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Manuel de Maitre Fournier (59)

Le Manuel
ou
formules de différentes espèces de médicaments faciles à préparer,
utiles à toutes sortes de personnes,
avec dix remarques pour faciliter la juste application des remèdes qui sont contenus dans ce traité, ensemble leurs vertus et les doses de chaque remède.

Leçons tirées de la pratique et de l’expérience
A Gisors, 1753
(M. Fournier, maître en chirurgie au bailliage de Gisors)

 Récapitulatif des formules Fournier à ce jour  

 

 

DES ONGUENTS
 
CHAPITRE II
 
Les Onguents sont des compositions de graisse, d’huile, de cire, de poudre auxquelles on donne ordinairement des consistances approchantes de celle ces graisses dont les chirurgiens seservent pour panser les plaies, les ulcères et guérir les autres maux externes. Dans leur préparation, la proportion de l’huile doit être selon Galien de quatre fois autant d’huile que de cire et huit fois autant que de poudre, la matière desquels se prend ordinairement des herbes sèches , ou des minéraux ou terres pulvérisés, lesquelles on doit jeter dans leur état à-demi refroidi, et puis les agiter tout doucement et continuellement avec une spatule de bois, de peur que la composition ne vienne à se grumeler, et quand on veut mettre dans les onguents quelques sucs arides et secs, on les doit premièrement pulvériser, et puis après les dissoudre que s’ils sont liquides, ou les mêler tels qu’ils sont dan le reste de la matière, et on les fait cuire dans icelle jusqu’à entière consomption de leur partie aqueuse.        
 

 

Quant aux poudres, elles doivent être très subtiles, surtout celles des racines, bois, feuilles, fleurs et résines sèches, et pour les gommes, il  les faut bien ramollier avec un pilon de fer bien chaud, ou les dissoudre dans du vinaigre, ou autre liqueur convenable. Et touchant les autres ingrédients encore plus humides, on les mélange diversement, car on laisse couler ou filer tout doucement la thérébentine dans le vaisseau de l’onguent sans y apporter autre artifice, et on fait cuire en perfection ou dans du vin, ou dans quelque autre liqueur propre, les herbes qui sont par trop humides, ou les parties des animaux qui ne peuvent pas réduire en poudre, et on laisse consommer toute l’humidité superflue, puis on passe et tout par le couloir, et dans cette liqueur, on jette la poudre et la cire en la proportion ci-devant marquée pour en faire l’onguent de bonne consistance. Aux onguents qui sont destinés pour les ulcères et qui sont composés de choses minérales, pour une once d’huile, on met (une) demi- once de poudre, et deux ou trois dragmes de cire.

Le nom d’onguent dérive du nom ou verbe Latin vugere. Les anciens appelaient onguent les huiles aromatiques dont on frottait les jointures. 

 

 

 

 

 

Des Onguents
 
 
 

Remède n°390 : Onguent pour la gratelle.

 

 

Recette : Du Sel de Saturne, une demi-once ; précipité blanc, une dragme ; mercure doux, deux dragmes ; onguent Rosat, trois onces.
On pulvérisera subtilement le sel de Saturne et le sublimé doux, on les mêlera dans l’onguent Rosat exactement, pour le garder pour le besoin.
 
VERTUS
 
Il est propre pour guérir la gratelle, les dartres et les autres démangaisons du cuir ; mais il est à propos avant de s’en servir d’être saigné et purgé, de peur d’enfermer les humeurs.
 

 

Remède n°391 : Onguent pour empêcher l’avortement.

Recette : Pierre hématite, une demi-once ; racines de bistorte et de l’écorce de chataignier ou chataigne, deux dragmes de chaque ; roses rouges, une dragme ; des balaustes, du sang dragon, de l’alun, de l’acacia, et de l’hypocristie, une dragme de chaque ; de la cire, deux onces ; des huiles de myrre et de roses, du vinaigre et du suc de coing, quatre onces de chaque.
 
 

 

On pulvérisera ensemble la racine de Bistorte, l’écorce de Chataignier, les Roses rouges, les Balaustes, l’Acacia, et l’hypocristie, d’une autre part le Sang dragon, d’une autre part l’alun. On broiera sur le porphyre la pierre hématite, jusqu’à ce qu’elle soit en poudre impalpable. On mêlera dans un pot de terre vernissé, le suc de coing, le vinaigre et les huiles, on fera bouillir le mélange jusqu’à consomption d’humidité aqueuse, ensuite on fera fondre la cire, puis quand la matière sera à demi refroidie, on y mêlera les poudres pour en faire un onguent.
 
VERTUS
 
Il fortifie, il resserre. On s’en sert pour empêcher l’avortement. On en frotte le bas ventre et les reins des femmes grosses.  

Remède n°392 : Onguent pour la brulure.

 

Recette : De l’huile de navelle, deux livres ; de l’axonge de brebis et de la cire jaune, huit onces de chaque ; du minium et de la céruse, trois onces de chaque. 

 

On pulvérisera subtilement la céruse et le minium; on mettra (à) fondre à petit feu la cire coupée par petits morceaux et la graisse dans l’huile de navelle. On y mêlera hors du feu les poudres pour faire un onguent.  

 

 

 
VERTUS
 
Il est propre pour adoucir et pour dessécher la brûlure entamée et les autres plaies.
 
Quand la brûlure n’est point entamée, il y faut appliquer aussitôt qu’elle a été faite un linge trempé dans l’Esprit de vin, ou bien un oignon et du sel. Pilez ensemble : ces ingrédients sont capables de faire ouvrir les pores et faire sortir les parties du feu qui n’ont pas encore été pénétrées fort avant dans les chairs, mais si la brûlure n’est pas nouvellement faite et qu’elle soit entamée, cet onguent y est convenable, parce qu’il en adoucit l’âcreté et la dessèche.   

Remède n°393: Pommade pour la Galle

Recette : De l’axonge de porc lavée plusieurs fois, quatre onces ; du mercure précipité, une demi-once.
Si l’on veut que la pommade soit odorante, on pourra se servir de pommade de jasmin, à la place de la graisse de porc lavée.
 
VERTUS
 
Elle est propre pour la galle, la gratelle, les dartres et autres démangaisons du cuir. Son effet est un peu lent.  
 
 
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 Récapitulatif des formules Fournier à ce jour  

 

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