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Le Catalogue 1905 de la Pharmacie Centrale de France

 

 

Le Catalogue 1905 de la Pharmacie Centrale de France

Accessoires de Pharmacie
 Prix-Courant

 

 

 

 

En 1905, La Pharmacie Centrale des Pharmaciens de France (qui prendra par la suite le nom de Pharmacie Centrale de France) décide de publier un nouveau catalogue en rappelant sur la page de couverture sa fondation statutaire en 1852 et commerciale en 1853

La fondation de la Pharmacie Centrale de France, réalisée effectivement  par Dorvault en 1852, vint donner satisfaction à de nombreuses aspirations du corps pharmaceutique. S’adjoignant la réputée « Maison de Droguerie Menier », la Pharmacie Centrale de France se classait immédiatement à la tête des établissements desservant la pharmacie.

Pharmacie centrale à Saint-Denis

Dorvault a 37 ans quand il fonde la Pharmacie Centrale des Pharmaciens, à partir d’un Manifeste dont il avait fait part à ses confrères quelques mois plus tôt, le 15 mars 1852. Pour préserver la Santé Publique, il imagine un établissement modèle, tout à la fois droguerie et laboratoire, qui fabriquera en toute confiance les drogues simples, les médicaments composés que les pharmaciens ne peuvent préparer eux-mêmes.

 

 

Pharmacie Centrale rue de Jouy, Paris

Tour à tour dirigée par Dorvault, Emile Genevoix, Charles Buchet, elle prit  la forme d’une puissante Société Anonyme entre seuls pharmaciens, au capital de dix millions de francs. Ses relations commerciales s’étendaient dans le monde entier.  

La Pharmacie Centrale de France fut installée à Paris, 7 rue de Jouy, et 21 rue des Nonnains-d’Hyères, dans l’ancien hôtel des ducs d’Aumont, édifié sous Louis XIII par Mansard, et dans les jardins duquel elle a fait élever de vastes constructions

Les ateliers de la Pharmacie Centrale de France furent construits  à Saint Denis par l’architecte Jules Saulnier, entre 1862 et 1867, au 379 de l’avenue du Président Wilson. Le maître d’ouvrage, Justin Meunier, directeur de l’usine de chocolat à Noisiel, avait déjà fait appel à Saulnier pour la construction d’un moulin sur le site de sa chocolaterie noisélienne.

L’usine de Saint Denis réunissait dans son outillage et ses vastes installations, les perfectionnements les plus récents. Sa production était considérable et comprenait  la plupart des produits chimiques et pharmaceutiques, les sels de quinine, les alcaloïdes, tous les médicaments galéniques et les poudres .

La Pharmacie Centrale de France a lancé en 1860 l’Union Pharmaceutique, et c’est elle qui, en 1913, a favorisé l’éclosion de la Société d’Histoire de la Pharmacie.

Le catalogue de 1905

Le catalogue de 1905 est le 4° Prix-Courant édité par La Pharmacie Centrale de France. Comme l’indique l’introduction de cet ouvrage de près de 600 pages, la vente des instruments et appareils concernant l’hygiène, l’orthopédie, la chirurgie, la chimie, l’antisepsie, etc… s’est considérable développée à la fin du XIXe siècle. La Pharmacie Centrale veut offrir aux pharmaciens un service, celui de pouvoir répondre « tout à la fois aux désirs du médecin et aux besoins des malades ».

Tous les objets sont présentés par ordre alphabétique, si bien qu’on peut voir des rapprochements curieux comme les « brosses à dents » et les « becs à brûleurs » dans la même partie de l’ouvrage. Ce dernier est largement illustré par des dessins, schémas et pages polychromes. On y voit par exemple les portraits de Dorvault et Genevoix, mais aussi l’Usine de Saint-Denis. Nous avons décidé ici de reproduire quelques pages de ce catalogue pour montrer la diversité des objets mis à la disposition des pharmaciens. 

Parmi les objets de la lettre A, après les mots abaisse-langue, acétimètre, agitateurs, aiguilles et ajutage, on trouve Alambics avec plusieurs pages de modèles très variés. On y trouve par exemple les alambics en cuivre à bain-marie, système Egrot, ou système Deroy et Simplex, et plusieurs alambics pour essai des vins, modèle Salleron , modèle Dujardin-Salleron, modèle Dujardin, etc. On trouve aussi des alambics en porcelaine ou en verre.

Après Alambics, on trouve de très nombreux objets en A : albuminimètres, alcoomètres, alèze, allonges, allumoir électrique, amorce-siphon, et finalement un chapitre important sur les ampoules qui commence avec ampoules titrées stérilisées pour injections hypodermiques, marque PC ou marque Vaudin, et est suivi par une longue liste d’ampoules contenant différents médicaments, de l’apomorphine au permanganate de potasse, en passant par la strychnine et la stovaïne (toute récente à l’époque).

La suite du catalogue concerne les anneaux pour dentition avant d’arriver à un chapitre clef : celui des appareils pour anesthésie locale et générale. On y trouve tout un matériel plus ou moins complexe, dont l’éthyleuse pour anesthésie locale, modèle des Hôpitaux, en cuivre : elle est employée « à l’aide du Colyseur-perçoir muni d’un cabestan à fermeture hermétique » ! L’anesthésie se faisait alors au chlorure d’éthyle. On trouve aussi une « Coryleuse » et son liquide anesthésiant : la coryloforme (mélange de chlorure d’éthyle, chlorure de méthyle et bromure d’éthyle). Dans ce même chapitre, on trouve un appareil pour l’antiseptie des plaies & trajets fistuleux, l’ipsileur, modèle hôpital, Ipsileur dit de Propulsion, etc. Les appareils suivants sont les appareils à cacheter, pour cachets azymes dont on voit une page ici.

De très nombreux autres objets sont ensuite montrés dans le domaine des appareillages, avant d’attaquer la lettre B qui commence par Baguette, bains et baignoires, puis passe au chapitre important des bains-Marie avant de se consacrer sur plusieurs pages aux balances : Balances Roberval, balances de comptoir, balances à fléau, sur colonne, balances de précision et trébuchets , sous cage ou non, avec en particulier les balances de Becker comme on peut les voir ici. On peut aussi découvrir les balances de marque Collot, ou encore les balances aérothermiques de précision pour déterminer la densité des liquides, « avec flotteur, éprouvette et cavaliers ».

Ce chapitre de la lettre B avec les balances se poursuit par balles, ballons, bandages (qui prend plusieurs pages) : bandages inguinaux, cruraux, concaves pour hernies irréductibles, bandages anglais, bandages sans ressort, dit de nuit, etc. Cette image de gauche, en couleur, illustre quelques exemples de bandages inguinaux à coussinet.

Le chapitre des bandages, bandes bandeaux… est suivi de baquets, baromètres, bas, bascules, bassins, bassines, biberons, bidets, bistouris, bocaux …

Il est logique que ce catalogue destiné aux pharmaciens ait ensuite un chapitre important consacré aux boites : boites pour analyses d’urines, boites pour argenter les pilules, boites en bois de formes diverses, boites en carton, pliantes ou non, boites à ficelle, boites à immersion pour sondes, boites à irrigateurs, boites métalliques, boites à pommade ou à pâtes pectorales (à droite), boites à réactifs, boite en verre, etc.

Cet important chapitre sera suivi de mots comme bouchons, bouillottes, boules de pharmacie, bouteilles, bouts de canne, bouts de sein (en buis ou en caoutchouc), bracelets, brancards, etc.

Le mot clef suivant concerne les becs et bruleurs à gaz qui représentent un chapitre important de l’ouvrage. On y trouve toutes sortes de becs à gaz : becs droits ou courbes, becs à flamme bleue, pour dentistes, becs Adnet, becs d’Arsonval, becs de Berthelot, becs de Berzélius pour calcinations, becs à gaz de type Bunsen, bruleurs à gaz, bruleurs à l’alcool, bruleurs à gaz d’alcool, rampes circulaires ou droites, etc.

Cette série de mots sera suivie par burettes, bustes en plâtres pour pharmacie, avant d’attaquer la lettre C avec caches, cachets azymes, cacheteurs, cadres, mais aussi caleçons, calorisateurs, canules, capsules …

La lettre E commence par l’eau oxygénée, l’ebulliomètre et l’ebullioscope
puis quelques mots plus loin s’attaque à l’électricité dans un chapitre très fourni : électricité domestique, accessoires de pose accessoires pour sonnerie, piles & batteries (voir à droite) , mais aussi électricité médicale avec les appareils d’induction Chardin, les appareils Volta-Faradiques (Gaiffe), ou encore les appareils à chariot électro-physiologiques de Ranvier.
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Autre chapitre clef pour des pharmaciens : celui des étiquettes qui commence avec des modèles pour factures, têtes de lettres et enveloppes (à droite) et se poursuit avec des étiquettes en couleur, où la société précise : « Toutes ces étiquettes figurées en or imitation sont toujours livrées en OR FIN GARANTI » ! 

On voit également des étiquettes en relief, des étiquettes en tole émaillée ou vitrifiées, avant de passer à un autre chapitre important : celui des étuves.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La lettre F est riche en mots tels que filtres (pour épuration des eaux) filtres de laboratoire, fioles, et surtout flacons, flacons spéciaux, falcons de laboratoire, mais également fourneaux, fumigateurs, fraises à dents, fromages en terre réfractaire pour placer sous les creusets dans les fourneaux, fumigateurs, etc.

La lettre G passe assez rapidement à gazomètres, générateur automatique d’oxygène, glacières à bascules, ou dites sorbetières (marque freezer)…

 

Nous arrivons ensuite rapidement à la lettre M avec le microscope, qui prend beaucoup de place dans le catalogue, ainsi que les microtomes. On voit ici le Modèle de microscope de l’Institut Pasteur, « construit spécialement pour les tudes bactériologiques, avec un pied en cuivre poli à charnière, tubes à tirage à divisions millimétriques, muni d’un mouvement rapide à crémaillière et d’un mouvement lent à prisme et à vis micrométrique »….

Le microscope est suivi des miroirs et surtout des mortiers en cuivre, en en fer, en fonte, en marbre, en porcelaine, etc.

Après le chapitre des mortiers, le catalogue aborde celui très important des moules : en particulier moules à suppositoires, tels que « le Perpétuel », pour mouler directement les suppositoires dans le papier d’étain, mais surtout les moules classiques de Segaud pour ovules, suppositoires et bougies. Cette série est suivie par les moulins, mouloirs …

Le chapitre de l’orthopédie est également très fourni. On y trouve toutes sortes d’appareillages et de prothèses. Il se poursuit avec un chapitre sur les « papiers pour l’enveloppage, le conditionnement et l’emballage », le papier à filtrer, les papiers spéciaux et le parchemin animal (page de gauche), parchemin végétal, et peaux : d’agneaux, à coiffer, peaux de chamois, peaux de chats sauvages, peaux à emplâtres, etc..

La lettre P nous conduit ensuite aux pèses-bébés, pèse-lettres, pèse-tubes, pessaires (qui comprend plusieurs pages)…

Au chapitre suivant, nous avons accès aux pharmacies de poche et portatives qui sont aussi très nombreuses à être proposées par la Pharmacie Centrale : Le modèle n°1 des pharmacies de poches par exemple comprend de la « teinture d’arnica, du laudanum, de l’acide phénique liquide, un porte-nitrate, une pince à échardes, des ciseaux, une lancette, 3 aiguilles à sutures, de l’éther sulfurique, de l’extrait de Saturne, du perchlorure de fer, un compte-gouttes à tige, un pinceau, 2 dévide-soie garnis, une baudruche gommée, 6 capsules caoutchouc en plus ».

A gauche, on peut voir le modèle n°1 des pharmacies portatives qui comprend nettement plus d’objets et de substances actives de base : opium, quinine, onguent mercuriel, etc…

Dans le catalogue de la Pharmacie Centrale de France, on ne trouve pas moins de 60 pages consacrées à la photographie et aux accessoires nécessaires dans ce domaine ! On peut y découvrir des appareils photos de plus en plus complexes : appareil Aubrun-Dardanne, avec par exemple un appareil appelé « Détective » de « grand luxe, de fabrication absolument irréprochable »…On trouve aussi des appareils pliants « pocket », construits en noyer gainé chèvre, « Foldings » de poche, Chambres noires de voyage, matériels de voyage, objectifs, lanternes de projections, appareils d’agrandissements… et bien sûr des appareils Kodak, Poulenc frères, Steinheil et d’autres. Sont également fournis des albums, billes en cristal pour la conservation des solutions, bocaux, boites, caches, coupe-épreuves, etc. Il est également possible de se fournir en lampes et lanternes de laboratoire, en meubles, en pieds pour appareils, en plaques photographiques, en sacs pour appareils.

Après la photographe, notre catalogue évoque longuement les pinces de toutes sortes, les pipettes, platines, plaques chauffantes, poids pour balances, poires, pots (en porcelaine) poudriers, préservatifs, presses de laboratoire, produits spéciaux pour la bactériologie (milieux de culture, matières et solutions colorantes…), pour finalement rester longtemps sur les pulvérisateurs : pulvérisateurs à air chaud ou à air froid, à vapeur (voir image de droite), dit « Parisien »…

Après la lettre P, on arrive très vite à S comme scarificateurs ou seins artificiels, mais c’est surtout seringue qui domine : Seringues en caoutchouc durcies, en étain, en verre; seringues pneumatiques ; seringues d’Anel ou de Braun, seringues du Dr Guyon, seringues de Pravaz (articles de fabrication française), seringues stérilisables. La Pharmacie Centrale propose également le modèle de seringue du Ministère de la Guerre, contenant 20 ml, en boite métal avec deux aiguilles acier ou deux aiguilles platine.

La lettre S se termine avec les serviettes hygiéniques et les siphons, mais surtout les sondes qui prennent plusieurs pages du catalogue , les spatules et les stérilisateurs.

On trouve en effet de nombreux types de stérilisateurs :

– stérilisateurs de laboratoire à air chaud,
– stérilisateurs à vapeur d’eau avec pression, autoclaves : autoclaves de comptoir, autoclave de Chamberland, stérilisateur à vapeur de M. Sorel,
– stérilisateurs à vapeur d’eau à 100° sans pression
– stérilisateurs à eau bouillante, portatifs
– stérilisateurs spéciaux

Le chapitre sur les appareils de stérilisation sera suivi par les stéthoscopes, stylets,supports, suspensoirs, tables tabliers, tamis, tasses, tenailles, terrines, tétines, thermomètres, timbres, tire-lait, tondeuses, trocarts, trousses, tubes avant de passer à la lettre u : uréomètres, urinaux… puis à la lettre v comme vaporisateurs, vases pour devantures, vases de laboratoire, ventouses, vessies.
L’ouvrage se poursuit et se termine presque par le mot vitrification (il n’y aura ensuite ensuite que « voitures » d’enfants). Ce terme vitrification se rapporte aux flacons, bocaux et carafes qui font l’objet de deux belles pages illustrées (voir image de gauche). Ce chapitre recouvre aussi les flacons en porcelaine : grands vases, pots décorés…

Mais ce n’est pas tout à fait la fin : il reste plus de 80 pages de publicités pour des produits pharmaceutiques ou des ustensiles de pharmacie, voire même très loin de la pharmacie d’aujourd’hui : les appareils photographiques. En voici quelques exemples avec l’Oxylithe (Pierre d’oxygène), les produits Géraudel, les appareils de Lequeux, Bellieni et ses instruments de précision et de photographie.

 

 Les annonces sont si nombreuses qu’il est difficile de montrer la variété de leur contenu. On voit sur la page de gauche une liste de quelques annonceurs qui montre que la catalogue ne devait pas coûter très cher à la Pharmacie Centrale de France !

Cette exposition vous a donné un aperçu de ce catalogue 1905 de la Pharmacie Centrale. Il montre l’énorme diversité des produits vendus par  la Pharmacie Centrale qui se voulait au départ un grossiste des matières premières et qui, au début du 20e siècle, était devenu un fournisseur général des pharmaciens en France.

 

On peut imaginer la complexité de la gestion d’un tel nombre de références il y a un siècle !

On voit aussi à travers ce catalogue que le métier du pharmacien de l’époque était extrèmement diversifié au delà du médicament : la photographie, l’orthopédie, l’activité de laboratoire occupait aussi la vie du pharmacien d’officine. 

 

 

Voir aussi le catalogue 1877 à la BNF

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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