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La Chronique médicale (1915)

   

Exposition temporaire :

La Chronique médicale (1915)

   

 

 
     

 

  Comme on le sait, de nombreux laboratoires pharmaceutiques sinon tous, à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle, ont utilisé le principe d’éditer un journal scientifique comme support publicitaire. Ces journaux qu’on désigne sous le nom de « House-Organ » étaient généralement destinés à distraire les médecins et parfois à donner des informations scientifiques sur les produits de l’entreprise ou à portée plus générale.

C’est ainsi que la Maison Chassaing publie à partir de 1894 à 1938 « la Chronique Médicale, Revue bi-mensuelle de Médecine historique, littéraire et anecdotique. On peut lire dans la Revue d’Histoire de la Pharmacie en 1929 : 

 

« C’est à Asnières que, dès 1866, M. Eugène Chassaing établit la maison dont il resta le directeur jusqu’en 1912. A cette date, sous la raison sociale G. Prunier et Cie, M.G. Prunier en devint le gérant. MM. Chassaing de Borredon, docteur en médecine, chevalier de Légion d’honneur, et Le Coq, pharmacien de 1° classe, docteur en droit, lui succédèrent.

Spécialisée dans la fabrication des produits physiologiques, la maison Chassaing est connue encore pour la Phosphatines Falières, la Poudre laxative du Dr Souligoux, les Produits phéniqués du Dr Déclat, le Sirop Coclyse et le Vin de Chassaing. Dans ses laboratoires, la maison Chassaing assure en outre la préparation de produits dont elle a le dépôt : Comprimés Vichy-Etat, Neurosine Prunier, Novacétine Prunier, Dioséine Prunier. »

 
   

Cette exposition temporaire va examiner ce journal et surtout ses illustrations, principalement  à travers l’année 1915. Tout d’abord, et très naturellement pour l’époque, l’ensemble des produits de la Maison Chassaing sont présentés en tête de chacun des numéros de la revue.

On y trouve la célèbre Phosphatines Falières qui a eu le privilège de bénéficier d’une publicité très importante dans les journaux de l’époque, mais aussi le Vin de Chassaing, la Poudre Laxative de Vichy, les comprimés Vichy-Etat, le Sirop au phénate d’ammoniaque.

On trouve aussi des produits sous la marque Prunier, tels que la Neurosine Prunier, l’Eugéine Prunier, ou encore l’Erséol Prunier. Egalement présents : La Glyco-phénique Déclat et le Sirop phéniqué Déclat. Le principal responsable du journal est Cabanès. Il le sera en tout cas jusqu’à sa mort en 1928, date à laquelle le Dr Garrigues lui succédera.

   

 
   

   

Voici ce qui disait notre revue en 1928 à propos de Cabanès : « Cabanès était pharmacien et docteur en médecine, et c’est l’histoire, pour laquelle il n’était nullement préparé, qui lui permit de gagner sa vie. Il ne faut nullement s’en étonner : le public n’accorde-t-il pas plus volontiers sa confiance aux guérisseurs qu’aux diplômés de la Faculté ? De même, le véritable historien l’intéresse toujours médiocrement, car l’histoire vraie offre moins d’intérêt que l’histoire mêlée de légende ou de gaudriole. Or, celui qui a longuement étudié les moyens de recueillir les textes, de les interroger, de les estimer à leur juste valeur est tout naturellement incité à utiliser des connaissances chèrement acquises, à faire œuvre scientifique et non fantaisiste, à éviter le plagiat et les redites, enfin à gagner l’estime de ses pairs et non la faveur du vulgaire. Cabanes ne s’était jamais classé dans cette catégorie de travailleurs, et la première fois que je le vis, il ne fit aucune difficulté pour m’avouer que son point de vue était autre : « Le grand public ne veut pas être instruit, mais amusé et même émoustillé; tout n’est pas plaisant dans l’histoire : il faut donc choisir. »

Ce choix, Cabanes eut le mérite de le faire avec une dextérité sans égale. Ses curiosités devenues Indiscrétions (ou inversement, je ne sais plus), ses Cabinets secrets, ses Maladies héréditaires, etc., etc., amuseront encore longtemps une importante catégorie de lecteurs qui se donneront ainsi l’illusion de comprendre et de goûter l’histoire de France. C’est ce qui explique le succès de la souscription pieusement organisée par 1′ « Association professionnelle des journalistes médicaux », dont Cabanes était le fondateur. On sait qu’il dirigea pendant longtemps La chronique médicale. Les propriétaires de cette revue ont été bien inspirés en lui donnant comme successeur un spécialiste des plus sympathiques, M. le docteur Garrigues, à qui nous souhaitons confraternellement la plus cordiale bienvenue. »

 
   

La Chronique médicale va donc, pendant plus de 40 ans, être distribuée aux médecins par la Maison Chassaing. Dans le premier numéro, publié le 13 décembre 1894, on peut lire les motivations qui ont conduit à créer la revue : « Nous créons une Revue de médecine, dont le fond comme la forme sera littéraire autant que professionnelle ». La rédaction précise un peut plus loin que « Notre journal, visant avant tout à rendre service aux praticiens, renseignera nos lecteurs sur les remèdes nouveaux et les médications nouvelles ; sur la posologie des médicaments consacrés par l’expérience ; sur les meilleures formules de nos maîtres des hôpitaux… » Au fil des années, on constatera cependant que la Revue s’intéresse plus à la distraction des médecins qu’à l’information médicale !

 

   

 
   

Légende : La famille royale de Prusse (vers 1866).
Le bambin qui, le genou en terre, tient à la main un fusil-baillonnette, n’est autre que le futur kaïser, dont s’éveillait déjà les instincts belliqueux. (Document communiqué par M. Léger, pharmacien à Vichy)
La Chronique médicale, 1914
   

En cette année 2015, nous avons choisi délibérément de nous intéresser à 1915, une occasion également de suivre les premières années de la Grande Guerre. Dès 1914 et les numéros de Août-Septembre 1914, la Chronique Médicale se met à l’unisson de beaucoup de français, condamnant sans réserve l’attaque allemande et la façon de faire la guerre des Allemands. L’éditorial du dernier numéro de l’année 1914 se termine ainsi : « Nul ne pouvant se flatter de prévoir le terme d’un conflit qui met aux prises les plus grandes puissances de l’univers et ne saurait se terminer par une paix boiteuse ou infamante, nous avons pensé, avec quelques-uns de nos confrères de la presse scientifique, qu’il ne servait à rien d’en attendre l’issue dans une inaction stérile, et c’est pourquoi nous comptons sur le concours, qui ne nous a jamais manqué, de nos collaborateurs, pour nous aider à poursuivre une tâche qui, sans être aussi glorieuse que celle des confrères qui font vaillamment leur devoir sous le feu de l’ennemi, vise un peu de réconfort et de distraction. »

En effet, dès ce premier numéro publié en temps de guerre, le ton est devenu virulent, comme le montre les titres des articles de la Revue : «  Psychologie des foules : la démence germanique » ; « La médecine dans l’histoire : l’impérial manchot » dont voici l’introduction : « En attendant que nous fassions une étude plus « poussée » des tares pathologiques du Lohengrin impérial, nous consignons dans notre recueil cet aperçu sommaire, qui appelle un complément, dont nous hâterons le plus possible la mise à jour ». Une rubrique que nous suivrons tout au long de l’année 1915 fait son apparition fin 1914 : « La « Kultur » germanique », qui décrit le comportement de l’armée allemande pendant la guerre.

 
   

L’année 1915 de la Chronique médicale est surtout consacrée à la guerre qui fait rage en Europe. Les éditoriaux de la Revue y font le plus souvent allusions et les articles véhément contre l’Allemagne ne manquent pas : « Ils laissent mourir leurs propres blessés », « Le meurtre des blessés français », « Les goûts culinaires des Austro-Boches », « Leur brutalité », « Leurs prétendues découvertes », « La Kamelote allemande », « Leur Kultur », « La prétendue science germanique », etc.

Quelques rares articles sont assez décalés par rapport à l’actualité du moment : « Comment est mort Spinoza ? », « La Télégraphie sans fil », ou encore « Le Baume du commandeur ». Il est évidemment impossible de feuilleter cet ensemble de 384 pages !

Nous allons le faire à partir des illustrations de cette année-là. 

   


Légende :
L’empereur Guillaume II (d’après un dessin de l’Illustration). Ce siasissant croquis, pris sur le vif par M. L. Sabattier, lors du voyage de l’empereur en Palestine, nous montre celui-ci s’apprétant à enfourcher un magnifique dextrier, non point comme un cavalier rompu à ce genre d’exercice, mais à l’aide d’un escabeau pliant, « indispensable, pour se mettre en selle, à cet infirme-né, au bras gauche estropié ». 
La Chronique médicale, 1914 
 
   

   

 
   

Cette caricature de Pasteur reflète bien l’état d’esprit des scientifiques au début de la Grande Guerre. Déjà, la guerre de 1870 avait valu aux correspondants étrangers allemands de l’Académie de médecine d’être exclus de cette instance. La question se pose à nouveau à l’ensemble des académies en France et de façon encore plus aigue lorsque les intellectuels allemands signent un Manifeste le 4 octobre 1914.

Cet « appel au monde civilisé » signé par 93 scientifiques (dont Röntgen) va faire réagir la communauté scientifique en France. Dans la Chronique Médicale début 1915, on peut lire par exemple : « Vous avez certainement parcouru cet extraordinaire manifeste : jamais on ne vit pareil monument d’infatuosité megalomaniaque. De partout sont venus les protestations… »

Quelques pages plus loin, dans une rubrique intitulée « Leur Kultur » qui va se poursuivre plusieurs années, on peut lire sous le titre « leurs savants » : « Certes, ils se flattent de posséder un Virchow, qui découvrit la cellule, après Raspail; un Röntgen, qui, s’il trouva les Rayons X, devait laisser à d’autres, notamment Becquerel et Gustave Le Bon, le soin d’en tirer parti. Ils ont eu de Humboldt, qui dépouilla Berthollet et Lavoisier : Haeckel, qui a pillé Lamarck et Geoffroy Saint-Hilaire. Qu’est-ce, après tout, que ces quelques noms, à côté de ceux de Pasteur, Berthelot, Claude Bernard, Ampère, Faraday, etc.

Et Branly et Marconi, et Darwin et lord Kelvin, sont-ce des noms germaniques, et qui leur oppose-t-on, de l’autre côté du Rhin ? Ils ont Koch et von Behring ? Le premier rappelle une faillite trop retentissante pour qu’il soit utile d’insister ; quant au second, il était, vous venez dans le lire, dans un asile d’aliénés, quand on lui a présenter à signer le manifeste des intellectuels. Etonnons nous, après cela, de l’insanité de ce factum. »

Quelques mois plus tôt, Toraude avait écrit dans le Bulletin des Sciences pharmacologiques en novembre 1914 : « A la suite de cette audacieuse manifestation, les musiciens, les peintres, les littérateurs et les médecins français ont chassé de leurs associations respectives les titulaires et les correspondants allemands qui figuraient parmi leurs membres. La Légion d’Honneur les a rayés de ses cadres. L’Académie française leur a fermé ses portes. Seules, les associations scientifiques se sont encore abstenues… »

   


Caricature de Pasteur

Légende : Cette caricature qui représente l’illustre chimiste, se vaccinant contre les décorations allemandes, fut publié par un journal satirique de Vienne (Autriche), à la suite du refus, par Pasteur, de la croix du Mérite de Prusse. Elle se trouve, en raison des circonstances, doublement actuelle, tant à cause de la guerre que du discours académique dont nous donnons, d’autre part, une substantielle analyse.

 
         
   

On peut se demander pourquoi montrer la Vierge Noire de Notre-Dame de Vladimir dans la Chronique Médicale. Le rapport avec la guerre n’est en effet pas évident sauf quand on lit l’article associé : Le 13 décembre 1914, le Pélerin publie l’article suivant sur le Vierge de Czenstochow : « Les soldats allemands ont volé la couronne d’or massif, imbriquée de pierreries, de la célèbre Vierge de Czenstochow, qui est la madone nationale des Polonais. on connait l’histoire de cette image miraculeuse déposée au début du XIVe siècle, par le duc Wladislaw, au monastère de Yasna Gora (« La Montagne lumineuse ») sur la frontière silésienne. La légende dit qu’elle a été peinte par Saint Luc en personne sur un panneau de bois sorti de l’atelier de Nazareth…. Lorsque les Allemands furent rejetés en déroute vers leur frontière, après leur échec à Varsovie, les Polonais y virent une punition du sacrilège qu’ils avaient commis dans leur sanctuaire national. « C’est la Vierge noire qui nous a sauvés », s’écrièrent-ils.

On annonce que le kaiser a offert de remplacer la couronne volée, mais que cette offre a été repoussée avec mépris par les Polonais, comme « un blasphème, venant des menteurs, incendiaires, violateurs et meurtriers de femmes et d’enfants » que sont les Allemands. La pieuse et chevaleresque Pologne ne pouvait faire une autre réponse »*.

L’auteur conclut : « Nous nous rappelons, à ce sujet, avoir reçu, il y a quelques années, d’un de nos confrères russes, une image représentant la fameuse Madone, accompagnée de ces mots « Conservez là, elle vous portera bonheur »; pour déférer à cet aimable désir, nous avons précieusement gardé l’effigie pieuse, ne nous doutant guère que nous aurions un jour prétexte à en reparler. »

*Au début du XXème siècle, le manteau de perles et les 2 couronnes d’or furent volés de l’icône et le pape Pie X offrit 2 nouvelles couronnes à la Sainte Icône qui fut de nouveau couronnée.

   


Légende :
La Vierge Noire N.-D. de Vladimir, objet d’un des plus célèbres pélerinages de la Russie, d’après P. Lacroix.
La Vie militaire et religieuse au moyen âge.
 
   


Légende : le Professeur von Esmarch (1) et Madame
(1) Un « Intellectuel » allemand, qui eût signé le fameux Appel… s’il n’était pas mort en 1908
   

En face de cette photo du Professeur von Esmarch et de son épouse, on peut lire le commentaire suivant : « L’Appel des Intellectuels : Si nous n’avons pas publié ce factum, où le mensonge le dispute à la mauvaise foi, c’est, on l’a deviné, parce qu’il a été imprimé un peu partout : ce qu’il importe d’en retenir, c’est qu’il porte les signatures de la plupart des personnalités scientifiques d’outre-Rhin, qui n’ont pas craint de se deshonorer, en donnant leur approbation à tous les crimes commis par la horde soldatesque.

Parmi ces noms, il convient de clouer au pilori les suivants portés par des personnages qui ont été plus ou moins en rapport avec nous avant la guerre : Emil von Behring, Paul Ehrlich, Ernst Haeckel, Röntgen, tous qualifiés d’Ecellences ; Albert Neisser, de Breslau, Alb. Plhn, W. Waldeyer, von Wassermann, professeurs à Berlin; enfin, le chimiste W. Ostwald, de Munich dont on a publié, dans les quotidiens, l’extraordinaire interview. 

 
   

Il est assez curieux de trouver le portrait de la Princesse Palatine ici. ce est en relation avec un article intitulé « Scatologie allemande » qui n’est pas des plus délicat ! Jugez en plutôt : »La Chronique médicale du 15 janvier 1915 reproduit un certain nombre d’anecdotes, démontrant, qu’en 1914 comme en 1870, les Allemands, tant princes qu’officiers ou soldats, ont pris plaisir à souiller de leurs ordures les objets et locaux à leur disposition. il n’y a pas lieu, à mon avis, de s’étonner de ces meours scatologiques : elles sont une survivance  d’habitudes anciennes, gravées profondément dans les moeurs. Ouvrons un livre publié en 1519 et intitulé les aventures de Til Ulespiègle : ce sont les farces du bouffon populaire de l’Allemagne… Cet ouvrage est rempli des récits les plus orduriers…

Un autre professeur de scatologie est une grande dame du XVIIIe siècle, la Princesse Palatine, belle-soeur de Louis XIV et mère du Régent. Elle est Française par alliance, mais Allemande d’origine, et elle conserve à la cour de Versailles la mentalité de son pays. Sa correspondance avec ses compatriotes abonde en détails réalistes et en descriptions ordurières. Elle contient notamment, deux lettre, dont l’une, adressée à l’électeur de Hanovre, est un éloge, par la Princesse, du besoin de ch…; l’autre est la réponse du Prince qui, au contraire, fait en termes physiologiques le procès de la fonctionrectale. Le titre seul de ces élucubrations bizarres suffit pour caractériser les gouts de ces deux Altesses.

Ne nous étonnons donc pas des moeurs de nos ennemis; peuple ou princes, ils subissent les lois de l’atavisme, glorifiées par la littérature. Malheureusement leur bilan ancestral n’est pas seulement scatologique. A Côté de Til Ulespiègle, on trouve, dans leurs ascendants, les Barbares et les chevaliers brigands qui ont ensanglanté le moyen-âge, et leurs dignes successeurs, le Reîtres du XVIe et du XVIIe siècles…. »

   


Légende : La Princesse Palatine
 
   

 

     
   


Légende : Blücher au café (d’après un dessin d’Hoffmann)
   


Le Feld-Maréchal Blücher
(d’après une lithographie)
 
   

Sous le titre « la fin du Dr Blücher », Max-Billard raconte la vie de celui qu’il appelle « le vieux soudard », qui eut un rôle déterminant dans la défaite de Napoléon à Waterloo. Lors de la capitulation de 1814, il souhaitait raser Paris de la carte ! Après avoir décrit un personnage antipathique et mal aimé de ses contemporains, et malade, l’auteur indique :  » Blücher mort (en 1819), ses panégyristes le transformèrent en un grand général, un sage, un ami de la liberté, comme le fait cyniquement aujourd’hui toute la presse germanique pour ce maniaque dominateur, qui voulait couvrir le monde de son despotisme comme d’un drap mortuaire et qui a déchaîné sur l’univers l’ouragan de fer et de feu qui changera la face de l’Europe.

Blücher, cet homme infidèle aux lois de la guerre, qui s’était signalé par une insolence, une rapacité et une férocité vraiment barbares, eut bien ri de ses éloges, comme il a fait sans doute des diplômes délivrés par les universités au docteur Blücher. »

Quelques anecdotes sont rapportés dans cet articles sur Blücher, dont celle-ci : « En 1814, le maréchal prince Blücher, bon soldat, médiocre capitaine, homme de courage, dont on a fait un héros, parce que son nom, son âge et sa physionomie formaient une trinité toute-puissante pour les cerveaux des jeunes soldats, mais homme sans génie, sans instruction, bon pour ses entours, mais d’une écorce rude, demi-barbare, demi-civilisé, ennemi irréconciliable de Napoléon, et ayant les français en haine, avait résolu de faire sauter le pont d’Iéna, construit en face du Champ-de-Mars. Le roi, informé de ce projet cosaque, s’empressa de lui faire dire « que, ne pouvant opposer la force en ce moment, il le priait de le faire prévenir de l’heure à laquelle il voulait faire sauter le pont, et que lui, roi, se ferait rouler dessus dans son fauteuil ». On donna pour satisfaction à Blücher – qui dut renoncer à son projet – de débaptiser le pont d’Iéna et de le nommer désormais « pont de l’Ecole militaire » et dans la crainte qu’une lubie analogue ne prît aux Autrichiens à l’occasion du pont d’Austerlitz, on appela celui-ci « pont du Jardin des Plantes » ; mais, comme on le sait, les deux premiers noms subsistent toujours… »

 

 
   


Légende : Le Tour des Enfants trouvés
(d’après une ancienne gravure sur bois)
   

La gravure ci-contre représentant le « Tour des Enfants trouvés »* est associée à un article sur l’avortement (alors totalement interdit) des femmes violées par les soldats allemands. Sous le titre « Dans l’espèce, l’avortement est-il légitime », le Dr Villechauvaix fait appel au témoignage des uns et des autres. Il donne la position du professeur Pinard : pour ce dernier, le médecin a l’impérieux devoir, qui n’admet aucune restriction, de sauver la vie et de la respecter. Seul est envisageable l’abandon de l’enfant à la naissance, facilité par des règlements particuliers.

Quant au Dr Villechauvaix, il faut accepter l’avortement : On sait qu’il s’agit de ces produits que la kultur allemande a déposés un peu partout, dans les foyers de la Belgique et de la France. Serait-il légitime d’expulser ces produits ? Je n’hésite pas à répondre par l’affirmative. » Après un argumentaire détaillé, il conclut qu’il s’agit de « casser le bourgeon » : « Cassez le bourgeon, c’est mon sentiment formel. Si je suis libre penseur, l’approbation de ma conscience me suffit. Si je suis catholique, je m’en expliquerai avec mon confesseur, après. Quant à la loi civile, elle n’a, « en l’espèce », qu’une chose à faire, dormir. Elle dort bien pour des choses de moindre importance. Oui, au nom de l’unité de la famille française, au nom de la pureté de la race, cassez le bourgeon ».   

*Le  « tour » était un cylindre installé dans le mur et qui pivotait sur un axe. Un côté au cylindre était ouvert. Une cloche extérieure, placée à côté, permettait, à qui y déposait un bébé, d’avertir la garde. Celle-ci, appelée la sœur tourière, manœuvrait alors le tour et récupérait l’enfant.

 
   

A propos d’un carabin hollandais : C’est sous ce titre qu’un petit texte accompagne ces moulages en plâtre ci-contre : »Le professeur Treub (d’Amsterdam) conserve dans sa clinique, à l’usage de l’enseignement, une série de moulage en plâtre, destinés à montrer l’influence de la présentation sur la tête du nouveau-né et aussi à montrer quelques malformations de la tête foetale.

Or, en reprenant son service au mois d’octobre dernier (1914), il a trouvé cinq de ces moulages (made in Germany, d’ailleurs), alignés sur une planchette, comme ils le sont sur la photographie ci-jointe. Et les socles en avaient été embellis, par un loustic, d’inscriptions que la photographie ne permet pas de lire, mais que l’éminent professeur a bien voulu transcrire pour la Chronique : I. Le Prussien en 1813. II. Le Prussien en 1870. III.Le Prussien en 1914. IV. Le Prussien en 1915. V. Le Prussien en 1920.

Puisse le jeune et spirituel étudiant être bon prophète !

   


Légende : l’humour hollandais : Galerie de bustes :
I. Le Prussien en 1813; II. Le Prussien en 1870; III. Le Prussien en 1914; IV. le Prussien en 1915; V. Le Prussien en 1920 
 
     
   


Légende : Autographe de Guillaume II (Collection de la Société de Graphologie)
   


Légende : Au « tableau ! »
 
   

Les deux dessins ci-dessus accompagnent deux articles concernant la psychologie de l’empereur allemand, Guillaume II. Le premier article intitulé « La Graphologie dans l’histoire » s’intéresse à Guillaume II, jugé par son écriture. Le second est un article du professeur Landouzy intitulé « Folie d’Empereur » à l’Académie de Médecine. Concernant la graphologie, elle nous révèle, dit l’auteur, deux dominantes principales : l’écriture est très grande et elle est surélevée. « Ces deux dominantes graphiques se complètent l’une l’autre et se renforcent… L’extraordinaire mouvement du paraphe, aussi bien que sa complexité, nous révèlent une imagination rare, emphatique… Nous avions déjà un orgeuil peu ordinaire, mais , exalté par une imagination aussi féconde, il devient anormal et c’est la mégalomanie… En somme, c’est un personnage remuant mais dangereux et peu sympathique; il ne saurait inspirer qu’une pitié inquiète aux hommes de jugement sain et clairvoyant. Mais quand on songe au pouvoir abandonné en de telles mains, on ne peut se défendre d’un sentiment d’épouvante, car l’Allemagne est réellement dirigée par un fou. Cette folie des grandeurs, qui s’est manifestée d’une façon si brutale, ne surprendra aucun graphologue… L’article de Landouzy, quant à lui, détaille les tares de la famille des Hohenzollen que Guillaume II « semble résumer et condenser ». 

 

 
   


Légende : Comment ils traitent leurs propres soldats. Le baise-pied teuton.
   

« Comment ils traitent leurs propres soldats :

Les journaux allemands eux-mêmes sont pleins de récits de mauvais traitements, infligés par des officiers et sous-officiers de l’armée de l’empereur Guillaume à leurs subalternes. Voici, entre autre faits inouis, ce qu’on lit à ce sujet dans la Gazette de Francfort, citée par la Gazette anecdotique de 1893 :  » La ville de Durlach, dans le grand-duché de Bade, est péniblement impressionnée, depuis quelques jours, par la découverte des mauvais traitements que deux officiers infligent, depuis 1885, aux recrues qu’ils sont chargés d’instruire, et par l’issue fatale que vient d’avoir un des cas signalés.

C’est un cas véritablement extraordinaire : un des sous-officiers en question, quand il veut infliger une punition à un homme, le force à manger la soupe tellement brulante, que le malheureux se tord dans des souffrances intolérables. Un homme puni de la sorte vient de mourir à la suite des brûlures que la soupe lui a faites à l’estomac.

L’autre sous-officier force l’homme qu’il veut punir à ouvrir la bouche et lui envoie des crachats dans la bouche. Les deux gradés viennent de passer devant un consil de guerre : celui qui a causé la mort d’un homme a été condamné à huit ans de détention ; l’autre à quatre ans de la même peine. »

On se demande comment de pareils faits peuvent encore avoir lieu de nos jours. L’armée teutonne en est toujours, par certains côtés de ses habitudes, de ses traditions et de ses moeurs, au temps de la barbarie ! Et cela n’a pas changé depuis 1893. »

(extrait de La Chronique Médicale, 1915)
 

 
         
   

A propos de cette gravure, « les parisiennes soignant les blessés en 1815 », la Chronique Médicale ci ce texte de Goncourt, du 11 novembre 1870 : « Le blessé est enfaveur. Je vois, passant le long du boulevard de Montmorency, une dame promener, dans sa voiture découverte, un blessé en capote grise, en bonnet de police. Elle est tout yeux pour lui, elle remonte à chaque instant la fourrure sur ses jambes; des mains de mère et d’épouse se promènent, le temps entier de la promenade, sur sa personne.

Le blessé est devenu un objet de mode. il est pour d’autres un objet d’utilité, un paratonnerre. il défend votre immeuble de l’invasion des populations suburbaines; il vous sauve, dans l’avenir, de l’incendie, du pillage, de la réquisition prusienne. Quelqu’un me racontait qu’une personne de sa connaissance avait monté une amvbulance -huit lits, deux soeurs, et charpie, et bandes et tout l’et caetera pour les pansements – rien ne manquait. Malgré cela aucun blessé ne pointait à l’horizon. L’homme de l’ambulance restait plein d’inquiétude pour son immeuble.
 
Que fit-il ? Il alla à une ambulance favorisée de blessés et versa 3000 francs, oui 3000 francs, pour qu’on lui en cédat un.  »

Aujourd’hui, ils coûtent moins cher, hélas ! conclut la Revue.

   


Légende : Actualités rétrospectives : Les parisiennes soignant les blessés en 1815
 
         
   


Légende : Sacrifice patriotique :
Les Strasbourgeoises, offrant leurs coiffures à la Patrie,
en l’an II de la République (Fac-similé réduit d’une estampe de l’époque)*
 
   

« C’était pendant la Révolution. Strasbourg se livrait chaque jour à une nouvelle manifestation patriotique ; celle que représente la gravure ci-contre est restée mémorable dan les fastes de la cité. On venait d’afficher cette proclamation des représentants du peuple Saint-Just et Lebas : « Les citoyennes de Strasbourg sont invitées de (sic) quitter les modes allemandes, puisque leurs coeurs sont français. ». Dès ce moment, on vit toutes les femmes de la ville, à quelque condition qu’elles appartinssent, s’empresser de venir apporter leurs coiffures et parures d’origine germanique. Le produit de ces dons patriotiques dépassa, dit-on, 12 000 livres. L’estampe que nous reproduisons est, croyons nous très rare. »*

 
   

*Intitulée Holocauste des coiffures germaniques strasbourgeoises au temple privé ( ?) des prêtres jacobins, cette gravure représente des femmes venant en procession déposer au club des jacobins leurs coiffes proscrites par un arrêté de Saint-Just. Deux personnages en habit dont l’un porte un chapeau, très probablement Saint- Just et Le Bas, président la scène. La visée anti-jacobine s’exprime dans le titre de la gravure et par la représentation des jacobins comme des énergumènes gesticulants et débraillés assimilés aux sans-culottes par leurs vêtements. Les deux personnages en bourgeois apparaissent comme les ordonnateurs de la scène. Les jacobins sont en quelque sorte les pantins des robespierristes. La scène peut également viser, à travers Saint-Just et Le Bas, les représentants en mission, objet d’une épuration en l’an III. (Marie-Christine Bacquès. Le double mythe de Saint-Just à travers ses mises en scène. http://siecles.revues.org/1801)
 
   

 

 
   

Le Cheval de bois, de Vienne, en Autriche, donne lieu à un article fort intéressant du Dr Marcel Baudouin, dont voici l’essentiel:

En 1915, à l’occasion de la guerre, le Gouvernement autrichien a utilisé à son profit une vieille tradition. Ayant un besoin pressant d’argent, il a fait dresser à Vienne, place Schwarzenberg, un grand chevalier en bois qui s’élève sur un petit podium, où l’on monte par quelques marches : et à 10 mètres de là, il y a placé le kiosque où, pour une couronne, on achète un ticket, qui donne droit à planter un clou dans le corps de ce Chevalier… Pour comprendre cette pratique, il faut sa voir ce qui suit : « A Vienne, près de la Stephan-Platz (place Saint-Etienne), existe un célèbre Stock im Eisen (Tronc ou Bois au Fer), Relique nationale, enchâssée dans une niche architecturale, à l’ombre des tours de la cathédrale, au coin de la rue du Graben et de la Kaernthnerskrasse, sur la place Stock im Eisen. C’est un vieux tronc d’arbre sacré, un tronc de mélèze, dans lequel les Autrichiens du Moyen-âge enfonçaient un clou chaque fois qu’ils faisaient un voeu, pour gagner une victoire ou éviter une catastrophe. Le tronc en est complètement recouvert… C’est un véritable « arbre blindé »… C’est une varité du Culte des Arbres, remontant à l’Âge du Fer.

Or, actuellement, à Vienne, le peuple fait queue au pied de l’escalier du Wehrmann (Chevalier de bois) in Eisen (au fer)… »Chacun à son tour, tend son billet à l’employé, reçoit un clou avec un marteau, et fait de son mieux pour trouver le bon endroit. Un grand écriteau explique qu’il est interdit de toucher à l’épée (du Wehrmann) qu’on a peinte en or, pour lui conserver sa … virginité. Il y a déjà 200 ou 3000 000 clous de placés ; let le bois brun disparait sous l’acier. On espère obtenir 700.000 clous ».

 

Légende : Le Chevalier de bois, de Vienne
 
         
   

Légende : L’empereur-Protée.*

 

*On peut penser que cette gravure fait référence à Protée qui incarne le paradoxe d’un univers inquiétant, labile, changeant, « protéiforme », qui se place sous le signe de la transformation, de la ruse et de l’illusion, mais aussi de la vérité prophétique dont l’homme en quête de sagesse doit s’emparer dans la violence et par la contrainte (Anne Rolet. http://lamo.univ-nantes.fr/Protee-en-trompe-l-oeil-genese-et).
          La Chronique médicale, dans ses « Informations » raconte l’histoire suivante, en face de la gravure de l’Empereur-Protée :

« Comediante. Tragediante !

C’était au Congrès de Berlin, en 1901. Certain jour, alors que le Congrès était réuni en sections dans les différentes salles du Reichstag, on vint dire en grand mystère aux congressistes que le programme allait subir une modification imprévue : on les invitait à se tenir prêts à onze heures, pour faire une promenade en landaus. Que se passait-il ? Nul ne pouvait le dire. A l’heure dite, les membres du Congrès sortaient du Reichstag et prenaient place dans une centaine de landaus, stationnant devant le palais.
On se mit en marche : on se promena en cortège tout le long de la fameuse Sieges-Allee, de cette allée de la Victoire où l’Empereur Guillaume II a fait ériger des monuments en marbre blanc à la gloire de ses anc^tres, depuis le premier margrave de Brandebourg dont l’histoire rapporte le nom, jusqu’à son père, l’empereur Frédéric qui ne régna que cent jours ; une seule place reste inoccupée, celle que Guillaume II s’est réservée à lui-même, comme si la dynastie des Hohenzollern devait finir avec lui.

Cependant, la promenade se déroulait en méandres capricieux, le long des allées du Tiergaten, et ceux qui y prenaient part se demandaient toujours quel en était le but. Soudain, le cortège est coupé en deux, et voici qu’à vive allure il est traversé par une file de deux ou trois landaus, dans le premier desquels est l’Empereur, bien reconnaissable à son attitude théatrale. La promenade se poursuit et désormais, le cortège est interrompu à chaque instant par les voitures impériales, qui passent et repassent de telle sorte que chacun peut voir le kaiser.

« Les Allemands, nous contait naguère le professeur R. Blanchard, dont nous tenons ce récit, exhultaient d’orgeuil et de joie : ils étalaient avec une insolente naïveté leur satisfaction de nous avoir ménagé ce coup de théatre : l’exhibition du kaiser, de ce demi-dieu qui est en commece régulier evec le bon vieux bon Dieu germanique. J’avoue que nous autres Français, esprits frondeurs et superficiels autant qu’irrespectueux, nous éprouvâmes des sentiments diamétralement opposés. Une telle exhibition, concertée avec le bureau du Congrès et avec la police, qui coupait savamment notre cortège par tronçons, nous parut simplement puérile et ridicule. J’avais vu déjà l’empereur plus d’une fois, mais je n’avais jamais si bien compris son besoin d’ostentation. Examiné sous cet angle, il m’a toujours paru, depuis cette époque, constamment semblable à lui-même, tourmenté d’un besoin maladif d’impressionner les badauds »

Comediante, eut-il pu dire alors, s’il eut vécu, le pape Pie VII ; tragediante, pourrait-il ajouter maintenant »

 
         
   Sortant pour une fois de la relation avec l’Allemagne qui occupe alors tous les esprits, La Chronique Médicale s’intéresse, à la demande d’un médecin à la mort de Spinoza. Cabanès répond : « la mort se Spinza s’explique tout naturellement par la phtisie dont il était atteint.    


Légende : Spinoza
 
         
   


Légende : Un Hindeburg du Haut-Congo
   


Légende : La statue kolossale de Hindenburg, le fétiche Boche, à Berlin.
 
   

Dans le Chevalier de bois de Vienne, nous avons vu l’usage par l’Autriche de coutumes très anciennes. Les deux images ci-dessous sont associées à un article de la Revue sur la Préhistoire des Fétiches à clous des Allemands modernes. L’article raconte qu’on a pas hésiter à élever une statue en bois, représentant le maréchal von Hindenburg (qui signifie Chateau des Biches ou Chateau des chiens), qui, le 23 septembre 1915, avait déjà reçu 15 000 clous dans le ventre. C’est l’occasion de rappeler l’origine de cette coutume. « Cette coutume se rattache au Culte des Arbres et à l’époque où ceux-ci étaient des représentations des Dieux, comme les pierres brutes l’avaient été à l’époque néolithique (rochers à sculptures, menhirs, etc.)… Du temps où les dieux étaient en pierre, on ne pouvait pas, bien entendu, leur enfoncer… de la pierre dans le ventre ! Il résulte donc de là que les dieux ne sont devenus des Arbres qu’à l’époque des Métaux ». (de l’âge du Fer). On pouvait, nous dit l’auteur, enfoncer des clous, mais aussi des épingles. »On connait plusieurs exemples du fichement des épingles (et non plus des clous) dans les statues qui, aujourd’hui, représentent des saints du Christianisme, mais qui jadis étaient des saints païens, ou même des Dieux gaulois : Saint Guénolé, Saint Céneri, etc. » On trouve également une autre tradition, dit-il, dans toute la France : le jet des épingles dans les sources sacrées, dites fécondantes. Pour que ceci soit efficace, les épingles doivent être de bonne qualité : neuves, droites… L’article se conclut par le sens de cet tradition : L’offrande consistait jadis dans l’apport d’un objet – alors très précieux – aux pieds de la divinité. A ce moment, un morceau de fer était un objet très rare et de grande valeur, puisqu’on était alors à l’époque du bronze. C’était le Fer tabou. Mais on désirait tout d’abord que cette offrande pénétrât bien jusqu’au dieu lui-même et ne s’arrêtât pas en chemin : qu’elle ne pût être dérobée, ni en cours de route ni après le sacrifice fait. Et c’est pour cela qu’on choisit un objet en fer, capable d’être enfoncé dans l’image du dieu, c’est à dire un clou, puis une épingle… L’objet offert pénétrant à fond, censément, dans le corps du dieu et y restant solidement fixé, la divinité ne pouvait plus oublier la demande faite et devait y songer jusqu’à satisfaction donnée. C’est la banale histoire du clou, qu’on lit à la quatrième page de nos feuilles quotidiennes : « Enfoncez vous bien cela dans la tête !.. » » 

 
   


Légende : Ces deux figures montrent que les porteurs du nouveau casque risquent de n’avoir que des blessures superficielles, intéressant seulement le cuir chevelu.
   


Légende : Appareils protecteurs contre les gaz asphyxiants, employés au front
 
         
   

Ces deux dessins ci-dessus présent dans La Chronique médicale de 1915 font état des progrès en matière de protection des troupes. Le nouveau modèle de casque d’infanterie montre qu’on est ainsi mieux protégé d’un éclat d’obus. Les appareils respiratoires pour l’armée sont particulièrement d’actualité après avril 1915.
 
Les masques sont alors surtout utiles pour se protéger des effets du chlore et du brome.

 

 
   

Légende : Les grandes misères de la guerre. L’hôpital. (Voyez que c’est du monde et combien de hasard persécutent sans fin les enfants du Dieu Mars. Les uns estropiés se trainent sur la terre, les autres plus heureux s’esleurent* à la guerre. Les uns sur un gibet meurent d’un coup fatal. Et les autres s’en vont du Camp à l’hôpital)
(D’après une gravure de Callot)
* Certains ont traduit par « s’essouflent »

 
     
   

« Vision de guerre »  : Ce dessin de Henri Vergnol, caporal fourrier du 105e d’infanterie, accompagne un récit de Victor Moing, médecin en campagne, en visite sur le front. En voici quelques extraits : « Au poste de secours une surprise agréable nous attendait. Autour d’une table étaient réunis les brancardiers, faisant grand tapage dans la salle enfumée, tandis qu’au coin de la cheminée, tout près des rondins enflammés, quelques uns, rêveurs, tisonnaient leurs souvenirs.

Brusquement, comme sur un mot d’ordre, s’alignent les chaises, se dressent les quarts, toute cette ferblanterie qui a présidé déjà à tant d’agapes gouailleuses en face des Boches. Et voici le Pinard ! Oh ! la bonne et fumante marmite du vin chaud, qu’on apporte à la hâte et dont les émanations nous invitent à une franche gaieté ! Oh ! la belle liqueur dont la mousse violette attire tous les regards ! …
 
Chacun se range, chacun tend le gobelet d’aluminium au cuistot, qui verse solennellement, avec la traditionnelle « louche », ce délicieux Pinard ! Les lazzis vont leur train, s’entrechoquent, la blague s’allume avec les bougies. « A quoi bon s’en faire, dit un vrai grognard : les Boches ne seront pas de la fête, puisque nous avons fermé la porte ! » … Et le concert s’improvise. A l’esprit gavroche d’une chanson de Montmartre : A la place Maub’ l’avez vous vue-e ! succèdent des airs de Thais, Werther, Grisélidis, La Tosca, Rip, Lakmé, que sais-je encore ? …

   


Légende : Le Pinard sur le front
 
   

Pour parfaire l’union sacrée, l’excellent abbé D.., caporal infirmier, ne craignit pas d’apporter à la fête sa  verve accoutumée. Il nous conta, avec beaucoup de brio, l’aventure du doigt de pied de saint Guignolet, brave saint dont l’orteil guérisseur, après avoir soulagé une fistule anale, fut appliqué sur une dent malade. Il nous dit ensuite la surprise d’un commandant, qui, exigeant de son ordonnance un moine* pour chauffer son lit, trouva le soir même un capucin de chaire et d’os blotti sous les couvertures….

Etoile du Berger, Etoile du Pays de France, nous vimes en toi, par cette froide nuit de novembre, comme un réconfort, un symbole d’Espérance et de Foi. « Espère et chante », semblais-tu nous dire : « Le Boche vaincu saignera sous l’emprise du coq gaulois. Cette vision de guerre sera bientôt une vision de Triomphe et de Gloire… »

* Un moine est aussi un appareil destiné à chauffer les lits !

 
   

Ainsi se termine notre tour des illustrations de la Chronique médicale en 1915. On voit bien que la guerre est non seulement dans tous les esprits mais que la haine contre l’Allemagne change le regard sur tout ce qui se passe de l’autre côté du Rhin. C’est en tout cas le témoin d’une histoire de France qu’on oublie parfois !

 
     
     
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