Hypophosphite de Soude du docteur Churchill

Extrait de l’ouvrage du docteur Dehaut (1925) sur ce sujet1 :

Le Dr Churchill, convaincu que la phtisie provient de l’insuffisance du phosphore dans l’économie, a été amené par ses travaux à reconnaître que les hypophosphites sont plus efficaces et plus assimilables que les autres sels à base de phosphore. Depuis plus de trente ans, nous expérimentons sa méthode, et si nous en parlons aujourd’hui, c’est d’après notre propre expérience. Malgré la ressemblance des mots, il ne faut pas confondre le mot hypophosphite avec phosphate.

Propriétés.— Les hypophosphites détruisent la disposition qu’ont à se produire les tubercules qui sont la cause de la phtisie pulmonaire. Ceux qui, sans être phtisiques, ont des raisons pour craindre de le devenir, ne le deviendront pas, s’ils en font usage comme préservatifs. Ceux chez lesquels la maladie est constatée, ont des chances de guérison proportionnées à l’étendue et à la gravité des lésions déjà produites au moment où le traitement est commencé. Selon nous, on peut admettre que ce remède agit sur les germes qui produisent les granulations. Ces germes étant tués, il ne reste plus que les tubercules existant au début du traitement.

Mode d’emploi. — Le Dr Churchill a reconnu que la forme sirupeuse est celle qui convient le mieux pour l’emploi des hypophosphites de soude et de chaux. Les deux sirops ont sensiblement la même action et on peut les employer indistinctement aux mêmes doses. La cuillerée à café renferme cinq centigrammes de sel.

Doses. — C’est le développement de la taille des individus, leur poids, qu’il faut considérer plutôt que leur âge, pour apprécier les doses de médicament qu’ils peuvent supporter. Les enfants de cinq à dix ans prennent deux ou trois cuillerées à café par jour ; de dix à quinze ans, une cuillerée à bouche, dose qui suffit également pour les femmes de petite taille. Pour les jeunes gens et pour les femmes de taille ordinaire, on donnera deux cuillerées.

Les hommes adultes et les femmes fortes prendront trois cuillerées. On n’arrivera à la dose de quatre cuillerées à bouche que pour les personnes très fortes, ou de taille exceptionnelle. Pour les enfants très jeunes, voyez plus loin au mot Dentition.

Heures. — Il n’y a pas d’heure choisie pour prendre ce remède, il est indifférent de le prendre à jeun ou au moment d’un repas. La dose journalière se prend en une seule fois, dans un demi verre d’eau.

Durée du traitement. — Cette durée n’a rien de fixe. S’il s’agit seulement d’un traitement de précaution, en vue d’empêcher l’apparition d’un mal que l’on redoute, on prend de l’hypophosphite pendant deux mois ; puis, on cesse pendant un mois et on recommence à plusieurs reprises pendant le cours d’une année. Si le malade présente les symptômes du premier degré de la phtisie, il faut continuer à prendre le remède, sans interruption, aussi longtemps qu’on en ressent de bons effets. Dans ce cas, il serait imprudent de se croire radicalement guéri et de cesser le traitement sans retour. Ces recommandations sont encore plus nécessaires quand il s’agit du deuxième ou troisième degré, d’autant plus que, dans ces cas-!à, il survient souvent des complications qui obligent à interrompre le remède pendant plus ou moins longtemps.

Toux. — Lorsque la toux et les autres symptômes ressentis dans la poitrine ne sont pas dus à la présence de granulations tuberculeuses dans le tissu des poumons, on reconnaît ce fait à ce que l’hypophosphite ne produit pas d’effets utiles apparents ; après un essai de deux ou trois semaines, on renonce à ce remède, car on est fondé à croire qu’il s’agit simplement de bronchite ou de catarrhe pulmonaire. Si l’inflammation plus ou moins forte des bronches existe en même temps que des tubercules, l’hypophosphite agit sur la tuberculose, en ramenant promptement les forces et l’appétit ; mais le malade continue à tousser et à cracher, jusqu’à ce que le traitement de la bronchite aiguë ou chronique en ait amené la guérison…

Anémie. — Si, après quelques semaines du traitement … le malade n’éprouve pas l’amélioration prévue, on est fondé à croire qu’il ne s’agit pas d’une anémie simple ; il peut y avoir un commencement de tuberculose, et, pour s’en assurer, on prend l’hypophosphite de soucie. Si une amélioration prompte et évidente suit l’emploi de ce remède, on peut considérer le soupçon comme bien fondé. Ce même raisonnement s’applique aussi à la chlorose et aux pâles couleurs.

Rachitisme, malformation des os.


Crachements de sang. — L’existence de crachements de sang, antérieurs ou actuels, n’est pas un motif pour empêcher de commencer l’emploi de l’hypophosphite, au contraire, mais, lorsqu’une hémoptysie se produit après plusieurs mois de traitement, on doit interrompre le remède pendant deux ou trois semaines.

Fièvre. — Lorsqu’il existe un état fébrile modéré, chez une personne qui a des tubercules dans les poumons, on peut essayer l’effet du sirop d’hypophosphite. Souvent, le remède fait disparaître la fièvre rapidement ; dans ce cas, il faut le continuer. Mais, il convient d’en cesser l’emploi, quitte à le reprendre plus tard si la fièvre ne diminue pas au bout de peu de jours, ou si, pendant le cours du traitement par l’hypophosphite, il survient un état fébrile dû à une cause quelconque. On peut alors faire usage des pilules d’hypophosphite de quinine.


Lymphatisme, maladies scrofuleuses… Comme les personnes très lymphatiques sont plus exposées que les autres à devenir phtisiques, elles ont toujours un véritable intérêt à employer l’hypophosphite, à titre de préservatif.


Dentition. — Lorsque la dentition présente des difficultés, si elle est tardive, cela indique quelque imperfection dans la vitalité du système osseux. Dans ce cas-là, il faut employer l’hypophosphite de chaux, sans oublier que les petits sujets sont très jeunes et que la dose du remède ne doit pas dépasser dix centigrammes par jour, c’est-à-dire deux cuillerées à café. Du moment que l’hypophosphite produit des effets favorables évidents, c’est la preuve que le sujet en avait besoin. Il faut donc absolument que ceux que ce remède paraît avoir guéris en continuent l’emploi le plus longtemps possible.

L’emploi des hypophosphites n’est pas incompatible avec notre médication purgative. Nos pilules et le sirop peuvent être pris les mêmes jours, les deux traitements pouvant se compléter l’un l’autre.

La fabrication des hypophosphites de soude et de chauxest difficile et même dangereuse. Il en résulte que ces sels sont d’un prix assez élevé, mais qui ne doit pas effrayer le malade. Enfin, pour avoir un produit de toute garantie, nous donnons le conseil de demander toujours le sirop du Dr Churchill préparé par Swann qui seul a eu communication de ses formules et de ses procédés de fabrication.

 

  1. Manuel de médecine, d’hygiène, de chirurgie et de pharmacie domestiques par Dehaut…29ème édition, Paris, chez l’auteur, 1925
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