Brochure pour le Pepto-Fer du Dr Jaillet
Pharmacien : H. Schaffner
Vers 1910
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A propos du Pepto-Fer du Dr Jaillet
Les spécialités
pour traiter l’anémie, à base de peptone,
de fer
et
d’éléments du sang
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Publicité pour les Pilules Pink, Almanach Pink, 1912
Durant des décennies, les Pilules Pink pour Personnes Pâles ont inondées la presse quotidienne, hebdomadaire et mensuelle de témoignange de satisfaction personnelle. Elles étaient censées être souveraine contre l’anémie, la chlorose et la faiblesse générale comme le Pepto-Fer.
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Appartenant à la grande famille des peptones, le Pepto-Fer Jaillet (plus tardivement baptisé Pepto-Fer du Dr Jaillet) fut une des spécialités pharmaceutiques les plus populaires de la Belle Époque.
La brochure que nous montrons ici (ci-dessus) date des années 1910 avec, en exergue, une phrase de la Bible : « Le sang est l’âme de l’homme, la source même de sa vie ».
On découvre ensuite un long paragraphe d’introduction sur la découverte du Pepto-fer et « sa supériorité sur les autres ferrugineux ». En voici quelques passages :
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Image Publicité pour le Fer Bravais, vers 1900
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L’auteur de cette brochure, le pharmacien Schaffner, poursuit : Ce fut en 1883 que le chloro-peptonate de fer fut préparé pour la première fois. Cette découverte, qui résulte de la combinaison du fer avec la peptone, eut un immense retentissement. Elle donnait, en effet, la préparation ferrugineuse cherchée depuis si longtemps. Elle apportait aux malades le remède par excellence. En effet, le chloro-peptonate de fer, qui est aujourd’hui connu sous le nom de Pepto-Fer, représente le fer tel qu’il est obtenu après l’action de l’estomac sur le fer.
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« Donner du fer est bientôt dit, mais quel fer faut-il donner ? Les anciens prescrivaient la rouille… parfois, et cette pratique existe encore, on conseillait de boire de l’eau dans laquelle avaient séjourné des clous rouillés. Plus tard, on prescrivit le safran de mars qui devait être préparé par l’exposition de la limaille de fer à l’action de le rosée. Plus tard encore, le fer métallique en poudre fine fut administré, puis vint l’emploi du fer métallique pur sous forme de fer réduit par l’hydrogène.
Le carbonate de fer, le lactate de fer, le phosphate de fer furent ensuite successivement employés et préconisés par les auteurs. Toutes ces préparations ferrugineuses avaient de graves inconvénients… «
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Publicité pour PEPTO-FER (carte postale)
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Il est complètement assimilable, s’absorbe avec la plus grande facilité par l’estomac et par l’intestin et passe sans aucune altération dans le sang lui-même, comme l’ont montré de nombreuses expériences.
Le Pepto-fer est devenu le seul régénérateur du sang, le seul médicament ferrugineux vraiment scientifique et, de toutes parts, les médecins l’ont exclusivement adopté pour le traitement des maladies dont l’anémie est le type le plus frappant. »
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« Nous l’affirmons hautement, la découverte du Pepto-Fer a été un véritable bienfait pour les malades. Des milliers de personnes qui l’ont employé lui ont dû la guérison de leurs maladies, le retour de leurs forces, la santé en un mot, le premier de tous les biens. Depuis cette découverte, la forme médicamenteuse du fer assimilable, de celui qui guérit, parce qu’il régénère le sang, est trouvée. Aucune hésitation n’est plus de mise. Lorsqu’il s’agit de nous donner la force nécessaire aujourd’hui plus que jamais dans la lutte pour l’existence qui devient de plus en plus difficile, c’est au Pepto-Fer et à lui seul qu’il faut s’adresser.
Enfants, jeunes hommes qui entrent dans la vie, femmes, hommes qui travaillent soit de tête, soit de corps, convalescents affaiblis par la maladie, jeunes filles arrivées à la puberté, vieillards qui veuelent conserver leurs forces physiques et morales, tous doivent recourir à ce merveilleux régénérateur du sang. Le Pepto-Fer est en définitive le tonique le plus parfait de la médecine moderne. Ajoutons qu’il en est le plus agréable et que tous, même les enfants, le prennent avec le plus grand plaisir. »
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Publicité pour PEPTO-FER (carte postale)
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Pour conclure sur la présentation du Pepto-Fer Jaillet, voici les conclusions de la brochure, qu’on trouve en fin de document après toute une série de témoignages de guérisons, comme cela se faisait beaucoup à l’époque. Ces conclusions sont traduites en 4 langues : anglais, italien, allemand et espagnol* :
« Conclusions ressortant des attestations du corps médical :
Le Pepto-Fer du Dr Jaillet est le meilleur des ferrugineux. C’est le tonique et reconstituant par excellence. Il est absolument supérieur à toutes les préparations dites toniques et reconstituantes à base de quinquina, de kola, de phosphate de chaux et autres. C’est le véritable régénérateur du sang et des forces organiques. Il guérit l’anémie sous toutes ces formes, il guérit la chlorose. Il guérit la débilitation, l’hystérie, l’épilepsie, la neurasthénie. Il est souverain pour favoriser la convalescence de toutes les maladies aiguës, de la fièvre typhoïde, de l’influenza, etc. Le Pepto-Fer stimule l’appétit, favorise la digestion, ne constipe jamais, peut toujours être pris, journellement et indéfiniment, comme tonique, apéritif, pour conserver la santé.
Pour conserver ses forces, sa santé et éviter les maladies microbiennes, il faut prendre le Pepto-Fer du Dr Jaillet. »
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Publicité pour PEPTO-FER (carte postale)
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Comme le souligne le pharmacien Schaffner, le Pepto-Fer n’est pas seul dans ce domaine du traitement de l’anémie et de la fatigue en ce début de XXe siècle. c’est même un « créneau » très occupé par de nombreux produits et une publicité « tapageuse » qu’on peut voir dans quelques exemples ici :
Le Peptonate de fer Robin est sans doute le concurrent le plus proche, de même que le Peptonate de fer de Goy.
Mais on peut aussi citer les pilules Pink, l’huile de foie de morue, le Ferrikana Arnaud, l’Elixir Godinaud, l’Extrait de Quina de Exbrayat, pharmacien, l’Elixir des Dames de France, le Phospho-Cacao, le Fer Bravais, le Vin de Vial, le Vin de Chapoteaut, le Wincarnis, la Carnine Lefrancq, etc…
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Publicité pour le Peptonate de fer Robin (carte postale, Espagne)
Publicité pour Ferrikina Arnaud, 1908
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Brochure pour le Pepto-Fer du Dr Jaillet
Pharmacien : H. Schaffner
Vers 1910
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Publicité pour l’Extrait de Quina Exbrayat
Affiche Eugène Ogé, 1895
La composition renvoie aux mythes celtiques avec cette guerrière bretonne qui a vaincu les troupes du général romain Vindex en 66. Elle lève en quite d’offrandes à Boadicée, veuve du roi les laniens, une coupe débordant d’un liquide rougeoyant : du vin et de l’extrait de quina. A. Exbrayat, pharmacien à Saint-Etienne (Loire), est l’auteur d’un traité de médecine, chirurgie, hygiène et de pharmacie domestique, « ouvrage indispensable à tout le monde et de la plus grande utilité en famille ».(Source : La Santé s’affiche, M. Robert-Sterkendries, 2003)
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La vogue française des peptones fut lancée en 1872 par Defresne. En 1880, Catillon expose l’intérêt des peptones, préparées par mélange de viande de boeuf et de pepsine. Le produit ainsi obtenu peut être administré pur par voie orale « pour les braves », ou en sirop « pour les délicats, pour les dames, les enfants », ou bien encore en lavement.
De son côté, Crinon, dans son ouvrage sur les Nouveaux médicaments de 1890 décrit différentes peptones : peptone pepsique, peptone pancréatique, peptonate de fer de Jaillet et Quillard, peptone mercurique.
Le Codex de 1908 définit les peptones médicinales comme un mélange de composés solubles obtenus par l’action de la pancréatine ou de la pepsine sur les matières albuminoïdes. Le Codex de 1895 précise le mode de préparation des peptones pepsiques qui mélange viande de boeuf dégraissé, eau distillée, pepsine, acide chlorhydrique officinal et bicarbonate de soude, confirmant ainsi la technique de Petit en 1881.
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Publicité pour l’Elixir Godineau
Affiche attribuée à Eugène Ogé, 1894
Faust vieiliisant, assis dans son fauteuil, s’est détourné de son grimoire. Il boit une coupe d’Elixir Godineau – que Méphistophélès, la bouteille à la main, lui a versée – qui va lui prolonger la vie et le rajeunir… En 1908, un encart publicitaire décrivait ainsi les vertus de l’Elixir : Grâce à cette grande découverte, la vigueur physique et morale est rendue aux personnes des deux sexes (hommes, femmes, enfants, vieillards) fatigués, anémiés par le surmenage, les veilles, les maladies, les excès de tout genre, de toute nature, etc. » (Source : La Santé s’affiche, M. Robert-Sterkendries, 2003)
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Publicité pour la Peptonate de Fer Robin
Publicité pour le Petonate de Fer du Dr Jaillet, 1937
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Publicité pour le Peptonate de Fer Robin (recto)
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Publicité pour le Peptonat de fer Robin (verso)
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Publicité pour l’Elixir des Dames de France
Affiche E. Kogney, 1906
Kogney met en évidence la différence entre la ville et la campgane. Il y a encore une grande disparité entre la citadine et la paysanne qui vit encore à l’écart de tous les progrès. Par ce produit, ce sont en quelque sorte les progrès de la ville qui s’étendent au monde rural. L’auteur semble indiquer que ceux qui prennent cet élixir se transforment en citadins : bourgeois, coquettement habillés, nantis et en bonne santé. (Source : La Santé s’affiche, M. Robert-Sterkendries, 2003)
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Par ailleurs, certains produits issus du sang ou de la viande vont être très populaire, ou le redevenir à la fin du XIXe siècle et au début du XXe.
C’est ainsi que les publicités pharmaceutiques vantent en 1905 les mérites de la « poudre de viande crue de Catillon », de « l’hémoglobine Deschiens », de « la poudre de bifteck Adrian» ou encore de « la poudre de viande de Trouette-Perret ». En 1986, il existait encore, dans le Vidal, 228 spécialités d’origine bovine dont 128 ont disparu du Vidal 1996.
L’idée de mélanger « viande et fer » s’imposa également très vite : l’Élixir Hampton (« cordial au peptonate de fer, à la pepsine et à la diastase ») et le Peptonate de Fer Robin eurent, à leur tour, leur heure de gloire, cette dernière spécialité étant, au milieu des années 1880, « la seule admise officiellement dans les hôpitaux de Paris».
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Publicité pour l’Elixir Godineau
Affiche attribuée à Eugène Ogé, 1890.
Véritable patchwork amalgamant des symboles profanes, antiques, païens, chrétiens et maconniques sur la toile de fond parisienne formée des tours de Notre-Dame, d’un dôme, sans doute celui des Invalides, et de quelques éléments architectonqieus antiques qui constituent un décor de sacrifice rituel. Cette symbolique surabondante confère à l’Elixir Godineau un pouvoir surnaturel capable d’apporter force, vitalité, fécondité et virilité. La colonne, au fût monolithe et lisse, surmontée d’un chapiteau corinthien, symbolise à la fois l’arbre de vie et la masculinité. (Source : La Santé s’affiche, M. Robert-Sterkendries, 2003)
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Publicité pour le Phospho Cacao Callmann
Affiche de Marcelin Auzolle, 1910
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Pour sa part, le Pepto-Fer Jaillet fut mis sur le marché vers 1884. Nous disposons en effet à cette date d’un dépôt de marque effectué par le pharmacien H. Schaffner, propriétaire de la Pharmacie Normale, 4 faubourg Poissonnière à Paris.
Cet habile entrepreneur fut par la suite très impliqué dans la promotion de la «médication martiale » et édita une revue éponyme, apparemment entre 1887 et 1912. Nous ne disposons que de peu d’informations sur le mystérieux Jaillet. Une mention, longtemps reprise sur les étiquettes de la spécialité, le désignait comme l’«ancien chef du Laboratoire de thérapeutique de la Faculté de médecine de Paris ».
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Publicité pour les Pilules Pink, 1934
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Selon René Cerbelaud, qui en dévoila la formule dans son retentissant Formulaire, le Pepto-Fer était à l’origine un mélange d’extrait de Chartreuse, de teinture de vanille au dixième, d’alcool pur à 90°, de sirop simple, de solution de peptonate de fer et de solution de caramel. Son goût très agréable lui assura un succès foudroyant.
Comme il se doit, cette réussite suscita bien des jalousies et la contrefaçon ne tarda guère. Début 1889, comme nous le rappelle le Bulletin officiel de la propriété industrielle et commerciale, un dénommé Jean Coumeigt, médecin-pharmacien exerçant 35 rue Dauphiné à Bordeaux, se fit adresser quatre flacons par Schaffner, « qui croyait avoir à faire à un médecin et non à un concurrent ». Coumeigt analysa derechef le contenu de cette précieuse mixture et en perça tous les secrets. Dès lors, il prépara son propre peptonate de fer, « ce qui était son droit, puisque les remèdes ne [pouvaient] faire l’objet d’un brevet » à l’époque.
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Conditionnement pour le Peptonate de Fer Robin
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Image Publicité pour le Fer Bravais, vers 1900
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Dans un premier temps, le pharmacien bordelais donna à sa préparation le nom de « Pepto-Fer du Dr Randall » (le docteur en question n’existant apparemment que de son imagination). Il commanda à l’imprimerie Wetterwald, rue Saint-Rémy à Bordeaux, un nombre important d’étiquettes et de prospectus publicitaires pour lancer sa panacée. Le célèbre imprimeur, grand spécialiste de l’étiquette de vin, renâcla quelque peu, arguant du fait que « Pepto-Fer » était probablement un nom déposé. A quoi Coumeigt « répondit que c’était là un mot chimique que tout le monde pouvait employer », ce qui était notoirement faux puisqu’il s’agissait d’une création fantaisiste. Finalement, 2 000 étiquettes lui furent livrées le 30 juillet 1889, et 10 400 prospectus le 3 août. En octobre, Coumeigt changea de stratégie. Il commanda à Wetterwald 2 000 nouvelles étiquettes, mais cette fois-ci avec le nom « Peptoni-Fer » qu’il déposa le 23 novembre 1889 au greffe du tribunal de commerce de Bordeaux8. Une saisie, opérée le 27 décembre 1889 dans les locaux de l’imprimerie, dévoila le pot aux roses. Il s’ensuivit un procès qui se déroula le 16 juillet 1890, devant le tribunal de Saint-Étienne.
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Affiche de Adolphe Willette pour le Fer Bravais, 1898.
« L’ouvrière s’endort sur sa machine à coudre,
Le front lourd de sommeil, les yeux las de veiller,
Et rêve, ayant sa main frêle pour orieller,
au problème naïf qu’elle ne peut pas résoudre :
cet humbre, ce touchant problème, c’est pouvoir,
Malgré l’hiver brutal et malgré l’anémie,
Accomplire vaillamment son modeste devoir…. »
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Voici les attendus du jugement : « Dit que Coumeigt, en faisant imprimer des étiquettes portant la dénomination de « pepto-fer » et en vendant et mettant en vente, en 1889, le chloropeptonate de fer fabriqué par lui sous le nom « pepto-fer », a sciemment contrefait la marque de Schaffner, et a sciemment fait usage de la marque contrefaite ;[…] Dit qu’en faisant imprimer en 1889, des étiquettes portant la dénomination « peptoni-fer », Coumeigt a fait sciemment une imitation frauduleuse et illicite de la marque de Schaffner et que sciemment il a fait usage de la marque frauduleuse ;[…]
Dit que Wetterwald a été sciemment le coauteur de la contrefaçon et de l’imitation frauduleuse de la marque de Schaffner, en imprimant les étiquettes portant le mot « pepto-fer » et celles portant le mot « peptoni-fer » […].»
En conséquence de quoi, Coumeigt et Wetterwald furent condamnés à payer respectivement à Schaffner les sommes de 2 900 et 100 francs. Le tribunal ordonna également la radiation du dépôt de marque « Peptoni-Fer » du greffe du tribunal de commerce de Bordeaux et du registre du Conservatoire national des Arts et Métiers. On n’entendit plus parler de Coumeigt par la suite.
Quant à Schaffner, il redéposa la marque «Pepto-Fer Jaillet » le 21 janvier, toujours au tribunal de commerce de la Seine
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Affiche de 1920, auteur inconnu.
Produit par la société Coleman & Co, le Wicarnis, à base de suc de viande, de malt et de porto, connu une grande notoriété au débuit du XXe siècle.
Les deux jeunes femmes symbolisent la France et l’Angleterre et partagent une coupe de ce grand vin tonique, portant un toast à l’amitié franco-britannique, base de « l’entente cordiale » pratiquée depuis 1904. « L’extrait de viande active dans l’organisme la formation et le développement des tissus musculaires. L’extrait de malt favorise l’assimilation des aliments amylacés. Le vieux porto agit comme un stimulant du coeur et de la circulation ».
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M. le Dr Jaillet, ayant inventé une spécialité pharmaceutique, consistant en un chloro-peptonatedefer, en céda l’exploitation à M. Schaffner et aux termes d’une convention intervenue entre eux le produit fut dénommé Peptofer du Dr Jaillet, le Dr Jaillet s’interdisant d’autoriser l’usage de son nom à qui que ce soit, sur n’importe quel produit chimique de ce genre, et à ne prêter son concours à aucune préparation similaire. M. Robin, fabricant de produits pharmaceutiques, avait trouvé, de son côté, un mode de préparation du peptonate de fer et se mettait à exploiter le produit sous le nom de Peptonate de fer Robin. M. Schaffner reproche à M. Robin certains actes de concurrence déloyale, notamment la publication d’une lettre du D’Jaillet vantant le peptonate de fer Robin, en violation des engagements pris par le Dr Jaillet vis-à-vis de Schaffner. M. Robin actionne reconventionnellement M. Schaffner en dommages-intérêts.
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Image Publicité pour le Fer Bravais, vers 1900
Publicité pour le dépuratif Michelet, 1926
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« Les Laboratoires Robin furent fondés en 1883 par Maurice ROBIN, pharmacien de l’Ecole Supérieure de Pharmacie de Paris et interne des Hôpitaux. C’est en 1881 que, chef de laboratoire de Dumontpallier, à l’hôpital de la Pitié, il étudie le peptonate de fer que Berthelot présente en 1885 à l’Académie des sciences.
Depuis cette époque, les Laboratoires Robin installés tout d’abord à Bourges, puis bientôt après , 13 rue de Poissy à Paris, avec une usine disposant de deux hectares à Antony, prennent rapidement une grande extension. Les bureaux et un laboratoire d’hypodermie d’urgence sont fixés à Paris, 13, 15, 31, rue de Poissy. Les bureaux, l’usine et les laboratoires emploient un personnel important, surveillé par plusieurs pharmaciens, médecins, chimistes, docteurs es-sciences. »
(Revue d’Histoire de la Pharmacie, 1929)
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Ce même Robin se trouve également mêlé à un problème en terme de marque, en Italie. …
La spécialité Pepto-fer du Dr Jaillet, devenue entre-temps propriété de Darrasse (successeur de Schaffner), continua à être exploitée avec succès. Une lettre circulaire, adressée aux médecins probablement vers la fin des années 1940, témoignait cependant de l’érosion de sa notoriété et, conséquemment, de ses ventes : « Nous insistons sur ce point que le Pepto-Fer du Docteur Jaillet est en règle avec les lois et règlements en vigueur actuellement en France, et de ce fait peut être prescrit aux assurés sociaux. Les caisses doivent en rembourser le prix jusqu’à concurrence de 85 %. Prix public : 14 francs.»
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Mais Schaffner lui-même n’était pas exempte de critique en matière de propriété intellectuelle comme l’atteste cet article paru dans le Figaro résumant le conflit qui opposa Schaffner et Robin.Si Robin gagna ce procès, il dut cependant cesser le faire référence au Dr jaillet pour vanter les mérites de son produit.
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Exemple de témoignage sur l’effet thérapeutique du Peptonate de Fer Robin
Brochure des années 1910
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Le Pepto-Fer passa ensuite dans l’escarcelle de la Pharmacie centrale de France, puis du laboratoire Chanteaud. Présentée comme un « antiasthénique » dans le dictionnaire Théra de 1989, la spécialité se composait alors de soluté officinal de chlorure de fer (0,365 g), de peptone pancréatique (0,127 g), d’alcoolat composé de mélisse (1,145 g), de saccharose, glycérine, caramel, rhum, éthanol et eau qsp 100 mL. Elle n’était plus remboursée par la Sécurité sociale depuis de nombreuses années. Il fut mit un terme à sa commercialisation en janvier 1998.
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Publicité pour l’Elixir ou la Confiture
de St Vincent de Paul
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Quelles étaient les indications plus précises du Pepto-Fer, généralement reprises par tous les concurrents de l’époque ? La brochure des années 1910 est découpée en plusieurs chapitres avec, pour chacun, un organe ou un ensemble d’organes pour une fonction, suivi pour chaque domaine, de témoignages de guérisons :
1) maladies de l’appareil digestif : Après avoir expliqué en quoi les maladies de l’appareil digestif sont concernés par la carence en fer et l’anémie, Schaffner conclut qu’il faut donner du fer aux malades. « Mais l’observation de tous les médecins a montré que toutes les préparations de fer, au lieu d’amenerla guérison, aggravent le mal, parce que dans un estomac malade, le fer ne peut être digéré ni absorbé. On ne savait comment arriver à la guérison. Or le Pepto-Fer peut être administré dans ces cas… A tous ceux qui souffrent de l’estomac, à tous ceux qui ont de la dyspepsie, de la gastralgie, de la gastrite, aux fumeurs, aux buveurs, aux personnes privées de dents nous dirons donc : Prenez le Pepto-Fer, il vous guérira ».
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Brochure pour le Pepto-Fer du Dr Jaillet
Pharmacien : H. Schaffner
Vers 1910
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Brochure pour le Pepto-Fer du Dr Jaillet
Pharmacien : H. Schaffner
Vers 1910
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2) Maladies du système nerveux :
« De nos jours, nous pouvons le dire, les maladies du système nerveux ont pris une propotion véritablement extraordinaire. Il y a trente ans, elles étaient rares ; aujourd’hui, on n’entend plus parler que d’elles… Il n’est question que de neurasthénie, d’hystérie, d’épilepsie, de chorée ; on ne parle que de paralysies et de névralgies de toute sorte. La folie elle-même a fait de notables progrès. »
Après ce tableau « idyllique » des maladies de ce début de XXe siècle, le pharmacien explique que la cause en est bien sûr l’anémie, se référant à la maxime latine sanguis moderator nervosum, le sang est le modérateur des nerfs. Là encore, « le Pepto-Fer est le remède souverain. Il guérit la neurasthénie, le nervosisme, les névralgies, la chorée ; il empêche le développement de l’hystérie et de l’épilepsie et les guérit, quand par insouciance, ignorance ou défaut de soins, on ne les a pas laissées s’aggraver. De nombreuses observations l’on prouvé. »
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Peptonate de fer du Catalogue GOY vers 1910
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3) Maladies du coeur : « Toutes les maladies du coeur, quelles que soient leurs causes, conduisent ceux qui en sont atteints à l’affaiblissement général et à une anémie qui s’accuse de plus en plus… ». Le Pepto-Fer s’impose donc, évidemment ! : « Auxpersonnes atteintes de maladies de ceour, nous dirons donc : Prenez le Pepto-Fer. Avec lui, vous ferez disparaitre la plupart des symptôms de ces maladies, entre autres la gêne respiratoire, les palpitations. Avec lui, vous donnerez au coeur lui-même l’énergie et la force dont il a besoin pour assurer la circulation ; avec lui enfin vous éviterez et vous guérirez les crachements de sang et les hydropisies. »
4) Maladies des voies respiratoires :
Là encore, selon Schaffner, l’anémie est la conséquence de ces maladies et « le Pepto-Fer, remède régénérateur du sang, doit être donné à toutes les personnes atteintes des maladies des voies respiratoires… Enfin, et c’est la plus forte raison de son emploi, il stérilisera, si nous pouvons nous servir decette expression, le terrain organique contre le développement du microbe de la tuberculose et empêchera, par conséquent, la phtisie, cette redoutable maladie, qui fait aujourd’hui tant de victimes. »
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Photo de Maurice Robin (1856-1917)
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Sortie des Usines Robin,
avenue Aristide Briand à Antony,
années 1930
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Les effets du pepto-Fer ne s’arrêtent pas en si bon chemin. Son rôle est également longuement décrit pour lutter contre les « Maladies des femmes », en cas de Grossesse, de lymphatisme et de scrofule, contre les Maladies du sang et cachexies, et contre les Fièvres paludéennes.
C’est donc un spectre d’activité extrêmement large que propose notre pharmacien !
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Publicité pour le Vin de Vial, 1915
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Et aujourd’hui ??? Si les peptones ont disparu en tant que médicaments, on en trouve dans les compléments alimentaires (considérés comme émulsifiants). Quant à l’anémie ferriprive, toutes les spécialités actuelles sont faites de sels ferreux, bien mieux assimilés que les sels ferriques. Il faut prescrire 4 à 6 mois de traitement pour arriver à recharger les stocks tissulaires en fer. Aucun sel ferreux n’a fait la preuve de sa supériorité ou de sa meilleure tolérance sur les autres.
Sur le site de la HAS, on trouve plusieurs spécialités à base de fer, avec un Service Médical Rendu important.Voilà ce qu’on peut lire, par exemple pour Fumafer (Sanofi):
« la Commission considère que le service médical rendu par FUMAFER reste important :
– dans le traitement de l’anémie par carence martiale,
– dans le traitement préventif de la carence martiale de la femme enceinte uniquement chez les femmes identifiées à risque d’anémie ferriprive (notamment antécédents d’anémie, saignements récents, femmes multipares, grossesses rapprochées) ayant une carence martiale objectivée et lorsqu’un apport alimentaire suffisant en fer ne peut être assuré. »
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Publicité pour le Vin de Chapoteaut, 1912 |
*Il faut noter que le PEPTO-FER était déjà explorté dans de nombreux pays : Angleterre, Brésil, Serbie, Roumanie, Canada, Chili, Pérou, Bolivie, Equateur, Grèce, Egypte, Espagne, Etats-Unis, Indes Anglaises, Indo-Chine Française, République Argentine
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