Page de garde du catalogue 1922 de la Pharmacie Bailly
On peut distinguer la Pharmacie de la Rue de Rome
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Le Laboratoire Bailly
à travers 4 catalogues
de la Pharmacie de Rome
entre 1922 et 1930.
Catalogue de la Pharmacie Bailly, 1922
Récompenses obtenues aux Expositions
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Malgré l’existence actuelle du Laboratoire Bailly-Creat (Bailly-Creat est né en 2002 de la fusion entre le Laboratoire A. Bailly-Speab et la Laboratoire Creta.), il est très difficile d’obtenir des informations sur l’histoire de Bailly, laboratoire créé après la première guerre mondiale.
On peut lire sur le site actuel de l’entreprise que « Le Laboratoire A. Bailly-Speab est l’un des plus anciens laboratoires pharmaceutiques installés en France, fondé en 1928 par les frères Bailly, qui faisaient déjà du commerce de médicaments en 1902.
Ils ont aussi fondé en 1908 la Grande Pharmacie Bailly, qui occupe toujours le même immeuble rue de Rome à Paris, et qui reste l’une des plus grandes pharmacies de la capitale.
Dès le début de leur activité, les frères Bailly se sont ouverts à l’international. En 1910, ils exportaient en Afrique de l’Ouest et du Nord, en Asie et au Proche Orient, la première formule du Pulmosérum© Bailly créée en 1908. » |
Laboratoire Bailly
Relevé des dépôts de marques pour l’international.
Comme on peut le voir, la marque Pulmoserum date, pour la France, de 1910
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Catalogue Bailly 1922
Publicité pour le Théïnol2
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Par ailleurs, la Société Bailly, sous le nom de « Droguerie de Rome » avait publié le petit article suivant dans la revue d’Histoire de la Pharmacie en 1929 : « Débuter dans une modeste pharmacie de 18 à 20 mètres carrés et amener progressivement, en moins de vingt ans, cet embryon d’officine à devenir la plus importante et la plus moderne des pharmacies de France, avec un personnel de 800 employés ou voyageurs, tel est le record d’organisation réalisé par M. A. Bailly, officier de la Légion d’Honneur, président du Syndicat des Grandes Pharmacies Commerciales Françaises.
Ayant acquis en 1901, la pharmacie établie en 1870 par M. Copart, 15 rue de Rome, M. Bailly agrandit bientôt sa maison jusqu’à englober plusieurs immeubles voisions et créa l’établissement pharmaceutique type de l’officine moderne. En 1906, il fit construire, à Nogent-sur-Marne, une vaste usine, où se préparent plusieurs millions de kilos de produits pharmaceutiques divers.
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Catalogue Bailly 1922
Publicité pour le Pulmoserum1
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Secondé actuellement par ses neveux, MM. Léon Bailly et Godeau, tous deux pharmaciens de 1° classe et docteurs en pharmacie, M. A. Bailly dirige cette vaste organisation dont les spécialités de premier ordre ont acquis une réputation universelle : le Pulmoserum, contre les maladies des poumons et des bronches, l’Opobyl, spécifique des maladies du foie, le Forxol, reconstituant de l’organisme en général, le Phaguryl, antiseptique des voies urinaires, le Theïnol clamant immédiat de la douleur, l’Urophile diathèse arthritique, le Quergemol antipaludique, le Ménatol régulateur des fonctions utéro-ovariennes.
La pharmacie Bailly a su réaliser la collaboration intime de l’usine et du laboratoire ; elle a de plus le mérite de travailler en étroite communion d’idées avec le corps médical. Enfin, elle est susceptible de livrer immédiatement toutes spécialités françaises ou étrangères »
Catalogue Bailly 1928
Publicité pour le Coqueluchol et le sirop de dentition Bailly
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Catalogue Bailly 1822
Publicité pour l’Urophile Bailly
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Catalogue Bailly 1930
Vue de l’usine de Nogent-sur-Marne
Catalogue Bailly 1930
Publicité pour le Shampoing Messalina.
Ce produit faisait partie de toute une gamme de la « parfumerie Messalina » : Suivre toute innovation dans le domaine de la parfumerie, s’inspirer des principes modernes de l’hygiène et les mettre pratiquement à la portée de tous, tel est le programme que la PARFUMERIE MESSALINA réalise en vue de satisfaire sa clientèle par la supériorité incontestable de ses produits réputés produits de beauté.
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Les quatre catalogues Bailly que nous allons feuilleter vont nous permettre d’en savoir un peu plus sur cette entreprise et la Pharmacie de Rome qui en est à l’origine.
Parmi les autres sources d’information, il faut citer un article en anglais paru en 1937 dans le journal « The Manufacting Chemist » où sont décrits l’entreprise Bailly et ses ateliers industriels.
On peut y lire que Bailly est l’un des sites industriels les plus importants de la Région parisienne et que 300 médicaments différents y sont produits. |
Catalogue Bailly 1928
Vue de la Pharmacie Rue de Rome
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Catalogue Bailly 1928
Publicité pour Iodocrucine et Coqueluchol
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Ce site était caractérisé par une forte mécanisation des procédés de production aboutissant à « un équilibre optimisé entre des opérations manuels et des opérations mécanisées ».
On y explique en particulier l’importance du contrôle qualité non seulement sur les matières premières chimiques, mais aussi sur les flacons, les bouchons, etc. L’un des points forts de ce site est le lieu de stockage des produits, avec une division entre les lots les plus anciens, à livrer en priorité, et les lots plus récents qui peuvent attendre. Dès lors qu’on commence la livraison avec ces lots récents, on déclenche une nouvelle fabrication pour éviter d’être en rupture de stocks (c’est la méthode Kanban avant la lettre car elle fut déployée par Toyota dans les années 1950 !).
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Le site produit alors 100 tonnes de produits chaque année, plus spécialement des granulés de kola et de glycérophosphate de calcium. On y produit également des comprimés dragéifiés, environ 100 millions par an, ainsi que des comprimés (machine à 4 ou 6 poinçons) dont la production annuelle était alors d’environ 30 millions par an, y compris des comprimés d’aspirine.
Enfin, 20 millions de pastilles étaient également produites sur le site. A l’époque, la fabrication de cachets reste importante et Bailly en fabrique, grâce à une machine entièrement automatique, à un rythme de 20 cachets par minutes et 19 000 cachets par jour. L’article décrit aussi la production semi-automatique des flacons, la production des poudres dans un atelier séparé, et celle des vaccins.
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Catalogue Bailly 1930
Exemples de médicaments granulés
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Un bel exemple de concurrence entre pharmaciens !
Publicité pour la Pharmacie Aumale (Alger) et le Pulmoserum
Article paru dans « Alger, Annales Africaines, 1922 »
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Poudre Cornélius BAILLY
Indiqué pour l’asthme par Bailly, cette poudre était placée sur une assiette, en forme de monticule, puis enflammée pour que le malade respire fortement la fumée.
« Au milieu de cette atmophère saturée de fumée bienfaisante, la crise se calme au bout de quelques minutes. »
Il existait également les Cigarettes Cornelius pour le même usage. |
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Catalogue Bailly 1930
Publicité pour la Mentholéine Bailly
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Catalogues de la Pharmacie de Rome :
1922-1930.
Le catalogue de 1922 est déjà riche d’enseignement. Il faut se rappeler du contexte de cette période d’immédiat après-guerre où la spécialité pharmaceutique est tolérée mais mal vue par de très nombreux pharmaciens d’officine, de crainte de voir disparaitre leur métier et leur reconnaissance.
A. Bailly a résolument pris le parti de commercialiser et de promouvoir les spécialités qui sont proposées sur le marché, et de vendre ses propres produits. Au-delà du Pulmoserum, on trouve dès 1922 toute une série de produits Bailly : l’Urophile Bailly, le Baume Muscula, le Théinol Bailly, le Coqueluchol Bailly, l’Iodocrucine, le Cacao Bailly, les Intusoires Bailly, la Lotion Messalina Bailly, etc.
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Publicité pour Pulmoserum paru en 1934
dans le Concours Medical
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Le plus connu, encore commercialisé aujourd’hui, est bien sûr le Pulmoserum qui a été développé en 1910 et qu’on trouve dans les recueils de nouvelles spécialités en 1911. Dix ans plus tard, le produit est exporté déjà dans les territoires hors métropole : Madagascar, Indochine, Algérie. Dans ces régions, on trouve parfois des coupures de journaux étonnantes : comme celle du journal de Majunga (Madagascar) qui signale deux objets trouvés sur la voie publique : une montre en nickel et un flacon de Pulmoserum Bailly ! Ou encore cette annonce de Madagascar ou le produit de Bailly est associé chez le même commerçant, Durgeat, à des fromages, des jeux de clefs à tube pour voiture ou encore des extincteurs !
Visiblement, A. Bailly est très actif dans sa recherche de dépositaire hors de France. On trouve par exemple une lettre du janvier 1922 adressée au président de la Chambre de Commerce de Haiphong (Vietnam) où Bailly cherche un agent pour ses produits, espérant « créer un bon courant d’affaires avec votre région qui nous intéresse au plus haut point ». Les catalogues de la Pharmacie de Rome sont donc un excellent moyen de communication sur les produits et spécificités de Bailly.
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Lettre de A. Bailly au Président de la Chambre de Commerce
de Haiphong (Vietnam) en 1921
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Annonce parue dans le journal de Marunja (Madagascar)
1924
Annonce parue à Madagascar
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Les formes médicamenteuses sont assez diversifiées dès 1922 : on trouve tout d’abord des cachets de très nombreux produits : antipyrine, aspirine, quinine, pyramidon, véronal, etc. Bailly fabrique également des capsules, capsulines et perles, par exemple pour le bleu de méthylène, le bromure de camphre, la gaïacol, l’ichtyol, la térébenthine de Venise…
Catalogue Bailly 1930
Pulvérisateurs à balle.
Il existait également différents modèles de pulvérisateurs à vapeur, nickelés ou grillagés
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Publicité pour le Pulmoserum
Echo d’Alger 1922
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La pharmacie s’est aussi spécialisée dans les médicaments granulés comme le Glycérophosphate de chaux ou la Kola granulée, mais aussi l’aspirine, la caféine, le Kola coca quina, la lécithine, etc.
On trouve encore plusieurs produits sous forme de pastilles et pâtes (dont le Pastisérol Bailly, antiseptique), les pilules, les pommades, les extraits de quinquina, les sirops, les suppositoires, les vins médicinaux. La Pharmacie de Rome vend également de la parfumerie, des pansements, des bas à varices, des bandages et ceintures Bailly, de l’optique médicale et des appareils acoustiques, et toute une série d’objets divers : pulvérisateurs à balle ou à vapeur, seringues, sondes, canules, biberons, etc.
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Catalogue Bailly 1922
Publicité pour le Vin Muscula
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Catalogue Bailly 1930
Spécialités étrangères
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Le centre du catalogue est occupé par 5 pages de listing des spécialités pharmaceutiques vendues par la pharmacie, classées par ordre alphabétique : on peut citer les Cachou Lajaunie, le Charbon de Belloc, la Carnine Lefrancq, l’Eau de jouvence de l’abbé Soury, l’Eau de Mélisse Boyer, l’Elixir Gonnon, le Globeol, le Gomenol, le Jubol, les Pastilles Valda, le sirop Famel, le Vin Mariani et beaucoup d’autres spécialités de Bailly lui-même : plus de 50 spécialités dès 1922.
La fin du catalogue est consacrée aux médicaments à utiliser, pathologie par pathologie, en commençant par les maladies des voies respiratoires : pour Bailly, il faut, pour guérir ces affections, détruire les manifestations nocives et reconstituer l’organisme, le fortifier : « Ce sont les principes qui ont permis la médication des affections pulmonaires par le pulmoserum Bailly, composé par la réunion scientifique de Pulmonaria, de Gaïacol, de Phosphore, Phospho-gaïacolate de Codéine, de Sodium, de Calcium, etc. etc. ».
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Catalogue Bailly 1930
Publicités pour le Baume Muscula, la Dermine Bailly
et le Corivore Salmon.
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L’auteur précise : « le Pulmonaria1 facilite l’expulsion des crachats par son action émolliente, favorise l’absorption par les tissus des autres principes actifs auxquels elle est mélangée ; le sirop de Codéine calme la toux, la fait disparaitre ; le Gaïacol a sur les germes microbiens des effets antiseptiques très nets, une action asséchante rapide, une propriété excito-défensive, amenant au siège de la lésion un surcroit de réaction vitale et modificatrice ; d’après tous les auteurs : Bouchard, Grimberg, etc, on n’a jamais trouvé rien de plus actif pour combattre les lésions pulmonaires, de plus il augmente l’appétit et stimule les forces générales…. »
Poursuivant sur les propriétés de l’acide phosphorique et du calcium, Bailly conclut : « Voilà pourquoi le Pulmoserum Bailly, constitué par cet ensemble des principes admirablement choisis, est à l’heure actuelle le meilleur, le plus efficace des remèdes à employer contre les affections pulmonaires. Depuis l’année 1910 à ce jour, il a été utilisé par la majorité du corps médical français et plus de 30 000 médecins étrangers… ». Parmi les autres spécialités, il faut citer le Théïnol Bailly qui eut également un certain succès pour le surmenage cérébral et l’épuisement nerveux, la neurasthénie. Sa composition en 1922 n’était pas donnée dans le catalogue de Bailly en 1922.
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Que peut-on dire des trois autres catalogues qui suivent entre 1927 et 1930 ? On apprend tout d’abord que le chiffre d’affaires a considérable augmenté : Bailly a livré 1.8 millions de commandes en 1927 et plus de 2 millions en 1929. Les prix ont parfois beaucoup changé également.
A titre d’exemple, l’amidon de Maïs en poudre est passé de 1.90 francs en 1922 à 4 francs le kilo en 1930, le Baume Tranquille est passé de 9 à 16 francs le litre sur la même période, l’aspirine de 4 à 7.75 francs les 125 grammes, et le Pulmoserum de 8.80 à 14 francs le flacon. La liste des spécialités est passé de 5 pages en 1922 à 10 pages en 1930, sans compter les spécialités étrangères : anglaises, américaines, italiennes et allemandes.
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Les spécialités de Bailly sont passées en 1930 à près de 70 produits ! Les Laboratoires Bailly dont l’usine est alors installée à Nogent-sur-Marne sur une surface de 20 000 mètres carrés, emploient 750 personnes et fournissent annuellement 5000 tonnes de produits pharmaceutiques.
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Catalogue Bailly 1930
Page de garde
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Catalogue Bailly 1928
Publicité pour les Intusoires Bailly
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Catalogue Bailly 1928
Tarif du Laboratoire d’analyses médicales
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Notes
1) Le Pulmoserum commercialisé aujourd’hui par Bailly-Creat ne comprend plus que la codéine et le gaïacol, et l’acide phosphorique comme excipient, et de l’éthanol. La Pulmonaria a donc disparu de la formule ! On considérait cette plante comme efficace sur les poumons grâce aux taches éparses sur les feuilles, ces taches évoquant celles du poumon. Il est prescrit sans ordonnance et n’est pas remboursé par l’Assurance Maladie
2) Théinol : ce produit est toujours commercialisé par Bailly-Creat en 2015 et contient du paracétamol et de la caféine. C’est un médicament remboursé à 65% avec un SMR (Service Medical Rendu) important avec le commentaire suivant : « La commission considère que le service médical rendu par Théinol reste important dans le traitement symptomatique des douleurs d’intensité légère à modérée et/ou des états fébriles. La Commission continue à s’intérroger sur l’intérêt de l’association paracétamol/caféine et ne pense pas qu’elle constitue un progrès. »
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Deux publicités plus récentes de BAILLY (1949 et 1951) |
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Publicité pour Kerba, 1951
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Publicité pour Kerba, 1951
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Publicité pourPulmoserum, 1949
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Publicité pour Pulmoserum, 1949
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