Ernest Baudrimont
(2 septembre 1821- 14 septembre 1885)
En mars 1868, Le Canu, jusqu’alors professeur de pharmacie, devenait professeur de pharmacie chimique et Chevallier était nommé professeur de pharmacie. Lorsque Le Canu fut mis à la retraite en 1871, Baudrimont prit sa succession, non comme professeur titulaire, mais d’abord comme professeur adjoint et c’est seulement lorsque cette fonction fut supprimée le 17 janvier 1874 qu’il fut titularisé dans la chaire de pharmacie chimique.
Baudrimont est né à Compiègne dans une famille peu aisée qui n’a pu consentir les sacrifices nécessaires pour le mettre au collège. D’après le registre d’Etat-civil, son père était âgé de 21 ans à sa naissance et déclaré « sans profession ». A 13 ans, peu instruit, il part à Paris rejoindre son oncle Alexandre Baudrimont, préparateur-chef des travaux au Collège de France, et, sous sa direction, il entreprend son instruction pratique et théorique, étudiant en même temps les matières de l’enseignement secondaire et de l’enseignement supérieur. Son oncle lui confie déjà des conférences aux élèves du laboratoire, alors qu’il a à peine 16 ans mais, deux ans plus tard, Alexandre Baudrimont doit l’abandonner, étant nommé à Bordeaux, à la suite d’une mésentente avec Dumas. Ernest Baudrimont se décide alors à entreprendre ses études de pharmacie et il effectue son stage à Paris, d’abord chez Gélis du 1er janvier au 31 décembre 1839, puis chez Biron du 1er février 1840 au 1er mars 1841. Dès sa première année d’études, il est reçu premier au concours de l’Internat le 1er avril 1842, et il obtiendra les deux médailles d’argent en 1843 et 1846. Pendant ce temps, il obtient ses baccalauréats, ès-lettres en 1845 et ès-sciences en 1846, et poursuit avec succès ses études de pharmacie, obtenant la médaille d’or des travaux pratiques. Toutefois, comme beaucoup d’autres à cette époque, il ne se fera recevoir pharmacien de 1ère classe que le 26 août 1852, avec une thèse sur la formation des eaux minérales. Il entreprend par ailleurs ses études de médecine en 1855.
Sa carrière hospitalière commence en 1854 par son succès au concours du pharmacopat. Après son premier poste à l’hôpital Trousseau du 1er avril 1854 au 31 décembre 1875, il est placé à la tête de la Pharmacie Centrale des hôpitaux, le 1er janvier 1876, et le demeurera jusqu’à son décès. Au cours des épidémies de choléra, il se fit remarquer par son courage et son dévouement : en 1849, envoyé en mission dans les départements de l’Yonne, de l’Oise et de l’Aisne, et en 1854, dans son hôpital.
Sa carrière universitaire commença le 31 août 1856 par le poste de préparateur de pharmacie, puis par celui de préparateur d’histoire naturelle le 1er décembre 1862. Ayant terminé sa licence ès-sciences physique en 1856, il soutient son doctorat le 6 février 1864 et l’année suivante, il est institué agrégé de pharmacie à compter du 1er janvier 1865. Dès cette année, il est chargé de suppléer Le Canu dans l’enseignement de la pharmacie chimique, en remplacement de Lutz. Le 15 mars 1872, il est nommé professeur-adjoint de pharmacie chimique, puis, à la suite de la suppression des professeurs-adjoints, il devient professeur titulaire le 17 janvier 1874. D’après ses anciens élèves, il fut un enseignant remarquable. Il décédait le 14 septembre 1885 alors qu’il venait seulement d’entrer dans sa soixante-cinquième année.
Travaux scientifiques
Ses recherches ont été principalement consacrées à la chimie minérale. Il s’est intéressé aux phosphore – phosphore blanc – et aux dérivés du phosphore. Sa thèse de sciences est consacrée à des « recherches sur les chlorures et bromures de phosphore ». Il étudie également les oxybromures de phosphore et les phosphures de zinc – le soufre mou – l’iodure d’amidon – la préparation de l’oxygène – les éléments chimiques en vue de la révision du Codex. Il s’est également occupé de la constitution de la brucine et de la contamination des eaux par les matières organiques.
Distinctions honorifiques.
Ainsi que nous l’avons déjà signalé. Baudrimont a été deux fois lauréat des concours des prix de l’Internat en pharmacie et lauréat (médaille d’or) au concours de l’Ecole pratique de l’Ecole de pharmacie. Il a reçu trois médailles d’argent comme récompenses de sa conduite pendant les épidémies de choléra : deux lui ont été offertes par le ministre et par l’École de pharmacie « en souvenir du choléra de 1849 », la troisième par le ministre de l’agriculture et du commerce « en souvenir du choléra de 1854 ».
Lauréat de l’Académie de médecine (prix Capuron).
Membre de la Société de Pharmacie de Paris en 1855, secrétaire annuel en 1858, archiviste de 1866 à 1875.
Élu à l’Académie de médecine le 7 juin 1881, en remplacement de Personne, dans la section de pharmacie. Officier d’Académie en 1864 puis officier de l’Instruction publique et chevalier de la Légion d’honneur.
Bibliographie.
Dictionnaire des altérations et des falsifications des substances alimentaires dont il publie la première édition avec Chevallier et qui eut plusieurs éditions.
Biographie.
L. Prunier. Eloge d’Ernest Baudrimont prononcé à la séance solennelle de rentrée de l’Ecole supérieure de pharmacie de Paris (14 novembre 1887). Union pharmaceutique, 1887, p. 517-526.
Source : G. Dillemann. Produits et problèmes pharmaceutiques (1870+)
En complément (par Weitz, 1931)
Pharmacien des hôpitaux depuis 1854, il devint agrégé à la suite du concours de 1864 : il suppléa Le Canu, professeur de pharmacie chimique, fut nommé professeur adjoint en 1872 et titulaire en 1874. De plus, il devint directeur de la Pharmacie centrale des hôpitaux en 1877 et membre de l’Académie de Médecine en 1881. Orateur enthousiaste, il vit ses cours remporter près des élèves le plus grand succès.
Baudrimont a laisse des travaux dans toutes les branches des sciences pharmaceutiques, notamment en hydrologie et en chimie. Il a collaboré avec Chevallier au Dictionnaire des altérations et falsifications , dont la 7ème et dernière édition, devait paraître en 1897, par les soins du Docteur Héret, pharmacien des hôpitaux.
Source : René Weitz : les grands pharmaciens du XIXe siècle, Paris, 1931
Voir article complet sur Baudrimont dans la RHP par Frédéric Bonté (2014)