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Manuel de Maitre Fournier (70)

Le Manuel
ou
formules de différentes espèces de médicaments faciles à préparer,
utiles à toutes sortes de personnes,
avec dix remarques pour faciliter la juste application des remèdes qui sont contenus dans ce traité, ensemble leurs vertus et les doses de chaque remède.

Leçons tirées de la pratique et de l’expérience
A Gisors, 1753
(M. Fournier, maître en chirurgie au bailliage de Gisors)

   
  Récapitulatif des formules Fournier à ce jour  
   
 

 

Remède n°509 : Baume ou huile Tranquille de l’abbé Rousseau

Recettes : Des feuilles de solanum en grappe ou Phitolaeca du Solanum furieux, c’est la belladona, ou Solanum des boutiques (c’est la morelle) de Jusquiame, du tabac et des têtes de pavot blanc, deux poignées de chaque. Des feuilles de Romarin, de Sauge, de Rüe, d’Absinthe, d’Hisope, de Tanaisie et de persicaire, des sommités de Lavande et de Thym, des fleurs de Sureau et d’Hypericum, une demi-poignée de chaque.

Toutes ces drogues seront infusées et mises en macération chaudement après avoir été pilées dans 8 livres d’huile d’olive pendant douze heures. Ensuite, on fera cuire le tout à petit feu jusqu’à consomption d’humidité aqueuse, puis coulez avec expression et gardez cette huile pour le besoin.

Pour rendre ce baume encore meilleur, on y ajoutera huit crapaux vifs que l’on fera bouillir tant qu’ils demeurent presque brûlés ou rôtis au fond de la bassine.
 

 

 Les qualités qu’on attribue à ce baume sont de guérir la quinancie par la seule onction avant que l’abcès soit formé. On en frotte toute la gorge avec la main le plus chaudement qu’on le peut souffrir pendant (un) demi-quart d’heure, puis on y applique des linges chauds. On réitère cette friction  de demi-heure en demi-heure si le malade ne dort point.

Si l’abcès est formé, l’on change de méthode, on mêle le baume avec autant d’esprit volatil de sel ammoniac. En les agitant ensemble, il s’en fait une espèce de savon noir, ou onguent dont on se sert à froid pour frotter la gorge.

On fait de même du baume seul à chaud sur la poitrine pour les fluxions et inflammations de cette partie. Si le mal est trop pressant, on en fait avaler depuis (une) demi-cuillérée jusqu’à une cuillérée. On en donne aussi à la même dose pour les coliques et inflammations des entrailles, et l’on en fait prendre en lavement deux ou trois cuillérées dans une décoction de son et de graines de lin.
 

 

Il n’y a pas à douter que par ses effets et il ne soit fort adoucissant et capable de calmer puissament les douleurs, comme font tous les narcotiques, mais on doit s’en servir avec précaution, car ils ne font que suspendre le mouvement de l’humeur, et après un certain temps, les humeurs reprennent leur fermentation et leur acreté plus vivement qu’auparavant. Ainsi, il est bon avant de l’employer de faire usage des remèdes généraux.

Remède n°510 : Baume anodin ou apaise douleur, de Bacour, lequel peut être appelé à juste titre Baume Tranquille.

Recettes : Savon rapé, une once ; Camphre, 6 dragmes ; Opium, une demi-dragme ; du Safran, une demi-dragme ; Esprit de vin, 8 onces ; on coupera et on concassera ces drogues pour les mettre dans un matras avec l’esprit de vin. On bouchera le vaisseau et on le mettre en digestion pendant dix jours, l’agitant de temps en temps. On passera la liqueur pour la garder.

Il apaise les douleurs les plus violentes étant appliqué dessus la partie avec un petit linge qui en sera imbibé et on le renouvelle de quatre heures en quatre heures jusqu’à ce que la douleur ai cessé. On s’en sertpour les rhumatismes, pour la goutte, on en donne aussi pour la bouche depuis trente jusqu’à cinquante gouttes dans du vin.

 

 

Remède n°511 : Baume blanc de Léonard Fioravanti, médecin et chevalier de Bologne

Recettes : Gomme arabique, 4 onces ; Galbanum, Oliban, Myrrhe, Aloès; Succotin, 3 onces de chaque ; Galanga, Girofle, Cannelle, Noix de muscade, Zedoaire ; Gingembre, Consoude, une once de chaque ; Musc, Ambre gris, deux dragmes de chaque.

On pilera tous ces ingredients et on les mettra dans une cornue de verre, ensuite on répandra dessus de la thérébentine claire, une livre ; huile de laurier, 4 onces ; Esprit de vin, trois pintes.

Après avoir brouillé le tout dans un vaisseau bien bouché, on le mettra en digestion dans un lieu chaud pendant 9 jours, ensuite on le fera distiller au feu de sable ou au bain marie, et on gardera cette liqueur pour le besoin. 

 

La première liqueur distillée est le baume blanc, c’est proprement un mélange d’une eau blanchâtre et d’une huile brune qui y surnage. Son odeur est désagréable tirant sur celle de la thérébentine, d’un goût doucâtre.

Il est d’un grand secours dans la chirurgie, c’est un excellent remède pour déterger et mondifier les plaies et les ulcères malins, pour y ranimer les Esprits et résister à la gangrène appliqué avec des plumeaux pour résoudre les tumeurs, pour fortifier les nerfs.

Remède n°512 : Huile de baume

Recettes : Térébenthine, une livre et 4 onces ; Ladanum, 10 dragmes ; du Styrax liquide, de la myrrhe, de l’aloès, du spicanard, du sang dragon, de l’encens, de la mumie, de oppopanax, du bdellium (?), du carpovalsame, de la cannelle, de la sarcocolle, du safran, du mastic, de la gomme arabique, une once de chaque ; musc, 18 grains.

On mêlera toutes ces drogues et on les fera distiller dans la cornue.

 

Il faut qu’elle soit grande, après quoi, on versera la liqueur dans un entonnoir garni de papier gris. L’Esprit passera et l’huile demeurera dans le filtre. On la gardera dans une bouteille.

Elle raréfie, elle atténue, elle déterge, elle résiste à la putréfaction, elle résout, elle fortifie les nerfs et la matrice. on en met dans les plaies, et l’on en frotte les membres douloureux, étant mêlée avec l’huile de ver.

 

Remède n°513 : Huile contre la surdité.

Recettes : Prenez de l’huile exprimée de mla semence de poireaux, de celle des amandes amères et des baies de laurier, deux onces de chaque ; du Spicanard, du Castoreum, et de la Coloquinte coupée menue, une dragme de chaque ; du suc de Rhüe et du vin blanc, une once et demi de chaque.

Toutes ces drogues seront mises en digestion au bain marie tiède dans un matras bien bouché pendant 24 heures, et après avoir augmenté la chaleur du bain jusqu’à consomption de l’humidité, coulez et exprimez la liqueur et après avoir delayé dans cette huile six grains de bon musc, la gardera pour le besoin. 

 

VERTUS

Elle est résolutive, adoucissante, atténuante, et très propre à dissiper la surdité qui ne vient pas de naissance. on doit la mettre tiède dans l’oreille.

Remède n°514 : Essence des parfumeurs.

Recettes : Les essences des parfumeurs ne sont qu’une huile de ben qu’ils parfument avec des fleurs odorantes. Cette huile de ben a la propriété de ne se rancir point comme les autres huile, apparemmnt parce qu’elle contient moins de phlegme, mais comme elle coûte cher, on lui substitue souvent mal à propos de l’huile d’amande douce ou amère, qui à mesure que le parfum se dissipe, devient rance et déagréable à l’odeur.

Remède n°515 : ORVIETAN.

Recettes : De la vieille thériaque et des vipères sèches avec leurs troncs, coeurs et foies, 4 onces ; racines de Scorzonnaire, de carline imperatoire, d’angélique, de bistorte, de petit aristoloche, de contra yera, de dictame blanc, de galanga, de gentiane, de costin, d’acovu vrai, de la semence de persil de macédoine, des feuilles de sauge, de romarin, de galega, de chardon bénit, de dictame de Crête, des baies de laurier et de genièvre, une once de chaque.

 

De la cannelle, du girofle, et du macis, une demi-once de chaque. De très bon miel écumé, 8 livres.

On pulvérise toutes les drogues ensemble, on écumera le miel et on le fera cuire en consistance de sirop épais. On le laissera refroidir à demi, puis on y mêlera exactement avec un bistortier la thériaque et la poudre pour en faire un électuaire dont on se sert.

Vertus et doses

Il est fort estimé contre la peste, contre les fièvres malignes, contre la petite vérole, contre les morsures des bêtes venimeuses. Il fortifie le cerveau, le coeur et l’estomac. La dose est depuis un gros jusqu’à une dragme et demi.

Remède n°516 : Hiere Picre de Galien.

Recettes : De l’aloès succotin, 4 onces et 2 dragmes ; de la cannelle, du Kilobalsame, ou des sommités de Lentisque, de Lasarum, du Spicanard, du Safran et du mastic, 3 dragmes de chaque ; du miel écumé, 2 livres et une once et demi.

On pulvérisera ensemble la Cannelle, le Kilobalsame ou le bois de Lentisque, Lasarum et le Spicanard, d’une autre part l’aloès et le mastic, d’une autre part le Safran. On mêlera ces ingrédients pulvérisés avec le miel si on veut un électuaire, ou on fera une poudre.

 

 
 

VERTUS et DOSE.

La hiera picre est employée pour purger l’estomac et pour lever les obstructions, pour exciter les mois aux femmes, et les hémorroïdes, pour purifier le sang. La dose est depuis une dragme jusqu’à une once et demi. On n’en prend par la bouche qu’en bol à cause de l’amertume. On s’en sert dans les lavements pour la colique, pour les maladies hystériques, pour l’apoplexie. On en met dans les lavements depuis 2 dragmes jusqu’à une once.

 

Remède n°517 : Looch pour arrêter le saignement de sang.

Recettes :De la poudre de dragant froid, 3 dragmes ; des poudres de roses rouges, d’yeux d’écrevisses préparés, corail préparé, racine  de consoude séchée et pulvérisée, une dragme et demi de chaque. Sel de Saturne, 15 grains ; Laudanum, 4 grains; Mucilage de semence de coing et de psillium, une demi-once de chaque. 

 

On mêlera toutes les poudres ensemble et on dissoudra dans un mortier le Sel de Saturne et le Laudanum avec une demi-once de sirop de consoude. On y ajoutera les poudres et les mucilages, puis la quantité qu’il faudra de sirop de consoude, agitant le tout ensemble longtemps pour faire un looch.

VERTUS.

Il est propre non seulement pour arrêter le crachement de sang, mais aussi toutes les hémorragies. On prend au bout d’un baton de réglisse.

 

Remède n°518 : Sirop d’Erysimum.

Recettes : Plante entière d’Erysimum ouvelar, six pincées ; Racines d’aunée, de pas d’âne, de réglisse et de raisin passé, 2 onces de chaque ; Bourrache, chicorée, et des Capillaires, une pincée et demi (?); Fleurs Cordiales, du romarin, et de (la) bétoine, une demi-pincée de chaque ; Semences d’anis, 6 dragmes ; sucrez, 3 livres et demi ; miel une demi-livre.

On fera bouillir tous ces ingredients dans huit livres d’eau, et quand la decoction aura suffisamment bouillie, on y mêlera le suc d’Erysimum tiré par expression en y ajoutant le sucre et le miel. On clarifiera le mélange avec un blanc d’oeuf, et on le fera cuire enfin.

 

 VERTUS et DOSES

Il est propre pour atténuer et pour détacher les phlegmes trop épais de la poitrine et des poumons. Il excite les crachats. Il provoque le lait aux nourrices. Il aide à la digestion et à la respiration.
La dose est depuis une demi-once jusqu’à une once.

Recette n°519 : Poudre contre la fièvre

Recettes Calamus aromatique, une once ; racine de gentiane, d’aristoloche longue, et gingembre blanc, une demi-once de chaque ; Sel de petite centaurée, chardon bénit, d’Absinthe, 3 dragmes de chaque ; corne de cerf, semence de plantain, camphre, une dragme de chaque ; Sucre candi blanc, une once et demi.

On pulvérisera ensemble les racines, la corne de cerf et les semences, d’une autre part, on mettra en poudre le sucre candi et les sels,  d’une autre part le camphre pour du tout en faire une poudre.

VERTUS et DOSE

On s’en sert pour les fièvres intermittentes. La dose est depuis une demi-dragme jusqu’à une dragme.

   
  Récapitulatif des formules Fournier à ce jour  
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