Almanach de l’URODONAL 1913
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Au début de 2012, nous avons découvert ensemble l’Almanach 1912 des pilules PINK. Il est logique de débuter cette année 2013 par un Almanach, puis un deuxième toujours centenaire, celui de l’Urodonal cette fois-ci. Comme ses confrères de l’époque, la publicité pharmaceutique était la base essentielle de la commercialisation des produits spéciaux, ou remèdes secrets que combattaient de nombreux pharmaciens. On ne trouve nul part dans ces brochures la composition exacte du produit à une époque où le brevet de médicament n’existait pas et où la spécialité pharmaceutique en France n’avait pas une existence légale claire (il faudra attendre 1941 et la loi promulguée par Pétain pour que la spécialité soit reconnue !). En cette année 1913, l’Urodonal est commercialisé par les Etablissements Chatelain, à Paris. Cette entreprise a été à l’origine de plusieurs produits fameux à leur époque : Le Globéol, l’Urodonal, le Pagéol, le Jubol., et la Gyraldose qui assurait aux Parisiennes un teint de rose dû à une hygiène intime parfaite ! Malheureusement, toutes les archives de cette société ont disparu et son histoire reste très peu documentée.
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Comme nous allons très vite le comprendre à travers l’Almanach de 1913, l’Urodonal a pour objectif de combattre l’acide urique en excès, ce qui lui confère indirectement des propriétés quasi-miraculeuses. Empoisonnés par l’acide urique, tenaillé par la souffrance, seul l’Urodonal peut sauver le malheureux patient. Comme on peut le voir ici ; les indications sont larges : rhumatismes, goutte, gravelle, calculs, eczéma, névralgies, migraines, sciatique, artériosclérose et lumbagos. En plus on évite l’obésité !
Le calendrier est aussi l’occasion de rappeler une autre spécialité du groupe Chatelain : le Globéol avec une promesse : « Une vie nouvelle, toute fleurie, vous attend ». Que demander de plus !! |
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Contrairement à l’Almanach PINK de 1912 qui était uniquement centré sur les pilules Pink et les témoignages favorables des patients, l’Almanach Urodonal en 1913 se veut à la fois ludique et instructif pour les patients. On trouve donc de nombreuses pages divertissantes, allant de l’Oracle des sept fleurs à la pièce de Courteline « Le nez du Général Suif », en passant par un poème d’Edmond Rostand sur « Le Bal des Atomes ». Nous allons donc exploré ces pages tant sur le plan de l’usage médical de l’Urodonal que des « à côtés » divertissants.
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Parmi les distractions proposées, voici l’Oracle des sept fleurs qui permet de poser une question à l’oracle et surtout d’avoir une réponse en fonction d’un calcul complexe !
Comme on peut le voir sur la droite, la réponse peut être « Prenez garde à une femme brune » ou « Méfiez vous, toute médaille à son revers » ou encore « Méfie toi de l’avenir : on ne peut être et avoir été » ! Le risque de se tromper est assez faible. |
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Autre exemple : les rébus et devinettes, énigmes, etc. En voici un exemple. Comme on le voit dans la solution à droite, la clef de la réponse pour l’énigme se situe dans l’Urodonal ! On trouve la solution de l’énigme associée aux pensées d’Alexandre Dumas fils. Quant à la solution du Rébus, la voici : On rencontre part-ou des-S prie-faux kinon-pas-le dix cerne Man-deux la vérité (On rencontre partout des esprits faux qui n’ont pas le discernement de la vérité) | ||
Et voici encore quelques moyens de se distraire grâce à la bande dessinée (la chasse au Homard), aux poèmes Le Bal des atomes (d’Edmond Rostand) et mots d’enfants (par Moriss, une occasion de parler de l’URODONAL) ! | ||
Les pensées d’auteur, les réflexions philosophiques, la mise en scène des valeurs de la société (honnêteté, effort physique) sont autant de moyens d’attirer l’attention du lecteur, sous la forme parfois de petites bandes déssinées. On voit ici deux exemples, dont un sur l’effort physique que nous avons mis en grand format pour faciliter la lecture de chaque image | ||
Autre exemple de texte qui se veut de réflexion : celui sur le « moyen de parvenir » signé du Dr René Chandesrys, sous-titré « aux arrivistes de mon temps ». L’auteur y expose ses théories sur l’importance, pour réussir, de se trouver face à des gens n’ayant pas d’ennuis gastriques et pour qui le Jubol est donc d’un grand secours pour réussir dans la vie ! Il conclut : « Voyez l’extraordinaire épanouissement du visage de ceux qui ont fait une cure au Jubol. Essayez sur vous-même ou autour de vous. Distribuez les coquets comprimés de Jubol, vous aurez domptés les caractères les plus revêches, vous aurez conquis tous les coeurs ». A travers cet exemple, on voit qu’on glisse subtilement de la pensée générale à la publicité ! | ||
Mais venons en à l’essentiel : la publicité pour l’Urodonal ou le Globeol. L’Almanach en est largement pourvu, à commencer par de remarquables dessins signés A. Ehrmann qui resteront célèbres, avec des textes qui les accompagnent. | ||
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Autres façons d’aborder la publicité du Globéol : les maladies professionnelles : On en voit ici deux exemples à travers l’anémie des cuisinières et le cordonnier Georges Besse « qui fait des envieux ». On peut lire que certaines professions, « cela est reconnu » prédisposent à l’anémie : les cuisinères et les blanchisseuses, les peintres et les plombiers. Dès lors, l’auteur recommande le Globéol avec le témoignage de Mme Polet-Mersch, cuisinière, qui a été guérie. La conclusion est là, plutôt que de recourir à la saignée : « Mais à quoi bon s’ouvrir les veines quand une bonne cure de globéol, tranquillement pratiquée à domicile, donne, à coup aussi sûr, le même résultat ». | ||
Tous ces textes ont une certaine saveur à un siècle d’écart ! Cela mérite bien quelques minutes de lectures. Bon courage et à bientôt pour une autre visite historique ! | ||