Histoire des Laboratoires Schoum
En 1898, le docteur Marcel de Lannoïse (1868-1937) met au point la solution Schoum, c’est un médicament antispasmodique pour le traitement des douleurs hépatiques constitué d’extraits végétaux et de chloroforme. Pour se démarquer, il lui donne le nom d’une boisson à base d’alcool de riz japonaise. Elle devient le médicament préféré des « gros mangeurs », c’est un succès. Il crée à cet effet la société « Le Schoum », 6 rue Corvetto, Paris VIII°.
En 1914, la société prend le nom de « Solution Schoum » elle est dirigée par le pharmacien Emile Dumesne. En 1926, la production s’installe 13 rue de la Sablière à Courbevoie (Hauts-de-Seine) dans les anciens locaux de la société Cadum. En 1936 René de Jocynski et Maurice Py, pharmacien reprennent l’affaire et constitue la société »Solution Schoum et Neutradol ».
En 1960, afin de développer le chiffre d’affaire et de sortir de la situation de mono produit, le
laboratoire est renommé Laboratoires Parisiens, le siège est installé 38 rue de Silly, Boulogne (Hauts-de-Seine), de nouvelles spécialités sont mises sur le marché, mais c’est un échec. En 1967, ils prennent le nom définitif de Laboratoires Schoum.
Bien que disposant d’une excellente notoriété, les ventes de la solution Schoum s’érodent, la formule évolue en fonction de la législation. L’entreprise essaye de se diversifier en rachetant d’anciennes spécialités, Anodiol, Magnéscorbol (Crinoflux) Camphocalyptol (Bouchard) Hémagene Tailleur (Sévenet).
L’entreprise est achetée en 1991 par les laboratoires Medgénix-Pharm puis en 2003 par Pharmygiéne et enfin par Omega-Pharm. La solution Schoum est retirée du marché en 2017.
Source:
Cécile Raynal, Patrick Bourrinet, Des précisions sur l’histoire de la Solution Schoum, Revue d’Histoire de la Pharmacie, 2016, n° 389, 163-166
André Frogerais
5 novembre 2019
En complément :
Historique SCHOUM(article de Mme Coignerai-Devillers sur Courbevoie, fin des années 1970) |
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« Solution Schoum, Fidélité et humour au service de la santé » « Vers les années 1910 exerçait à Courbevoie un excellent médecin généraliste, qui savait prescrire pour les foies fatigués de sa clientèle un agréable remède de sa composition. Il calmait les crises douloureuses, rendait leur vigueur aux vésicules épuisées, et, qualité non négligeable, son goût était chaleureux et réconfortant. Et pour cause : le Docteur de La Noie faisait confiance aux infusions et aux extraits de plantes simples : bugrane, fumeterre, piscidia, mais il les additionnait d’un peu d’eau chloroformée qui anesthésiait les spasmes, le tout dilué dans la bonne eau pure de Courbevoie. De bouche à oreille le succès fut éclatant, encore que borné à une clientèle locale. Mais en 1926 on décida de commercialiser la préparation. Quel nom lui donner ? Il le fallait sonore, court, facile à retenir. Le Docteur de La Noie se souvint d’une agréable boisson alcoolisée qu’il avait appréciée lors de ses voyages en Extrême-Orient, un alcool de riz que les indigènes appelaient Schoum. Ainsi fut baptisé cet élixir qui pourtant ne risquait pas d’alcooliser ses malades. Pour installer la chaîne de fabrication on acheta le pavillon que venait justement de quitter la Société Cadum et où, nous l’avons vu, elle fabriquait sa pommade. Eh oui ! ce fut ce même 13 rue de la Sablière qui fut successivement le berceau de Cadum et de Schoum. Berceau jamais quitté pour la dernière car, à l’époque actuelle, ce sont dans les mêmes locaux* , après les modernisations techniques indispensables, que s’élabora toujours jeune solution Schoum. C’est un agréable et paisible cottage, aux frontières si j’ose dire, de Courbevoie, de Bécon-les-Bruyères et de la commune d’Asnières. Monsieur de Jaczinski qui nous a reçu et si aimablement documentée préside maintenant aux destinées toujours solides de la solution Schoum et des spécialités de qualité qui furent ajoutées à la marque. Il nous a fait visiter ces anciens locaux, en parfait état, et qui doivent prendre avec les fleurs du printemps des allures de chalet suisse. La production s’élève à plusieurs millions de flacons par an et les pharmaciens savent bien que toute une clientèle demeure fidèle à ce médicament, sauveur du foie. On le commercialise aussi sous forme de gouttes et des comprimés plus faciles à utiliser au cours des déplacements. Dans les années 1930, le Professeur Pierre Delbet mit en lumière le rôle capital du magnésium dans le métabolisme humain, et sur une possible prévention du cancer. Le laboratoire Schoum ajouta à son répertoire le Magnescorbol. Puis vint un excellent désinfectant : l’Aniodol. Du haut de ses soixante années de succès Schoum ne craint pas – sur ses présentoirs publicitaires du moins – de se mesurer aux orgueilleuses tours de la Défense ! Mais voici quelque chose qui va vous réjouir : Voici vingt-cinq ans il était de bon ton d’envoyer aux médecins, ou de distribuer à la clientèle des pharmaciens, des images publicitaires, que d’aucuns collectionnent aujourd’hui avec passion. Les dirigeants de Schoum demandèrent à un jeune dessinateur, promis à un brillant avenir, une série de dessins humoristiques exaltant les vertus revigorantes de la solution Schoum et du Magnescorbol. Il fallait porter au pinacle les heureux effets de leur emploi sur les organismes fatigués ou vieillis. Jacques Faizant dessina ainsi la saga de la Schoumologie en onze croquis, et du Magnescorbol en 9 épisodes, avec ses célèbres personnages : vieillards fringants, vieilles dames jalouses et pétulantes, leurs amis, la bonne et le chat, tous dynamisés de façon magique. »
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Source : Mme Coignerai-Devillers. Courbevoie, berceau des industries pharmaceutiques modernes (vers 1976) |