Extrait de l’ouvrage du docteur Dehaut (1863) sur ce sujet1 :
Orezza est une localité située dans les montagnes de la Corse. Sa célébrité lui vient d’une source abondante et gazeuse qui s’échappe d’un immense rocher. De temps immémorial, les habitants des plaines fertiles, mais insalubres, qui s’étendent au pied des montagnes venaient boire l’eau de cette fontaine, pour rétablir leur santé délabrée par de nombreux accès de fièvres intermittentes, affection si grave et si fréquente dans cette contrée.
Mais la renommée d’Orezza ne s’étendait pas au delà des limites du pays, à cause de la difficulté des communications.
Informée des résultats remarquables qu’on obtenait à Orezza, l’Académie de Médecine de Paris chargea deux de ses membres les plus habiles de faire l’analyse de cette eau. Cette analyse établit deux faits qui rendent bien compte des effets médicaux constatés depuis des siècles, savoir : qu’aucune source gazeuse n’est aussi riche que celle-là en acide carbonique, et, en même temps, qu’aucune source ferrugineuse n’est aussi riche en bicarbonate de fer. L’eau d’Orezza est donc la première parmi les eaux naturelles gazeuses et ferrugineuses.
Il y a moins de vingt ans, aucun praticien ne pouvait prescrire cette eau, parce qu’il fallait aller la prendre à la source ; mais, aujourd’hui, grâce à des efforts énergiques, intelligents et persévérants, l’eau d’Orezza se trouve dans toutes les bonnes pharmacies de l’Europe, et nous pouvons, imitant l’exemple de la plupart des médecins, recommander son emploi à nos lecteurs.
Propriétés. Les propriétés de l’eau d’Orezza sont celles des autres remèdes ferrugineux, et son emploi convient dans tous les cas où la pauvreté du sang joue un rôle appréciable. Mais, ce qui constitue le mérite exceptionnel de l’eau
d’Orezza, c’est la facilité de son emploi. En effet, elle est d’une limpidité parfaite, d’une saveur aigrelette, piquante et réellement agréable à boire. Elle pétille comme les vins mousseux ; c’est comme une eau de Seltz ferrugineuse. On la prend comme on veut, soit pure et à jeun, soit mélangée au vin et au repas. Selon que le besoin de fer est plus ou moins prononcé, on en prend une bouteille par jour, ou seulement un ou deux verres. Aucune personne n’éprouve jamais la moindre répugnance à boire cette eau.
Certains médecins font prendre l’eau d’Orezza alternativement avec d’autres bonnes préparations ferrugineuses, telles, par exemple, que les pilules de Vallet et celles de Blancard.
Si l’eau d’Orezza convient aux personnes à sang pauvre et faible, il faut bien savoir qu’elle doit être évitée par les sujets qui ont le sang riche et fort, ainsi que par celles qui ont de la fièvre…
- Manuel de médecine, d’hygiène, de chirurgie et de pharmacie domestiques par Dehaut…10ème édition, Paris, chez l’auteur, 1863