Jean-Baptiste LANOIX (1740-1846) |
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Figure originale de la Pharmacie lyonnaise, Jean-Baptiste Lanoix mourut plus que centenaire, en 1846. A cent six ans, précise son ami et biographe, M. Beckensteiner, qui « eut le bonheur de faire sa connaissance quelques années avant sa mort, et même d’être dans son intimité ». Originaire de Larche, en Corrèze, Lanoix, ses études faites, avait ouvert une officine à Lyon, rue des Capucins. Admirateur de Mesmer, dont il avait suivi les cours à Paris, « électriseur », inventeur, le pharmacien s’était retiré, peu avant la Révolution, dans sa maison de campagne de la Guillotière, où il s’adonna avec ardeur à l’électromagnétisme. Pendant plus de soixante ans, en effet, il « électrisa » gratuitement de nombreux malades qui avaient foi en sa méthode. Celle-ci consistait à promener à distance, sur le siège du mal, la pointe d’un fer, dûment frottée et magnétisée. Certains patients éprouvèrent un soulagement, hélas ! très passager. Ainsi en fut-il pour un paralytique, amené à Lanoix dans une brouette. « Mon pauvre ami, lui dit-il, ayez confiance, je vous guérirai. » Mais, après une légère amélioration et des mois de séances électromagnétiques, l’infirme ne marchait toujours pas. D’un commun accord, tous deux renoncèrent à poursuivre le traitement. Par l’intermédiaire du botaniste Laurent de Jussieu, Lanoix était entré en possession du fameux baquet de Mesmer. Il l’avait installé sous son lit, « qu’une tige métallique, reliée à l’appareil de Mesmer, entourait ainsi d’un courant galvanique, continu et perpétuel ». Lanoix était persuadé que ce dispositif était la cause de son extraordinaire longévité. Ce mesmériste convaincu fut aussi un inventeur. D’après Beckensteiner, il inventa le gaz d’éclairage une dizaine d’années avant Philippe Lebon « en faisant du coke pour chauffer les fours de boulangers ». Il avait construit pour cela un petit appareil d’éclairage. Mais, subodorant les dangers de cette invention, il ne l’avait pas fait connaître, disant que « ce gaz méphitique ne ferait que des aveugles et rendrait beaucoup de personnes malades ». il en redoutait à tel point les effets que, lorsque Lyon fut pourvut de l’éclairage au gaz, Lanoix n’y vint plus de nuit. D’après un biographe du pharmacien, le docteur Pointe, le four de boulanger chauffé au coke, imaginé par Lanoix était une invention utile. Par excès de prudence, le pharmacien lyonnais est donc passé à côté de la célébrité. Dommage, car il n’était pas sans mérite !
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