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La Pharmacie de l’abbé Kneipp (1821-1897)

 


Portrait de l’abbé Kneipp
L’Illustration, 6 février 1897

La Pharmacie de l’abbé Kneipp
 (1821-1897)

à l’occasion  de
l’Echo Kneipp
paru en juillet 1897

 

 

Première page du Journal l’Echo Kneipp de 1897

 


Prix courant des médications Kneipp
Journal l’Echo Kneipp de 1897

 

Comme l’indique Wikipedia, Sébastien Kneipp est né le 17 mai 1821 à Stephansried (Allemagne) et mort le 17 juin 1897 à Bad Wörishofen (Allemagne). Étant lycéen, il fut atteint de tuberculose et condamné par son médecin traitant. Il retrouva l’espoir à la lecture d’un livre de médecine naturelle de Johann Siegmund Hahn (de) : Unterricht von Kraft und Wirkung des frischen Wassers [Cours sur la force et l’efficacité de l’eau froide] qui traitait de soins à partir d’eau froide. En plein hiver, il prit des bains en rivière, améliora les techniques de Hahn et guérit effectivement de sa tuberculose. Étant étudiant en théologie à Dillingen, puis à Munich, il fut amené à soigner quelques collègues et, en 1854, il contribua avec efficacité à lutter contre l’épidémie de choléra. À partir de 1855, Kneipp fut envoyé au couvent de Wörishofen (actuellement Bad Wörishofen [Wörishofen-lès-Bains], en Bavière).

En plus de son ministère religieux, il perfectionna ses méthodes thérapeutiques et en 1880 fut fondé en ce même lieu le premier établissement de bains. Après la guerre de 1870 avec la France, les médecins allemands durent constater que Sébastien Kneipp avait soigné des soldats allemands considérés par eux comme étant incurables, et de ce fait, lui remirent une médaille.

 

 

C’est en 1886 que parut son ouvrage Meine Wasserkur [Ma Cure d’eau], grâce auquel il enseigna sa méthode de guérison par l’eau. Deux ans plus tard fut édité So sollt ihr leben [C’est ainsi qu’il vous faut vivre], c’est-à-dire un recueil de conseils au sujet de l’alimentation, de l’activité corporelle et d’un style de vie sans excès. Le cercle de ses patients grandit considérablement, des sociétés appliquant la méthode Kneipp furent fondées.
 
 

Prix courant des médications Kneipp
(Spécialités)

Journal l’Echo Kneipp de 1897

 

De plus en plus de malades s’adressaient à lui pour guérir, alors même que des esprits critiques l’accusaient sans cesse de charlatanisme. Par exemple, en France, Berthomier, dans sa thèse de 1910 sur Charlatanisme et médecine illégale, considère que l’exercice illégal de la médecine est un véritable danger social. Berthomier critique le prêtre, le curé de campagne qui remplace le médecin, ordonne tel ou tel remède qu’il fournit, au besoin, gratis. Mais au-delà de ces personnes dévouées, croyant bien faire, Berthomier dénonce particulièrement ceux qui agissent dans un but purement lucratif. Il s’en prend à l’abbé Kneipp, « ce prêtre alsacien qui soigne avec des affusions froides toutes les maladies connues et qui, singulier philanthrope, a trouvé le moyen, par des consultations gratuites, d’amasser une fortune, de construire une superbe maison de santé et de commanditer de nombreuses pharmacies où se débitent : du pain Kneipp, du café Kneipp, des plastrons Kneipp, des sandales Kneipp, etc. » II aurait pu rajouter à cette liste les nombreuses spécialités pharmaceutiques qui sont citées dans le Kneipp Journal. Cette revue belge, publiée deux fois par mois à partir de 1891, met en valeur les conférences de Monseigneur Kneipp. Le numéro du 15 novembre 1896, par exemple, met un encart sur l’Agence générale de spécialités Kneipp qui indique les médicaments préparés par O. Oberhauser et R. Landauer, pharmaciens à Wiirzburg, seuls fabricants autorisés par M. le Curé Kneipp. Il s’agit, entre autres, de la pommade ophtalmique Kneipp, des gouttes anticholériques Kneipp, du thé béchique Kneipp, de l’Élixir stomachique Kneipp, etc. Ce même journal recommande des produits alimentaires tels que la farine de pois-Kneipp et propose également d’acheter un petit moulin domestique pour moudre son blé à domicile et faire le véritable pain Kneipp. Sont en vente, de surcroît, des tissus (la toile-Kneipp) pour confectionner draps, chemises ou maillots ! De ce point de vue, Berthomier ne fait que reprendre des propos antérieur comme celui de Haxo qui dénonçait vers 1870 le fait que « c’est par tout et sous tous les costumes que le charlatanisme dresse ses tréteaux et débite sa marchandise, depuis le prétendu guérisseur d’ulcères ou de maux d’yeux , qui met sa faute à l’abri de la loi sous la robe respectable du prêtre, jusqu’au consulteur d’urines, qui augmente adroitement le crédit de ses jongleries de toute la confiance qu’on accorde à la robe du docteur».

Les illustrations de cette exposition sont issues principalement de l’Echo Kneipp de 1897 à la mort de l’abbé Kneipp. Ce numéro est en partie consacré aux derniers heures de la vie du prélat.

 

 


Etablissement Kneipp à Paris
Publicité dans le Journal Kneipp de 1897

 

 

 L’Institution Kneipp de France a été fondée en 1891 par M. Emile Buret, « pour propager en France, la Méthode Kneipp, dite « Ma Cure d’Eau »… Le 2 mai 1892, et par les soins de son Fondateur, a eu lieu, à Lyon, l’inauguration officielle des traitements selon cette méthode, sous la direction d’une médecin Kneippiste. Le premier ocotobre de la même année, une société, sous le titre de « Kneipp-Verein de France » groupait les plus fervents adeptes de cette méthode pour concourir à sa diffusion. Enfin, le 1° octobre 1893, la fondation de la revue « L’Echo Kneipp est venue compléter cette organisation et en faire une oeuvre humanitaire au plus haut degré. Sa Révérence Mgr Kneipp a reconnu l’utilité de cette fondation et s’est plue à l’encourager, plusieurs fois, par différentes marques de bienveillance « .  
  

Dans la troisième édition de l’ouvrage de Sébastian Kneipp paru en français en 1891 (qui est disponible sur Gallica/BNF), une partie importante est consacrée à la pharmacie, avec, en exergue la phrase de Daniel dans la Bible : « Plantes qui naissez de la terre, bénissez toutes le Seigneur ! » 

Dans cette partie consacrée à la pharmacie, Kneipp rédige une introduction dans laquelle on peut lire : »Il est une chose que je déteste entre toutes du plus profond de mon âme : c’est la médecine occulte, le trafic des recettes qui passent pour être des arcanes de l’inventeur. Je désire être, sur ce point, à l’abri de tout reproche. Aussi j’ouvre, dans cette seconde partie de mon traité, les tiroirs de ma pharmacie à tout venant, et je permets à chacun d’approcher ses yeux ou son nez de la dernière petite boîte de thé et du moindre flacon d’huile.

Toute pharmacie renferme des fonds considérables; dans la mienne il n’y a presque rien qui vaille. J’en fais volontiers l’aveu et je considère ce fait, qu’on pourrait peut-être tourner en défaut, comme un grand avantage pour ma pharmacie. »

 

 

Première page du livre de Kneipp
« Comment il faut vivre… », 1891
 
La méthode Kneipp : la consultation
BIU Santé Paris-Descartes

 

 


Dessin du Sureau noir, par Kneipp
« Comment il faut vivre… », 1891

Que trouve-t-on dans cette fameuse pharmacie ?? Tout d’abord, L’abbé Kneipp recommande l’usage des médicaments avec modération :

 « Beaucoup de malades supposent que c’est par le grand nombre de drogues, de pilules etc.. qu’on recouvre la santé. J’ai connu un médecin très recommandable qui faisait fort peu de prescriptions et qui déplorait souvent la sottise des gens qui, sans avoir égard à l’autorité médicale, réclament à grands cris des médicaments. Quand il me venait des sots disait-il, qui ne cessaient de m’importuner, je leur prescrivais des pilules de mie de pain, mélangées d’un petit rien tout à fait inoffensïf, qui avait l’odeur de la pharmacie. Ils avalaient cela avec empressement, et, quand je revenais, les « excellentes» pilules avaient presque toujours produit«les plus heureux résultats. »


Première page du Journal l’Echo Kneipp de 1897
(Détail)
     
 

La pharmacie de KNEIPP doit être impeccable : « Un grand ordre régnera avant tout dans la pharmacie. Tout étranger, qui n’y a jamais été, devra pouvoir trouver du premier coup d’oeil tel flacon, tel thé qu’il voudra. Tenez ensuite à une grande propreté.

Qu’on ne découvre sur aucune boite, je ne dis pas une couche poudreuse, mais pas un atome de poussière ; les flacons, même les flacons d’huile, ne doivent pas être tachés de ces appendices gras et huileux, qui ressemblent à des tresses de cheveux négligemment peignés.

Rien de déshonore une maison comme la malpropreté. » 

   

 

Publicité pour le Comptoir Général Fravichon, pharmacien, puibliée dans l’ouvrage de Fravichon : Les remèdes naturels de Mr le Curé Kneipp, 1896 (9° édition)
  

En pratique, l’abbé Kneipp classe ses médicaments en 4 catégories : les teintures ou extraits, les thés, les poudres et enfin les huiles. Pour les thés, il fait « cuire et bouillir fortement les plantes pendant un temps assez considérable, afin que tout élément médicinal passe bien dans l’eau ». Kneipp précise ensuite que « Certains malades, qui ont de la répugnance pour la tisane, absorbent plus facilement le remède sous forme de poudre ; on leur sème sur la nourriture la poudre prescrite, comme on fait du poivre et de la cannelle, ou bien on leur mêle dans la boisson, de manière qu’il ne s’en aperçoivent même pas »
     
 

Cette partie de 66 pages décrit les plantes qui sont utiles pour soigner, selon l’abbé Kneipp, classées par ordre alphabétique.  On trouve donc en premier l’absinthe et en dernier la violette ! Dans une longue introduction, Kneipp justifie son choix de mettre une pharmacie à la disposition de tous : « C’est pour les pauvres que je me suis livré à la recherche de toutes les bonnes plantes, qui jouissaient jadis de l’estime des hommes, et que j’ai négligé d’autres occupations. J’ai passé de longues années à sonder, à analyser, à, sécher, à découper, à bouillir, à déguster. Pas une herbette, pas une poudre, dont je n’aie expérimenté et constaté moi-même l’efficacité. Je n’ai qu’un désir, c’est que les plantes, ces vieilles amies de l’homme, reçoivent de nouveau, chez quelques-uns du moins, les honneurs du passé.  » « 

 


Dessin de la Renouée des oiseaux, par Kneipp
« Comment il faut vivre… », 1891
 
 

Tableau allégorique dédié à Mgr Kneipp
BIU Santé Paris-Descartes
 
     
 

« Le lecteur, en parcourant les différents articles de ce traité pharmaceutique, verra du coup que les remèdes internes ont, tout comme les moyens hydrothérapiques, le triple but de dissoudre à l’intérieur du corps les éléments morbides et de les éliminer puis de fortifier l’organisme. Pour cette raison je suis en droit de prétendre que les deux traitements (l’intérieur et l’extérieur), bien loin de s’exclure, opèrent conjointement l’un avec l’autre. Je mets en garde contre une illusion: qu’on ne s’imagine pas qu’il faille très rigoureusement se soumettre à la cure d’eau; mais qu’on ne se figure pas non plus qu’il faille à tout moment faire usage d’une foule de médicaments internes. Ce serait une double erreur. La règle d’or à suivre en tout et toujours est celle-ci : User avec modération des moyens curatifs, qu’ils soient extérieurs ou intérieurs ».

 

 

 

Dessin du Genevrier, par Kneipp
« Comment il faut vivre… », 1891
 

Il n’est pas possible de décrire l’ensemble de ces plantes recommandées par le « bon abbé » mais nous allons en regarder certains passages de quelques plantes :

   

L’aloès (Aloë vulgaris). L’auteur distingue la poudre d’aloès : celle-ci « qu’on achète à la pharmacie, est un très bon remède interne et externe. Une ou deux pincées de poudré d’aloès, bouillies avec une petite cuillerée de miel, fournissent une mixtion qui nettoie radicalement l’estomac, sans le moindre inconvénient ». Quant à la plante d’aloès, ses vertus sont en particulier « qu’une feuille, infusée dans l’eau et bue dans une tasse en forme de tisane, purifie l’estomac et les intestins. Quand cette plante est réduite en poudre et que vous en prenez deux fois par jour une pincée, elle a une action efficace sur le foie malade et la jaunisse ». Kneipp conclut : « Le peu que je viens de dire sur l’aloès suffit pour engager tous les amis des fleurs à cultiver un pied d’aloès ».

 

 

 

Dessin du l’Aloès, par Kneipp
« Comment il faut vivre… », 1891
 
 

Prix courant des médications Kneipp
Objets complémentaires)

Journal l’Echo Kneipp de 1897

     
 

 

Dessin de l’Avoine, par Kneipp
« Comment il faut vivre… », 1891
 

L’avoine (Avena sativa L. ) : « En soumettant les grains d’avoine à une forte cuisson on en retire la vertu médicinale qui y réside. (On traite et on emploie l’orge de la même façon.) La décoction, que l’on obtient ainsi, est nourrissante, facile à digérer, rafraîchissante dans les échauffements internes, et forme un délicieux aliment, un excellent réconfort pour les convalescents épuisés par une grave maladie, comme la variole, le typhus, etc…. Je regrette souvent que l’on serve aux pauvres malades, dont il faudrait pourtant purifier et renouveler le sang, toutes sortes de boissons, mais jamais la décoction d’avoine ».

 

Prix courant des médications Kneipp
(Plantes Médicinales)

Journal l’Echo Kneipp de 1897

     
 La choucroute : « Ce mets bien connu est digne de prendre place à côté des remèdes sanitaires. Des cataplasmes de choucroute fraîche, récemment prise de la tinette, rendent des services marqués pour les blessures, les brûlures, les grands échauffements, etc…. Elle est aussi un détersif, topique propre à nettoyer d’anciens ulcères. »

Le fenouil (Foeniculum officinale) : « Les graines de fenouil ne doivent faire défaut dans aucune pharmacie de famille, parce que le mal qu’elles soulagent survient très fréquemment; je veux parler des coliques venteuses et des spasmes. Sans retard la mère de famille fait cuire, pendant 5-10 minutes, une cuillerée de fenouil dans une tasse de lait et donne au malade la potion aussi chaude que possible (pas trop chaude cependant, pour ne pas occasionner une. brûlure intérieure). La réaction est habituellement rapide et excellente : la chaleur s’étend vite par tout le corps, calmant les spasmes et faisant passer les coliques. A l’extérieur, comme je l’indique dans un autre endroit, on applique sur le bas-ventre des compresses d’eau chaude et de vinaigre, mélangés à parties égales. »

 

 


Dessin du Fenouil, par Kneipp
« Comment il faut vivre… », 1891
 

Prix courant des médications Kneipp
(Page complète)

Journal l’Echo Kneipp de 1897

     
 

 

Dessin du Gui, par Kneipp
« Comment il faut vivre… », 1891
 

Le gui (Viscum album L.) :

Le gui blanc, plante parasite, qui prospère de préférence sur les vieux arbres, est néanmoins une excellente plante curative. Ses effets thérapeutiques s’étendent en première ligne sur le sang, et je ne puis assez recommander aux mères de faire bonne connaissance avec cette herbe. Le thé de gui fait cesser les hémorragies. Je pourrais citer toute une série de cas où une seule tasse a suffi pour arrêter le flux. Je recommande aussi cette plante et son thé inoffensif dans les troubles de la circulation du sang. On peut mêler avec le gui une moitié de prêle ; le santal également (poudre rouge) sert à ce mélange.

 

 

Dessin de l’Eglantier, par Kneipp
« Comment il faut vivre… », 1891
     
 

Le millepertuis (Hypericum perforatum L.) :

Jadis le mille-pertuis portait, en vue. de son efficacité, le nom «d’herbe des fées.» De nos jours cette plante et ses services sont entièrement oubliés. Le mille-pertuis exerce une influence toute spéciale sur le foie, pour lequel il fournit le meilleur médicament théiforme. Un peu de poudre d’aloès, ajouté au mille-pertuis, en renforce l’efficacité, qui se traduit principalement par l’urine, laquelle entraîne souvent des masses de substances corrompues. Le thé de mille-pertuis guérit les maux de tête, quand ceux-ci proviennent d’humeurs, de mucosités ou de gaz accumulés dans la tête ; il guérit l’oppression de l’estomac, les petits engorgements de la poitrine et des poumons

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Dessin du Mille-pertuis, par Kneipp
« Comment il faut vivre… », 1891
 


Publicités diverses
dans le Journal l’Echo Kneipp, 1897

     
 


Dessin du Plantain, par Kneipp
« Comment il faut vivre… », 1891
 

Le plantain : (Plantago lanceolata L.) :

« C’est en masse qu’on devrait, au printemps et en été, le récolter, pour en extraire le suc et en faire une boisson. On préviendrait, de cette façon, une foule d’indispositions intérieures, qui, semblables à des champignons vénéneux, surgissent du sang et des humeurs corrompues. Ce sont les plaies qui, sans doute, ne saignent pas, mais qui n’en sont pas moins dangereuses pour cela, au contraire.

Les feuilles desséchées du plantain fournissent également un thé excellent pour les engorgements internes. Les journaux publient souvent de longs articles élogieux sur les effets magnifiques du plantain, et de plus longs encore sur le suc de plantain, tel qu’il est préparé chez l’un ou l’autre droguiste.

On achète ces choses-là bien cher. Mais, brave paysan, pourquoi ne pourrais-tu pas toi-même cueillir et préparer ces remèdes ! Tu aurais moins de soucis alors, puisque tu saurais que- ta marchandise n’est pas falsifiée. »

 

     
 

 

Dessin du Prunellier, par Kneipp
« Comment il faut vivre… », 1891
  

La prunelle (Prunus spinosa L.) :

Les fleurs de prunelle forment le laxatif le plus inoffensif et devraient se trouver, en première ligne, dans chaque pharmacie de famille. Que de fois ne sentez-vous pas l’utilité ou même le besoin d’une purge ! L’état de l’estomac ou du bas-ventre ou encore l’état général de votre santé vous le dit. C’est alors qu’on va à la recherche d’un médicament léger ; on cherche, et on pourrait si facilement l’avoir sous la main. Prenez donc ces fleurs de prunelle, faites les bouillir pendant une minute et buvez-en, 3-4 jours durant, une tasse par jour. Cette infusion agit tout doucement, sans aucune incommodité, aucun ennui; et pourtant elle purge à fond. Je recommande le même médicament comme stomachique, épurant et fortifiant l’estomac.  

     
 

Le romarin (Rosmarinus officinalis L.) :

Aux jours de noces et aux grandes solennités tout invité est tenu de porter un petit bouquet de romarin. De même il serait malséant d’avoir une pharmacie domestique privée de cette plante aromatique. Le romarin est un excellent stomachique. Apprêté et bu sous forme de thé, il débarrasse l’estomac des obstructions, remet l’appétit et la digestion.

 


Dessin du Romarin, par Kneipp
« Comment il faut vivre… », 1891
 

   
 On peut s’étonner de cet article sur la Bicyclette paru en 1897. Le présent article était consacré à « la peur du bicycliste ou état nerveux qui peut survenir au bicycliste en marche » ! Comme le dit l’auteur : « la question première n’est pas tant de rendre la bicyclette pratique pour celui qui en use mais plutôt de rendre celui qui en fait usage capable de s’en servir ».
 


Dessin du Tussilage, par Kneipp
« Comment il faut vivre… », 1891
 

Le tussilage (Tussilago petasitis et farfara) :

Le Créateur a fait germer tant de plantes très peu estimées ou même méprisées au point qu’on éprouve un certain plaisir à pouvoir leur donner un coup de pied.

C’est aussi le sort du tussilage, qui passe ordinairement pour une très mauvaise herbe ; mais quiconque le connaît, l’estime et le traite en bon ami.

Il y a deux sortes de tussilage : le tussilage pétasite (froid, hybride) et le. tussilage farfara ou ordinaire, appelé aussi pas-d’âne.

Le tussilage, pris en forme de thé, est un excellent remède béchique, purifiant la poitrine, dégageant les poumons, calmant la toux, soulageant l’asthme, notamment quand il y a prédisposition à la phtisie. Les feuilles de tussilage peuvent être appliquées, à nu ou entre deux linges, sur la poitrine : elles attirent au dehors la chaleur du corps, arrêtent l’asthénie (prostration des forces) et éloignent les fièvres. Elles exercent aussi une très bonne influence sur les plaies suppurantes, dont elles enlèvent l’inflammation et la rougeur, et elles éliminent les éléments morbides.

  La violette (Viola odorata L.) :

« Inutile de faire l’éloge de cette plante qui, dès le premier printemps, apparaît aussi agréable par son odeur douce et suave que par sa beauté modeste. Elle rampe à terre et se cache sous un feuillage épais, mais se fait chercher de tous et est appelée à remplir de son parfum notre pharmacie domestique. Au printemps les enfants ont souvent, à la suite des variations fréquentes de la température, une forte toux, la coqueluche. C’est alors que la mère, soigneuse de la santé des siens, fera cuire une poignée de feuilles vertes ou sèches de violettes dans un quart de litre d’eau et donnera, toutes les 2-3 heures, à l’enfant souffrant 2-3 cuillerées de cette décoction… Réjouissez-vous du parfum et du bleu ravissant de la violette ! Mais conservez aussi une petite provision de cette plante médicinale dans votre pharmacie de famille,, afin qu’elle délecte le malade, même au temps où la fleur printanière né vit plus ! ». 

 
Dessin de la Violette, par Kneipp
« Comment il faut vivre… », 1891
     
 Il y a bien d’autres plantes dans la Pharmacie KNEIPP. Ce ne sont ici quelques exemples parmi d’autres de sa façon de voir les plantes qui soignent.
 
On ne peut pas finir cette exposition sans quelques considérations sur l’œuvre principale de Kneipp : les cures d’eau. Il faut d’abord souligner que si l’abbé Kneipp a eu des détracteurs comme nous l’avons vu plus haut, il a eu ses adeptes et admirateurs assez rapidement. On peut lire par exemple l’ouvrage de « Une curé allemand extraordinaire », écrit par un de ses confrères, l’abbé Kannengieser. Mais il faut également faire état d’un débat qui a eu lieu dès les années 1890 quant à l’originalité de Kneipp et de sa méthode. L’hydrothérapie était en effet bien connue avant lui. On trouve par exemple une description détaillée de cette technique dans l’ouvrage de Bouchardat en 1840. Il cite Priessnitz, un paysan Tchécoslovaque né en 1799. Sa méthode sera rationalisée au XIXe siècle et on trouve de nombreux ouvrages sur ce sujet avant 1850. Ce débat quant à la fondation de l’hydrothérapie a amené le Dr Baumgarten, en 1901, a faire une comparaison entre Priessnitz et Kneipp dans ce domaine. Directeur de l’établissement Kneipp de Woerishofen, il était évidemment un partisan du curé local ! Il reconnait à Priessnitz le mérite d’avoir obligé les médecins à s’intéresser à l’hydrothérapie. Mais il lui refuse la plupart des « inventions » associées à l’hydrothérapie. Quant à Kneipp, Baumgarten souligne que  « son ambition était que la cure découverte par lui et si prodigieusement vulgarisée conquît l’amour du peuple et celui des médecins. Si l’on peut contester qu’il ait atteint au second de ces buts, en revanche il faut accorder qu’il a gagné une place d’honneur dans le cœur des foules ».  Mais l’auteur souligne que Kneipp resta très peu connu avant la publication en 1886 de son ouvrage « Ma cure d’eau », publié chez Kösel à Kempten. « On l’avait engagé plusieurs fois à ne pas garder pour lui son expérience en hydrothérapie et à la transmettre à la postérité. Il avait toujours rejeté cette idée, disant qu’il ne valait rien pour écrire des livres. Enfin, l’Abbé Maurus de Beuron le pressa tant, qu’il le décida à écrire des notes. Il facilita beaucoup cette tâche au vieux curé en lui envoyant le père lldefonse Schober, aujourd’hui abbé à Seckau, en Styrie. Celui-ci servit de secrétaire et de rédacteur pour composer le livre Ma cure d’eau, tandis que Kneipp dictait ce qu’il savait. Bientôt parut la première édition en 1886, tirée à 500 exemplaires par prudence, de crainte d’insuccès. Elle s’épuisa en quelques semaines. Ce livre se vendit si rapidement, qu’en 1899 se fit la 66e édition. Déjà il avait été répandu à plus de 400.000 exemplaires. Les chiffres de l’affluence à Woerishofen sont également fort intéressants. Des premières années il n’y a pas de statistique. Mais dès 1880 et un peu avant, les étrangers ont dû arriver en nombre fortement croissant. C’est ce qu’indique le fait que l’administration des postes dut créer à partir du 1er janvier 1881 à Woerishofen un bureau d’expéditions. En même temps, il lui fallut assurer la jonction de Turckheim à cette localité par des cabriolets faisant le service deux fois par jour. Le 1er janvier 1883, pour répondre aux nouveaux besoins, elle y substitua un omnibus à quarante places ».
 

  Baumgarten, dans son ouvrage de près de 500 pages, donne toute une histoire de l’hydrothérapie, en commençant avec Hippocrate, « le père de la médecine, est également celui de l’hydrothérapie. En outre de la plupart des autres formes d’application de l’eau, il mentionne en onze endroits les arrosements froids ou chauds. Ils embrassent le corps entier ou des parties de celui-ci, par exemple la tête ou les articulations douloureuses par suite d’inflammations. C’est surtout dans les états spasmodiques ou les arthropathies accompagnées de souffrances vives qu’il emploie ce procédé. Le plus caractéristique de ces passages est celui-ci : « Dans les gonflements articulaires, les douleurs sans abcès, la goutte, les déchirures musculaires, dans toutes ces affections l’arrosage avec beaucoup d’eau froide procure dans la plupart des cas du soulagement, diminue la tuméfaction et délivre de la souffrance. Car un peu d’engourdissement supprime celle-ci ». Les opinions d’Hippocrate dominèrent toute la médecine, et lorsque Asclépiade vint à Rome (100 av. J.-C), il les y importa avec lui. Il fut volontiers écouté. Antonius Musa guérit par l’hydrothérapie l’empereur Auguste, atteint en l’an 23 avant Jésus-Christ d’une grave affection du foie. Les indications de Cornelius Celsus (23 ap. J.-C), surnommé le Cicéron de la médecine, ont un intérêt particulier. Très porté vers l’hydrothérapie, il a recommandé les arrosements en treize passages de ses œuvres… » Enfin, Baugmarten conclut : « Priessnitz et Kneipp furent des hommes incontestablement supérieurs. Tous deux ont eu une humble origine et vécu loin des centres. Malgré cela, et sans avoir à leur disposition les moyens de puissance ordinaires, ils ont agi sur les esprits autant que les plus grands génies. Ce fait serait incompréhensible si l’on ne réfléchissait qu’ils ont servi l’humanité dans ses intérêts primordiaux, c’est-à-dire la conservation ou le rétablissement de la santé. Tous deux faisaient partie du peuple et ne se mirent pas en opposition avec lui, comme il arrive souvent aux médecins. Oui, Priessnitz et Kneipp sont bien les pierres angulaires de l’édifice hygiénique du XIXe siècle. »
 

  

 

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Schémas d’application en hydrothérapie.

Neuens, Nicolas. Manuel pratique et raisonné du système hydrothérapique de M. l’abbé S. Kneipp, curé de Woerishofen (3e édition corrigée, édition française seule autorisée)

précédé d’une attestation de M. l’abbé Kneipp. 1899.

 

 

 

 
 Les médicaments Kneipp furent produits à partir de 1891 par le pharmacien de Wutzbourg L. Oberhaüsser dont la société porte aujourd’hui le nom de Kneipp-Werke.

Après la mort de Sebastian Kneipp, Leonhard Oberhäußer continue l’entreprise. Puis après la mort de l’autre fondateur, son fils Hermann lui succède en 1920, reprend la fabrication et la distribution dans les pharmacies.

Après la Seconde Guerre mondiale, le groupe Kneipp abandonne les vieilles recettes, se sépare de la pharmacie Engel et des établissements portant son nom. En 1958, l’entreprise s’installe dans une ancienne auberge où elle se trouve toujours. Dans les années 1970, elle élargit ses points de vente aux drogueries et aux épiceries. Elle construit aussi une nouvelle usine à Wurtzbourg et établit une filiale aux Pays-Bas.

Dans les années 1980, le dirigeant Luitpold Leusser crée une usine de fabrication de thé à Bad Wörishofen. Après sa mort en 1996, la nouvelle direction décide de continuer l’expansion et crée des filiales aux États-Unis, en Suisse et en Autriche. Une nouvelle unité se fait à Ochsenfurt.

En 2001, Hartmann Gruppe (de) achète 80% des actions de Kneipp-Werke puis les 20% restants en avril 2008. En février 2012, l’entreprise annonce la fermeture de son usine de Bad Wörishofen durant l’année 2013

 

 

     
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