Histoire de LEMATTE ET BOINOTDeux publicités pour Pressyl (1959) 1 et 2
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Voici quelques éléments sur l’histoire de Lematte et Boinot
En 1897 M.Chevretin pharmacien 24 rue Caumartin fabrique dans son arrière boutique un revitalisant la Biocalcose. Il fonde avec Louis Lematte, les Laboratoire de Biothérapie Chevretin et Lematte. A la première édition du Vidal de 1914 figurent trois spécialités : la Biocacose, la Tonikéine, la Lipocerébrine. Le laboratoire s’installe en 1915, 5 rue Ballu puis en 1923, 52 rue de la Bruyère.
En 1928, Georges Boinot succéde à M.Chevretin, l’entreprise prend son nom définitif : Lematte et Boinot. En 1930, ils s’associent avec Henri Besson, grâce à ce nouvel actionnaire, la production qui était sous traitée à Février Decoisy Champion est réalisée dans un immeuble moderne 10 rue Henner à Paris.
De nouveaux produits sont mis sur le marché en s’inspirant de travaux pharmaceutiques – un vasodilatateur antispasmodique, l’Acécoline (1930) – la vitamine PP, le Nicobion (1935) – un analeptique cardio-vasculaire L’ Hypotan (1937) – un vasodilatateur: le Nicyl (1944) – un hépato-protecteur : l’Héparexine (1960) – un psychoanaleptique: le Panclar (1968) En 1957, l’entreprise fait l’acquisition d’une ancienne filature située à Amilly (Loiret) , où sont transférées les fabrications. Un atelier de synthèse chimique produit fournie les matières entrant dans les spécialités. Les laboratoires de recherche et l’animalerie sont ensuite déménagés. L’usine est inaugurée le 23 mai 1960. La fabrication de produits chimiques permet une diversification dans un domaine où les prix ne sont pas réglementés. L’usine est dirigée par M.Besson puis par André Faure. Les ateliers pharmaceutiques produisent des ampoules, des comprimés, des dragées, des pommades et des sachets et emploient 150 personnes.
Ateliers de compression et de dragéification (1960) En 1967, au Vidal figure une trentaine de spécialités, le laboratoire est absorbé par le laboratoire suédois Astra qui apporte le Bricanyl en 1973. Il est renommé en 1977 Astra France. L’usine d’Amilly est fermée. Le Nicobion est cédé au laboratoire Tonipharma (Boulogne Billancourt, Hauts de Seine).
Bibliographie : – Alexandre Blondeau, Lematte et Boinot, , Histoire des laboratoires pharmaceutiques en France et de leurs médicaments, Le Cherche Midi, volume 3,41-49 – Anonyme, Le nouvel ensemble chimico-pharmaceutique des laboratoires Lematte et Boinot, Problèmes et Techniques, 1960, 57, 69-71 – Anonyme, Le nouvel ensemble chimico-pharmaceutique des Laboratoires Lematte et Boinot à Amilly dans le Loiret, France Pharmacie, 1960, 383-386 – Sophie Chauveau, L’invention Pharmaceutique, Institut d’Edition Sanofi-Synthélabo, 1999, 115-116,351-353
Nous avons aussi une notice biographique sur Boinot :
Georges BOINOT (1882-1967)
Georges Boinot est né le 18 mars 1882 à Saintes (Charente-Maritime) où son père était fonctionnaire. Se destinant d’abord à la carrière médicale, il accomplit la scolarité du P.C.N., mais se dirigea ensuite vers la Pharmacie et, après avoir effectué à Saintes son stage officinal, il entreprit à Paris ses études pharmaceutiques.
Dès 1903, il était reçu au concours de l’Internat en pharmacie et fut affecté à l’Hôpital Hérold, où il eut successivement comme Pharmacien-chef Joseph Bougault et Albert Goris. Il obtint le diplôme de pharmacien en juin 1906 et s’installa l’année suivante place d’Italie, où il exerça la pharmacie d’officine jusqu’en septembre 1920. Il entra ensuite, en qualité d’associé, à la Société Esménard jusqu’à l’époque où il fonda, en mai 1926, avec notre confrère Louis Lematte, les Laboratoires Lematte et Boinot. Il accorda tous ses soins à la direction de cette importante Maison et notamment il fit une large place à la recherche scientifique. Ces recherches se sont traduites par des communications à la Société puis à l’Académie de Pharmacie, en particulier au sujet de la composition minérale des produits opothérapiques et de la stabilité des solutés de sels d’acétylcholine. En 1927, il avait soutenu devant la Faculté de Pharmacie de Nancy une thèse de doctorat d’université, intitulée : le rôle du calcium en biologie et en thérapeutique. Il a publié en 1938 un livre intitulé Quelques devoirs du chef, dans lequel il a résumé toute sa pensée en ce qui concerne les devoirs de ceux qui ont a dirigé des entreprises. Pharmacien commandant de réserve notre confrère avait été nommé en juillet 1932 chevalier de la Légion d’Honneur, à titre militaire. En 1945, il avait été membre du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens. Georges Boinot, élu en 1931 à l’Académie Nationale de Pharmacie, était membre honoraire depuis 1956. Il faisait partie de très nombreuses Société scientifiques, entre autres la Société Chimique de France, la Société de Médecine de Paris, la Société de Chimie biologique, la Société Française de Microbiologie, la Société de Thérapeutique et de Pharmacodynamie, la Société des Docteurs en Pharmacie. Il était membre également de la Société des amis de la Faculté de Pharmacie et de la Société d’Histoire de la Pharmacie. Depuis de nombreuses années, il était Président des « Pharmaciens bibliophiles » et grâce à sa parfaite connaissance du livre illustré, il a permis à nos confrères bibliophiles d’entrer en possession d’un certain nombre d’ouvrages richement édités. Artiste et fin lettré, Georges Boinot était modeste et volontairement effacé. Il se livrait assez peu, mais ses amis n’avaient avec lui que des contacts agréables où se révélait sa grande sensibilité. Georges Boinot est mort à Paris le 16 février 1967. Nous avons également le témoignage de Ernest Kahane (http://picardp1.ivry.cnrs.fr/index.html) : « À l’époque, dit-il, je travaillais chez un brave homme, M. Lematte, fabricant de produits pharmaceutiques, chez qui je gagnais douze cents francs par mois. Je faisais de la recherche qu’il publiait, mais il ne m’empêchait pas de publier moi aussi, si bien que je menais une existence lourde, mais équilibrée. Par la suite j’ai été mis au courant d’un problème pharmaceutique et j’ai fabriqué un médicament qui a eu beaucoup de succès pendant un temps, l’Acécoline, qui était l’acétylcholine et sur lequel j’ai beaucoup travaillé, dans un esprit différent de son exploitation commerciale… Ce serait inconcevable maintenant, mais on trouvait alors dans le milieu pharmaceutique des personnages qui étaient respectueux de la science, de la vérité et de la recherche scientifiques : Lematte et son associé Boinot en étaient des cas typiques, mais il y en avait bien d’autres. Je dois dire que MM. Lematte et Boinot, les deux pharmaciens qui me payaient, avaient un tel respect pour la science et pour l’Enseignement Supérieur, qu’ils admettaient que je passe quinze heures par semaine de mon travail à instruire des petits grouillots de première année ! »
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