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Etiquettes pharmaceutiques :
un art au service d’une nécessité
XVe au XXe siècles
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Au long des siècles, l’apothicaire puis le pharmacien a mis en place un étiquettage soigneux de ses préparations pour éviter les erreurs, dans son officine d’abord, puis pour les patients. Comme nous le verrons, l’étiquette a été utilisée pour plusieurs fonctions qui se sont enrichies au fil du temps : identifier le médicament et valoriser sa marque, repérer le pharmacien et lui assurer une publicité gratuite, présenter le médicament sous un jour agréable par une belle décoration, décrire l’effet du médicament et sa forme galénique, dater sa préparation et sa péremption, assurer la tracabilité de sa préparation, de sa distribution et de sa délivrance, etc… Mais le mot étiquette lui-même ne fut utilisé qu’à partir du XVIIIe siècle comme le rappelle l’Encyclopédie à l’époque qui en donne l’origine judiciaire. Au temps où l’on enfermait les procédures dans des sacs de toile, on cousait sur ces sacs, pour pouvoir les reconnaitre, un bout de parchemin portant les mots « Est hic quoestio inter X… et Y… », c’est à dire « C’est l’affaire d’Un tel contre Un tel ». Qu’y a-t-il là-dedans ? Je ne sais : lisez l’Est hic quoest. !1
Au temps des corporations (fin du XVe siècle à 1803), les apothicaires ou ses aides collent une étiquette manuscrite sur la fiole ou le pot remis, ou inscrivent le nom du médicament sur le paquet ou le cornet. On en voit un exemple ici avec les paquets du vray Polychreste.
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Il existe ensuite des étiquettes plus ou moins décorées comme dans l’ exemple ci dessous. Certaines spécialités donnent lieu à des étiquettes personnalisées comme, par exemple, celle que l’on peut voir ici pour les gouttes du général de la Motte
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L’étiquette ci contre mérite l’attention. Tout d’abord, elle caractérise une forme d’art, groupant sous un petit format la plupart des éléments de la décoration qui étaient en faveur dans le premier quart du XIXe siècle, plus spécialement chez les lithographes. Elle nous documente aussi sur l’aspect de 5 ustensiles couramment utilisés dans les laboratoires à l’époque. Enfin, et surtout, elle a le mérite d’avoir appartenu à un grand pharmacien qui l’a peut être inspirée, Paul-Antoine Cap*, alors à ses débuts.
*Le célèbre auteur du Traité de pharmacie paru en 1847, de son vrai nom « Gratacap », était né à Mâcon en 1788. Avant de s’établir à Paris, où il joua jusqu’à sa mort, en 1877, un grand rôle dans la profession pharmaceutique, il avait été, comme le confirme cette étiquette, pharmacien à Lyon, rue Neuve-des Capucins, n°23. Antoine Cap a publié les oeuvres de Bernard Palissy, a rédigé les biographies de plusieurs savants et est l’auteur d’une « Histoire de la Pharmacie » parue en 1847. |
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Certain artistes s’intéressent à la gravure pharmaceutique et réalisent des dessins pour les étiquettes. Parmi eux, on peut citer Cochin fils, Moreau le Jeune, Masquelier, Auguste de Saint-Aubin, Choffard, Avril ou encore Baltasar-Antoine Dunker, d’origine suédoise, installé à Bâle après un apprentissage du dessin et de la gravure à Paris, chez Joseph-Marie Vieus, Noël Hallés et Jacques Aliamel. En France, on appréciait particulièrement Dunker. il composa des gravures et des vignettes pour l’Heptaméron de la reine de Navarre. C’est alors le procédé de la taille douce qui est le plus en faveur, alors qu’au XIXe siècle prévaudra celui de la lithographie parfois rehaussée de chatoyants colories1.
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Quelques étiquettes gravées par B.-A. DUNKER (1746-1807)
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Au XIXe siècle, le Catalogue Dorvault permet de voir le chemin parcouru : l’art de l’étiquette s’est considérablement sophistiqué et précisé. Dorvault a mis au point des étiquettes « passe-partout » s’adaptant à tous les récipients possibles ou presque . Les encadrements « standards » peuvent être de styles très variés ou personnalisé à la pharmacie qui en fait la commande. Il existe des étiquettes à bocaux, mais aussi des étiquettes longues pour tiroirs. Des étiquettes particulièrement sophistiquées et décorées sont aussi proposées pour les « Grandes conserves » de devantures.
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Une autre série de catalogues est intéressante du point de vue des étiquettes : celle des Etablissements Goy qui avaient leur propre imprimerie de la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1960. on y voit apparaitre la quadrichromie qui embellit encore le produit fini tout en donnant l’information utile. |
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La Société d’Histoire de la Pharmacie détient une collection importante d’étiquettes dont voici quelques exemples : elles ont été rassemblées sans commentaire par M. Fialon et datent des XIXe et XXe siècle. on peut y lire quelques noms connus comme Toraude. La plupart sont des étiquettes utilisées par des pharmaciens d’officine. Quelques unes étaient utilisées pour des spécialités venant de l’industrie ou en milieu hospitalier.
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L’importance de l’étiquette demeure aujourd’hui et des sociétés spécialisés se sont constituées pour fabriquer des étiquettes pharmaceutiques de plus en plus complexes : étiquettes étrier, étiquettes multivolets… et surtout de plus en plus adaptées à la sécurité du patient : le système RFID ou Data Matrix par exemple permettent une meilleure tracabilité des produits jusqu’au patient. « Le code DataMatrix est une symbologie code-barres bidimensionnelle à haute densité, permettant de représenter une quantité importante d’informations sur une surface réduite, jusqu’à 2 335 caractères alphanumériques ou 3 116 caractères numériques, sur environ 1 cm². Le code DataMatrix est dans le domaine public, ce qui signifie qu’il peut être utilisé dans toute application sans être redevable de redevances. Il répond à la norme ISO IEC16022″(Wikipedia). Cette même source définit le RFID comme la radio-identification (de l’anglais Radio Frequency IDentification) est une méthode pour mémoriser et récupérer des données à distance en utilisant des marqueurs appelés « radio-étiquettes » (« RFID tag » ou « RFID transponder » en anglais). Les radio-étiquettes sont de petits objets, tels que des étiquettes autoadhésives, qui peuvent être collées ou incorporées dans des objets ou produits et même implantées dans des organismes vivants (animaux, corps humain). Les radio-étiquettes comprennent une antenne associée à une puce électronique qui leur permet de recevoir et de répondre aux requêtes radio émises depuis l’émetteur-récepteur. Ces puces électroniques contiennent un identifiant et éventuellement des données complémentaires
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Reférence
1. Les Annales Coopératives Pharmaceutiques, avril 1935 |
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