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Nicolas Lémery (17 novembre 1645-19 juin 1715). La chimie d’un précurseur.

 Nicolas Lémery (17 novembre 1645-19 juin 1715).

La chimie d’un précurseur. 

 

 
Dictionnaire des drogues simples, N. Lémery (1698)
Manna (Manne)
   
Dictionnaire des drogues simples. N. Lémery (1698)
Vernix,  Sandaracha Arabum (Vernix)
   
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Dactyli (Dactyle)
 


Portrait de Nicolas Lémery. Medic (BIU Santé)
   

En cette année 2015 où nous célébrons le troisième centenaire de la mort de Nicolas Lémery, nous nous devions de faire  une exposition temporaire sur ce personnage, apothicaire membre de l’Académie Royale des Sciences, qui a marqué par ses publications et ouvrages, plusieurs générations d’apothicaires et de pharmaciens, en France comme à l’étranger. De très nombreuses publications ont été faites sur N.Lémery, en particulier dans notre Revue et des auteurs prestigieux comme Paul Dorveaux, Maurice Bouvet, et plus récemment Olivier Lafont ont contribué à mieux faire connaitre sa vie mouvementée et son œuvre immense. Le texte de cette exposition est emprunté à ses auteurs et plus spécialement à la publication de Paul Dorveaux parue dans notre Revue en 1931.
 
Cette exposition est illustrée par les trois ouvrages majeurs de Lémery : Le Cours de Chymie, le Traité Universel des drogues simples, et la Pharmacopée Universelle.

 

Cours de Chimie de Lémery (édition 1756)
Collection O. Lafont
    

Cours de Chimie de Lémery (édition 1696)
Collection O. Lafont

 

 

 

Nicolas Lémery naquit à Rouen, le 17 novembre 1645, de Julien Lémery, procureur au Parlement de Normandie, et Suzanne Duchemin, qui tous deux professaient la religion réformée. Après de bonnes études, il entra, en 1660, comme apprenti chez son oncle Pierre Duchemin, maître apothicaire à Rouen, ainsi que l’atteste le document qui suit : « Du mardy vingt sixe jour d’octobre audit an [1660], devant ledit sieur de Brevedent, Lieutenant général, Nicolas Leymery a esté juré aprenty de l’art d’appoticaire espicier soubz Pierre Duchemin, maistre dudit mestier pour le temps de l’ordonnance, pendant lequel temps ledit maistre sera tenu quérir à son aprenty boire, manger, feu, lit et hostel, et luy monstrer ledit art et mestier, moyennant les pactions et accords faictz entr’eux présence des gardes année présente ».

 

 

       

 

Cours de Chymie de Lémery (édition 1687)

   

Cours de Chymie de Lémery (édition 1687)

   

Cours de Chymie de Lémery (édition 1687)

 

Cours de Chimie de Lémery (édition 1756)
Collection O. Lafont

 

 

Le Cours de Chymie*

Le Cours de Chymie de Nicolas Lémery constitue l’un des plus grand succès de librairie du XVIIe siècle dans le domaine des sciences. Fontenelle ne manque pas de le signaler dans l’éloge de Nicolas Lemery qu’il publia dans les Histoires de l’Académie Royale des Sciences : « Il imprima en 1675, son Cours de Chymie […] il se vendit comme un Ouvrage de galanterie ou de satyre : les éditions se suivoient les unes les autres presque d’année en année, sans compter un grand nombre d’éditions contrefaites, honorables & pernicieuses pour l’Auteur ». La première édition parut au format in-12, en 1675, avec le titre suivant : Cours de Chymie contenant la manière de faire les opérations qui sont en usage dans la médecine, par une méthode facile, avec des raisonnements sur chaque Opération, pour l’Instruction de ceux qui veulent s’appliquer à cette science.

L’ouvrage regroupe, dès l’origine, les cours publics que Nicolas Lémery dispensait dans son laboratoire. Si l’on en croit Fontenelle, ses leçons attiraient un large public, comprenant aussi bien des écoliers étrangers que des personnalités en vue : « Son laboratoire étoit moins une chambre qu’une cave, & presque un antre magique, éclairé de la seule lueur des fourneaux ; cependant l’affluence du monde y étaoit si grande, qu’à peine avoit-il la place pour ses opérations. Les noms les plus fameux entrent dans la Liste des auditeurs, les Rohaut, les Bernier, les Auzout, les Regis, les Tournefort : les Dames même entraînées par la mode avaoient l’audace de venir se montrer à des Assemblées si sçavantes. »
 
Fontenelle signale également l’existence de multiples éditions en langues étrangères : « Ce livre a été traduit en Latin, en Allemand, en Anglois, en Espagnol. » En dépit de sa bonne connaissance de l’oeuvre de Lémery, Fontenelle oublie les traductions en italien et en néerlendais.
 

*extrait de l’article de Olivier Lafont :  Nicolas Lemery, providence des bibliophiles, RHP, LVII, 363, 3° TRIM. 2009 : 267-276.  

  

Son apprentissage terminé, Lémery vint à Paris, en 1666, pour y étudier la chimie, qui l’intéressait tout spécialement. Christophe Glaser, apothicaire ordinaire de Louis XIV et démonstrateur de chimie au Jardin Royal des Plantes, jouissait alors d’une grande réputation, qui attirait chez lui, au Faubourg-Saint-Germain, près le petit Marché, beaucoup de jeunes gens désireux d’apprendre cette science qui était alors un art : ceux-ci étaient logés et nourris par le maître. Lémery obtint la faveur d’être de leur nombre; mais bientôt il constata que ce grand chimiste « était plein d’idées obscures, avare de ces idées-là même et très peu sociable ».

 
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Verbascum (Bouillon-blanc)
  

Cours de Chimie de Lémery (édition 1696)
Collection O. Lafont
 
 

Lémery et l’acidité

Théophraste, l’élève d’Aristote, avait, dès l’Antiquité, interprété la perception ressentie par la langue lors du contact avec un acide comme une sensation « due à une forme anguleuse qui a des inflexions multiples et est petite et mobile. »

Pour Libavius, en 1606, l’acide était, dans le même esprit, caractérisé par des pointes. 

C’est un médecin de Caen, François André, qui, dès 1672, évoqua la combinaison  des pointes d’un acide avec les trous d’un alcali.

C’est toutefois à Lémery qu’il revint de développer une théorie structurée pour interpréter la réaction entre un acide et un alcali pour conduire à ce qu’il appelait un « sel salin ». Cette théorie reposait sur la combinaison des pointes de l’acide venant combler les pores de l’alcali, en une sorte de copulation, plus ou moins violente. Cela permettait d’aborder l’aspect quantitatif de la réaction car l’auteur attirait l’attention sur le fait qu’il devenait inutile d’ajouter de l’acide quand tous les trous de l’alcali avaient été comblés.

Son seul élan théorique, il le manifeste lorsqu’il distingue Acide et Alcali :« Je dirai que l’acidité d’une liqueur consiste dans des particules de sel pointues, lesquelles sont en agitation. » Cette définition rappelle celle de Libavius, mais Lémery va pousser plus loin son interprétation : « Pour ce qui est des alkalis on les reconnoît quand on verse de l’acide dessus, car aussitôt ou peu de temps après, il se fait une effervescence violente qui dure jusqu’à ce que l’acide ne trouve plus de corps à raréfier. Cet effet peut raisonnablement conjecturer que l’alkali est une matière composée de parties roides et cassantes, dont les pores sont figurés de façon que les pointes acides y étant entrées, elles brisent & écartent tout ce qui s‘oppose à leur mouvement. »*

*Extrait d’Olivier Lafont, D’Aristote à Lavoisier, Ellipses, Paris, 1994.

 
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Cardamindum (Capucine)
   Alors il décida de le quitter et, après deux mois de séjour à Paris, Lémery commença son tour de France et se dirigea à petites journées vers Montpellier, où il entra comme pensionnaire chez M. Verchant, maître apothicaire. Il y trouva de nombreux « compagnons », dont il devint bientôt le démonstrateur. Ses leçons eurent un tel succès qu’elles lui amenèrent les professeurs de la Faculté de Médecine et les curieux de la ville. Enfin, à l’enseignement de la chimie, il joignit la pratique de la médecine, bien qu’il ne fut pas docteur. Pendant son séjour à Montpellier, Lémery avait suivi les cours de la Faculté de Médecine. M. Louis Irissou, pharmacien en chef des hospices de cette ville, en a trouvé l’attestation suivante :
 

Cours de Chimie de Lémery (édition 1756)
Collection O. Lafont

 

 

 
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Cyclamen
   

Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Hedera terrestris (Lierre terrestre)

      
 « Je soubsigné Nicolas Lémery, natif de la ville de Rouen en Normandie, demeurant chez Monsieur Verchant jeune maistre apoticaire de la ville de Montpelier, me suis présenté devant Messieurs les Jurés de la ville de Montpelier, lesquels après m’avoir interrogé tant sur la théorique que practique dudit art, m’ont jugé capable d’estre incorporé dans le présent livre des estudiants en pharmacie, et m’ont permis d’adsister aux leçons et démonstrations des simples, ensemble aux Anatomies du Collège de Médecine de l’Université de Montpelier, ce 26 juin 1670 (Signé : Lémery).
 

Cours de Chimie de Lémery (édition 1756)
Collection O. Lafont
 

 

 

Quittant Montpellier, Lémery, toujours désireux de se perfectionner, reprit son tour de France, interrompu pendant trois ans. « Après avoir fait le tour entier de la France, dit Fontenelle, il revint à Paris en 1672. Il y avait alors des conférences chez divers particuliers; ceux qui avaient le goût des véritables sciences s’assemblaient par petites troupes comme des espèces de rebelles qui conspiraient contre l’ignorance et les préjugés dominants. Telles étaient les assemblées de M. l’abbé Bourdelot, médecin de M. le Prince, le Grand Condé, et celles de M. Justel. 

 

        
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Tribulus Aqual. (Tribulus)
   
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Trifolium pratense (Trèfle des prés)
 

Cours de Chimie de Lémery (édition 1756)
Collection O. Lafont
 

 

M. Lémery parut à toutes et y brilla. Il se lia avec M. Martin apothicaire de M. le Prince, et profitant du laboratoire qu’avait son ami à l’Hôtel de Condé, il y fit un cours de chimie, qui lui valut bientôt l’honneur d’être connu et fort estimé du Prince chez qui il travaillait. Il fut souvent mandé à Chantilly, où le héros, entouré de gens d’esprit et de savants vivait comme aurait fait César oisif. M. Lémery voulut enfin avoir un laboratoire à lui, et indépendant. Il pouvait également se faire recevoir docteur en médecine ou maître-apothicaire ; la chimie le détermina au dernier parti, et aussitôt il en ouvrit des cours publics dans la rue Galande, où il se logea ».
   


Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Schoenanthum
   
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Scilla (Scille)
     

Cours de Chimie de Lémery (édition 1696)
Collection O. Lafont
 

Fontenelle commet une erreur lorsqu’il affirme que Lémery se fit recevoir « maître apothicaire ». Trois pages plus loin il dit qu’en 1681, Lémery « reçut ordre de se défaire de sa charge » pour cause de religion. Cette fois, il est dans le vrai, car Lémery avait acheté, en 1674, une charge d’apothicaire privilégié. Nicolas Lémery figure sur la « Liste des Marchands Apoticaires Privilégiés du Roy suivant la Cour, et Conseils de Sa Majesté, sous la charge de Monsieur le Grand Prévôt de France, qui ont été par lui pourvus et qui ont fait chef-d’oeuvre pardevant Messieurs les Doyen et deux Professeurs en Pharmacie de la Faculté de Médecine en l’Université de Paris, conformément aux Règlemens, depuis l’année 1631 jusqu’à la présente année 1761 » (8), avec la date de sa réception : 1674.

 

 

   


Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Hyosciamus (Jusquiame)

 

   
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Caranna (Caranna)
 

Cours de Chimie de Lémery (édition 1696)
Collection O. Lafont

 

 
  

Sur le titre de la première, édition de son Cours de chymie (Paris, 1675), il se dit « Apoticaire du Roy et de Monseigneur le Grand Prévost de France », demeurant « rue Galande, à la Porte-Dorée, proche la place Maubert ». Les cours publics de Lémery se faisaient dans son laboratoire; ils attiraient une foule d’auditeurs distingués, dont Fontenelle cite quelques-uns : « Les Rohaut, les Bernier, les Auzout, les Régis, les Tournefort », et il ajoute : « Les dames mêmes, entraînées par la mode, avaient l’audace de venir se montrer à des assemblées si sçavantes.» Avec ces auditeurs distingués, il y avait aux cours de Lémery de nombreux élèves, qu’il nourrissait tous et qu’il logeait en partie, sa maison étant insuffisante pour les loger tous. Pendant ses cours à la fois théoriques et pratiques, Lémery préparait des produits chimiques qu’il mettait en vente et dont quelques-uns eurent un succès merveilleux : « Il s’en faisait un débit prodigieux dans Paris et dans les provinces, dit Fontenelle, et le seul magistère de bismuth suffisait pour toute la dépense de la maison ».
 

Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)

Valeriana (Valériane)  

   
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Vanilla (Vanille)
 

 

Dictionnaire ou Traité Universel des Drogues Simples
de Nicolas Lémery (édition de 1716)
   Le Traité Universel des Drogues Simples*.

Dans le domaine de la matière médicale, discipline actuellement nommée pharmacognosie, le Traité Universel des Drogues Simples de Lémery fit longtemps autorité, puisque, paru la première fois en 1698, comme « dépendant de la Pharmacopée Universelle » du même auteur, il connut encore une dernière édition, certes fortement remaniée par Simon Morelot, en 1807. Cent dix années de longévité, c’est véritablement exceptionnel pour un ouvrage scientifique. Comme les drogues étudiées, qui appartenaient aux trois ordres de la nature, l’ordre minéral, l’ordre végétal, et l’ordre animal, étaient rangées alphabétiquement, de nombreuses versions furent éditées sous le titre de Dictionnaire Universel des Drogues Simples. Il s’agit toutefois de versions successives d’un même ouvrage.
 
Les quelques vingt cinq planques, regroupant chacune seize figures en taille douce qui illustrent cet ouvrage (dont on voit ici une cinquantaine d’exemples), connurent un grand succès et furent imitées. Comme on peut s’en douter, cet ouvrage de base de la pharmacie connut plusieurs traductions.  

*extrait de l’article de Olivier Lafont :  Nicolas Lemery, providence des bibliophiles, RHP, LVII, 363, 3° TRIM. 2009 : 267-276.  

 

Et Fontenelle ajoute : « Ce magistère n’est pourtant pas un remède, c’est ce qu’on appelle du blanc d’Espagne. Lémery était seul alors dans Paris qui possédât ce trésor. » Le magistère de bismuth de Lémery doit, d’après le mode de préparation qu’il indique dans son Cours de chymie (Paris, 1675, p. 82), être identifié avec l’oxychlorure de bismuth. « C’est, dit-il, un cosmétique appelé « blanc d’Espagne », qui blanchit le visage. On s’en sert meslé dans une pomade, ou dilayé dans l’eau de lys. » Les belles auditrices du cours de chimie avaient fait le succès de ce « produit de beauté », comme on dit de nos jours. Le nom de « blanc d’Espagne » est donné généralement à la craie lavée et façonnée en pains cylindriques; dans l’industrie, dit Moissan, il est attribué également à l’oxychlorure de bismuth.
   
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Gummi Gutta (Gomme-Gutte)
   
Dictionnaire des drogues Simples.
N. Lémery (1698)
Gummi Elemi (Gomme Elemi)
 


Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Opium (Opium)
   

Outre son magistère de bismuth, Lémery exploitait quelques remèdes secrets qui se vendaient bien : « Un émétique fort doux et plus sûr que l’ordinaire, et un opiat mésentérique avec lequel on dit qu’il a fait des cures surprenantes, et que pas un de ceux qui travaillaient sous lui n’a pu découvrir ». A la vente de ces produits, il faut joindre celle du Cours de chymie, imprimé pour la première fois en 1675. « Il se vendit comme un ouvrage de galanterie ou de satire, dit Fontenslle : les éditions se suivaient les unes les autres, presque d’année en année. » Lémery jouissait donc d’une grande réputation et d’une belle aisance, lorsqu’en 1681 sa vie commença à être fort troublée à cause de sa religion. Il reçut ordre de se défaire de sa charge dans un temps marqué, et l’électeur de Brandebourg, Frédéric-Guillaume, dit le Grand Electeur, saisissant cette occasion, lui fit proposer, par M. Spanheim, son envoyé en France, de venir à Berlin, où il créerait pour lui une charge de chimiste. Lémery déclina cette offre et patienta; il se remit même à faire des cours de chimie; mais les persécutions des religionnaires allèrent s’accroissant. Le 7 avril 1683, le Secrétaire d’Etat écrivait à M. de la Reynie, lieutenant général de police : « Sa Majesté veut que vous fassiez poursuivre le nommé Nicolas Lémery, apotiquaire, pour avoir tenu sans permission des fourneaux et laboratoires, et que vous luy fassiez, s’il se peut, deffendre de faire dorénavant la fonction d’apotiquaire ».

         
 

Ces poursuites décidèrent Lémery à suivre l’exemple de Nicaise Le Febvre et de Moyse Charas, et à passer en Angleterre. « Il eut l’honneur d’y saluer le roy Charles II, dit Fontenelle, et de lui présenter la cinquième édition de son livre. » Charles II lui marqua une estime particulière et lui donna des espérances; mais les troubles qui régnaient en Angleterre et la détresse financière du roi lui donnèrent à réfléchir et le décidèrent à revenir en France, où il avait laissé sa famille. Sur la fin de 1683, Lémery prit le bonnet de docteur en médecine à l’Université de Caen, puis il revint à Paris, où il exerça, bien qu’il ne fut pas docteur de la Faculté de cette ville.
   
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Sagapenum (Sagapenum)
 
 Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Gummi Lacca (Gomme laque)
 
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Tacamahaca (Tacamahaca)
   
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Verbena (Verveine)
   
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Tragacanthum (Tragacantha)
 

Fontenelle dit qu’ « il y trouva en peu de temps beaucoup de pratique, mais non pas la tranquillité dont il avait besoin » ; puis il ajoute : « Les affaires de sa religion empiroient de jour en jour. Enfin l’édit de Nantes ayant été révoqué en 1685, l’exercice de la médecine fut interdit aux prétendus réformés. Il demeura sans fonction et sans ressource, sa maison entièrement démeublée par une triste précaution, ses effets dispersés presque au hazard et cachés où il avait pu, sa fortune qui n’étoit que médiocre et naissante, plutôt renversée que dérangée, l’esprit incessamment occupé et des chagrins du présent et des craintes de l’avenir. Cependant M. Lémery fit encore deux cours de chimie, mais sous de puissantes protections : l’un pour les deux plus jeunes frères de M. le marquis de Seignelay, secrétaire d’Etat; l’autre pour mylord Salisbury, qui n’avoit pas cru trouver en Angleterre la même instruction. Enfin Lémery se décide à abjurer avec sa femme et ses enfants.

   
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Vermicularis
   
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Véronica (Véronique)
 


Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Vincetoxicum (Dompte-venin)

 

   
Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Viperina (Vipérine)
 

 

 

Louis XIV, qui s’intéresse à son ex-apothicaire, lui témoigne aussitôt sa satisfaction de le voir « réuni à la religion catholique, apostolique et romaine » : le 8 avril 1686, Sa Majesté lui octroie des lettres patentes lui permettant de « rétablir son laboratoire de chimie à Paris, pour y composer, préparer, vendre et débiter tous les médicaments et drogues qui en dépendent ». Ces lettres patentes sont communiquées aux maîtres apothicaires de Paris, qui commencent à en délibérer le 21 mai. Trois jours après, il y a une nouvelle délibération; alors les maîtres décident de «s’opposer à l’enregistrement desdites lettres, par la raison que les apoticaires ont seuls le droit de faire des cours de chymie, et, lorsqu’un médecin y assiste, ce n’est seulement que pour y faire les discours, puisque ce sont les apoticaires qui font les démonstrations et les opérations, et qui vendent et débitent les remèdes qu’ils y font, que le sieur Lémery n’a point de droit ny de qualité pour faire des cours de chymie, et encore moins pour vendre des remèdes, puisqu’il est à présent médecin de la Faculté de Caen et n’est plus apoticaire, ayant vendu sa charge d’apoticaire privilégié de la Grande Prévôté de l’Hôtel ». Nouvelle délibération le 1er octobre 1686. Cette fois les apothicaires se déclarent «opposés à l’enregistrement desdites lettres, comme contraires aux statuts de leur communauté, arrêts et règlements intervenus pour l’exécution d’iceux »

 

 

 


Pharmacopée Universelle
de Nicolas Lémery (édition de 1697)
         

Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Mangas (Mangue)
   

Dictionnaire des drogues simples. N. Lémery (1698)
Myrtus (Myrte)
 

La Pharmacopée Universelle

Autre pilier de la pharmacie du XVIIe siècle finissant et du XVIIIe siècle, la Pharmacopée Universelle de Nicolas Lémery connut également un très grand nombre d’éditions, de 1697 à 1764. On retrouve cette pharmacopée dans les inventaires après décès de bien des apothicaires et peu d’officines du XVIIIe siècle se privèrent de ce document de travail incontournable. La plupart des médecins la possdaient également, comme d’ailleurs bon nombre de « curieux de science ». Les premières éditions, parues du vivant de l’auteur, furent toutes publiées chez Laurent D’Houry (ou laurent d’Houry, suivant les cas) et l’ouvrage resta édité par la famille, du moins en ce qui concerne les éditions parisiennes autorisées.

*extrait de l’article de Olivier Lafont :  Nicolas Lemery, providence des bibliophiles, RHP, LVII, 363, 3° TRIM. 2009 : 267-276.

 

Mais M. de la Reynie, Lieutenant général de police, leur ayant « dit de la part du Roy, que l’intention de Sa Majesté estait de traitter le plus favorablement que faire se pourroit le sieur Lémery, en conséquence de sa réunion à la religion catholique, apostolique et romaine, et de n’apporter par lesdits maîtres et gardes aucun empeschement ny retard à son rétablissement », les maîtres, « en conséquence de l’ordre exprès de Sa Majesté » viennent à résipiscence et, le 6 décembre, ils se décident à accorder à Lémery, « sa vie durant », l’autorisation de « tenir boutique ouverte et exercer l’art de la pharmacie à Paris », à condition qu’il ne fasse aucun apprenti.


Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Nardus Indica (Nard Indien)
   


Pharmacopée Universelle
de Nicolas Lémery (édition de 1697)
(Introduction)
         
         
 


Pharmacopée Universelle
de Nicolas Lémery (édition de 1697)
Approbations
   


Dictionnaire des drogues simples. N. Lémery (1698)
Nasturtium (cCesson alenois)


Dictionnaire des drogues simples. N. Lémery (1698)
Nastut. Aquatic (Cresson)

   

Ces événements sont relatés de la façon suivante dans le Mercure Galant d’août 1686 (pp. 206-209) : « La nécessité de mourir est indispensable pour tous les hommes, et si la mort en emporte tous les jours un si grand nombre, sans distinction d’âge, de naissance, de mérite et de sçavoir, ce n’est pas que l’on nous laisse ignorer les choses qui peuvent procurer une longue vie. M. Emery (sic) est un de ceux qui enseignent de plus seurs moyens pour la prolonger, et vous n’en douterez pas, quand ce que j’ay à vous en dire vous aura appris dans quelle estime il est là dessus. M. Emery (sic) estoit un des Apoticaires du Roy, étably à Paris suivant la Cour. 

 

 


Dictionnaire des drogues simples.
 N. Lémery (1698)
Nerium (Laurier-rose)
   


Dictionnaire des drogues simples. N. Lémery (1698)
Nicotiana (Tabac)

 

 


Dictionnaire des drogues simples. N. Lémery (1698)
Nigella (Nielle)

 

   Il estoit de la religion Prétendue Réformée, et comme Sa Majesté commença par ceux qui estoient à son service et à celui de la Cour à faire connoistre ses volontez, M. Emery (sic) ne fut pas des derniers à obéir. Il se défit de sa Charge, de sorte qu’on ne peut imputer l’abjuration qu’il fit ensuite, à d’autres motifs qu’à celuy d’avoir esté convaincu des Veritez Evangéliques, qu’il n’eût pas plûtost connues qu’il renonça à l’Hérésie de Calvin. Il s’est fait Docteur en Médecine depuis ce temps-là, et le Public souhaitant qu’il reprist ses Laboratoires, le Roy, à qui sa capacité est connue, luy a donné un Brevet, afin qu’il puisse faire son Cours de Chimie comme à l’ordinaire. Il l’a recommencé dans la rue Saint-Jacques, proche la Fontaine Saint-Severin, où il a étably son Laboratoire. Tout le monde demeure d’accord que l’on tient de luy les plus belles lumières de la Chimie, et les Ouvrages qu’il a donnez au Public, et les nouvelles expériences qu’il a faites, en font foy ».
 

L’abjuration de Lémery lui permettait d’exercer la médecine, mais non la pharmacie.

« Il reprit de plein droit l’exercice de la médecine, dit Fontenelle; mais pour les cours de chimie et la vente de ses remèdes ou préparations, il eût besoin de lettres du Roy, parce qu’il n’étoit plus apoticaire. Il les obtint avec facilité, mais quand il fut question de les enregistrer au Parlement, M. de la Reynie, Lieutenant général de police, la Faculté de Médecine et les maîtres et gardes apothicaires s’y opposèrent, moins apparemment par un dessein sincère de le traverser que pour rendre de pareils établissements rares et difficiles, car les apoticaires, les plus intéressés de tous à l’opposition, s’en désistèrent presque aussitôt et cédèrent de bonne grâce et au mérite personnel de M. Lémery et à celui qu’il s’était fait par sa conversion. Les jours tranquilles revinrent, et avec eux les écoliers, les malades, le grand débit des préparations chimiques, tout cela redoublé par l’interruption. »

 

   

 

Dictionnaire des drogues simples. N. Lémery (1698)
Nummularia (Nummulaire)


Dictionnaire des drogues simples. N. Lémery (1698)
Maschata
   


Pharmacopée Universelle
de Nicolas Lémery (édition de 1697)
Approbation et avis au relieur
         
 

Dans son Livre commode des adresses pour 1692, Nicolas de Blégny parle de Lémery dans les termes suivants :

« M. Lémery, célèbre par son livre et par ses cours de chimie, qui a esté gratifié d’un Privilège du Roy, en faveur de sa conversion, continue ses exercices et la distribution de ses préparations chimiques et du sel policreste de M. Seignette, chez luy, au bas de la rue Saint-Jacques, où il vend son livre, qu’on trouve d’ailleurs chez Estienne Michallet, près la fontaine Saint-Severin.

   

 

Dictionnaire des drogues simples. N. Lémery (1698)
Myrobolani (Mirobolant)

 

Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Nymphoea (Nénuphar)

 

   

 Le livre auquel Nicolas de Blégny fait allusion, est la 7″ édition du Cours de chymie, publiée en 1690, chez Estienne Mihallet, à Paris. La première édition de la Pharmacopée universelle de Lémery paraît en 1697, et celle de son Traité universel des drogues simples l’année suivante.
         
         
 Au début de 1699, Louis XIV donne une organisation définitive à l’Académie des Sciences : il lui octroie un règlement en cinquante articles, le 26 janvier et le 28 il en nomme les membres; Lémery est compris, en qualité de chimiste, parmi les académiciens associés. Invité à communiquer les projets des travaux auxquels il doit se livrer, Lémery dit qu’ « il fera cette année l’analyse de l’antimoine par les dissolvants, par les distillations et les calcinations.  Il travaillera aussi, ajoute-t-il, sur le mercure et examinera les préparations qu’on en fait, tant pour la physique que pour la médecine » .  


Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Cotyledon
         
 

Les travaux de Lémery sur l’antimoine devaient durer neuf ans et se terminer par la publication de son Traité de l’antimoine (Paris, 1707). Le 23 novembre 1699, Lémery est nommé pensionnaire chimiste en remplacement de Claude Bourdelin, décédé. Ayant atteint 70 ans, Lémery vit sa santé décliner à tel point qu’il dut renoncer à assister aux séances de l’Académie; alors il demanda la vétérance. Fontenelle l’annonce dans l’assemblée du mercredi 6 mars 1715, de la façon suivante :

« J’ai lu à la Compagnie une lettre par laquelle M. de Pontchartrain mande à M. l’abbé Bignon que M. Lémery ayant demandé au Roy d’être fait vétéran à cause de ses infirmités, il l’avait obtenu et qu’il fallait songer à remplir sa place. Trois mois plus tard, Lémery était frappé d’une attaque d’apoplexie, dont il mourut le 19 juin 1715. Il occupait alors, depuis plusieurs années, une maison de la rue Saint-André-des-Arcs.

 

 

   


Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Cynorrhodos (Eglantier)

 

 


Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Cytisus (Cytise)

 

 II avait épousé, en 1676, Madelaine Bellanger, qui lui donna six enfants, dont deux suivirent les traces de leur père : Louis, docteur en médecine, médecin ordinaire du Roi, professeur de chimie au Jardin Royal des Plantes, et son frère cadet, Jacques, chimiste, furent tous les deux membres de l’Académie des Sciences. Très occupé par son enseignement, par ses travaux de laboratoire, par sa clientèle médicale et par la rédaction de ses livres didactiques qu’il a toujours tenus au courant des progrès de la science, Lémery a fait de rares communications à l’Académie des Sciences.    


Dictionnaire des drogues simples. N. Lémery (1698)
Ebulus (Yèble)
   


Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Eupator Cannab. (Eupatoire chanvrine)
 En 1700, il lui a présenté trois mémoires : 1° Sur une extinction de voix guérie par des herbes vulnéraires; 2° sur une fontaine pétrifiante de Clermont-en-Auvergne; 3° explication physique et chimique des feux souterrains, des tremblements de terre, des ouragans, des éclairs et du tonnerre; en 1705 : Du camphre; en 1706 : Du miel et de son analyse chimique; en 1707 : De l’urine de vache, de ses effets en médecine et de son analyse chimique; en 1709 : Réflexions et expériences sur le sublimé corrosif. Tous ces mémoires ont été publiés dans l’Histoire de l’Académie des Sciences.    


Dictionnaire des drogues simples. N. Lémery (1698)
Elatine
   


Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Eryngium (Chardon à cent têtes)
 


Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Erysimum (Velar)
 

 

 

Lémery a été un savant très estimé. Fontenelle l’a apprécié de la façon suivante :

« Presque toute l’Europe a appris de lui la chimie, et la plupart des grands chimistes français ou étrangers, lui ont rendu hommage de leur sçavoir. C’était un homme d’un travail continu; il ne connaissait que la chambre de ses malades, son cabinet, son laboratoire, l’Académie, et il a bien fait voir que qui ne perd point de temps, en a beaucoup. Il était bon ami : il a toujours vécu avec M. Régis dans une liaison étroite qui n’a souffert nulle altération. Dans ses Leçons sur la philosophie chimique professées au Collège de France, en 1836, l’illustre J.-B. Dumas a fait (p. 64), un grand éloge de Lémery. Usant du style pittoresque de l’époque, il débute ainsi :

 


Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Foenum groecum (Fenugrec)
    « Transportez-vous maintenant dans la rue Galande. Suivez la foule bruyante d’étudians qui se précipite; ne vous inquiétez ni des équipages dorés qui amènent les seigneurs et les princes, ni des chaises à porteur qui transportent les grandes dames. Faites-vous faire place, allez toujours. Vous trouverez une cour, au fond de la cour une porte basse, un escalier raide, au moyen duquel vous descendrez, vous tomberez, peut-être, dans une cave éclairée par la lumière rougeâtre des fourneaux. Bientôt vous distinguerez, à son aide, les ustensiles de la chimie du temps, et vous verrez la foule empressée, attentive, écoutant les leçons d’un jeune homme, qui compte tout au plus trente années. 
 


Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Hyssopus (Hyssope)
    Ce jeune homme, sur lequel tous les regards sont fixés, aux paroles duquel toutes les oreilles prêtent une si vive attention, vous le devinez : c’est une révolution personnifiée; c’est Nicolas Lémery. Pourquoi ce grand concours et cet empressement ? C’est qu’à de profondes connaissances il sait unir l’art de les exposer d’unemanière simple, accessible à tous, et d’éclairer ses leçons par des expériences brillantes et précises. C’est qu’abandonnant le langage énigmatique et voilé de ses devanciers, il consent à parler chimie en français; c’est, pour écarter toute figure, qu’il consent à professer une chimie sage et réservée, qui tient tout ce qu’elle promet, qui ne promet que ce qu’elle peut tenir. Innovation à jamais mémorable, qui arrachant notre science aux régions du mensonge et de l’erreur, en a fait cette science positive et féconde dans laquelle un fait en amène un autre, dans laquelle le présent s’appuye avec confiance sur le passé, pour s’élancer dans l’avenir. »
         
 


Dictionnaire des drogues simples.
N. Lémery (1698)
Helenium
    

Le reste de l’article est à l’avenant : c’est l’éloge de Fontenelle romantisé. Toutes les publications faites par Lémery et celles qui lui ont été attribuées ont été décrites par le D’ A.-J.-J. Vandevelde, directeur du Laboratoire de la ville et de l’Institut supérieur des fermentations de Gand, dans un article du Bulletin de la Société chimique de Belgique (t. 30, 1921, pp. 153-165), intitulé : «L’oeuvre bibliographique de Nicolas Lémery. »

Vandevelde y mentionne aussi les traductions qui en ont été publiées dans diverses langues : allemand, anglais, flamand, etc

         
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