Histoire des Laboratoires Beytout
Texte publié dans une « Note sur les Laboratoires Beytout », document interne à l’entreprise datant de 1963 :
« Les Laboratoires Beytout ont été fondés en 1929, par Monsieur Gabriel Beytout, au 12 boulevard Saint-Martin, Paris 10° ; il en fut co-gérant avec l’un de ses fils, Pierre Beytout. Les deux principaux produits exploités étaient alors la Tisane Cisbey et l’Aérophagyl, puis vinrent les Histamines, les Kaolinase, les Carbonésie ; en 1937, l’Hordénol. En 1947 fut lancé l’Aluctyl comprimés, puis les Laboratoires Beytout absorbèrent le laboratoire Foulon qui exploitait surtout la Cuscutine.
Monsieur Gabriel Beytout décédé en 1947, Monsieur Pierre Beytout devint alors gérant unique et l’est encore aujourd’hui. En 1958, les Laboratoires Beytout s’installèrent au 10 rue Guynemer à Saint Mandé, avec un bail tous commerces de 18 ans ; en 1960, ils absorbèrent le Laboratoire Galbrun, dont le Citronéma et le Strophantus sont encore exploités.
La fusion avec le Laboratoire Galbrun fit passer le capital de trente six à quarante millions d’anciens francs ; peu de temps après, il fut porté à huit cent mille (nouveaux) francs. La société à responsabilité limitée doit être transformée incessamment en Société Anonyme. »
Dans le même document, il y a la description des locaux de St Mandé : 1600 m2 de locaux de fabrication (fabrication, conditionnement contrôle, etc., dont 100 m2 pour la fabrication proprement dite. Il y avait également 400 m2 de bureaux. Le matériel de fabrication consiste en une machine de conditionnement des comprimés sous plaquettes (Wolkogon), 3 machines à compter et ranger les pilules et dragées (Rotax), 2 étiquetteuses Ciliotta, deux machines de remplissage pour poudres et granulés (Vissomatic), un mélangeur Vidas (tisane), un tamis pour les poudres et deux soudeuses pour thermo-collage des sachets.
Liste des médicaments fabriqués par Beytout en 1963 : Aérophagyl*, Aluctyl aéro-collutoire*, Aluctyl comprimés***, Bioster*, Carbonésie*, Carbonésie Sulfaguanidine*, Citronema*, Cuscutin***, Cyclospasmol*, Fantogyl*, Hista Baume & Liniment*, Hista Dimilli*, Hordenol*, Kaolinase (Simple, Belladonée, Bismuthée*, Strophantus Catillon*, Sulfaguinidine**, Tisane Cisbey (pour mémoire)***. (*remboursées à 70%;**remboursées à 90%;***non remboursées). Les marques correspondants sont déposée en France et souvent à l’étranger.
Le Chiffre d’affaires en francs de 1963 était le suivant :
Chiffre d’affaires | 1960 | 1961 | 1962 |
France tc | 1 789 310 | 2 473 080 | 3 595 910 |
Union FSE + Export | 482 171 | 467 979 | 387 861 |
Agences | 2 264 137 | 2 255 711 | 2 100 055 |
TOTAL | 4 535 619 | 5 196 770 | 6 084 827 |
Les cinq produits les plus vendus en France en 1962 sont l’Aérophagyl (286 884 boites), la tisane Cisbey (197 229 boites), l’Aluctyl comprimés (183 042 boites), la Cuscutine (110 320 boites) et le Fantogyl (102 571 boites). Au total, Beytout vend 2 868 424 boites de médicaments en France en 1962. Les marges brutes varient selon les produits de 38 à 50% sur le prix grossiste. Il est également intéressant de voir les dépenses publicitaires en 1962 : 987 066 francs soit 16% du CA, dont 373 577 francs pour la visite médicale, 108 018 f. pour les échantillons gratuits, 218 783 f. pour la publicité dans les journaux et 141 849 f. pour la publicité sous forme d’encarts et divers documents par voie postale.Les comptes d’exploitation des années 1960 et 1961 ne dégagent aucun bénéfice (pertes respectivement de 139 572 et 75 710 francs), contrairement à celui de 1962 où apparait un bénéfice de 212 845 francs.
Le document de 1963 précise que les Laboratoires Beytout ne font pas de recherche et que les produits nouveaux proviennent soit de la mise au point de formules pharmaceutiques nouvelles, soit par des liens avec des experts, soit « par des accords avec des firmes importantes faisant elles-mêmes de la recherche » (ex: Cyclospamol). Le document se conclut sur une note « perspectives d’avenir dont voici la teneur :
» Les produits anciens ne sont pas et ne seront pas poussés ; il est facile de constater la baisse lente mais régulière de leurs ventes en unités, compensée en chiffre d’affaires par trois déblocages de prix. Au fur et à mesure qu’ils atteignent un seuil de non rentabilité, ils sont supprimés. Sur les deux dernières années ont ainsi disparu de notre liste 12 produits ou formes. Par contre, un effort important est fait sur les produits nouveaux. Les produits sortis depuis moins de trois ans ont réalisé : 2.81% du CA en 1960, 37.32% du CA en 1961 et 56.71% du CA en 1962, prenant à leur compte toute l’augmentation du chiffre d’affaires.
Des accords passés avec des Firmes étrangères nous permettent d’avoir en ce moment 5 produits en cours d’essais, pour lesquels nous pensons faire des demandes de visas dans un délai trsè proche, et la certitude de nouveaux produits à mettre en chantier. De plus l’importance relative de notre portefeuille nous permet, s’il était utile, d’envisager les investissements correspondants.
Tout ceci nous permet d’espérer maintenir, en France Métropolitaine, u taux de croissance de 40% dans les années à venir, et d’atteindre un chiffre d’affaires de 10 millions de francs taxes comprises en 1965. »
En 1966, Beytout devient l’actionnaire majoritaire des Etablissements Goy. En 1989, Beytout avait un CA de 140 MF et 105 salariés. Il cesse d’exister au début des années 1990 ? Il reste connu pour ses publicités célèbres avec des grands dessinateurs : Peynet et Dubout en particulier.
Médicaments commercialisés par BEYTOUT en 1949-1950 (Le livre du Praticien) :
Aérophagyl, Carbonésie, Dentoma, Hista injectable, Hista liniment, Hista Dimilli, Hordénol, Kaolinase, Kaolinase Belladonée, Lactoma, Lait de Magnsie, Sulfaguanidine, Thiophyl, Tisane Cisbey, Véryl.
Bruno Bonnemain, avril 2020