Les grands centres français de la faïenceries
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Exposition 1° partie Exposition 2° partie Exposition 3° partie | |
Parmi les plus anciennes fabriques françaises connues, citons Narbonne qui aura, au 16e siècle, une production dans le style hispano-mauresque à décor lustré. Narbonne produira de beaux albarelli à décors de feuilles stylisées, ou de pommes de pins, feuilles de vigne et rinceaux. Il est aujourd’hui bien difficile de différencier la production narbonnaise de la production catalane.
On a pris l’habitude de ne plus séparer les productions de Nîmes et Montpellier, tant il est difficile d’attribuer avec certitude un pot de pharmacie à l’une ou à l’autre des manufactures. Elles ont en effet travaillé en même temps dans le plus pur style italien pendant le 16e siècle. Pour Nîmes, Antoine Syjalon reçut d’un apothicaire une commande de 150 chevrettes, pots et piluliers. malheureusement, la commande ne précise pas le décor. on lui attribue des décors de le style de Faenza (Italie) avec des personnages, des animaux d’inspiration grotesque, palmettes, feuilles d’acanthe. Pour Montpellier, on sait que P. Estienne fabriqua des pots de pharmacie dès 1577, et que son fils Jean reprit à son tour cette fabrication. Au 17e siècle, alors que Narbonne a cessé toute production, Montpellier continue à produire avec à sa tête un nommé Ollivier. Celui-ci utilise, au début, un décor italianisant avec des grandes feuilles, des rosaces de fruits. Puis il se tournera vers un style français, imitant alors ce qui se faisait à Nevers. |
Chevrette Montpellier XVIIe s. de D. Ollivier ou Favier. Tête d’angelot à la base de l’anse.
Inscription: O. Vulpina = huile de renard. Photo Rausch, 2008 ©
Chevrette Montpellier XVIIe s.
Inscription : O. Ruthae = huile de rue Photo Rausch, 2008 ©
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Pot canon sur piédouche. Montpellier XVIIIe s.
Inscription : E. Rofatu = Electuaire rosat de Mésué. Photo Bzoura 2009 © |
Pot canon sur piédouche. Montpellier XVIIIe s.
Inscription : C. Hamech = Confection Hamech. Photo Bzoura 2008 © |
Deux pots canons de Montpellier XVIIIe s.
Inscription : V. Apoftolor = onguent des apôtres ; V. Laurinum = Onguent de laurier Photo Rausch, 2008© |
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La fabrique de Saint-Jean-du-Désert, quartier de Marseille, fonctionnera de 1679 à 1733. On lui attribue de très beaux pots de pharmacie, notamment des bouteilles, dans un bel émail brillant avec un décor au grand feu en camaïeu bleu souligné de manganèse. Les scènes sont bibliques, de chasse ou florales, et le tout est influencé par Nevers car, à l’origine de la manufacture se trouve un Nivernais nommé Jean Pelletier. Résultat : il est parfois difficile, aujourd’hui, de différencier Nevers et Saint-Jean-du-Désert, si ce n’est justement que dans le sud de la France l’émail est plus épais et plus brillant. |
Pot de Monstre de Saint-Jean-du-Désert. Deux escargots surmontés d’un cartouche au signe conventuel des fransciscains XVIIIe s.
Inscription : C. de Hyacinthe = Electuaire de safran composé (30 composants selon Lémery) Photo Rausch 2008© |
La faïencerie de Moustiers, dans les Alpes de Haute-Provence, a elle aussi produit des pots de pharmacie. On connait notamment une commande destinée à la Compagnie de Jésus et une production dans les plus célèbres fabriques, Clérissy et Olérys. Les décors varieront avec les époques : Régence, en camaïeu bleu, avec des volutes et enroulements, ou quadrillages; puis dans le style Berain (qui était un ornemaniste de Louis XIV); ou encore rocaille chez Olérys, dont une belle polychromie dont il avait rapporté la technique d’Alcora, en Espagne. Les formes sont relativement semblables aux autres fabriques. On remarque tout de même à Moustiers, un piédouche plus bombé et plus large qu’ailleurs, et les piluliers sont souvent confondus avec des pots à olives ! |
Pot canon Moustiers 1720-1730
Inscription : Opiat. Salomon = Opiat de Salomon. Photo Bzoura 2009©
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Pot canon Moustiers XVIIIe s. Inscription : Gayac = Jasmin d’Afrique ou d’Amérique
Photo Bzoura 2009 © |
Pot canon Mousttiers XVIIIe s.
Inscription : Galbanum = Gomme résine de Férula Photo Bzoura 2009 © |
Niederviller : l’esprit allemand. L’est de la France aura une production importante et raffinée si l’on en juge par ce que fit la manufacture de Niederviller en Moselle. Entre 1752 et 1777, c’est le Baron de Beyerle qui dirige la fabrique et il reçoit commande du roi Stanislas Lescinski, ex-roi de Pologne et désormais Duc de Lorraine, d’un ensemble de pots de pharmacie pour l’hôpital de Saint-Jean-de-Dieu de Nancy. Cette commande comprend de somptueux vases de pharmacie, composés de trois parties qui s’emboitent (dont certains exemplaires sont exposés au musée de Sèvres) dans le plus pur style rocaille, voire même rococo allemand.. Avec , dans le décor petit feu, les armoiries du roi Stanislas, ainsi que l’emblème des frères de Saint-Jean-de-Dieu. Ces symboles, accompagnés de fleurs au naturel et papillons, sont réalisés dans des coloris de petit feu où domine le rose et, surtout, le pourpre violacé caractéristique de cette fabrique. Ces pièces existent également en camaïeu bleu, en petit feu, ce qui constitue une première originalité. La seconde originalité tient à l’inscription : au lieu d’un mot, c’est un numéro qui figure !
Lunéville et Saint-Clément : plus simples Toujours dans l’est de la France, on trouve des pièces plus communes, avec des décors sobres, le plus souvent en bleu. C’est le cas de la production de la faïencerie de Lunéville. Dirigée par un nommé Chambrette, elle produira des pots de pharmacie à décor de grand feu. Plus tard, vers le milieu du 18e siècle, Lunéville utilisera le petit feu avec des décors très frais de roses (bien roses) avec leur feuillage d’un beau vert vif, accompagnés de nœud de ruban, comme le style de l’époque l’imposait presque. Ces pots seront principalement destinés à l’apothicairerie de la ville. Une production très semblable sortira des fours tout proche de Saint-Clément, au petit feu, avec comme décor de grosses fleurs chatironnées, à feuillage vert et ruban noué. Difficile, là encore, de faire la différence entre Lunéville et Saint-Clément.
Strasbourg : couleurs originales. N’oublions pas dans le panorama de l’est de la France, l’Alsace avec Strasbourg, l’une des fabriques les plus célèbres. Grâce à une famille de génie, les Hannong, la faïencerie strasbourgeoise connaitra un grand succès. C’est à Paul Hannong, à qui l’on doit déjà la découverte et l’application de la technique du petit feu, que sera commandés des pots destinés à l’apothicairerie de la ville. Les décors sont très simples : des motifs rocaille en médaillon. Jamais d’inscription à l’intérieur, mais l’originalité tient aux couleurs : il applique le bleu au grand feu en le cuisant en même temps que la terre et l’émail; il pose le jaune qu’il recuit au petit feu, ce qui donne une couleur fondue dans l’émail (le bleu) et une couleur légèrement en relief (le jaune). Ces récipients ont des formes classiques, à l’exception de la chevrette dont le bec se termine en tête de canard et dont l’anse s’orne d’un masque d’homme barbu. |
Pot Besançon XVIIIe s. Décor de grand feu. Inscription : Opiate pour les Dents= Opiat dentifrice.
Photo Bzoura 2009 ©
Pot Besançon XVIIIe s. Décor grand feu. Inscription : Confection d’Ache.
Photo Bzoura 2009 ©
Pot Besançon ou Franche Comté XVIIIe s. Inscription : Blanc de Baleine
Photo Bzoura 2009 ©
Pot Besançon XVIIIe s. Décor de grand feu. Inscription : Rhubarbe en poudre.
Photo Bzoura 2009 ©
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Pilulier Besançon ou Franche Comté. XVIIIe s. Décor de grand feu. Inscription : Pilule de cigüe.
Photo Bzoura 2009 © |
Pot à onguent. Est de la France.
XIXe s. Photo Rausch 2008© |
Trois pots de forme conique à médaillon vert. Est de la France XVIIIe s. Photo Rausch, 2008©
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Pot canon Lunéville XVIIIe s. Faïence de grand feu. Photo Rausch, 2008 ©
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Exposition pots de pharmacie (suite et fin) | ……………………………………………………… |
* Nelly Fouchet. Expert en céramiques de collection (Cours d’appel de Versailles), in « La vie du collectionneur. 21 février 1997, n°166 |
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