illus014

Eau de Candale ou Eau magistrale de Candale

 

On doit ce remède secret à François de Foix-Candale (1512-1594). Ce personnage appartenait à la branche cadette de l’illustre famille des Foix-Grailly, dont la branche aînée contracta des alliances princières et aboutit à Henri IV. Le nom de Candale fut pris à la suite du mariage d’un membre de la lignée avec une comtesse de Kendal, propre nièce de William de la Pole Suffolk, le capitaine anglais vaincu par Jeanne d’Arc à Orléans. Évêque d’Aire, à partir de 1570, François de Foix-Candale administra son diocèse de loin, continuant à résider, le plus souvent, dans son chateau du Puy-Paulin, à Bordeaux. Epris de sciences, initié à l’art d’Hermès par son grand-père maternel, le comte d’Astarac, il s’y livrait à des recherches alchimiques, ayant réussi, disait-on, à fabriquer des lingots d’argent qui fournirent à sa vaisselle. Ces recherches le conduisirent ainsi à la préparation de l’eau de Candale, remède souverain dont il faisait bénéficier les malades indigents secourus par le couvent des  Augustins de Bordeaux.


L’eau de Candale était un alcoolat préparé à partir de plus de soixante composants. Sa formule, longtemps tenue secrète, fut transmise, au décès de l’évêque, à sa petite-nièce, la duchesse d’Epernon, puis vendue, en 1716, à un nommé Albert Bataille qui l’exploita quelque temps. Maurice Bouvet 
a retrouvé cette formule, en 1954, à la Bibliothèque nationale, dans le portefeuille de Vallant, médecin de la marquise de Sablé, et Henri Delfour l’a publié la même année dans le Bulletin de la Société de Borda (1954, 68, 192-204).

Les drogues qui la constituaient étaient d’abord soumises à une digestion alcoolique de neuf jours dans un matras bien clos, enfoui sus du fumier de chval, puis la préparation se poursuivait par une distillation fractionnée. On recueillait ainsi d’abord un alcoolat clair comme de l’eau de roche, d’odeur subtile et franche, que l’on pouvait administrer par voie orale et qui constituait la véritable eau de Candale. Riche en principes aromatiques, l’eau de Candale avait des propriétés antispasmodiques, excitantes, stomachiques et carminatives. Puis, on obtenait un liquide trouble, d’aspect lactescent, de titre alcoolique moindre, mais encore efficace per os. L’eau rouge et l’huile « puante » retirées ensuite à partir du marc, avaient des propriétés antiseptiques, dues aux composés phénoliques qu’elles renfermaient : on les réservait à l’usage externe, pour la désinfection et le pansement des plaies.

 

Auteur : Guy Devaux. Dictionnaire d’Histoire de la Pharmacie, des origines à la fin du XIX° siècle, Olivier Lafont (sous la direction de), 2° édition, Pharmathèmes, 2007.

Tags: No tags

Comments are closed.