« Officiers de Santé (Armée de terre) – 1798. Boutons; officiers de Santé (marine) – 1798. Bouton; officiers de Santé en chef près des armées – (1798) (Armée de terre). Collet et Parement.
Apothicaire à l’armée de Hanovre en 1737, Parmentier eut la malchance d’être fait prisonnier … et la bonne fortune d’être compris quatre fois dans un échange d’otages : invariablement il était dépouillé de ses vêtements par ses vainqueurs : « les hussards Prussiens, écrit-il, sont les plus habiles valets de chambre que je connaisse. Ils m’ont déshabillé plus vite que je ne pourrais le faire moi-même. Du reste, ce sont des honnêtes gens ; ils ne m’ont pris que mon argent et mes habits ». Si les uniformes avaient bété à cette époque aussi réglementés qu’aujourd’hui, les cavaliers ennemis n’auraient pas mis un tel empressement à s’approprier une défroque qu’ils n’auraient pu revêtir eux-mêmes. Mais alors que les soldats de l’antiquité avaient portés des costumes nettement différenciés suivant la nation, l’arme, le grade (les bas-reliefs des arcs de triomphe romains en témoignent), les soldats et surtout les officiers du Moyen-Age, des XVIIe et XVIIIe siècles s’habillaient avec une déconcertante fantaisie.
Alors que les uniformes avaient été prescrits et définis par le règlement du 15 juillet 1757 pour les chirurgiens des Armées et par le règlement du 2 décembre 1775 pour les médecins, c’est seulement par le règlement du 1er octobre 1786 que les apothicaires en reçurent un à leur tour. Ce premier uniforme était très voisin de celui des chirurgiens : habit gris, culotte et vestes rouges, la seule différence consistant dans les parements des manches : rouge pour les chirurgiens, gris comme le reste de l’habit pour les apothicaires.
La Révolution, qui « uniformisa » bien d’autres choses, allait minutieusement réglementer le costume militaire : les civils eux-mêmes ne devaient-ils pas tous être « sans culottes » ? Le décret du 9 nivôse an VII est certainement celui qui a donné le plus de besogne aux tailleurs qu’honoraient de leur clientèle les citoyens officiers de santé : il fixera pour longtemps les couleurs du collet et des parements de chaque catégorie : velours noir pour les médecins, velours cramoisi pour les chirurgiens, velours vert foncé pour les pharmaciens. Le fond de l’habit pour tous les officiers de santé était bleu foncé. Il sera « bleu barbeau, mêlé d’un huitième de blanc » suivant la volonté de Napoléon exprimée le 24 septembre 1803 : habit sans revers, boutonnant sur la poitrine, collet droit. Et pour distinguer les grades : aux officiers de santé de 1re classe, 9 boutonnières en galon d’or sur le devant, 2 au collet, 3 aux parements, 3 aux pattes de poche ; – aux officiers de 2e classe : 2 boutonnières au collet, 3 aux parements, 3 aux poches ; à ceux de 3eclasse : 2 aux collets, 3 aux parements. – Pour tous, veste et culotte du même drap que l’habit, botte à revers, chapeau noir bordé d’un galon en poil de chèvre. Equipement : selle à la française, housse et chaperons en drap bleu-barbeau, galons d’or. C’est sous cet aspect conquérant que le pharmacien-major Sébastien Blaze dut apparaître aux jolies Sévillantes dont il nous raconte les séductions dans ses Mémoires.
Quelques boutons d’uniformes du service de santé
Pendant tout le XIXème siècle, les membres du corps de santé militaire ont eu, comme tenue principale, un habit, dont nous ne suivrons pas toutes les transformations à travers les règlements successifs. D’abord en drap bleu, plus ou moins piqué de blanc, il fut confectionné en drap bleu de roi à partir de 1821. Sa forme, surtout, subit quelques transformations : avec, puis sans revers, échancré en dessous de la poitrine sur une veste bleue pour les médecins, écarlate pour les chirurgiens et vert foncé pour les pharmaciens en l’an XII, il boutonnera droit sur la poitrine jusqu’à la ceinture à partir de 1821. Ses basques, ou pans, d’abord carrées, furent munies de retroussis à partir de 1822 et ceux-ci bientôt ornés de l’attribut médical. Ainsi l’uniforme particulier des membres du corps de santé se rapprochait-il peu à peu de celui des officiers. La décision ministérielle du 27 juin 1833 ne leur attribuait-elle pas le pantalon garance, le fameux pantalon rouge, adopté pour l’infanterie de ligne le 26 juillet 1829, afin, dit-on, d’encourager la culture de la garance.
Ayant obtenu en 1834 le statut d’officiers, médecins, chirurgiens et pharmaciens vont avoir désormais une tenue calquée, en principe, sur celle des autres officiers. C’est ainsi que le règlement du 14 juillet 1844 décide qu’ils porteront soit le chapeau, soit le bonnet de police bleu de roi à visière, cette coiffure à laquelle une note ministérielle du 20 avril 1874 devait attribuer la dénomination officielle de « képi », et l’habit du modèle de l’infanterie. En fait, cette tenue n’allait pas demeurer longtemps identique à celle des officiers d’infanterie. Le 2 mars 1845, l’habit, que l’armée française portait depuis 1780, était abandonné par suite de l’adoption du fusil à piston et des modifications dans l’équipement du soldat qu’elle entrainait. La tunique devenait alors le costume habituel de presque tous les militaires, ce qui provoquait un changement radical de leur aspect. Médecins et pharmaciens, au contraire, devaient conserver l’habit jusqu’à la décision du 15 décembre 1871, qui leur attribuait la tunique croisée. Mais, en réalité, outre l’habit, ils pouvaient porter depuis le 6 janvier 1836 la redingote ou capote croisée, remplacée le 4 mars 1854 par la capote-tunique, qui fut supprimée en 1871 en même temps que l’habit.
Pharmacien colonel et médecin général, grandes tenues. Médecin capitaine , tenue de campagne (Règlements de 1935 et 1937) – Tunique noire et pantalon garance pour la grande tenue. tunique kaki et culotte beige pour la tenue de campagne (Boisselier)
Les insignes
Si la tenue des médecins et des pharmaciens tendaient à se rapprocher de celle des officiers de troupes, elle continuait cependant à en différer par un point essentiel, les insignes des grades. Depuis l’ordonnance du 1er février 1759, à l’instigation de maréchal de Belle-Isle, l’épaulette était devenue la marque distinctive du grade des officiers. Elle était même le symbole de l’état d’officier, à tel point que « gagner l’épaulette » était synonyme d’être nommé officier. On comprend ainsi que Percy, conscient du rôle joué par les chirurgiens militaires pendant les batailles de l’Empire, l’ait réclamée pour eux à Napoléon, avec insistance mais sans succès. A partir de 1803, les passementeries et broderies des divers grades étaient constituées par des branches d’acanthe enveloppées par un serpent, dont le dernier modèle a été décrit par le règlement du 4 mars 1854. Ces marques distinctives, spéciales au corps de santé militaire, ont été conservées après la loi du 19 mai 1834 qui accordait l’état d’officier à ses membres. C’est seulement après la loi du 11 mars 1882, qui créait un Service de Santé militaire autonome, que ces marques distinctives disparurent et que le port des galons du grade d’assimilation fut enfin accordé aux médecins aussi bien qu’aux pharmaciens militaires.
Médecin major, grande tenue et manteau. Pharmacien aides-majors, grandes tenues (Règlement 1912) – Tunique et manteau noirs. Pantalon garance. plumet cramoisi (Boisselier)
Au moment de la guerre de 1914, les médecins et les pharmaciens devaient avoir un uniforme identique à celui de tous les officiers, dont l’arme, la subdivision d’arme ou le service n’étaient plus indiqués que par les écussons du collet. L’attribut médical sur fond de velours distinguait les médecins s’il était cramoisi, les pharmaciens s’il était vert foncé et, plus tard, les chirurgiens-dentistes s’il était violet.
A gauche : Pharmacien-Major de 2° classe (1914-1918, publicité pour TRI-ERGYL): A droite : Uniformes du Service de Santé, 1935
Référence : E-H Guitard. Les Annales Coopératives Pharmaceutiques, Novembre 1935