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HYGIE et Esculape

Hygie et Esculape

  

Hygie n’est apparue que tardivement dans la mythologie grecque ; elle est la personnification d’une idée abstraite, la Santé, qui n’a revêtu une forme concrète qu’à partir de IVe siècle av. J.-C. Son nom, Hygieia, qui signifie « santé » en grec fut d’abord associé comme simple qualificatif aux noms de plusieurs divinités qui n’étaient pas particulièrement médicales, telles que Athéna et Déméter. En revanche, Hygie restera toujours associée à Esculape dont elle empruntera le principal attribut : le serpent. Selon la légende, Esculape (en grec Asklepios) est le fils du dieu guérisseur Apollon et d’une mortelle, Koronis, qui lui fut infidèle. Elle fut donc brûlée et son enfant confié au centaure Chiron qui fera de lui « le doux artisan de la santé robuste ». Esculape succède à son père dans son rôle de dieu guérisseur ; il essaie même de ressusciter les morts, ce pourquoi il sera frappé de la foudre par Zeus. La légende lui prête une nombreuse famille : une femme, Epioné, deux fils, les Asklepiades, et trois filles, Hygieia (santé), la préférée, Panakeia (Panacée), et Iaso (Guérison).

Le culte d’Asklepios s’installa à Epidaure au VIe siècle av. J.-C. et acquit une réputation prodigieuse au Ve siècle av. J.-C. De grandes fêtes, les Asklépia, avaient lieu dans ce temple d’Epidaure tous les quatre ans, avec concerts et représentations théâtrales. Le théâtre, le mieux conservé de la Grèce, pouvait réunir 15000 spectateurs et son acoustique émerveille encore les visiteurs de nos jours. Le temple était orné de la statue chryséléphantine (or et ivoire) du dieu trônant, une main posée sur la tête du serpent sacré et un chien à ses pieds. Dans un dortoir sacré, les malades venaient passer la nuit au cours de laquelle l’intervention du dieu assurait leur guérison ; c’est le rite de l’incubation que l’on retrouve dans tous les sanctuaires guérisseurs de l’Antiquité. Son culte s’étendit ensuite au-delà d’Epidaure, en Asie Mineure, en Egypte …

Au lendemain d’une épidémie de peste, la ville d’Athènes fit venir d’Epidaure une statue du dieu. Il fut donc officiellement introduit en l’an 420 av. J.-C. à Athènes où il prit possession d’un sanctuaire que la ville lui avait fait édifier sur le versant sud de l’Acropole. Athéna Hygieia avait aussi un temple sur l’Acropole. Au moment de l’installation du dieu Epidaure à Athènes, la personnalité Hygieia se détacha de celle d’Athéna pour prendre une vie propre ; elle fut installée dans le sanctuaire d’Esculape et y devint progressivement sa fille préférée. En effet, à cette époque le culte d’Hygie n’existait pas à Epidaure et on n’a pu trouver aucune trace d’un culte pour cette déesse avant l’an 420 ; c’est donc vraisemblablement à ce moment qu’Hygie a acquis sa personnalité. Le temple édifié sur l’Acropole fut donc celui d’Esculape et d’Hygie et leur culte était célébré par un prêtre commun. Les deux divinités étaient alors mises sur le même pied et aucune n’apparaissait subordonnées à l’autre. Mais peu, à peu, un dieu et une déesse partageant le même temple, les mêmes sacrifices, les mêmes autels devaient pour les Athéniens avoir un lien de parenté ; or, le rôle d’épouse d’Esculape étant déjà tenu par Epioné, ils décidèrent qu’Hygie serait une de ses filles. Elle fut alors reléguée au second plan, ce qui explique le fait que de nombreuses représentations la montrent debout derrière son père assis. Elle resta cependant sa fille préférée.

Les attributs habituels d’Hygie ne sont pas nombreux : celui avec lequel elle est le plus souvent représentée est le serpent, qu’elle a emprunté à Asklepios, et auquel elle tend une coupe remplie de nourriture.

Durant le Moyen-âge, le culte d’Hygie fut abandonné au profit de saints Côme et Damien, et on ne connaît pas de représentation de la déesse durant cette époque. Mais à partir du XVIIe siècle, alors que le culte de ces deux saints guérisseurs persiste encore, le culte d’Hygie fait un retour très progressif. On peut de nouveau la voir représentée avec ses attributs antiques : une coupe et un serpent.

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