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C’est sous le titre de cette Exposition que fut publiée en 1992 la thèse de Jean-Baptiste Jacob, à l’Université Paris Descartes. Nous en avons tiré quelques informations qui font l’objet de la présente exposition. | |||
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Quelques soient les formulaires et ouvrages de référence au XIXe et XXe siècles, la caféine et les drogues à caféine (Kola, Thé, Maté, Guarana) seront très souvent incorporées dans les spécialités pharmaceutiques. Dans l’ouvrage de Carmouche, en 1889, on a par exemple l’Elixir tonifébrique de Deslauriers, les Perles et le sirop de Lagnoux, ou encore le Tonique cardiaque du Dr Boyer. Près d’un siècle plus tard, en 1975, le nombre des spécialités à base de caféine est considérable comme on peut le voir dans l’ouvrage de Bézanger-Bauquesne sur les plantes dans la Thérapeutique moderne.
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L. Bézanger-Beauquesne et al. Les Plantes dans la thérapeutique moderne, Maloine ed., 1975 |
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En 1914, le dictionnaire Vidal mentionne comme contenant de la caféine la Cérébrine et les cachets Cépe, ainsi que la Santhéose caféinée. Mais les médicaments à base de drogues à caféine sont beaucoup plus nombreux : Biophorine Girard, Kola Midy, Kolayo, Vin de Gourou Moride, Vin Kalders, etc. | Le même Vidal, en 1938, a déjà considérablement augmenté cette liste : le nombre de produits passe ainsi de huit en 1914 à quatre vingt un pour l’année 1938. Dans la plupart des cas, il s’agit d’associer la caféine à d’autres substances actives, augmentant considérablement les indications thérapeutiques recherchées. On trouve principalement 5 domaines d’activité : les affections cardio-vasculaires, les troubles respiratoires, les douleurs, les troubles du système nerveux, et les épisodes infectieux. | ||
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1) Cérébrine | |||
Ce médicament, présenté comme une liqueur agréable, de composition bien définie » est constituée, selon Cerbelaud (1912, 1920) de : Salipyrine pulvérisée 25 g Caféine 7 g Caramel pur 1 g Teinture de safran au 1/10 1 g Alcoolat de Garrus 300 g Elixir parégorique 30 g Teinture de Coca du Pérou 70 g Sirop d’éther du Codex 450 g Sirop de fleur d’oranger 70 g Sirop de capillaire 50 g Il existait également des formules plus complexes : Cérébrine bromée, iodée ou bromo-iodée, Cérébrine quiniée, Cérébrine à Kola. |
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2) Kola Astier et autres vins de Kola
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La Kola Astier est sans doute un des produits les plus connus à base de Kola. il se présentait sous forme de granulés à partir de 1870 (jusqu’en 1988), puis sous forme de dragées (de 1946 à nos jours). Il était précisé que la kola granulée Astier contenait autant de principe actif que 250 grammes de vin de Kola ou 50 grammes de teinture. Il était proposé en 1925, dans le formulaire Astier, comme stimulant nerveux des états adynamiques, dans l’anémie et la chlorose, dans le traitement de la grippe, des bronchites, des pneumonies et broncho-pneumonies et dans beaucoup d’autres indications. on le proposait en particulier pour l’entrainement sportif !
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Beaucoup d’autres spécialités vont concurrencer la Kola Astier : le Kola du Dr Keckel, la Kola granulée de Goy, la Kola Marque, la Kola granulée Midy, la Kola Monavon dont on voit ici une brochure, la Kola Nourricière, de Vieillard, Pharmacien à Paris, etc.
La Kola Monavon avait été mis au point par Marius Monavon, pharmacien de 1ère classe à Lyon. Le tract que nous voyons ici précise que la fabrication et la vente en gros étaient faites par les Laboratoires Réunis des préparations Monavon et Vacheron de Sainte-Foy-Lès-Lyon. Dans son historique sur la Kola, Monavon indique qu’au « Congo, au Dahomey, dans la Guinée inférieure, les marchands mahométans arrivent jusqu’à échanger leur poudre de Kola contre l’équivalent en poids de poudre d’or ». Ces populations ont une telle vénération pour pour les graines de Kola que celles-ci interviennent dans tous les grands actes de la vie. La Kola garantie le serment prêté et la foi jurée. Elle fait toujours partie du cadeau de noces… » . un peu plus loin, l’auteur indique : « Par son action éminemment tonique sur le muscle cardiaque, la Kola Monavon lutte héroïquement contre toute adynamie ou déglobulisation du sang; elle est donc toute indiquée dans l’anémie et les déchéances de l’organisme ». |
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3) Elixir de Santé Bonjean |
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« Elaboré avant 1870 par Joseph Bonjean, pharmacien à Chambery et héritier d’une célèbre lignée, L’Elixir de santé Bonjean aurait été approuvé par la direction générale du service de santé de Gênes et prescrit, ensuite d’un rapport du Conseil supérieur de santé militaire de Turin, dans les trois grands départements de Gênes, Naples et Ancône, par décision de Son excellence le ministre de la Marine d’Italie, en date du 28 décembre 1871. En pratique, la marque fut déposée en France le 6 avril 1898 par Francisque Dussuel, médecin à Aix les Bains »1
L’Elixir de Santé Bonjean était proposé contre les troubles digestifs comme par exemple les digestions difficiles, les crampes d’estomac, les vomissements nerveux ou le mal de mer. Il contenait des feuille de Mélisse et de menthe, du cachou, de l’écorce d’orange amère, du thé vert des semences d’anis vert et de carvi, de l’alcool à 90°, du vin de Malaga… |
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4) Vin Désiles
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Comme nous l’avons vu dans une exposition précédente, les vins médicinaux ont rencontré au XIXème et XXème siècle un succès considérable. Plusieurs d’entre eux incorporaient de la caféine tels que l’Heptyl Bourdou, la crème de Kola Gallien, l’élixir de Kola Barbier, le Kola Monavon (Elixir, Vin), Le kola Saint Louis, le Samo Kola, le vin de Kola Saint Pierre, le Vin Bravais, le vin Dallier, le Vin de Kola Delta, le vin du Dr Jhames, le Vin de Dr Rogé, le Vin Ecalle, le vin Oxygéne Panchèvre, le vin Pelletier Tonique, le vin Tonique Fortifiant, le vin Voguet, etc. C’était également la cas du fameux Vin Désiles. |
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Le vin Désiles et la Désiline ont eu droit à une impressionnante collection de documents publicitaires dont on voit ici quelques exemples. Ces produits ont été inventé par le Dr Alexandre Choffé, né à Chaumont, en Haute Marne, le 12 janvier 1845. En 1867, il étudie à l’Ecole Impériale du Service de Santé militaire de Strasbourg dont il fut licencié pour indiscipline habituelle. En 1868, il est finalement reçu à l’examen d’aide-médecin auxiliaire de la Marine et entre en fonction à Brest. Il restera plusieurs années sur la frégate La Thémis où il est apprécié. Il a probablement assisté à l’inauguration du canal de Suez à l’occasion d’une escale du navire. En 1870, il est, semble-t-il, atteint par le paludisme. Mais il va finalement poursuivre ses voyages à bord de La Corrèze. On le retrouve à bord du Tigre qui le ramène en France, en 1872 où il se soigne d’une hépatite et d’une anémie et arrive à Montpellier. il y soutient sa thèse de doctorat de la Faculté de Médecine en 1873 et quitte la Marine à 28 ans. Ce n’est que bien plus tard qu’il dépose le vin Désiles, en 1894 pour la première fois et qu’il va progressivement décliner son produit sous la forme de granulés, de pastilles, de farine et de liqueur. Il va déposer la désilette en 1912. Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, le Vin Désiles est repris par la pharmacien Vaillant à Paris. plus plus amples informations, voir l’article de Cécile Raynal et Thierry Lefebvre sur le sujet ! |
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5) Vin Bravais
Nous avons très peu d’informations sur Raoul Bravais qui est à l’origine d’un certain nombre de produit à base de fer. On peut lire avec intérêt cet article paru en 1878 dans le journal de Tournan : « S. M. Humbert Ier vient de nommer M. Raoul Bravais, chevalier de l’ordre de la Couronne d’Italie. Cette flatteuse distinction a été décernée à M. Bravais à la suite de son remarquable travail déposé au Congrès d’Hygiène: De l’Anémie palustre en Italie et des moyens hygiéniques etn thérapeutiques à employer pour combattre les anémies des pays chauds. Dans un article bibliographique de la Revue de Thérapeutique Au l » octobre, le docteur Gh. Bertram termine ainsi le compte-rendu qu’il fait de ce mémoire : « L’impression que nous avons ressentie en parcourant cet ouvrage peut se traduire en quelques mots. M. Raoul Bravais était connu de tous comme un chimiste habile ; il se révêle aujourd’hui sous un jour nouveau. Ce travail décèle en lui un observateur attentif et judicieux. Le médecin hygiéniste le plus recommandable ne déclinerait pas, à coup sûr, la .paternité de ce Mémoire si remarquable à tous égards. M Bravais a tenu à faire voir qu’à l’occasion il sait se servir de la plume avec autant d’habileté que du « dialyseur. » Une semblable appréciation fait honneur à celui qui en est l’objet et nous dispense de tout commentaire. Il y a quelque temps, M. Bravais avait déjà reçu la croix d’officier de l’ordre du Nisham. Tout le monde sait que M. Raoul Bravais est l’inventeur du Fer dialyse qui porte son nom. Hier encore, perdu dans la foule, il est célèbre aujourd’hui par une de ces découvertes qui, en profitant à l’humanité, mettent en relief la personnalité de l’inventeur et rendent intéressant tout ce qui le concerne. M. Raoul Bravais était un des prédestinés du succès dans le domaine de la science, car, fort jeune, il révéla des dispositions particulières ;pour, l’étude de la chimie, et obtint plusieurs médailles dans les concours. Aujourd’hui, M. Bravais n’en est plus à compter les récompenses de toutes sortes, ni les médailles qu’il a obtenues aux différentes expositions de Paris, Philadelphie, Bruxelles, Gompiègne, etc. Rappelons que M. Bravais, chimiste, lauréat de l’Ecole de médecine et de pharmacie, lauréat de l’Ecole supérieure des sciences et lettrés de Rouen et membre de la Société Française d’hygiène (section de chimie), est né à Gruas (Ardèche). C’est donc un enfant du pays et notre département doit être fier d’avoir à ajouter son nom à ceux des hommes remarquables qu’il a déjàjfournis à la France. autres objets pour Etrennes, à très modérés. des prix ». |
Cette publicité sur le Vin Bravais est assez caractéristique de l’utilisation publicitaire de la mythologie. Hercule et le lion de Némée symbolise la force, la santé, la vigueur et la beauté virile. Le vin Bravais était vanté pour ses effets sur les maux d’estomac et les maladies nerveuses. En 1907, les « sommités internationales » le recommandent pour faciliter la convalescence, traiter l’influenza, l’anémie, et on le conseille pour la débilité, la chlorose, les maladies cardiovasculaires, les gastralgies, les dypsepsies et les migraines. « Le Vin Bravais est la préparation la plus tonique, la plus fortifiante, la plus régénératrice que l’on puisse formuler dans l’état actuel de la science »(1909). Il contient aussi, selon une publicité de 1940, des tannates de caféine, de cocaïne et de théobromine. .
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Pour finir, on a également commercialisé pour les pharmaciens d’abord puis pour le public des extraits concentrés pour fabriquer soi-même un vin fortifiant. : une fois rentré chez lui, le client versait une partie de l’extrait dans du vin de table. On a vu ainsi se créer le composé Gmet, extrait total de kola, coca, quinquina, préparation sans alcool qu’on pouvait mettre dans l’eau, le vin ou la bière. Mais le plus célèbre fut sûrement la quintonine qui contenait de nombreux ingrédients et qui est toujours commercialisé. Il existait également le Surtonic, produit par l’OCP (Officie Central Pharmaceutique). Ehn plus des plantes habituelles, on y trouve également des extraits de kassia, noix vomique, colombo, condurango, gentiane, canelles, cacao et écorces d’orange amères.
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1) Voir l’article de C. Raynal et T. Lefebvre : Un Siècle de Service médical rendu, paru dans la RHP en 2000 (n°325) |