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Histoire des journaux pharmaceutiques

 Journaux pharmaceutiques

   Dans son remarquable ouvrage sur la presse au service de la pharmacie*, Eugène Guitard considère deux périodes majeures où la presse professionnelle s’est construite et développée : 1°) 1665-1860, puis 2°) L’Union pharmaceutique (1860-1890). La profession pharmaceutique va également bénéficier tout au long du XX° siècle du développement considérable des journaux consacrés à la Pharmacie. On peut citer pêle-mêle Le « Journal de Pharmacie et de chimie » qui sera prolongé à partir de 1942 par les Annales Pharmaceutiques Françaises, le Moniteur des Pharmacies et des Laboratoires, le Quotidien du pharmacien, le journal Pharmaceutiques, etc. Mais ce qui frappe également, c’est le développement considérable des publications venant de l’Industrie pharmaceutique, en particulier sur la période de 1918 à 1980. Elles s’adressent bien sûr aux professionnels de santé mais souvent pour les distraire. Enfin, le XXI° siècle va voir surgir, en plus du papier, un support nouveau : Internet, source quasi inépuisable, même si de qualité inégale, d’informations diverses sur la Pharmacie et le médicament.

1. 1665-1860 : Deux siècles de presse au service de la Pharmacie.

Quelques vieux auteurs ont considéré que le patriarche Photius, dignitaire de la cour Byzantine au IX° siècle, comme l’inventeur des feuilles savantes. Juncker apporte en tout cas, au XVII° siècle, le témoignage selon lequel, dit-il, « nous devons accorder aux Français le mérite d’avoir inventé les journaux savants, et nous le faisons bien volontiers ». Voltaire appellera le « Journal des sçavants » « le père de tous les ouvrages de ce genre dont l’Europe est aujourd’hui remplie ». Commencé le 5 janvier 1665, le journal paraissait toutes les semaines. Il disparut le 30 Mars de la même année ! Quelques envieux avaient obtenu son interdiction par le Roi, qui l’autorisa à nouveau fin 1665. D’autres journaux suivront l’exemple à l’étranger comme les Acta de Leipzig, les Ephémérides sçavantes, puis le Journal de Hambourg. En 1694, parait en Hollande le Nouveau Journal des Sçavants. Un peu plus tard, l’Académie des Sciences de Berlin devait publier ses Miscellanées en langue française. La première revue médicale prend naissance en Allemagne : « Miscellanea Curiosa Medico-Physica Academiae Naturae Curiosorum » en est son titre. En France, deux journaux vont concurrencer le Journal des Sçavants en 1672 : Le Mercure Galant, et Mémoire concernant les Arts et Sciences, fondé par Jean-Baptiste Denis, fils d’un pompier de Paris, qui devient médecin et conseiller de Louis XIV. Publié chaque mois, le journal s’arrête en 1674.

En 1679 parait à son tour Les Nouvelles Découvertes sur toutes les parties de la Médecine, qui changera plusieurs fois de titre. Pendant le XVIII° siècle, apparaît le premier concurrent sérieux du Journal des Sçavants : En 1701 parait en effet Mémoire pour l’histoire des Sciences et des Beaux Arts, qui sera par la suite connu sous le nom populaire du Journal de Trévoux. Diverses revues vont également voir le jour. Le Progrès de la Médecine qui cesse de paraître en 1709 fait place au Recueil périodique d’observations en médecine, chirurgie, pharmacie, qui devient en 1758 le Journal de Médecine, Chirurgie, Pharmacie. En 1761 fut créé le Gazette d’Epidaure, puis la Gazette de Santé (1773). De leur côté, les sociétés savantes se mirent à publier leurs propres revues, de même que les sociétés médicales. C’est également le début des annuaires et almanach.

 En 1789, les journaux savants s’arrêtent pour un temps de paraître, en particulier en raison de la suppression générale des sociétés en 1793. mais dès l’an III, la République autorisa la formation de « Sociétés libres pour concourir au progrès des sciences, des lettres et des arts ». Dans les moments où la pharmacie n’aura pas d’organe spécial à son service, les Annales de Chimie seront d’un intérêt capital pour elle car les pharmaciens cultivés échangeront leurs observations par leur seul intermédiaire. Le journal devient les Annales de Chimie et de Physique en 1815. Lors de la création de la Société Libre de Pharmacie, l’article 17 du règlement prévoyait la parution d’un recueil périodique des mémoires et observations tant des membres de la Société que des associés, correspondants et autres savants. Le premier organe de la Société portera le nom de Journal de la Société des Pharmaciens de Paris. Fourcroy en fut l’initiateur et le rédacteur. Il y associe Parmentier, Vauquelin, Bouillon-Lagrange et Deyeux, puis modifia le nom du journal qui devint « Journal de Pharmacie » en 1799. Annales de Chimie et Journal de Pharmacie vont fusionner en 1809 pour créer le Bulletin de Pharmacie. En 1814, il devient Bulletin de Pharmacie et des Sciences Accessoires, puis, à partir de 1842, le Journal de Pharmacie et de Chimie jusqu’en 1942, date à laquelle furent créées les Annales Pharmaceutiques Françaises. Ce dernier sera désormais l’organe de la Société de Pharmacie de Paris puis de l’Académie Nationale de Pharmacie.

2. L’Union pharmaceutique (1860-1910)

1860 ! C’est la belle époque du Second Empire et les journaux naissent en foule. Pas moins de 25 nouvelles revues sont créées en ce mois de janvier 1860 où l’Union Pharmaceutique fut déclarée au ministère de l’Intérieur par l’imprimeur Walder, comme devant être tirée habituellement sur deux feuilles et demie d’impression in-octavo à 2000 exemplaires. Le dépôt légal du premier numéro fut effectué le 30 janvier 1860. Comme le souligne Dorvault lui-même à l’origine du journal, le succès fut considérable avec 1150 adhérents dès la fin de l’année 1860. Ce nombre va passer à 4000 en 1875, et 6000 en 1890. Ce succès est bien sûr associé à l’aval de la Pharmacie Centrale de France fondée en 1844 par Dorvault, mais aussi au prix modique des abonnements qui garantit le désintéressement de ceux qui l’éditent. Le prix initial était de 6 francs par an. Le journal est, de plus, envoyé gracieusement aux élèves ou aux internes qui le sollicitent au nom d’une collectivité.

L’Union Pharmaceutique fut dirigée successivement par Dorvault (1860-1879), puis par Emile Genevoix et Eusèbe Ferrand (1879-1890). L’Union Pharmaceutique abordait des sujets très divers allant d’une Revue médicale, longtemps rédigée par Bouchardat, à une succession d’article sur la Géographie, l’Histoire et la Météorologie. La partie historique fut principalement rédigée par Emile Gilbert à partir de 1880, mais aussi par Eusèbe Ferrand, Léon Nardin, et Paul Dorveaux. De très nombreux articles scientifiques fuirent également publiés dans la revue sous les noms de Benard, Filhol, Planchon, Carles et bien d’autres. L’Union Pharmaceutiques et ses rédacteurs avaient aussi pour objectif d’éclairer les pouvoirs publics sur les désirs et les besoins du pharmacien, et de surveiller la préparation et la mise en œuvre des lois. L’Union Pharmaceutique était aussi le lieu pour informer la profession des distinctions, biographies et autres informations concernant les pharmaciens les plus méritants.

3. Le XX° siècle et les journaux pharmaceutiques

Le XX° siècle va voir se poursuivre le développement considérable de la presse pharmaceutique, tant provenant de l’Industrie Pharmaceutique que des journaux professionnels indépendants. Parmi ces derniers encore existants aujourd’hui, on peut citer bien sûr les Annales Pharmaceutiques Françaises, qui prirent la suite du Journal de Pharmacie et de Chimie, et publié par l’Académie Nationale de Pharmacie. Mais on trouve aussi Le Pharmacien hospitalier, Pharmaceutiques, le Quotidien du Pharmacien, le Moniteur des Pharmacies et des Laboratoires, le Journal de pharmacie chimique, les Nouvelles pharmaceutiques, journal issu de l’Ordre des pharmaciens, le Journal Pharmaceutique du CPM, Antidote, et bien d’autres. L’histoire de tous ces périodiques et de leur contenu reste à écrire !

Bruno Bonnemain

 

 * Eugène Guitard. Deux siècles de Presse au service de la Pharmacie et cinquante ans de l’union pharmaceutique, 1913, Imp. Charles Colin, Mayenne
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