illus014

Les grands centres français de la faïencerie producteurs de pots de pharmacie (1)

 Les grands centres français de la faïencerie

producteurs de pots de pharmacie*

 Exposition 1° partie            Exposition 2° partie           Exposition 3° partie
 

A anse à double colombe, anneau reliant le déversoir au corps, à décor en camaïeu bleu de frise de feuilles découpées au col, reprise en rosace sur le pied, écriteau en forme de cartouche à épaulement courbe et contre courbe de feuillages, fond bleu et inscription sur une réserve horizontale blanche, au dos, décor « au rocher percé » mais sans personnage.  XVIIe – XVIIIe siècle (Photo Rausch, 2008)

 Voir aussi l’article joint de Cotinat sur les pots de pharmacie
  • Rouen : le pionnier Masseot Abaquesne

 

Au milieu du XVIe siècle, le premier faïencier français, Masseot Abaquesne, installé à Rouen, entame son œuvre avec des pots de pharmacie.

On connait avec exactitude l’étonnante commande, signée par contrat, d’un apothicaire du nom de Pierre Dubosc qui lui demanda d’exécuter 4 152 pots, chevrettes et albarelli ! Nous sommes en pleine Renaissance italienne en ce milieu du XVIe siècle. Cela se ressent dans les décors un peu « maniéristes » de ce faïencier qui favorise  le décor de portrait de 3/4 profil avec des personnages aux visage cerné de bleu, avec un jaune orangé vigoureux.

Ces visages sont presque caricaturaux : les lèvres sont charnues, le nez busqué, et portent toujours d’étonnants chapeaux ou casques de guerriers. Le reste du décor fait penser qu’il n’est pas facile de les distinguer des pièces italiennes.

Mais heureusement, comme une signature, figure au col une cordelière rappelant celle des moines et évoquant le cordon à nœuds de Saint François lorsque ces pots étaient destinés aux établissements hospitaliers  de cet ordre. De plus, sur ces pots figurent parfois ses initiales MA (Masseot Abaquesne) ou celle de son fils qui lui succéda, LA (Laurent Abaquesne).

Une des pièces les plus célèbres est la gourde exposée au Musée de Sèvres portant les armoiries d’un abbé de Lisieux, à décor polychrome de personnages grotesques, de rinceaux, et d’un personnage ailé tenant sur sa tête un panier fleuri. Ce décor est dit « à candilieri », c’est à dire scindé en deux parties distinctes absolument semblables autour d’un axe central. Masseot Abaquesne

Il faudra attendre presqu’un siècle pour que Rouen retrouve une production faïencière avec la manufacture d’Edme Poterat vers le milieu du 17e siècle. Celui-ci obtiendra un privilège de cinquante années pour fabriquer la faïence.

Les décors chargés, inspirés des majoliques italiennes, font place à des travaux plus sobres ou éclate le bel émail blanc sur lequel on pose un décor dit « a compendiaro » (décor résumé) avec seulement, en bleu et jaune, une fleur, un personnage, ou encore le trigramme du Christ (IHS). Comme toujours à la fin des monopoles, de nombreuses fabriques vont s’ouvrir et le 18e siècle devient le grand siècle de la faïence française. on comptera à Rouen, à la fin du 18e siècle, pas moins de treize fabricants. Les décors vont se multiplier et le plus célèbre reste celui « des lambrequins », c’est à dire des broderies blanches sur fond bleu (et inversement) avec volutes, fleurs, arabesques. plus tard, on ajoutera du rouge à ce décor.

Puis le goût pour l’Extrême-Orient très envahissant amènera les décors de vases fleuris, et surtout un autre décor très célèbre à Rouen : la corne d’abondance d’où s’échappent des fleurs (œillets notamment). Corne d’abondance seule , ou double corne, ou corne à l’intérieur de laquelle on inscrira le nom de la médication. Les serpents seront présents formant quelquefois le seul décor, mais ce n’est pas spécifique à Rouen, toutes les fabriques le feront. Toutes les formes de pots de pharmacie furent fabriquées à Rouen, y compris de nombreux vases monumentaux sur piédouche avec couvercle et anses de serpents torsadés.  

 

 

Photo Bzoura 2009 ©

Pot canon  Rouen vers  1800

Conserve d’Aunée

 

 

 Photo Bzoura 2009 ©
Pot cylindrique Rouen, fin XVIIIes.
Entrelacs de serpents formant cartouche

 

Photo Bzoura 2009 ©

Pot Rouen, fin du XVIIIe s. Eau distillée de pariétaire

 

 

Photo Bzoura 2009 ©

Pot Rouen vers 1800,  Globules tartrate de fer.Serpents entrelacés formant cartouche

 

 

Photo Bzoura 2009 ©

Pot canon de Rouen vers 1800
Onguent Baume de Nerval ou Baume Nervin

 

 

Photo Bzoura 2009 ©

Faïence de Rouen,
fin XVIIIes.- début XIXe siècle

 

  • Nevers : tout pour réussir

Nevers fut probablement le plus grand centre de production de pots de pharmacie. Ce grand centre faïencier avait tout pour réussir commercialement : cours d’eau, terre argileuse et forêts pour le combustible. L’origine de la faïence à Nevers revient une fois de plus aux italiens, au début du 16e siècle. C’est la conséquence de l’implantation d’artistes italiens tels que les frères Conrade, originaire d’Abissola, voulue par Louis de Gonzague, Duc de Nevers. Les premières pièces seront d’inspiration italienne, avec une belle polychromie et des décors « a historiati », c’est à dire « racontant une histoire », avec le plus souvent des personnages bibliques.

 

Puis, le style va devenir plus français mais très progressivement. Il faut rappeler que les frères Conrade avaient obtenu un monopole de la fabrication de la faïence. C’est donc seulement en 1633, terme de ce monopole, que de nombreuses fabriques vont pouvoir être crées. Citons parmi les plus importantes : les ateliers de Pierre Custode, de Barthélémy Boursier et de Nicolas Estienne.

 

Pots canons, bouteilles, chevrettes vont porter des décors aussi variés que : les fonds bleus dits « persan » avec des décors rappelant les étoffes ramenées d’Asie mineure (fleurs, oiseaux vont orner ces pots tracés en blanc fixe sur ces fonds bleu profond, les plus beaux de toute la faïence française).; décor dit « à la bougie » sur fonds bleus avec des taches blanches donnant l’impression qu’une bougie a coulé. Ces fonds bleus seront quelquefois, mais très rarement, remplacés par des fonds orangés, toujours avec des décors dits « persan ».

 

Puis viendra, pendant la seconde moitié du 17e siècle, la mode des « chinoiseries » et des scènes d’intérieur. des motifs chinois vont être apposés sur un bel émail blanc, principalement le rocher percé, en camaïeu bleu ou avec un subtil mélange de bleu (cobalt) et violet (manganèse). De très nombreux vases de « monstre » de dimensions tout à fait exceptionnelles et particulièrement luxueux seront créés à Nevers avec des anses en serpents enroulés à décor moucheté. puis Nevers se tournera au 18e siècle vers une autre clientèle plus populaire. Ces décors luxueux seront remplacés par un décor simplifié de scènes courantes de la vie de tous les jours, avec des villages, des personnages, des animaux ou bien encore la représentation de saints patrons censés les protéger. Le décor le plus courant qui figure sur tous les pots de pharmacie sans exception, est celui de deux branches de feuillage bleu, reliées par deux petites fleurettes portant une inscription au centre.

Mais, méfiance, car ces décors très simples seront copiés par la quasi-totalité des fabriques de faïences. il faut donc une certaine habitude pour reconnaitre une pièce nivernaise, par la forme plus que par son décor.

 

 

Photo Bzoura 2009 ©

Vase de forme balustre avec couvercle
Nevers XVIIIes

 

 

Photo Bzoura 2009 ©

Pot Nevers, XVIIIes.? fermé par un couvercle de peau. Inscription: Vng. Neapolitanum= Onguent napolitain simple

 

 

Photo Bzoura 2009 ©.

Chevrette sur piédouche, Nevers, fin du XVIIIes. Décor dit  » au chinois ». Inscription: Mel. Rosatum= mélite de rose

 

 

Photo Bzoura 2009 ©. Pot canon Nevers XVIIIe s.Inscription en noir: .Unguentum. .Fuscum. .Theclae. Onguent de la mère Thècle

 

 

 

 

 

Photo Rausch 2008 ©

Pot de Monstre a godrons, piédouche et deux anses en forme de serpent, à décor d’un paysage de bleu de manganèse sur fond blanc et de motifs floraux, blason fleurdelisé aux armes des dominicains. XVIIIe siècle. Inscription : ELECTVARIVM. IMP     Electuaire d’impératoire

 

Photo Bzoura 2009 ©

  Pot canon sur piédouche Nevers- XVIIIes.

 

Conserve de Nymphéa

Photo Rausch 2008 ©

Chevrette Nevers XVIIe/XVIIIe s.
Inscription : S. Violarum.

 

ATTENTION !! Suite de l’exposition

 ……………………………………………………………………….
 * Nelly Fouchet. Expert en céramiques de collection (Cours d’appel de Versailles), in « La vie du collectionneur. 21 février 1997, n°166
Tags: No tags

Comments are closed.