Laboratoires du Synthol
Paul Ernest Roger est diplômé de l’Ecole de Pharmacie de Paris en 1896 et s’installe l’année suivante à Blois, 11 place Louis XII à Orléans (Loiret). A partir de 1921, ll créait le Laboratoire de Biologie et de Physiologie d’Orléans, 286 Faubourg Bannier à Orléans qui fabrique un soluté analgésique et antiseptique le Synthol à base d’alcool, menthol et choral; la composition variera au cours des années. Ses indications sont multiples, il est recommandé pour le traitement de la fatigue, des douleurs, des troubles de la circulation, des affections gynécologiques, il est utilisé en usage chirurgical et stomatologique. Maurice Buno-Varilla richissime propriétaire du journal le Matin est séduit en 1925 par ce médicament universel, il en fait l’acquisition à travers la Société française de recherches et d’applications scientifiques (SFRAS) domicilié 57 ter rue Edouard Vaillant ,Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), puis en 1929 5 rue de l’Abreuvoir à Boulogne-Billancourt (Hauts -de-Seine). Elle est présidé par son fils Guy.
La production est toujours dirigée par Paul Ernest Roger. le succès lconduit à construire en 1925 une usine 15 rue du Bac à Vincennes (Val-de-Marne). Elle est équipée de plusieurs réservoirs à parois de verre de 2 000 litres.
Le Synthol est décliné sous forme d’ovules (1927), de pommades (la pommade L3 en 1936 pour les radiodermites et la pâte Dermo-Syntol en1937), de soluté nasal à utiliser en aérosols, en ampoules injectables (le Synthol soufré ou intraveine) pour la médecine humaine et vétérinaire.
Le laboratoire fabrique des appareils destinés à améliorer l’utilisation du Synthol: un aérosol le Syntholiseur et le Syntholectric spray pour le télétraitement des plaies et des brulures.
La promotion du Synthol est réalisée au moyen d’une luxueuse revue maison: le Siècle Médicale. De 1927 à 1937, 34 études cliniques sont publiées par 23 sommités médicales qui mettent en évidence l’intérêt du Synthol dans le processus inflammatoire, en chimiothérapie, chirurgie, traitement de brulures, gynécologie, massage…
Maurice Buno-Varlla est un affairiste sans scrupule. Le gouvernement allemand de la république de Weimar désirant se concilier l’opinion française, finance des journaux dont le Matin afin de s’assurer de leur bienveillance. L’industriel allemand Léo Simon lui propose de produire le Synthol en Allemagne, une société est crée à Berlin en 1926 grâce au fond secret allemand, la Whilmestrasse (le ministère des Affaires étrangères) procède à des achats massifs jusqu’en 1931. Les achats allemands recommencent à partir de juin 1940.
En 1935 la gamme s’enrichie avec des suppositoires (Suppohoïdes), sirop, émulsion et pommade ophtalmique.
Maurice Buno-Varilla décède opportunément en 1944, son fils Guy est condamné en 1946 aux travaux forcés à perpétuité, ses biens sont confisqués. En 1947, le Dr Roger décéde, le Synthol est cédé au Dr Jean Laville qui crée les laboratoires Cogepharm. Ils sont installés à Boulogne où le Synthol est désormais fabriqué sous forme de liquide, pommade, crème, ovule, suppositoire et goutte nasale. La formule va constamment évoluer en fonction de la législation.
Le laboratoire cherche à se diversifier en mettant sur le marché de nouveaux médicaments: la crème 14, un pansement gastrique le Gastralka, le Néo Lactine, ce sont des échecs. Il absorbe le laboratoires du Bornésol qui fabrique une solution de camphre de Bornéo.
En 1970, le Synthol est racheté par les laboratoires Gremy Longuet, ils sont absorbés en 1975 par Smith Kline & French. En 2018 le Synthol est commercialisé par Glaxo Smith Kline Santé Grand public.
Source:
Alexandre Blondeau, Grémy Longuet, Histoire des Laboratoires Pharmaceutiques en France, Le Cherche Midi 1994, Tome 2, 149-150
Elisabeth Pradoura, Le Synthol dans le Siècle Médical, une publicité pharmaceutique, CERES3-2013, disponible en ligne www.histrecmed.fr
Dominique Pinsolle, Le Synthol, moteur de l’histoire, Le Monde diplomatique, Aout 2009, 3
André Frogerais
24 septembre 2018