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Frédéric Schlagdenhauffen

Charles-Frédéric Schlagdenhauffen (1830-1907)

Extrait de Labrude Pierre. Les professeurs strasbourgeois de la galerie des portraits de la Faculté de pharmacie de Nancy. In: Revue d’histoire de la pharmacie, 84ᵉ année, n°308, 1996. pp. 39-52.

Le troisième directeur de l’École de Nancy est l’illustre Charles-Frédéric Schlagdenhauffen, né à Strasbourg le 7 janvier 1830. Il s’inscrivit d’abord à la Faculté des Sciences, mais changea d’orientation pour devenir élève en pharmacie. Au cours de ses études, il fut préparateur à l’École. Il obtint son diplôme de pharmacien en décembre 1854. Trois mois plus tard, il concourait pour un emploi d’agrégé dans la section de physique, chimie et toxicologie et il était nommé le 9 janvier 1855.

Persoz l’appela à Paris en 1856 comme préparateur de son cours au Conservatoire national des arts et métiers et, à son retour à Strasbourg en décembre 1857, il se fit recevoir docteur es sciences à Nancy avec deux thèses sur la sulfure de carbone et la polarisation du quartz. En juillet 1861, il devenait professeur-adjoint chargé de l’enseignement de la physique et de la toxicologie. Parallèlement, il terminait ses études de médecine en 1863 et il se présentait aussitôt à l’agrégation de physique, mais sans succès. Il devait y être reçu en juin 1869. Enfin, il succéda à Hepp, décédé à la suite de la guerre de 1870, comme pharmacien-chef des Hospices civils de Strasbourg le 1er mars 1871.

Au cours de la guerre, il avait dirigé avec courage et compétence une ambulance dans Strasbourg. Il ne souhaita pas quitter la ville et devint professeur de chimie médicale à l’École libre de Médecine et professeur physique et toxicologie à l’École autonome de Pharmacie, dont la direction était assurée par Heydenreich et qui comptait Reeb, de la célèbre pharmacie de l’Homme de Fer, pour la chimie organique, Pfersdorff pour la botanique, Memminger pour la chimie minérale, Béno pour la pharmacie et les manipulations chimiques, et enfin Schanté pour a matière médicale.

A la suite de la fermeture de l’École par l’autorité allemande le 30 septembre 1872, Schlagdenhauffen vint à Nancy comme agrégé de la Faculté de Médecine et chargé de cours à l’École de Pharmacie. Cet enseignement de physique et toxicologie étant érigé en chaire, il en fut nommé professeur titulaire le 31 janvier 1873, mais il enseigna aussi la chimie analytique et la pharmacodynamie. Nommé directeur de l’École de Nancy le 15 octobre 1886, il le resta jusqu’à sa retraite officielle le 1er novembre 1900. En réalité, il y continua ses recherches presque jusqu’à sa mort, survenue le 16 juillet 1907.

L’œuvre scientifique de Schlagdenhauffen est importante et variée. Bien qu’elle ait été décrite en détail par Poggendorff, par Klobb et par Volmar, il faut en rappeler quelques points. Ses travaux peuvent être rangés dans quatre domaines : physique, toxicologie, chimie organique et analytique, chimie végétale et phytopharmacie. En physique, il s’est intéressé surtout à des questions d’optique et d’électricité ; en chimie, aux sulfures, aux thiocyanates et aux composés iodés. Il développa des réactifs et des méthodes pour la chimie, la toxicologie, la biochimie et la chimie industrielle. En toxicologie, il fut surtout attiré par la recherche de l’arsenic dans les sols et les eaux. Il écrivit avec Garnier, de la Faculté de Médecine, un traité d’analyse des liquides et tissus de l’organisme et traduisit un ouvrage de Hoppe-Seyler et de Draggendorff. C’est en chimie végétale que son œuvre est considérable. Il trouva le premier la caféine dans la noix de kola et lui fit prendre place en thérapeutique. En 1883, le prix Bussy récompensa son mémoire publié en collaboration avec Heckel et ce travail important n’a pas été oublié : il a été rappelé dans la revue Pour la science en 1984. D’autres de ses recherches avaient été distinguées : celles avec Oberlin sur les écorces d’angusture, celles avec Reeb sur la coronilline, composé qui possède des propriétés comparables à la digitaline, etc. L’Académie de Médecine l’admit comme correspondant, puis associé national. Parmi ses collaborateurs, le plus célèbre est Heckel, connu à Nancy, où il enseigna pendant quelques années (1873-1876) l’histoire naturelle (à la suite du départ forcé de Cauvet) et qui travailla avec lui pendant plus de vingt ans. Avec Reeb, resté à Strasbourg, il faut citer les études sur la composition des fleurs de pyrèthre, origine de l’insecticide, les glucosides des coronilles, des erysimum et de T’écorce du saule.

L’expérience et la renommée que possédait Schlagdenhauffen le conduisirent à de nombreuses fonctions. Il fut associé aux travaux de la Commission des logements insalubres de Nancy et à ceux du Conseil d’hygiène du département de Meurthe-et-Moselle. Lorsqu’il reçut la Légion d’honneur en 1894, ses élèves lui offrirent son buste en bronze par Ernest Bussière, statuaire important de l’École de Nancy et sculpteur officiel de l’Université. Ce buste est conservé dans la salle des actes de la Faculté, rue Albert-Lebrun, tandis que son moulage en plâtre orne le laboratoire de chimie minérale et minéralogie.

Autre article intéressant sur Schlagdenhauffen : Labrude Pierre. Les recherches de chimie végétale du Pr Schlagdenhauffen avec le Pr Heckel et le pharmacien Reeb, de 1876 à 1907. In: Revue d’histoire de la pharmacie, 89ᵉ année, n°330, 2001. pp. 183-192.

 

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