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La peinture et la publicité pharmaceutique (3)

La peinture et la publicité pharmaceutique (3)

 

« Le Redoutable à Trafalgar ». Publicité pour Dicynone, Delalande.

Comme nous l’avons vu lors des deux expositions précédentes, nombreux sont les laboratoires pharmaceutiques au XXe siècle qui ont décidé de distraire les médecins par la reproduction de tableaux de différentes époques, associés à la promotion de leurs spécialités. Si certains ont accompagnés ces illustrations de commentaires, la plupart ce sont contentés de mettre le titre de l’oeuvre.

Cinq séries remarquables méritent d’être signalées.

La première, publiée par Delalande, à l’occasion de la promotion de la Dicynone® (DCI : etamsylate), est intitulée « La fragilité des vaisseaux », en rapport bien sûr avec l’indication du produit :  « Prévention et traitement de la fragilité des vaisseaux : fragilité capillaires des hypertendus… »

Cette série permet de découvrir les peintures réalisées à l’occasion des batailles navales. On présente ici deux exemples de ces peintures : La peinture de A. Mayer ( 1805-1890) qui représente le Redoutable à Trafalgar :  « La bataille de Trafalgar s’engagea le 21 octobre 1805 entre l’escadre franco-espagnole et l’escadre anglaise commandée par Nelson. Bien que plus faible que son adversaire, le Redoutable ne faiblit pas, et ne fut plus qu’une ruine quand les anglais le capturèrent ». 

Le deuxième exemple est une peinture de Th. Gudin (1802-1880) intitulé « Combat de Lagos ou de Cadix, le 27 juin 1693 » : « Tourville attaqua le vice-amiral Rook qui escortait la flotte de Smyrne au large du Portugal. Il brûla quatre vaisseaux de guerre anglais. Il coula ou captura plus de quatre-vingt vaisseaux marchands richement chargés. Jean Bart participa également à cette action victorieuse ».

 

Combat de Lagos ou de Cadix, le 27 juin 1693. Publicité pour Dicynone, Delalande.

 

La deuxième série remarquable a été publiée par le Laboratoire de l’Hépatrol, intitulée « Éditions artistiques » autour de scènes familiales et de du thème de la convalescence.

 

Maternité. Publicité pour l’Hépatrol (Albert Rolland)
Publicité « La convalescence ». Hépatrol (Albert Rolland)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publicité pour la Colimycine-Penicilline Roger-Bellon. Peintures hollandaises

Roger Bellon a, par ailleurs, réalisé une série de publicités pour la Colimycine-Pénicilline®, associée à des « peintures hollandaises ». Une première peinture a été réalisée par P. P. Rubens (1577-1640) :  Rubens et Isabelle Brant (Pinacothèque, Munich) : « Rubens s’est représenté ici en compagnie de sa première femme, fille aînée de l’échevin d’Anvers Jean Bart et qu’il épousa en 1609. Ce tableau est la première page de dix-sept années de bonheur : les deux époux sont en costume de gala, peut-être même en toilettes de noce. Isabelle devait mourir en 1626. (photo Blauel-Munich) ».

Publicité pour Colimycine-Pénicilline Roger Bellon. Peintures hollandaises

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le deuxième exemple de cette série est un tableau de Peter Bruegel (Photo Ladislav Neubert, Prague) : « Le tableau est considéré comme représentant les mois de mai et juin ; il fait partie d’un ensemble en 6 tableaux appelé les « Saisons ». Le charmant détail que nous donnons montre trois paysannes s’avançant au premier plan avec des chapeaux de paille et des râteaux ».

 

 

Publicité du Laboratoire de l’Endopancrine. Peinture de van Brekelenkam (1620-1668). La consultation (Louvre)

Enfin, plusieurs laboratoires ont utilisé le buvard comme support publicitaire. Des séries de buvard ont été consacrées à la peinture. Un premier exemple nous vient du laboratoire de l’Endopancrine  qui réalisa une série de buvard pour la promotion de Ficarmone® injectable et buvable, et de Bifacton® Vitamine B12.

 

Le même tableau du Louvre, en couleur. Photo (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publicité du laboratoire de l’Endopancrine. Saint Côme et Damien Extraits), Musée du Louvre

Le laboratoire de l’Endocrine a également publié ce deuxième exemple de buvard publicitaire : Saint Côme et Damien, représenté par Pesellino (1422-1457) dont voici ci-dessous la version originale (extrait) en couleur du Musée du Louvre.

 

 

 

Une autre série importante de buvards représentant des peintures est celle des laboratoires CRINEX-UV sur le thème de l’enfance. Ils faisaient en effet la promotion de spécialités à base de vitamines pour les enfants et nourrissons : UVESTEROL ADEC, « les vitamines quotidiennes de la jeune maman, du nourrisson et de l’enfant », ou encore « complément vitaminique indispensable du lait » (Vita. A, ergocalciférol, alpha-tocophérol, Vit. C.)

J.B. GREUZE. L’heureuse mère. Rotterdam. Publicité pour UVESTEROL ADEC, de Crinex-Uvé.
Quentin Metsys. Collection particulière. Photo Giraudon. Publicité pour Uvéstérol ADEC des laboratoires Crinex-Uvé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il faut enfin signaler la très belle série de « visite du médecin » éditée par LATEMA pour la promotion du Sulfarlem (anétholtrithione), « cholérétique total, antiallergique soufré ». Ce laboratoire, très riche en publicités envoyés aux médecins, avait créé une série de documents illustrés de tableaux représentants, à différentes périodes et dans des circonstances variées, la visite du médecin au chevet de ses malades. En voici ici quelques exemples : 

 

 

La visite du médecine. Bonifacio Véronèse (1487-1583). Musée Poldi Pezzoli, Milan. Publicité pour Sulfarlem, des Laboratoires LATEMA.

 

 

Visite du médecin, par Jan STEEN (1626-1679). Musée Willem van der Vorm. Rotterdam. Publicité pour le Sulfarlem de Latéma.
Le Diable médecin. Tableau attribué à Werner van den VALCKERT (vers 1585 -1627 ou 1655 ?). Publicité pour le Sulfarlem de Latéma.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce ne sont bien sûr que quelques exemples dans un domaine très riche en publicités venant de laboratoires de toutes tailles et à des périodes différentes du XXe siècle !!

 

Gérard Honthorst (1590 – 1656). L’arracheur de dent (1627) Muée du Louvre. Publicité Roussel pour le Glifanan (glaphénine)

 

Peinture de Yves Brayer. Jean Baudet, ed. 1953

Il existe une autre série remarquable publiée le 16 septembre 1953 à l’occasion d’un gala de la FIP à l’Opéra de Paris. Dans le programme du concert était inséré un document intitulé « En souvenir de Paris » où plusieurs laboratoires ou organisations professionnelles avaient participé à la publication d’un ensemble de peintures inédites. parmi ces laboratoires, on trouve Roussel, SPECIA-Rhône-Poulenc, Toraude, le laboratoire de l’Hépatrol, Le Brun, Debat, Roger Bellon, Laroche-Navarron, les laboratoires Cazé, les Laboratoires Homéopathiques de France (LHF), l’Institut Pasteur, les laboratoires Clin-Comar, Byla, Robert et Carrière, mais également le Syndicat Général de la réglementation et la Chambre syndicale de la droguerie pharmaceutique française.

On trouve tout d’abord une peinture de Yves Brayer et une autre dont la signature n’est pas lisible. Selon Wikipedia, « Yves Brayer, né le à Versailles et mort le à Paris, est un peintre, graveur, illustrateur et décorateur de théâtre français. Fidèle à la tradition de l’art figuratif, il est lun des maîtres de l’École de Paris. Utilisant une grande variété de techniques, il est l’auteur d’une abondante production de paysages mais aussi de grandes compositions, figures et natures mortes. Son goût pour le graphisme l’entraîne tout naturellement à pratiquer la technique de la gravure sur cuivre et de la lithographie.

Peinture. Jean Baudet,ed., 1953

Ainsi, il réalise de nombreuses estampes et illustre des livres à tirage limité sur des textes de Blaise Cendrars, Henry de Montherlant, Baudelaire, Paul Claudel, Jean Giono, Frédéric Mistral, Marcel Pagnol, Claude Raimbourg, Jean-Louis Vallas, etc.

 

Yves Brayer est aussi l’auteur de décorations murales, de cartons de tapisseries, de maquettes de décors et de costumes pour le Théâtre-Français, et les opéras de Paris, Amsterdam, Nice, Lyon, Toulouse, Bordeaux ou Avignon.

Ses expositions particulières ont rendu ses œuvres familières dans de nombreux pays : à Paris tout d’abord puis en France, en Europe et aux États-Unis. En 1977, la Bibliothèque nationale de France organise une exposition « Yves Brayer, Graveur » pour son soixante-dixième anniversaire, et le musée de La Poste à Paris lui consacre une exposition de ses œuvres lors de la parution du timbre en 1978. Le musée Marmottan lui rend hommage en 1993 et le musée des Années Trente à Boulogne-Billancourt célèbre son centenaire en 2008. »

 

 

 

Peinture de P. Morain, Jean Baudet ed., 1953

On y trouve aussi une peinture de Gaston de Sainte-Croix (1904-1977) et une autre de P. Morain.

Peinture de G. De Sainte-Croix, Jean Baudet ed. , 1953

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Peinture de Dignimont. Jean Baudet, ed. , 1953

Une autre peinture est signée Ton Mague (?), et une autre Dignimont. Selon Wikipedia,  André Dignimont est un illustrateur, peintre et graveur français, né le à Paris où il est mort le . Figure notable de Montmartre, il est réputé pour ses estampes et ses illustrations légères dédiées à la beauté féminine. Sa carrière qui s’étend sur plus de quatre décennies, le conduisant aussi bien vers le portrait et le nu féminin (aquarelles, dessins et estampes, Dignimont ne peignant pas sur toile) que vers l’illustration des livres et le décor de théâtre, se liant par là aux artistes peintres, aux écrivains (Colette, Francis Carco, Pierre Mac Orlan) et aux comédiens.

En 1927, il quitte Montmartre pour s’installer définitivement au 1, rue Boutarel dont, passionné de marché aux puces, il fera un musée d’objets insolites. C’est plus tard qu’André Dignimont commence à s’intéresser au paysage, encouragé en cela par André Dunoyer de Segonzac, y venant aussi naturellement par ses promenades dans Paris, également par ses villégiatures estivales que restitue Françoise Py-Chereau : chez l’avocat-académicien Maurice Garçon à Ligugé dans le Poitou, dans l’Yonne chez Jules Cavaillès, à Saint-Tropez chez Colette, à Equemauville près d’Honfleur chez Henri Jeanson, près de Paimpol également où Betty de Mauduit fait de son château de Bourblanc un lieu d’accueil artistique et littéraire où Dignimont peut retrouver Pierre Benoit, Joseph Kessel, Francis Carco et Louis Touchagues.

Il a illustré des journaux tels que Le Rire, Demain, Monsieur – Revue des élégances, des bonnes manières et de tout ce qui intéresse Monsieur, Le Crapouillot, Le Sourire, Femina, la Gazette du Bon Ton, La Guirlande, Comœdia, Flirt… En plus de son métier d’illustrateur et de peintre, il a joué des rôles secondaires au cinéma (voir rubrique Rôles de Dignimont au cinéma ci-dessous) et a fait partie du jury (présidé par Marcel Pagnol) du Festival de Cannes 1955.

Peinture de R. Devoucoux, Jean Baudet, ed. , 1953

 

La dernière peinture est de R. Devoucoux. Dans la période qui nous intéresse ici (1945-1960), « Robert Devoucoux participe à de nombreuses manifestations à Milan, Stockholm et Paris. Il expose dans les galeries « Art Vivant » et « Le Cercle ». Devoucoux est invité en tant que peintre de l’école de Paris à des expositions au Canada, au Portugal et au Japon. Durant cette période, il participe plusieurs fois au Salon de Mai et au Salon d’Automne à Paris. Il envoie des œuvres à deux reprises au Salon des peintres témoins de leur temps qui se tient au musée Galliera à Paris. L’État français et la Ville de Paris achètent plusieurs de ses toiles. L’urbanisme est présent dans plusieurs huiles de cette époque, aussi bien dans Angles de rues où le lien avec l’architecture est encore visible que dans La Ville, où le chatoiement des lumières de la ville et le passage des automobiles contraste avec les bâtiments diffus et les silhouettes humaines à peine perceptibles. »(Wikipedia)

 

 

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