Louis HEBERT (1575-1627) |
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Troisième enfant de Nicolas Hébert, apothicaire à Paris, et de Jacqueline Pajot, Louis naquit vers 1575 dans la maison de Mortier d’Or, rue Saint-Honoré. Il est sans doute baptisé quelques jours plus tard à Sain-Germain-l’Auxerrois. Jusqu’en 1580, le jeune Louis due connaître un foyer heureux en compagnie de Charlotte et Jacques, ses aînés, et de Marie, sa cadette. La boutique de l’apothicaire devait être un lieu de rencontres pour les personnes de toutes conditions attirées tant par le Louvre que par les Halles. Jacqueline Pajot, sa mère, meurt en 1580. C’est sa soeur Charlotte qui le prend en charge jusqu’en 1583 où elle se marie avec Nicolas Maheut, mégissier de son état. Marie Auvry, la mère de Nicolas, veuve depuis quelques années de Jean Maheut, se remarie avec Nicolas Hébert et s’occupe alors de Louis et Marie Hébert. Dans les années où le royaume est en proie à la guerre (vers 1590), Claude Pajot, cousine germaine de Louis Hébert, se marie avec Jean de Biencourt, sieur de Poutrincourt. La vie familiale devient de plus en plus difficile. Ce fut sans doute en 1602 que Louis Hébert se maria avec Marie Rollet. Le couple a trois enfants: Anne (1602), Guillaume (1604) et Guillemette (1606).Dès 1600, Louis Hébert se qualifie de marchand apothicaire, épicier et bourgeois de Paris. D’après Maurice Bouvet, Louis Hébert n’a pas été reçu maître à Paris, mais il a été vraisemblablement reçu à Saint-Germain-des-Prés, où habitaient ses parents. C’était alors un village de banlieue possédant une communauté d’apothicaires-épiciers. Louis Hébert accompagne en Acadie Jean de Biencourt, qui est devenu son cousin en épousant Claude ou Claudine Pajot. Il fait un premier voyage au Québec en 1606 puis un second en 1610. En 1606, Pierre de Gua, sieur de Montz, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, et pour lors son lieutenant général en Nouvelle France, s’apprête au printemps de 1606 à entreprendre un nouveau voyage. En vue d’un établissement possible et pour une année, il engage des personnes susceptibles de lui être utile dont Louis Hébert comme apothicaire. Le retour est prévu en avril 1607. Lescarbot, qui se trouvait à Port-Royal en 1606, parle avec respect de son talent de guérisseur et du plaisir qu’il trouvait à cultiver la terre. À l’été de 1606, Hébert accompagna Champlain et Poutrincourt le long de la côte, vers le Sud-Ouest, à la recherche d’autres emplacements propices à la colonisation. Poutrincourt et Hébert furent à ce point enchantés par ce qui est maintenant Gloucester, dans le Massachusetts, qu’ils y firent une petite plantation afin d’éprouver la fertilité du sol. L’un et l’autre voulaient venir s’établir avec leurs familles au Nouveau Monde. Hébert montra au cours de ce voyage que, bien que désireux de se livrer à des occupations pacifiques, il pouvait agir promptement et avec courage en cas d’urgence. Avec Champlain, Poutrincourt et plusieurs autres, il sauta presque nu dans une petite embarcation, au milieu de la nuit, en réponse aux cris frénétiques de quelques téméraires qui, restés sur le rivage malgré des ordres sévères, étaient attaqués par des Indiens. Le Jonas, venu de France en juin 1607, était porteur de mauvaises nouvelles : les concessions accordées à de Montz ayant été annulées, la compagnie devait rentrer en France. En 1610, Hébert se retrouve à Port-Royal avec le groupe que Poutrincourt espère y établir. En tant qu’apothicaire, il soigne les Blancs et les Indiens. Il s’occupe, semble-t-il, des aliments et des médicaments ; il prépare et administre les uns et les autres au chef Membertou pendant la dernière maladie de ce dernier. Hébert dirige l’établissement en 1613, lorsque René Le Coq de La Saussaye arrive avec les colons de la marquise de Guercheville, retire les deux Jésuites de Port-Royal et s’en va fonder un nouvel établissement ailleurs. Mais lui et ses compagnons sont faits prisonniers par les Anglais à l’île des Monts-Déserts, cet été-là, et peu après Port-Royal est détruit (novembre 1613). Une fois de plus Hébert est contraint de retourner en France. Hébert reviendra ainsi plusieurs fois en France comme en témoignent les accords qu’il signe à La Rochelle en 1613, puis en 1615, pour la traite des pelleteries au Canada. À l’hiver de 1616-1617, il renoue connaissance avec Champlain qui est à Paris en quête d’appuis pour sa colonie de Québec. Comme ce poste subsiste depuis neuf ans, Hébert y voit sans doute un lieu de colonisation sûr, étant donné surtout que Champlain lui a obtenu un contrat favorable de la compagnie de traite des fourrures qui a la haute main sur la région du Saint-Laurent. Confiant en ces promesses, – 200 couronnes par an pour ses services comme apothicaire, ainsi que le gîte et la nourriture pour lui et sa famille pendant la période du défrichage, – Hébert vend sa maison et son jardin à Paris et emmène sa femme, Marie Rollet, et ses trois enfants, Anne, Guillemette et Guillaume, à Honfleur où ils se préparent à s’embarquer. Une fois là, il constate que la compagnie n’a nullement l’intention de faire honneur à ses engagements. Il doit se contenter d’un nouveau contrat qui réduit de moitié son salaire et ses concessions et stipule que les membres de sa famille et son serviteur seront au service de la compagnie sans rémunération. N’ayant pas de choix, il accepte et part avec sa famille le 11 mars 1617, à bord du Saint Etienne. La traversée dura treize semaines. Le navire qui portait notre premier pharmacien faillit périr en mer. Les Récollets et les autres passagers se préparèrent à la mort. Le P. Joseph bénit tous les voyageurs. Enfin tous arrivèrent à Québec « si fatigués qu’ils n’en pouvaient plus ». Louis Hébert arrive donc au Québec en 1617 où il sera le premier fermier mais aussi le premier apothicaire. Il cultive la terre sur les hauteurs du Cap Diamant mais la colonie demeure tributaire du ravitaillement qu’assurent les navires venant de France. L’agriculture, pour lui, consistait à défricher la terre pour ensuite la cultiver à l’aide non pas d’une charrue, mais de simples outils à main. Par ailleurs, dans son métier d’apothicaire, Louis Hébert comptait sur les plantes médicinales et quelques produits alimentaires de base pour soulager les malades et les affamés. À Québec, son talent d’apothicaire et sa petite provision de grain furent une bénédiction pour les colons malades et affamés. Bien que lui et ses serviteurs dussent consacrer une grande partie de leur temps à la compagnie, il réussit à défricher et à planter une certaine étendue de terre. Pendant le court séjour que Champlain fit à la colonie en 1618, il y trouva des terres « semées de beau grain » et des jardins où poussaient toutes sortes de légumes. Pendant bien des années Hébert fut le seul, outre Champlain lui-même, à cultiver la terre. La compagnie fit tout ce qu’elle put pour le détourner de l’agriculture. Champlain et Sagard disent tous deux que les restrictions imposées illégalement par la compagnie à l’activité d’Hébert et à l’écoulement de ses produits l’empêchèrent de jouir du fruit de son labeur. Pendant deux ans, il a été lié par contrat à la Compagnie du Canada, à laquelle il devait remettre toute sa récolte. Ce n’est qu’à la fin de ces deux ans qu’on lui a concédé sa propre parcelle de terre. Plus tard, en 1623, on lui a accordé le titre de seigneur en reconnaissance de sa contribution à la colonie. Au mois de Janvier 1627, Louis Hébert glisse sur la glace et se blesse gravement. Il décède le 27 janvier après avoir béni sa femme et ses enfants. Cette dernière continuera l’oeuvre de son mari. Dès son arrivée au Canada, Marie Rollet fit de la Nouvelle-France sa patrie. Épouse modèle, elle appuya de son mieux son mari. À la mort de Louis Hébert, elle se remaria, en 1631, avec Guillaume Hubou. À sa résidence du coteau Sainte-Geneviève, elle reçut des « sauvagesses » qu’elle instruisit et prépara au baptême. Marie Rollet décéda, à Québec, le 27 mai 1649. Ses trois enfants se marièrent tous à Québec. Anne épousa, la première année de son arrivée sur nos terres, Étienne Jonquet. Elle mourut l’année suivante en donnant naissance à un enfant. Guillemette épousa pour sa part Guillaume Couillard qui honorera, à l’exemple de son beau-père, la profession d’agriculteur. Il sèmera et récoltera, sur le promontoire de Québec, des pois, du blé et autres céréales. Alors que Guillaume, son fils, maria Hélène Desportes, en 1634. |
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