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Carle GESSARD

Carle GESSARD (1850-1925)

 Carle Gessard fut un grand serviteur de la bactériologie. Parisien, petit-fils d’un pharmacien militaire des armées de Carnot, pharmacien militaire lui-même, Gessard retrouvait, en 1881, le Val-de-Grâce, après un séjour de quatre ans en Algérie, à l’hôpital de Médéa. Professeur et scientifique, il suivit la route ouverte par Pasteur et braqua son microscope sur les bacilles pathogènes. Quelques-uns avaient été isolés, mais nombre d’entre eux gardaient encore leur secret. La coloration azurée que revêtaient certaines plaies purulentes intriguait particulièrement Gessard. il en chercha la cause.

De milieux de culture en milieux de culture, le jeune savant réussit à isoler le coupable, responsable de l’infection : le bacille pyocyanique (Bacillus pyocyaneus Gessard Flügge). Avec une touchante modestie, il annonça la découverte, en 1882. Le grand Pasteur en reconnut toute l’importance. Le Service de Santé, lui, bouda ce confrère qui s’était aventuré dans des recherches personnelles. De plus Gessard eut à souffrir du manque de matériel. Malgré ses demandes réitérées, il n’obtint jamais d’autoclave. C’est son ami Laveran qui, en lui prêtant un des siens, lui permit de mener à bien ses travaux.

Dès son arrivée au Val-de-Grâce, Gessard avait pu mesurer l’hostilité que lui portait son entourage. Elle découlait, en grande part, d’une visite impromptue que lui avait rendue Pasteur. Un matin de 1881, le savant s’était, en effet, rendu à l’hôpital militaire pour s’entretenir avec le pharmacien. Alerté par le planton, le médecin-chef rassembla ses collaborateurs et se rendit avec eux au laboratoire. Aux compliments qu’on lui présentait, Pasteur répondit simplement : »Je suis juste venu voir les cultures de M. Gessard et je suis au regret, Messieurs, de vous avoir causé un tel dérangement. »

Victime de multiples jalousies, Gessard fut très vite muté en Tunisie. Il y resta cinq ans, s’adonnant à l’archéologie et l’étude des sauterelles. De retour au Val-de-Grâce en 1887, il passa son agrégation en pharmacie et occupa la chaire de chimie. De nouveau en disgrâce, il fut expédié en 1892 à Sétif. Pasteur voulut intervenir en sa faveur. Gessard s’y opposa. Rappelé en France en 1897, il prit la direction de l’hôpital militaire de Lille. Puis, lassé par l’armée, il prit une retraite anticipée et entra à l’Institut Pasteur de Paris, où il put enfin travailler en paix. La mort le prit à soixante-quinze ans.

 Source : Texte de Nicole RICHET
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