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Histoire des Laboratoires LEFRANCQ

Laboratoires Lefrancq

En 1902 Léon Jacquemaire met au point un reconstituant la Carnine, il le cède en 1904 à Victor et Armand Fumouze propriétaires des laboratoires éponymes. Ils créaient la Société de la Carnine  Lefrancq avec un capital de 800 000 francs, 32 avenue de Metz à Romainville,elle est installée sur un terrain de 5 000 m2 à proximité des laboratoires de Gaston Roussel.

L’usine est dirigée par Victor Fumouze, pharmacien de 1°classe, la distribution est assurée par les laboratoires Fumouze, 78 boulevard Saint Denis à Paris. L’activité se développe ce qui conduit à augmenter le capital à 1 600 000 francs en 1908 puis à 2 millions en 1910, la superficie de l’usine passe à 10 000 m2 puis 12 000 m2, elle aura couté 1 million de francs.

 
 
L’usine de Romainville
 
 

La Carnine est une spécialité à base de suc musculaire, une thérapie très en vogue au début du XX°siècle qui porte le nom de Zomothérapie, elle est le fruit des travaux de Charles Richet, professeur à la faculté de médecine de Paris et futur prix Nobel de médecine en 1913 et de Jules Héricourt, ancien médecin militaire de Strasbourg.

 

 

C’est un reconstituant utilisé pour le traitement de la tuberculose, des anémies, de la neurasthénie préparé à partir de viande crue de boeuf. Les animaux sont engraissés et abattus à Romainville Le suc est obtenu en pressant de la viande de boeuf qui est concentré à froid  sous vide par un procédé original. La Carnine bénéficie d’une promotion importante grâce à une revue mensuelle Chanteclerc publiée de 1906 à 1936; à partir de 1909 elle est traduite en anglais, espagnol, italien et russe. Elle est présentée sous forme de sirop et à partir de 1938 sous forme d’ampoules buvables deux pointes.

Afin de valoriser les carcasses de boeuf, le laboratoire commercialise des spécialités opothérapiques:

–      Bov’Hépatic, sirop et globule pour l’insuffisance hépatique (1908)

–      Bov’Bilic: globule laxatif d’extrait de bile de boeuf et de bile hépatique (1910)

–      Bov’Strol Lefranc sous forme d’ampoule buvable, association de strychnine, de phosphate et de suc musculaire, c’est un médicament toni-reconstituant (1931)

–      Bov’cardiac (1934)

–      Cornu AB (1934)

–      Hépatocarnine à base de foie de veau (1935)

Le Glaneur Français, 1928

Après la seconde guerre mondiale, la thérapeutie évolue, les sucs de viande ne sont plus prescrits, le laboratoire essaye de compenser la baisse des ventes de la Carnine par de nouveaux médicaments dans son domaine de prédilection, les revitalisants. Il commercialise sans succès plusieurs spécialités à base d’acide et de sels d’acide glutamique, le laboratoire  périclite.

 

Médicaments commercialisés par LEFRANCQ en 1949-1950 (Le Livre du Praticien) :

Bovcardiac, Bovhépatic, Bovstrol, Cardiophylline, Carnine Lefrancq, Extrait de bile Lefrancq, Extrait hépatique Lefrancq, Hépatocarnine Lefrancq, Hormoplasmine Lefrancq, Néocarnine, Tonique Lefrancq.

 

En 1963, André Allard qui vient de céder au groupe américain Mead Johnson le  laboratoire qui porte son nom souhaite réinvestir, il se rend acquéreur du laboratoire Lefrancq dans la perspective de réaliser une opération immobilière.

Dans l’attente de l’autorisation  de la commune de Romainville qui n’arrivera que 25 ans plus tard, il décide de restructurer l’entreprise.  Robert Poey-Lafrance est engagé comme Directeur Technique puis Président Directeur Général, avec de faibles moyens il va réussir à relancer le laboratoire qui est rebaptisé Laboratoires Lefrancq.

 

 

Les ventes de Carnine s’effondrent, le produit est renommé Embryocarnine en 1960, il ne figure plus au dictionnaire Vidal à partir de 1968 et est retiré du marché en 1974. Les repreneurs trouvent deux spécialités en cours de développement le Cétoglutaran et l’Eucol dont le succès permet à l’entreprise de retrouver la prospérité. Des investissements sont réalisés dans l’usine, un atelier pour la production de comprimés effervescents est construit.

Le laboratoire procède à l’acquisition de vieux laboratoires qui possédaient  des marques connues mais que leurs propriétaires avaient négligé : les laboratoires Schéade (Totalmagnésium, Asthmosédine),  Lanscome  (Algocratine),  Deschiens (sirop d’Hémoglobine Deschiens) et surtout Caillaux (Hydralin). Ces spécialités sont modernisées: l’Algocratine est reformulée sous forme de comprimés effervescents et l’Hydralin sous forme de savon  liquide.

 

En 1987, André Allard cède l’entreprise aux laboratoires Soekami qui exploitent des produits OTC dont l’Euphytose. L’entreprise est rebaptisée Soekami-Lefrancq, elle déménage à Levallois Perret, l’usine de Romainville est fermée.

En 1990, le laboratoire est absorbé par les laboratoires Roussel qui désire développer une activité OTC, les produits Lefrancq cessent progressivement d’être commercialisés à l’exception de l’Hydralin qui est cédé successivement aux laboratoires Roche en 1995 puis Bayer en 2005, toute une gamme est désormais commercialisée sous cette marque.

Bibliographie:

–      Bruno Bonnemain, Quand le sang et la viande étaient des médicaments, Revue d’Histoire de la   Pharmacie, 2003, 91, n°340, 611-626

–    Bruno Bonnemain, Les Etablissements Jacquemaire, l’Histoire d’un pharmacien méconnu, Revue d’Histoire de la Pharmacie, 2006, 94, n°352, 497-510

–    Témoignage de Robert Poey-Lafrance, Grâce 2015

 

 André Frogerais, 2017

 

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