Instruments et savoir faire au cours de l’histoire de la pharmacie
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Mortiers et balances
La plupart des représentations traditionnelles de la pharmacie associe à cette profession certains instruments qui n’étaient pas nécessairement utilisés uniquement par les seuls apothicaires mais qui sont restés l’emblême de cette profession : c’est le cas du mortier (comme on le voit ici), ou bien de la balance. L’apothicaire, qui était asermenté, a eu longtemps le privilège d’être le dépositaire du poids étalon. Tout apothicaire avait donc sa balance. La plus courante était la balance romaine; elle comporte deux bras inégaux, dont l’un est muni de poids glissant sur des graduations. Les plateaux sont généralement en cuivre. Le fléau adopte quelquefois un motif symbolique de sa destination pharmaceutique, le serpent ou la coupe d’Hygie. Moins anciennes sont les balances fixes, ou trébuchets, plus faciles à manipuler; elles étaient souvent placées dans un meuble vitré pour les protéger de la poussière et des courants d’air. Les trébuchets comportent des tiroirs pour garder les poids, en cuivre ou en laiton.
L’unité de poids allait du grain de blé étalonné jusqu’à la livre médicinale, légèrement différente de la livre pharmaceutique. En 1693, un statut de Dunkerque exige que le poids soit en cuivre, et que l’étalon soit conservé chez le doyen. Cependant, les livres des différentes villes de France n’étaient pas toujours d’un poids égal. La livre marchande de la pharmacie était de 16 onces, ou deux marcs des orfèvres. Le quarteron de quatre onces; l’once de huit dragmes; le dragme de trois scrupules; et le scrupule de 24 grains. En ce qui concerne les liquides, il y avait plusieurs variétés de mesure assez difficiles à reconnaitre: la pinte de Paris, par exemple, contient deux livres ou trente-deux onces de vin ou d’eau. Au XIX° siècle, c’est l’adoption du système métrique. Bien qu’établit par le Révolution et confirmé sous la Restauration par Louis XVIII qui approuve le 4 juillet 1814 le nouveau système métrique rectifié, ce n’est véritablement que sous la Monarchie de juillet que, par décret du 4 juillet 1837, le système métrique décimal sera définitivement rendu obligatoire en France à compter du 1e janvier 1840. Il faudra encore longtemps avant que les pratiques changent, comme le montre les éditions successives du Dorvault. On voit par exemple dans sa quatrième édition, en 1855, que Dorvault rappelle que le système métrique est le seul reconnu par la loi et précise : « aujourd’hui on est généralement au courant du mécanisme de la pondération nouvelle : cependant, pour les personnes qui ne comprennent pas encore parfaitement bien, voici, parmi les moyens proposés, le plus ingénieux, c’est celui des assimilations… ». Mais on trouve également dans le Formulaire Bouchardat (1888) une table de correspondance pour tous les pays européens entre système décimal et système classique. La livre anglaise par exemple faisait 373 grammes, tandis que cette même livre représentait 344,822 grammes en Espagne, 339,190 grammes en Italie à Rome, 339,529 en Toscane et seulement 307,418 grammes dans le Piémont. Ces différences significatives entre Etats européens se retrouvaient également sur l’once, le gros, le scrupule de 20 ou 24 grains et le grain lui-même. Appareils à distiller et matériel divers L’influence arabe a eu pour conséquence la vulgarisation en Europe de la distillation. Les principes sont exposé en détail par Jérôme Brunschwig, dont le célèbre Liber de arte distillandi parait en deux fois à Strasbourg en 1500 et 1507. Il y décrit la préparation des eaux de camomille, de roses, de tilleul, etc. Parmi le matériel divers,on peut citer : les maillets en bois ou en fer pour séparer les écorces; les bistortiers et rouleaux pour la préparation des électuaires et des emplâtres; les cribleset les tamis; les chausses en drap pour clarifier les sirops et juleps; les poëles, fourneaux et haudrons; le mtériel pour la confection des sachets; les « pressoirs » pour exprimer les plantes; le matériel pour travailler la cire; les limes, ciseaux, spatules; les moules « à faire gelées »; les entonnoirs; les creusets; les ballons; les cuillères, etc. Un instrument nouveau apparait à la fin du XVI° siècle : le pilulier, déjà perfectionné au temps de Baumé qui écrit en 1795 dans ses Eléments de Pharmacie : »On ne se sert à Paris, pour diviser les pilules, que d’une plaque d’ivoire, de cuivre ou d’argent, dentée comme d’une scie. » Il reste à décrire le matériel qui sert à l’apothicaire pour livrer les médicaments et administrer certains d’entre eux chez ses clients. Il lui faut des boites ou paniers pour porter ces remèdes. Le matériel pour administrer les clystères est forcément abondant. Il comporte les chausses ou bourses pour donner ces clystères, puis les seringues et enfin divers accessoires. Les récipients contenant employés pour la délivrance des médicaments peuvent être en argent ou en bois. C’est dans une boite d’étain qu’est vendue la fameuse Thériaque péparée par la Sciété des pharmaciens de Paris, en l’an VII. Les boites de fer blanc sont employées au XVII° siècle pour diverses spécialités. Le papier, le carton, le plomb, sont également utilisés. Enfin, les pots de terre constituent un élément important pour le conditionnement. C’est dans des pots en terre qu’ont été présentées les nombreuses variétés de pommades, crèmes de beauté, lancées par les spécialistes du XVIII° siècle comme Cartier ou Arnaud. Le verre enfin est aussi utilisé : la petite verrerie est d’abord assez rare, car coûteuse. Cependant, dès 1518, deux vereries à bouteilles eistent e Argonne, à Chatrice et au Bois-Japin, et dès 1647, on trouve en Normandie des « verryers bouteillers » qui travailleront beaucoup au XVIII° siècle, grâce au développement du commerce des eaux minérales. |
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Deux microscopes acquis par la Société d’Histoire de la Pharmacie : En haut : microscope de Culpeper et Scarlet, probablement de fabrication anglaise, vers le milieu du XVIIIème siècle. En bas : microscope solaire, vers la fin du XVIIIème siècle (RHP 1970, p 8) Les images 1)La bannière de la confrérie des apothicaires de Lille (1715) (Au centre, Ste Madeleine, patronne de la confrérie) d’après un dessin colorié de M. Théodore 2) mortier (collection B. Bonnemain) 3″L’apothicaire » fresque de Marcel Grommaire, Faculté de Pharmacie de Paris Référence : M. Bouvet Histoire de la Pharmacie en France (1937) |