mêler le tout ensemble et en prendre pendant neuf jours, trois fois par jour et trois chaque fois à la dose (de) une dragme et manger une ou deux heures après.

Caméléon : Lémery en donne une brève description et le considère comme « résoltif, propre pour l’épilepsie, pour la goutte, pour les rhumatismes. »

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Licorne : On parle beaucoup de la licorne et de sa corne dans les écrits médicaux du XVIIe et XVIIIe siècles. On trouve un long chapitre chez Moyse Charas dans sa Pharmacopée sur cet animal dont la description varie selon les auteurs, nous dit-il : « La plupart veulent que son corps soit semblable à celui d’un cheval, et qu’il ait une corne tortillée en spirale, plus ou moins longue, situé au haut du devant de la tête… Aucun d’eux néanmoins ne nous marque d’avoir vue l’animal comme ils le décrivent. » Il conclut que la licorne n’existe sans doute pas et que ce qu’on  appelle corne de licorne est en fait la corne du Narval. Pomet dit à peu près la même chose qui ajoute « qu’autrefois ces cornes étaient si rares que Monsieur André Racq, médecin de Florence, dit qu’un Marchand Allemand en vendit une à un Pape 4500 livres… ». Pour Pomet, la corne est « cordiale, sudorifique, propre pour résister au venin, pour l’épilepsie…. ».

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Sangsue, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Sangsue : Son usage thérapeutique remonte à l’Antiquité (Egypte, Grèce, Rome…). Le plus ancien document connu établissant l’usage des sangsues est une peinture retrouvée sur un tombeau égyptien de la 18e dynastie (du XVe au XIVe siècle avant notre ère). Les Grecs et les Romains, autant que la médecine sanskrite de l’Inde ancienne, ont utilisé les sangsues dans un but thérapeutique. En Europe, leur usage s’est développé à partir du XVIIe siècle pour atteindre son apogée durant la première moitié du XIXe siècle. C’est la France qui en était alors le plus gros consommateur (plus d’un milliard de sangsues y auraient été importées au cours du XIXe siècle), notamment sous l’impulsion de François Broussais, chirurgien des armées napoléoniennes. Leurs indications étaient très variées, depuis le prolapsus rectal jusqu’à la fièvre jaune, en passant par les congestions pulmonaires ou cérébrales. Puis leur utilisation déclina jusqu’à pratiquement disparaître au milieu du XXe siècle. (Zaki et coll., 2008). Au XVIIIe siècle, Lémery considère que « ce remède est propre pour détourner les fluxions, et diminuer la trop grande quantité de sang qui s’amasse dans certains endroits, comme aux hémorroïdes. Mais comme quelque fois on a peine à arrêter le sang après que les sangsues ont quitté la place, il se fait de grandes hémorragies qui affaiblissent beaucoup le malade ».

Escargot, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Escargot : L’escargot fait partie des rares animaux encore utilisé de nos jours dans un sirop pour la toux (Hélicidine). Il est utilisé en médecine depuis l’antiquité. Hippocrate recommandait le mucus du limaçon contre la protocèle. Celse considère l’escargot cru et pilé avec sa coquille comme un cicatrisant ; bouilli, il affirme ses propriétés émollientes. Pline considère qu’il accélère l’accouchement. Sous forme de bouillie, « ce remède est souverain pour adoucir la douleur occasionnée par les brûlures, les abcès et autres plaies ». Pline recommande aussi les escargots pour les saignements de nez et pour les maux d’estomac et pour de nombreuses autres pathologies : « Les écroulles des femmes se guérissent à l’aide de vieux limaçons très desséchés et pelés. Il faut ordonner aux malades souffrants de maux d’estomac des escargots sur lesquels on a jeté un bouillon et que l’on fait griller sur des charbons : on les prend dans du vin ou du garum. Les escargots d’Afrique sont les meilleurs, mais ils doivent être préparés en nombre impair. Ceux qui crachent le sang se trouvent bien d’en prendre en boisson, notamment aux Cap du soleil, ceux de la Sicile étant plus petits. Il est ordonné de faire mangé des limaçons à ceux qui sont sujets aux évanouissements, aux vertiges, aux accès de folie. À cet effet, on les broie dans leurs coquilles et les chauffe dans trois cyathes de vin ». Galien, quant à lui, conseille les escargots contre l’anasarque. L’Antiquité répand l’idée que l’escargot a la connaissance instinctive de certains remèdes : « L’escargot, comme le dit Ambroise, nourri des viscères du serpent, lorsqu’il se rend compte que le venin le pénètre, se soigne par l’origan et, quand il est plongé dans des bourbiers marécageux, il sait trouver l’antidote et connaît le pouvoir des herbes qui sauvent ». Geoffroy (1756) mentionne que les coquilles d’escargot sont recommandées comme un diurétique très utile dans la suppression d’urine.

Limace rouge, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Limaçon : « Les bouillons de limaçons sont béchiques, adoucissants : leur coquille en poudre est diurétique. Extérieurement, les limaçons pilés avec leurs coquilles sont discussifs et résolutifs. La poudre de limaçons calcinées entre dans le remède lithrontiptique* de Mademoiselle Stephens ; ils entrent dans l’Eau pectorale avec le petit lait, de la Pharmacopée de Paris. La poudre de limaces rouges séchée au four est antidysenterique, à la dose d’un ou deux scrupules. » (Garsault, 1765). Geoffroy développe davantage l’usage médical du limaçon dans son ouvrage de matière médicale (1756) : « On les regarde propres pour adoucir les âcretés de la poitrine, pour épaissir les humeurs trop exaltées, et pour calmer la toux opiniâtre. Ettmüller, quant à lui, les préconisent pour la fièvre hectique et la phtisie. Voici une des recettes de Fournier à base de limaçons : Collyre sec pour les taies des yeux. Recette: Des Limaçons gris de vignes, mettez les à sécher dans un pot de terre neuf dessus un four, ou dedans après que le pain en aura été tiré; mettez les en poudre dont vous soufflerez souvent dans l’oeil affecté.

*Propre à briser les calculs

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Tortue : Geoffroy (1765) donne une description de la tortue de terre et de la tortue de mer et conclut que les deux espèces ont les mêmes propriétés thérapeutiques : « Le bouillon de tortue est béchique, restaurant ; le sirop a les mêmes vertus… Le sang desséché est céphalique et hystérique… extérieurement, il est détersif. Le fiel est ophtalmique. Sa graisse est émolliente et résolutive. »  Lémery considère que le sang de tortue desséché est estimé pour l’épilepsie, mais que le même sang nouvellement tiré est bon pour guérir la gale, la lèpre si l’on en applique dessus. Pour lui, sa graisse est amollissante et résolutive. Enfin le pryape de tortue de mer (parties génitales de la tortue) « étant séché et pulvérisé est un fort bon remède pour la pierre et pour la gravelle ».

 

 

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Couleuvre : Lémery, dans le Traité des drogues simples, décrit la couleuvre et décrit ses propriétés : « Sa chair, son coeur et son foie sont sudorifiques, propres pour résister à la malignité des humeurs, pour chasser les fièvres intermittentes, pour purifier le sang et exciter l’urine : on les fait sécher et on les réduit en poudre. Sa graisse est résolutive, propre pour la goutte, pour aiguiser la vue, si l’on frotte les bords des yeux.

Ver de terre et moule, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Lézards : Geoffroy évoque rapidement les lézards verts et les lézards gris. Le lézard vert était, selon lui, plus estimé, mais Geoffroy considère que les deux espèces ont les mêmes propriétés : Ils sont « fortifiants, résolutifs. on s’en sert peu pour l’intérieur. Extérieurement, ils ont les mêmes vertus. Leur huile est détersive, résolutive, fortifiante. Leur fiente est ophtalmique. Le lézard vert entre dans l’Huile de lézard de la Pharmacopée de Paris. » On la trouve aussi chez Lémery (Pharmacopée), à base de lézards verts (une douzaine, vivants), noyés dans l’huile, qu’on fait cuire à petit feu. On se sert de cette huile, nous dit Lémery, « pour faire croitre les cheveux, et pour les hernies, elle est résolutive et fortifiante, on en oint les parties malades. »

Vers de terre (Lumbrici terreni): Ils étaient utilisés à Babylone contre les lumbagos. Lémery (1760) classe les vers de terre parmi les insectes, et recommande de choisir les plus gros, les mieux nourris. « Ils sont diurétiques et sudorifiques, bons pour la pierre étant pris en poudre. On les emploie ordinairement dans les remèdes extérieurs pour résoudre, pour fortifier les nerfs pour la goutte sciatique, pour les rhumatismes. » Quant à l’huile de vers de terre de la pharmacopée de Lémery, elle est bonne pour ramollir et fortifier les nerfs, pour les douleurs des jointures, pour résoudre les tumeurs, pour les dislocations, pour les foulures, on en frotte les parties malades ». Pour Geoffroy (1756), le ver de terre est « apéritif, diurétique, sudorifique… Les vers entrent dans la Poudre contre la goutte, de l’emplâtre de grenouille. L’Huile entre dans l’emplâtre Diabotanum ».

Termes médicaux au XVIIIe siècle (Geoffroy)

Acerbe : c’est un goût qui tient de l’aigre et de l’amer.

Adoucissants : remèdes qui corrigent l’âcreté des humeurs.

Agglutinatifs : Remèdes qui réunissent et recollent les plaies.

Alexipharmaques ou alexitères : remèdes qui résistent aux venins, fièvres malignes, peste, etc. Il y a en a pour l’intérieur et pour l’extérieur.

Anodins : remèdes qui calment les douleurs.

Antiépileptiques : remèdes contre l’épilepsie ou mal caduc.

Antihystériques : remèdes contre les vapeurs de matrice.

Antiscorbutiques : remèdes contre le scorbut.

Antispasmodiques : remèdes contre les convulsions ;

Apéritifs : remèdes qui rendent les humeurs moins épaisses et plus coulantes.

Astringents : remèdes qui resserrent les pores et s’opposent au cours immodéré des humeurs.

Béchiques : remèdes qui conviennent aux maladies de poitrine.

Calmants : c’est la même chose qu’anodins : voyez ce mot.

Carminatifs : remèdes qui dissipent les vents.

Caustiques : remèdes qui brûlent les chairs

Céphaliques : remèdes bons pour les maladies de la tête.

Cicatrisants : remèdes qui affermissent et dessèchent les nouvelles chairs des plaies.

Consolidants : remèdes qui servent à la réunion des plaies.

Cordials : remèdes qui rétablissent les forces abattues

Décoction : préparation de drogues médicinales qu’on fait bouillir dans quelque liqueur pour en tirer les vertus.

Dentifrices : drogues pour nettoyer les dents.

Dépilatoires : drogues qui font tomber le poil.

Désobstruants : remèdes qui enlèvent les obstructions ou embarras, causés par l’épaississement des humeurs.

Dessicatifs : remèdes qui consomment les humidités superflues, intérieurement et extérieurement.

Détersifs : remèdes qui nettoient les plaies, en dissolvant les humeurs visqueuses qui s’y attachent.

Diaphorétiques : remèdes qui font dissiper les humeurs, par la transpiration.

Digestifs : remèdes qui disposent à la suppuration.

Discussifs : remèdes qui dissolvent et dissipent les humeurs.

Diurétiques : Remèdes qui adoucissent l’acrimonie des humeurs et les poussent par les urines.

Emétiques : remèdes qui excitent le vomissement

Emollients : remèdes qui ramollissent les tumeurs, en relâchant les fibres.

Errhines : c’est la même chose que sternutatoires : voyez ce mot.

Hépatiques : remèdes capables d’enlever les obstructions.

Hydragogues : remèdes purgatifs qui évacuent les eaux et les sérosités.

Hystériques : remèdes qui excitent les règles.

Incisifs : remèdes qui divisent les humeurs grossières

Incrassants : remèdes qui épaississent les liquides, et leur donnent de la consistance.

Infusion : médicaments qu’on fait seulement tremper dans quelque liqueur chaude et non bouillante, pour en tirer les vertus.

Laxatifs : remèdes qui lâchent le ventre, et purgent doucement par bas.

Masticatoires : drogues qui se mâchent, et attirent par la bouche les eaux et les sérosités.

Maturatifs : remèdes qui disposent les plaies à suppuration.

Narcotiques : remèdes qui calment les douleurs et procurent l’assoupissement.

Nervins : remèdes qui fortifient les nerfs.

Ophtalmiques : remèdes propres aux maladies des yeux.

Otalgiques : remèdes bons pour les maux d’oreilles.

Pectoraux : c’est la même chose que béchique. Voyez ce mot.

Pénétrants : remèdes actifs qui divisent les humeurs.

Purgatifs : remèdes qui purgent par bas seulement.

Rafraichissants : remèdes qui tempèrent la trop grande agitation des humeurs.

Répercutifs : remèdes extérieurs qui repoussent les humeurs en dedans.

Résolutifs : remèdes extérieurs qui dont dissiper par la transpiration les humeurs arrêtées dans quelque partie du corps.

Spléniques : remèdes propres aux maladies de la rate

Sternutatoires : drogues qui excitent l’éternuement

Stiptiques : c’est la même chose qu’astringents : voyez ce mot.

Stomachiques, stomacales : remèdes propres à faciliter la digestion.

Sudorifiques : remèdes qui excitent la sueur

Suppuratifs : Remèdes extérieurs qui facilitent la suppuration

Tempérants : remèdes qui apaisent la trop grande fermentation.

Vomitifs : c’est la même chose qu’émétiques : voyez ce mot à la lettre.

Utérins : c’est la même chose qu’antihystériques.

Vulnéraires : remèdes propres à la guérison des plaies.

Vermifuges : remèdes qui font mourir les vers ou les chassent du corps.

Vésicatoires : remèdes caustiques, qui attirent les sérosités vers la superficie de la peau

   

 

Références

1. M. Bouvet. La vipère dans la thérapeutique. L’essence de vipère. Le Courrier médical, 1925 : 359

2. Cabanes. Remèdes d’autrefois, Paris, 1910 : 67-83.

3. Cabanes. Remèdes d’autrefois, Paris, 1910 : 102-112

4. Fournier 1753. Le Manuel ou formules de différentes espèces de médicaments faciles à préparer, utiles à toutes sortes de personnes, avec dix remarques pour faciliter la juste application des remèdes qui sont contenus dans ce traité, ensemble leurs vertus et les doses de chaque remède

 

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