Histoire de l’usage des plantes médicinales (1)

Histoire de l’usage des plantes médicinales

Aristoloche. Le livre des simples médecines (Planéarius)

Il existe de nombreuses sources qui mentionnent l’usage des plantes médicinales. Pendant des milliers d’années les principaux remèdes furent d’origine végétale. Il semble que les hommes de Néanderthal possédaient déjà une pharmacopée rudimentaire. Les tombes péruviennes vieille de 4500 ans renfermaient des sacs remplis de feuilles de coca et de Liptu. On trouve des remèdes à base de plantes à Sumer et en Égypte.

Le papyrus Ebers (XVIe siècle avant Jésus-Christ) énumère 877 remèdes contenant par exemple le chanvre, l’opium, l’encens, le myrrhe, l’aloès, le genièvre, les graines de lin, etc. En Inde comme en Chine, les plantes ont été utilisées en médecine depuis plus de 4000 ans.

Aristoloche Clématite et Azaret. Comité interministériel des plantes médicinales

La Bible mentionne parfois les plantes médicinales : l’ail, l’oignon, le laurier-rose, la mandragore, les menthes, etc. La Grèce antique a également été riche en botanique médicale avec, en particulier Dioscoride. Le Moyen-Age a vu la publication de nombreux antidotaires et d’autres ouvrages de référence sur la Matière médicale. A partir de XVIIe et XVIIIe siècles, de nombreuses pharmacopées régionales vont voir le jour et incorporer progressivement les plantes découvertes au Nouveau Monde (Quinquina, Coca…) mais aussi en Asie et en Afrique. 

Nous avons pris le parti de nous inspirer de l’ouvrage « traité de matière médicale » de Geoffroy paru en 1765 pour sélectionner un certain nombre de plantes considérées à l’époque comme ayant une action thérapeutique. Cette première partie concerne ce qu’il appelle les « plantes exotiques ». (Voir à la fin de l’exposition la définition des termes médicaux au XVIIIe siècle)

Aristoloche clematitis et pistolochia, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Aristoloches (racine) : Il en existe plusieurs utilisées dans la médecine traditionnelle chinoise principalement, mais aussi en Europe, Amérique latine et Japon. L’aristoloche fait partie des plantes médicinales très anciennes dont se servaient déjà les Egyptiens et plus tard, Hippocrate, Théophraste, Dioscoride et Pline. Plusieurs textes grecs hippocratiques proposent l’aristoloche comme l’un des ingrédients de combinaisons de simples pour divers traitements. Certains sont antérieurs aux écrits de Théophraste (Recherche sur les Plantes). On trouve par exemple dans l’ouvrage hippocratique Les Maladies des femmes le rôle de l’aristoloche, parmi cinq autres plantes, dans un pessaire utérin utilisé comme emménagogue.

Aristoloche longa et rotunda, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Dans le même ouvrage, ces simples sont considérées comme produit contraceptif. Son usage traditionnel comme agent ocytocique pour aider à la naissance des enfants est d’abord mentionné par Théophraste et serait à l’origine de son nom grec (qui signifierait excellent accouchement). Dioclès de Carystos, quant à lui, utilisa l’aristoloche mélangé à d’autres simples pour traiter certaines formes d’obstructions intestinales et de constipations. Les médecins de la période hellénistique (323 à 30 avant J.-C.) vont continuer à créer de nouveaux remèdes contenant l’aristoloche suivant la théorie des humeurs, cette plante étant considérée comme sèche et donc adaptée au traitement de maladies «humides». C’est ainsi que Philinus de Cos (250 avant J.-C.) inclut l’aristoloche dans sa recette pour le traitement de l’asthme et des palpitations. Héraclide de Tarente, enfin, propose l’aristoloche associée à d’autres simples pour des diarrhées sévères et des blessures suintantes, mais aussi pour les gingivites. Son antidote utilisé comme émétique contenait également de l’aristoloche.

Aulus Cornelius Cersis, dans son De Medicina, parle à plusieurs reprises de l’aristoloche. Mais c’est surtout avec les Compositions de Scribonius Largus (5 à 55 de notre ère, médecin personnel de l’Empereur Claude) que l’emploi de l’aristoloche est introduit pour des traitements de longue durée, en particulier dans le remède de Scribonius pour le traitement de l’angine et de la pierre. Pline l’Ancien, propose aussi l’usage de l’aristoloche mais indique son utilisation comme poison pour les poissons. La chirurgie romaine utilise de nombreux produits dénommés «enaimoi» , sortes de pansements qui tenaient lieu parfois de sutures. L’enaimos de Julianus contient de l’aristoloche. Cet intérêt médical pour l’aristoloche va se poursuivre à l’époque byzantine, pour le traitement de la goutte, mais aussi comme tonique et stimulante. L’Aristoloche entrait dans la composition de la Thériaque. Paracelse la prescrivait comme remède contre le cancer. Dorvault, dans son Officine de 1844 en décrit deux « que l’on trouve dans les pharmacies » : l’Aristoloche longue et l’Aristoloche ronde, mais il en cite d’autres très nombreuses : Aristoloche des vignes, aristoloche clematitis ; Aristoloche crénelée, aristolochia pistolochia, etc.

Aristoloche. Le livre des simples médecines (Platearius)

On trouve aussi la description de l’Aristoloche chez Geoffroy (1765) qui indique que toutes celles qu’il décrit ont les mêmes propriétés thérapeutiques : « les racines sont céphaliques, pectorales, hystériques, alexipharmaques,  vulnéraire ; la ronde est plus atténuante, la longue plus détersive… La ronde entre dans le Diatessaron de Charas, dans l’Hyera Diacolocynthide, les Trochisques de Câpres, l’Huile de Scorpion composée, l’Onguent Apostolorum, l’Emplâtre Divin ; la ronde et la longue dans l’Emplâtre pour les hernies ; la longue dans l’Emplâtre Manus Dei, dans l’eau vulnéraire de Lémery, la clématite dans la Thériaque d’Andromaque l’ancien ; la petite dans l’Orviétan de Charas. » Voici un exemple de formule de Fournier (1753) : Onguent dessicatif : Recettes : Poudre d’aristoloche ronde, une dragme ; blanc raisin, 3 dragmes ; et précipité rouge, une demi dragme ; Céruse, une dragme. Le tout mêlez ensemble pour faire un onguent, pour le besoin. 

 

Curcuma

 

 

Curcuma rotunda. Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Curcuma (racine) (Terra merita, souchet ou safran des Indes). Le rhizome de Curcuma, originaire de Java, a été introduit depuis très longtemps en Europe par le commerce avec les Indes Orientales. Le curcuma est cultivé depuis l’Antiquité en Inde. Il est fréquemment mentionné dans la littérature en sanskrit à partir du IVe siècle de notre ère, notamment dans l’Atharva-Véda, où il est indiqué qu’un massage à la poudre de curcuma aide à soigner les malaises cardiaques (P. N. Ravindran, K. Nirmal Babu, K. Sivaraman, Turmeric: The genus Curcuma, CRC Press, 2007). Dioscoride l’évoque sans doute en citant une plante indienne. Les Chinois s’en servaient comme sternutatoire, tandis que les Indiens en faisant un grand usage  comme cosmétique et surtout comme condiment (Curry).

Curcuma longa. Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

La plante elle-même ne fut découverte qu’au 16ème siècle par Rheede et Rumphius. Gracia d’Orta, en 1563 et Fragoso, en 1572, décrivent le curcuma sous le nom de Crocus indicus. Geoffroy (1765) précise que la racine est « très apéritive, désobstruante et hystérique ».

Gentiane. Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Gentiane : Gentiana est un mot latin qui dérive, selon Pline et Dioscoride, de enthios, le nom du dernier roi des Labéates d’Illyrie, qui aurait été le premier à découvrir le pouvoir curatif de la plante. Dioscoride, Pline, Celsius et Galien traitaient déjà en détail de la racine de gentiane qui est considérée comme un remède aux morsures d’animaux venimeux, aux points de côté, aux maux de foie et d’estomac, aux crampes et à la fièvre. Leonhard Fuchs écrivait au XVIe siècle : « En résumé, la racine de gentiane et son suc suppriment toute forme de constipation. C’est une panacée contre les poisons et le remède idéal pour les estomacs délicats » Dioscoride parle de la gentiane jaune comme d’une plante connue depuis longtemps.

Albert le Grand (1193-1280), théologien, philosophe et alchimiste, a indiqué le premier le moyen d’en préparer un extrait, qu’il préconisait comme stimulant de l’estomac. Geoffroy (1765) considère la racine comme « apéritive, déobstruante, utérine, fébrifuge, stomacale, vermifuge, alexipharmaque.

Extérieurement, elle est vulnéraire, détersive. » Il précise également qu’elle entre dans la composition de nombreux médicaments : le Vinaigre Thériacal, la Thériaque d’Andromaque l’Ancien, le Diatessaron, le Mithridate, l’Orviétan, le Diascordium, l’Opiat de Salomon, la Poudre contre les vers, la Décoction amère de la Pharmacopée de Londres, l’infusion amère Chalibée, et la Teinture amère stomachique. 

 

 

 

Voici un exemple de recette de Fournier à base de gentiane (1753) : « Poudre fébrifuge. Recette: bois de frêne, écorce de jeune chêne, et de gentiane, une dragme de chaque. Le tout mit en poudre subtile. la dose est une dragme dans un bouillon ou dans du vin deux heures avant l’accès, après avoir été saigné et purgé. »  Au XIXe siècle, Dorvault (1844) indique qu’on considère la gentiane comme le roi des amers indigènes. « C’est un tonique, un stomachique et un fébrifuge très employé. On a donné le nom de fébrifuge français à un mélange à parties égales de gentiane, de camomille et d’écorce de chêne. »

 

 

 

 

         

 

 

 

Réglisse. Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Réglisse (Glycyrrhiza). C’est sans doute l’une des plantes médicinales les plus anciennement employées : les anciens Egyptiens s’en servaient déjà contre les catarrhes des voies respiratoires. Théophraste connaissait aussi la pâte de réglisse. En Europe, ce n’est qu’au XIIe siècle que la réglisse passa d’Italie en Espagne, puis gagna la France, l’Allemagne, l’Angleterre et la Hollande. Il semble qu’elle était connue, antérieurement à cette époque, dans les pays Scandinaves. Apothicaires français et pharmaciens anglais sont d’accord pour constater que la réglisse non seulement calme la soif, guérit la toux, mais agit sur l’estomac, les intestins, les bronches, etc. Geoffroy (1765) précise que la racine est pectorale, adoucissante. Elle entre dans le Sirop de Guimauve, de Jujubes, de Chicorée composée, de Pas d’Ane composé, de Tortues, Antiasthmatique, les Tablettes de Guimauve composées, la Poudre Diatragacanth, Rafraichissante de Charas, de Rose aromatiques, le Catholicon double, l’Electuaire lénitif, de Psyllium, les Trochisques de Gordon, de Diarrhodon. » Voici un exemple de recette chez Fournier (1753) : Opiat antivénérien. Recette: Baume de Copahu, sucre blanc, une once et demi de chaque. De trochisque alhandal, poudre de Rose, de réglisse, du mercure doux, yeux d’écrevisse, Crème de tartre antidiaphorétique, une once de chaque ; camphre 4 dragmes. Le tout incorporé avec le baume de Copahu pour en faire un opiat dont la dose sera une demi-dragme tous les matins après avoir été saigné et purgé. Employée en tisane, elle fournit une boisson rafraichissante très populaire vers la fin du XVIIIe siècle sous le nom de « coco ». Selon Dorvault (1844), c’est de la réglisse macérée dans l’eau avec une petite quantité de coriandre.

Ipecacuanha

Ipecacuanha : Les indiens Tupis paraissent l’avoir utilisé, de tout temps, sous le nom d’Ipecaoguene qui veut dire « petite plante vomitive ». C’est le moine portugais Trystam qui séjourna au Brésil de 1570 à 1600 qui mentionna le premier cette plante. Son récit, publié par Purchas en 1625, signale rois remèdes contre le « flux de sang » dont l’un est nommé « Igpecaya » ou « Pigaya ». On trouve d’autre part le nom de « Poaya ». En 1648, au cours de leur exploration du Brésil, Pison et Marcgraf décrivirent les propriétés d’un « Ipecacoanha ». La drogue, bien connue au Brésil, ne fut apportée en France, à Paris, qu’en 1672, par un médecin nommé Legras ; il ne sut pas l’administrer avec assez de prudence et dut renoncer à son remède. Quelques années plus tard, en 1686, un commerçant parisien, Grenier ou Garnier, expérimenta la drogue sur lui-même et en vanta les propriétés antidysentériques à son médecin et à Helvétius qui en fit un remède secret. Devant son succès, Louis XIV accorda à Helvétius le droit exclusif de vente de son remède en France, puis l’acheta et en rendit public la formule. Voici une des formules de Fournier (1753), à base d’ipécacuanha : Potion pour un tempérament délicat. Recette : Ipecacuanha en poudre, un scrupule ou une demi-dragme dans 4 onces d’eau. On donne avec succès 4 grains d’Emetique dans une chopine d’eau que l’on prend par verre de quart d’heure en quart d’heure ayant soin après avoir pris l’émétique de faire boire le malade afin que les effets du vomitif soient moins violents, ce qui peut par les efforts occasionner la rupture de quelques vaisseaux. Il est bon que le malade ait été saigné auparavant parce que cela donne plus de souplesse aux fibres de l’estomac. Après l’effet du vomitif, on purge tout de suite avec Manne, 2 onces et Sel végétal, 2 dragmes, dans un bouillon. Lorsque le vomissement causé par l’émétique est trop violent, les médecins pour l’arrêter donnent avec succès un verre d’eau dans laquelle on mêle jusqu’à une agréable acidité de l’Esprit de Vitriol ou de l’Esprit de Soufre. Enfin, l’origine de la plante, l’Ipécacuanha, fut établie par Antonio Bernardina Gomez, médecin de la marine portugaise qui, en 1800, rapportera à Lisbonne des échantillons récoltés au Brésil. (Girre, Ouest France, 1981). Dorvault (1844) précise que les médecins emploient l’ipécacuanha « comme tonique dans les fièvres rémittentes, la diarrhée, comme expectorant dans la catarrhe, la coqueluche, mais surtout comme vomitif dans les embarras gastriques. »  

Rhubarbe. Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765
Rhubarbe (Rheum officinalis). Base de données Museum d’histoire naturelle de Paris

Rhubarbe : Les Chinois paraissent avoir eu connaissance des propriétés de la Rhubarbe bien avant l’ère chrétienne. Elle est citée aussi par Dioscoride, puis, au IVe siècle, par Marcellinus. Ce dernier dit qu’elle tire son nom de la rivière « Rha » (la Volga actuelle) sur les bords de laquelle elle croit.

Tournefort cite également cette étymologie. Au VIIIe siècle, apparaissent les termes rhubarbe et rheubarbe venant du bas-latin rhebarbarum. Cette Rhubarbe des Grecs et des Romains s’est répandue après 1610, date à laquelle Prosper Alpin en fit venir d’Asie Mineure.

 

 

 

 

Rhubarbe (Rheum officinalis). Base de données Museum d’histoire naturelle de Paris

Parmi les écrivains arabes, Mésué le Jeune, au XIe siècle, mentionne la Rhubarbe de Chine comme supérieure à celle de Turquie. Dès 1762, Linné décrivit en détail les différentes espèces de Rhubarbe. Pour Geoffroy (1765), la racine est purgative, stomachique, apéritive, cholagogue, vermifuge… Elle entre dans la Poudre contre les vers, la Confection Hamech, l’Electuaire Catholique de Diaprun, de Psyllium, l’Extrait Panchimagogue, Catholique, bénit, les pilules de Rhubarbe, fine quibus, Polycrestes, Mercurielles, Panchimagogues, le Sirop de Chicorée composé, fortifiant, hydragogue, apéritif, cachectique, les Trochisques de Rhubarbe. Quant à Lémery, il classait la plante parmi « les remèdes cathartiques ou purgatifs cholagogues », ainsi que parmi les « remèdes hépatiques » et « les remèdes resserants ».

Rhubarbe (Rheum officinalis). Base de données Museum d’histoire naturelle de Paris

Voici un exemple de formule de Fournier (1755) utilisant la rhubarbe : Opiat astringent. Recette : Rhubarbe torréfiée, mastic en poudre, deux dragmes de chaque; camphre, quatre gros; semence de psyllium, et de coing, une dragme de chaque; safran de mars astringent, trois dragmes, mercure doux, 30 gouttes, sirop de grenade, ce qu’il en faut pour mettre ces drogues en opiat. La dose est de deux dragmes que l’on prendra à jeun, et une heure après un verre de teinture de rose rouge. On continue l’usage jusqu’à ce que le malade se trouve soulagé. Dorvault, en 1844 distingue de nombreuses espèces de Rhubarbe : les exotiques (Rhubarbe de Chine ou des Indes, Rhubarbe de Moscovie, de Tartarie ou de Bucharie ; et les indigènes : Rhubarbe d’Europe, Rhubarbe de France, à ne pas confondre avec la Rhubarbe des moines ou fausse rhubarbe.

Gingembre : Le Gingembre, originaire des Indes Orientales et des Moluques, était très commun dans la province de Gingi, à l’Ouest de Pondichery, et dont elle tire son nom. Très employé comme épice par les Grecs et les Romains, il fut un objet de commerce important au Moyen Age entre l’Orient et l’Europe. Dioscoride le recommandait pour favoriser la digestion, de même que le romain Pline pour fortifier l’estomac et relâcher le ventre. Les Vénitiens achetaient le Gingembre en Egypte, et la plante semble avoir été bien connue de Marco Polo vers 1285. Le gingembre occupe une place importante dans la pharmacopée arabe. Il est cité dans le Coran, il revêt un caractère sacré. La tradition religieuse, selon Abou Saïd al-Khoudhari, compagnon du Prophète, rapporte que l’empereur de Byzance aurait offert au Prophète une jarre pleine de gingembre. Il en aurait alors offert à toutes les personnes présentes (Radhi Jazi, RHP, 1987). Le Gingembre fut introduit en Amérique par Francisco de Mendoza et, dès 1547, on en exportait de grandes quantités des Indes Occidentales vers l’Espagne (Girre, 1981). Geoffroy considère la racine comme stomacale, pectorale, carminative et alexipharmaque. Il signale également que cette racine entre dans la composition de nombreux médicaments de son époque : la Thériaque, le Mithridate, le Diascordium, l’Electuaire de Satyrion, le Diaphénic, la Bénédicte laxative, l’Electuaire Caryocostin, la Confection Hamech, l’Electuaire de Carthame, de Citron, les Trochisques d’Agaric, d’Alhandal, les pilules fétides, polycrestes. Dorvault dans l’Officine de 1844 distingue le Gingembre gris ou noir (le plus employé) et le Gingembre blanc et le considère « excitant, stomachique, carminatif très usité en Angleterre. On en fait une poudre, une teinture, un vin, une bière. »

Cannelle, Le Livre des simples médecines (Platearius)

Cannelle et Cannelier : L’écorce du cannelier fut, dès la plus haute Antiquité, employée en médecine ; le « kinnamon » des Hébreux serait la cannelle actuelle.  On la trouve mentionnée comme parfum dans la Bible et par Théophraste, Hérodote, Galien, Dioscoride, Pline et Strabon. On la trouve aussi décrite chez Ibn al Jazzar qui en distingue 4 sortes : 1) La cannelle « dar-sini vraie » : elle a une surface rougeâtre…, son goût est piquant, légèrement astringent, s ‘accompagnant à la mastication d’une sensation d’onctuosité ; il s’en dégage alors comme une odeur de safran » ; 2) La cannelle « dar-sini addoun » (ce qui signifie de qualité inférieure) : elle se présente, selon la description de l’auteur, sous forme de cylindres, longs et minces, à saveur « chaude » et sucrée. Ces cylindres sont emboîtés les uns dans les autres. L’odeur et la saveur sont identiques à la cannelle vraie ; cependant, la saveur est prononcée, aromatique et piquante ; 3) La cannelle « Kirfa vraie » ou « Kirfa commune » : « ce sont des écorces épaisses ou minces, dont la face interne est rouge, à surface lisse, de saveur douceâtre ; la face externe est grossière, de couleur rougeâtre tirant légèrement sur le blanc… ; son odeur est pénétrante, aromatique, et sa saveur est acre, piquante, et légèrement douceâtre » ; 4) La cannelle- giroflée : en arabe « Kirfat al-qaranfoul » : « elle est noirâtre, mince, dure, non friable ; son odeur et sa saveur sont celles de la girofle… Cette cannelle a les mêmes propriétés que la girofle, celle-ci est cependant un peu plus active, étant plus acre et plus piquante ». (Radhi Jazi, RHP, 1986).

Cannelle (Canella alba). Base de données Museum d’histoire naturelle. Paris

En France, elle est citée dans un diplôme délivré par le roi Chilpéric II au monastère de Corbie, en Normandie, en 716. A l’origine, la cannelle vient de Chine d’où elle fut exportée vers l’Afrique, notamment Alexandrie, puis en Europe par l’intermédiaire des Vénitiens. Le terme cannelle vient d’ailleurs de cannella, en italien tuyau, nous dit Dorvault (1844). Ce n’est qu’au début du XVIe siècle, après la découverte complète de Ceylan par les Portugais, en 1505, que les renseignements précis sur la cannelle commencèrent à parvenir en Europe. C’est en 1770 que De Koke organisa la culture du cannelier à Ceylan, de façon telle que les Hollandais accaparèrent complètement le commerce de la cannelle. Puis Ceylan passa des mains de la Hollande à celles de l’Angleterre et la cannelle devint le monopole de la Compagnie des Indes Orientales jusqu’en 1833.

Cannelle. Museum d’histoire naturelle, Paris

Au XVIIIe siècle, elle entrait dans de nombreuses préparations pharmaceutiques :  Tablettes stomachiques, de magnanimité, la Poudre aromatique de roses, de Diarrhodon, Pannonique, la Thériaque, le Mithridate, la Confection Alkermès, le Diascordium, l’Orviétan, l’Opiat de Salomon, le Philonium, le Diaphenic, la Confection Hamec, l’Hiera Picre, les Pilules fétides, et l’emplâtre stomachique de Charas. Dorvault décrit la cannelle comme excitant, stimulant et antispasmodique. Fournier, en 1755 donne par exemple la recette suivante de « Sirop stomachique : Recette : graine de genièvre, deux onces, que l’on mettra dans une chopine de vin avec du sucre et de la cannelle pour faire bouillir le tout pour le réduire à la moitié ou bien en forme de sirop et en prendre cinq cuillérées pour les maux d’estomac. On peut s’en servir pour les maux de coeur. »

 

 

Quinquina. Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Quinquina : L’histoire du quinquina est bien connue même si elle est émaillée de légendes, de véritables contes comme celui de la Comtesse Chinchon qui a donné son nom à la plante. Delaveau a remis les choses en place : « la belle histoire de la Comtesse est probablement imaginaire, car le journal de son époux, fort scrupuleusement tenu, ne mentionne nullement les accès fébriles et la guérison miraculeuse ». Il est probable que l’usage de la fameuse écorce fébrifuge se soit répandu en Europe par plusieurs « filières » dont celle des jésuites d’où le nom de « poudre des jésuites » qui était attaché à ce médicament. Mais c’est incontestablement l’anglais Robert Talbot dit Talbot, qui fit le plus pour la reconnaissance officielle des vertus du quinquina. Son succès sera finalement si important, contre l’avis de Guy Patin, que La Fontaine écrira :

« Talbot est mon médecin

Puisqu’il veut qu’on boive son vin

Peste soit de ces ânes

Qui nous font crever de fin

Bousouflés de tisanes ».

Cela prend même des allures de guerre de religion. Comme le dit Delaveau « La poudre des jésuites ayant particulièrement mauvais goût pour les tenants de la religion réformée », on assista à un échange passionné de pamphlets dans un climat conflictuel que Voltaire résuma à sa manière : « Le quinquina seul spécifique contre les fièvres intermittentes, placé par la nature dans les montagnes du Pérou, tandis qu’elle a mis la fièvre dans le reste du monde ». En 1820, Pelletier et Caventou isolèrent le principe actif du quinquina : la quinine. Voici un exemple de formule utilisé par Fournier (1755) avec le quinquina : « Opiat fébrifuge.  Recette: Quinquina, une once et demi, diaphorétique, une once et demi, q.s. de sirop de pavot. La dose est de une dragme et demi matin et soir. Six jours après la fin de l’opiat, le malade se purgera avec une demi-dragme de sel de Seignette, une demi-dragme infuser dans un verre d’eau de chicorée sauvage, ensuite on y dissoudra une once de tablettes Diacartamy. L’efficacité du quinquina dans le traitement des fièvres intermittentes, contribua à l’abandon définitif de la « doctrine des quatre humeurs » de Galien et d’Hippocrate.  

 

Quinquina de Ledge
Gaïac. Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Gaïac (Gayac) : A l’époque de la découverte de l’Amérique, le gaïac était très commun à Saint-Domingue et à la Jamaïque. C’est Oviedo qui le signala pour la première fois à Saint-Domingue, en 1514, sous le nom de « guayacan ». D’après Charles de l’Ecluse, un indigène de Saint-Domingue révéla à un chef espagnol, atteint de syphilis, les propriétés du bois de gaïac. Dorvault nous indique que c’est en 1508 que les Espagnols apportèrent le gayac d’Amérique pour la première fois dans leur patrie. « Ils avaient vu les naturels s’en servir avec tant d’efficacité comme antisyphilitique, qu’ils le nommèrent bois saint, bois de vie. La cure éclatante qu’il procura au célèbre guerrier Van-Hutten, qui publia à cette occasion un ouvrage où il exaltait les vertus du gayac, fit que dès 1519 il était connu du reste de l’Europe ». et il ajoute « Stimulant, diaphorétique. Employé dans la goutte, le rhumatisme chronique, les maladies de la peau et surtout les maladies syphilitiques anciennes et rebelles. Le bois, qui est le plus employé, sert à faire des tisanes, un extrait, un sirop, une teinture. » Jean Chatelux dans son ouvrage sur le Gaiac paru en 1969 indique que « Les graves inconvénients du principal traitement de la syphilis employé jusqu’alors, le mercure, incitèrent, entre autres, le cardinal Lang, évêque coadjuteur de Salzbourg, à s’enquérir des vertus du gaïac. C’est à lui qu’est dédié le plus ancien traité que nous ayons conservé en la matière : le De cura morbi gallici per lignum guaiacum, opuscule de seize pages publié à Venise en 1535, mais achevé de composer en décembre 1517. L’auteur, le médecin Nicolas Poil, y faisant la synthèse des renseignements obtenus d’Espagne, décrit en huit chapitres la préparation du malade, la cure par la décoction et le régime à suivre. Cependant les plus anciens textes imprimés conservés datent de décembre 1518 à Augsbourg : une brochure de six pages, traduction d’une recette espagnole sur le bois à employer contre le mal des Français, et une plaquette du médecin salzbourgeois Léonard Schmaus sur le mal français et sa cure nouvellement découverte par le bois indien. De son côté, Geoffroy indique que « le bois seul est incisif, détersif, sudorifique, stomachal, apéritif, pectoral, nervin… On se sert aussi des larmes résineuses brunes, qui découlent du tronc. » Enfin, on trouve l’usage du Gayac chez Fournier (1755) pour diverses affections comme dans l’exemple suivant : « Pour le mal de dents : Recettes : Huile de girofle ; huile de gayac ; tabac ; huile de papier ; eau de vie ; esprit de vin ; eau de la Reine de Hongrie ; laudanum. Appliquer dessus. », ou encore cet autre exemple : « Contre la gangrène : Recettes : Pierre admirable ; Eau d’arquebuse ; eau de chaux ; eau phagédonique ; huile d’Antimoine caustique ; Esprit de Venus ou de Vin ; Eau de Reine de Hongrie ; Esprit volatil de sel ammoniac ; Eau d’alun ; huile de gayac ; huile de tartre ; Elixir de propriété ; teinture de myrhhe et d’aloès ; huile de myrrhe ; urine ; huile de benjoin ; Huile de camphre ; huile de gomme ammoniac ; sel volatil de vipère, de cornes de cerf, d’urine ; esprit de miel ; huile de brique ; baume de Saturne ; précipité vert ; panacée mercurielle ; pierre à cautère ; huile de mercure appliquée sur le mal ; décoction d’Antimoine et de gayac ; purgatif par le ventre ; Sublimé doux, 6 grains jusqu’à trente. »

 

Séné (Senna alexandrina). Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Séné : C’est la médecine arabe qui est à l’origine de la propagation du séné. La première mention de l’usage du séné est due au médecin arabe Mésué, surnommé « l’évangéliste des pharmaciens » au Xe siècle. Comme lui, Linné décrira deux espèces de séné, le Cassia acutifolia et le Cassia obovata. Geoffroy au XVIIIe siècle la dénomme Senna Alexandrina. Nicola Lémery classait le séné parmi les remèdes « cathartiques ou purgatifs mélanogogues ». Composés de « parties fixes et fort purgatives, ils dissolvent l’humeur tartareuse et mélancholique qui est la plus difficile à détacher ». De 1808 à 1828, le séné d’Egypte ou du Soudan était l’objet d’un monopole du gouvernement égyptien, qui le cédait à des fermiers (paltiers) dont les dépôts portaient le nom de « palte », d’où le nom de séné de la palte.

Séné.

Dans l’Officine de Dorvault (1844), l’auteur distingue deux sortes de séné : le séné de Parthe, mélange de cassia acutifolia et obovata et de feuilles de cynanchum arguel, qui, dit-il est le plus estimé. Quand on supprime de ce mélange les corps étrangers, on parle de « séné mondé » ; l’autré espèce est le séné de Tripoli, attribué au cassia aethiopica, qui vient de Fezzan. Par ailleurs, Dorvault indique qu’on trouve aussi dans le commerce du séné d’Alep, d’Italie, de Moka ou de la Pique, de l’Inde, de Sénégambie, etc. mais qu’ils n’y paraissent que fortuitement. Geoffroy qui lui donne des propriétés purgatives indique que le séné entre dans de nombreux remèdes : « Extrait de séné, Panchymagogue, l’Electuaire de séné, de Tamarin, de Psyllium, le Lénitif, le Catholicum, la Confection Hamech, l’Electuaire de Citron, les pilules Panchymagogues, Tartareuses, l’Hydragogue excellent de Renaudot ». Plus récemment le séné entrait dans la composition de « l’apozème purgatif », du « sirop Desessartz » et du « thé de Saint-Germain ». Voici une des nombreuses recettes de Maître Fournier (1755) contenant du séné : « Tisane Royale pour les gens bilieux. Recette : Séné, 2 dragmes; Sel d’Epsom, 1 dragme; Anis, une pincée; un citron coupé par tranches. Faites bouillir le tout dans cinq demi-septiers d’eau réduit à pinte. On peut ajouter 2 onces de Manne. On en prend une chopine par jour que l’on partage en deux verres que l’on prend à une heure de distance. On prend l’autre chopine le lendemain ». 

 

 

Pot de Pharmacie (Bordeaux). Extrait de Séné.
Publicité Roussel pour le Glifanan, Série des pots de pharmacie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Thé de Chine. Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Thé de Chine : Les Chinois connaissaient le thé 25 siècles avant notre ère. L’origine géographique et historique du théier, Camellia sinensis Theaceae, le place dans les régions du sud-ouest de la Chine, dans la province du Sichuan où cet arbre de faible taille croît spontanément à moyenne altitude, favorisé par le climat chaud et humide de la zone subtropicale. Les historiens chinois estiment probable que vers le XIIe siècle av. J.-C., le fondateur de la dynastie Zhou, King Wen, reçut des feuilles de thé en paiement d’un tribut de la part de populations vivant dans cette région. Mention en serait faite dans un texte daté de 345 après J.-C, le traité du Royaume de Huayang. Les habitants de l’Inde l’utilisent également depuis une époque extrêmement lointaine et les Japonais l’employaient il y a près de 1200 ans. Ce sont les Hollandais qui introduisirent le thé en Europe au XVIIe siècle. Ils l’obtinrent des Chinois en leur offrant en échange la sauge que l’Ecole de Salerne préconisait comme préservatif contre une foule de maladies. Tulpius médecin hollandais, fit le premier connaitre cette plante en 1641, puis Joncquet, médecin français, en fit le plus grand éloge en 1657, la nomma « herbe divine », la comparant à l’ambroisie. Ce sont les jésuites qui l’ont apporté en France et l’on sait que Mazarin en faisait une abondante consommation. L’usage du thé ne commença à se répandre qu’en 1659, époque à laquelle Bontekoï, médecin de l’électeur de Brandebourg, en loua beaucoup les propriétés dans un traité qu’il a publié sur le café, le thé et le chocolat. L’importation en Angleterre commença en 1665 ; en Ecosse, plus d’un siècle après. En pharmacie, durant les XVIIIe et XIXe siècles, la feuille de thé fait partie des pharmacopées. On trouve plusieurs mentions du thé dans l’ouvrage manuscrit de Fournier (1755), dont voici un exemple : « Bol dans les cours de ventre. Recette : Rhubarbe, une dragme, incorporer avec q.s. de Sirop de Chicorée, ou une dragme de Casse mondée. il faut avoir pendant l’effet de tous les purgatifs en bols de boire fort du bouillon ou du thé. » C’est à la fin du XIXe siècle que le thé fut introduit à Ceylan. (L. Girre, Ouest France, 1981).  

 

 

Safran : Le Safran était utilisé depuis la haute Antiquité comme parfum, dans les temples et dans les festins, mais aussi comme colorant, comme condiment et comme médicament. Il est déjà cité par Homère. La fleur de safran est nommée dans l’Iliade à côté des fleurs parfumées d’hyacinthe et de lotus, choisies par Zeus pour décorer la terre. Théophraste, Virgile, Dioscoride, Martial, Lucrèce et bien d’autres en font mention. Comme médicament, le safran entrait dans la composition de collyres secs, de l’électuaire de Philon de Tarse ; et sous Auguste on préparait un sirop à base de pavot, de miel, de safran et de vin qui, cinq cents ans plus tard, devait donner à Sydenham l’idée du laudanum qui porte son nom. Le Regimen sanitaiis de l’école de Salerne considère le safran comme fortifiant, hépatique et désinfectant. Il était vendu très cher au Moyen Age. A cause de sa couleur, on l’appelait parfois « or végétal», et il entrait probablement dans certaines formules d’ « or potable ».  Hippocrate l’employait, en usage externe, contre les douleurs arthritiques et rhumatismales ; Sérapion l’avait en grande estime contre les maladies de la poitrine et de l’utérus ; Galien vante ses effets résolutifs. Le safran était cultivé en Perse, au Xe siècle, notamment à Ispahan, d’où il a pu être exporté en Chine. A la même époque, la plante fut apportée en Espagne par les Arabes. Le Safran fut vraisemblablement introduit en France par les Croisés, en provenance de Chypre, mais, par la suite de son prix élevé, il a toujours été l’objet de nombreuses falsifications. Convaincu d’avoir préparé la thériaque sans cardamome ni rhubarbe et avec un « faux safran », l’apothicaire vénitien Zanoni De Rossi fut incarcéré, condamné à une amende de 400 ducats d’or, rayé de la corporation, tandis que sa marchandise était jetée du haut du pont du Rialto dans le Grand Canal. A Nuremberg, au xve siècle, on s’était montré plus énergique encore : les sophistications de safran avaient valu à trois personnes d’être brûlées vives, à un complice d’être enterré vivant, à un autre d’avoir les yeux arrachés.

Safran

Sa culture en France date du XIVe siècle : un gentilhomme de la famille des Porchaires, passe pour le premier qui ait distribué les bulbes. Il fut alors cultivé en Provence, en Normandie, dans le Nord et surtout dans le Gâtinais. (L. Girre, 1981). Geoffroy, en 1765, le décrit comme « hystérique, anodin, apéritif, cordial, stomachique, pectoral…. Extérieurement, il est adoucissant, résolutif, ophtalmique. Il entre dans la Thériaque d’Andromaque l’ancien, le Mithridate, la Confection d’Hyacinthe, le Philonium, la Bénédicte laxative, la Hiere Picre, l’Estière de Coloquinte, Orviétan, Poudre de la Comtesse de Kent, de Joie, Diarrhodon, les Trochisques d’Hesdicroï, de Carabé, de Camphre, les pilules aromatiques de Quercétan, de Rufus, Dorées, de Cinoglosse, l’Elixir de propriété, le Laudanum liquide, l’Huile de Scorpions composée, l’Onguent doré, l’Emplâtre de mucilage, de Galbanum, de Mélilot, d’Oxicroceum ». Voici l’une des applications qu’on trouve chez Fournier (1755) : « Liqueur pour les yeux. Recette : Deux blancs d’œuf, Eau (de) Rose, une once ; Suc de grande Pervenche, une once et demi ; Lait de femme, une once et demi ; Safran, un scrupule. Battez le tout ensemble et l’appliquer sur l’œil et la douleur s’apaise. Il faut oindre l’œil avec l’onguent Rosat. » En 1844, Dorvault précise que le safran est souvent falsifié en le remplaçant par des fleurs de Carthame et considérait le safran comme excitant, stimulant et emménagogue.

 

Termes médicaux au XVIIIe siècle (Geoffroy)

Acerbe : c’est un goût qui tient de l’aigre et de l’amer.

Adoucissants : remèdes qui corrigent l’âcreté des humeurs.

Agglutinatifs : Remèdes qui réunissent et recollent les plaies.

Alexipharmaques ou alexitères : remèdes qui résistent aux venins, fièvres malignes, peste, etc. Il y a en a pour l’intérieur et pour l’extérieur.

Anodins : remèdes qui calment les douleurs.

Antiépileptiques : remèdes contre l’épilepsie ou mal caduc.

Antihystériques : remèdes contre les vapeurs de matrice.

Antiscorbutiques : remèdes contre le scorbut.

Antispasmodiques : remèdes contre les convulsions ;

Apéritifs : remèdes qui rendent les humeurs moins épaisses et plus coulantes.

Astringents : remèdes qui resserrent les pores et s’opposent au cours immodéré des humeurs.

Béchiques : remèdes qui conviennent aux maladies de poitrine.

Calmants : c’est la même chose qu’anodins : voyez ce mot.

Carminatifs : remèdes qui dissipent les vents.

Caustiques : remèdes qui brûlent les chairs

Céphaliques : remèdes bons pour les maladies de la tête.

Cicatrisants : remèdes qui affermissent et dessèchent les nouvelles chairs des plaies.

Consolidants : remèdes qui servent à la réunion des plaies.

Cordials : remèdes qui rétablissent les forces abattues

Décoction : préparation de drogues médicinales qu’on fait bouillir dans quelque liqueur pour en tirer les vertus.

Dentifrices : drogues pour nettoyer les dents.

Dépilatoires : drogues qui font tomber le poil.

Désobstruants : remèdes qui enlèvent les obstructions ou embarras, causés par l’épaississement des humeurs.

Dessicatifs : remèdes qui consomment les humidités superflues, intérieurement et extérieurement.

Détersifs : remèdes qui nettoient les plaies, en dissolvant les humeurs visqueuses qui s’y attachent.

Diaphorétiques : remèdes qui font dissiper les humeurs, par la transpiration.

Digestifs : remèdes qui disposent à la suppuration.

Discussifs : remèdes qui dissolvent et dissipent les humeurs.

Diurétiques : Remèdes qui adoucissent l’acrimonie des humeurs et les poussent par les urines.

Emétiques : remèdes qui excitent le vomissement

Emollients : remèdes qui ramollissent les tumeurs, en relâchant les fibres.

Errhines : c’est la même chose que sternutatoires : voyez ce mot.

Hépatiques : remèdes capables d’enlever les obstructions.

Hydragogues : remèdes purgatifs qui évacuent les eaux et les sérosités.

Hystériques : remèdes qui excitent les règles.

Incisifs : remèdes qui divisent les humeurs grossières

Incrassants : remèdes qui épaississent les liquides, et leur donnent de la consistance.

Infusion : médicaments qu’on fait seulement tremper dans quelque liqueur chaude et non bouillante, pour en tirer les vertus.

Laxatifs : remèdes qui lâchent le ventre, et purgent doucement par bas.

Masticatoires : drogues qui se mâchent, et attirent par la bouche les eaux et les sérosités.

Maturatifs : remèdes qui disposent les plaies à suppuration.

Narcotiques : remèdes qui calment les douleurs et procurent l’assoupissement.

Nervins : remèdes qui fortifient les nerfs.

Ophtalmiques : remèdes propres aux maladies des yeux.

Otalgiques : remèdes bons pour les maux d’oreilles.

Pectoraux : c’est la même chose que béchique. Voyez ce mot.

Pénétrants : remèdes actifs qui divisent les humeurs.

Purgatifs : remèdes qui purgent par bas seulement.

Rafraichissants : remèdes qui tempèrent la trop grande agitation des humeurs.

Répercutifs : remèdes extérieurs qui repoussent les humeurs en dedans.

Résolutifs : remèdes extérieurs qui sont dissiper par la transpiration les humeurs arrêtées dans quelque partie du corps.

Spléniques : remèdes propres aux maladies de la rate

Sternutatoires : drogues qui excitent l’éternuement

Stiptiques : c’est la même chose qu’astringents : voyez ce mot.

Stomachiques, stomacales : remèdes propres à faciliter la digestion.

Sudorifiques : remèdes qui excitent la sueur

Suppuratifs : Remèdes extérieurs qui facilitent la suppuration

Tempérants : remèdes qui apaisent la trop grande fermentation.

Vomitifs : c’est la même chose qu’émétiques : voyez ce mot à la lettre.

Utérins : c’est la même chose qu’antihystériques.

Vulnéraires : remèdes propres à la guérison des plaies.

Vermifuges : remèdes qui font mourir les vers ou les chassent du corps.

Vésicatoires : remèdes caustiques, qui attirent les sérosités vers la superficie de la peau

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