André CHOAY (1891-1964) |
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André CHOAY, fils de Eugène Choay, naquit en 1891. La formation d’André Choay débuta vers la fin du siècle dernier, dans l’Ecole communale d’un tout petit village ardennais. L’instituteur, doué d’un sens pédagogique certain, y distribuait un enseignement clair et précis, inculquant également, parfois à la manière forte, les notions nécessaire de morale, d’ordre et de discipline. Son jeune élève resta imprégné de ces vertus capitales, de telle façon qu’il aurait très bien pu, dans la suite des temps, embrasser une carrière universitaire. Ensuite, vinrent les études secondaires, couronnées par un baccalauréat brillant. La maison de « Papa » n’existait pas encore, mais le jeune bachelier avait le goût des sciences naturelles, hérité de son Père et de son Grand-père maternel, tandis que se dessinait chez lui une vocation médicale, une vocation d’assistance humaine, une vocation de charité. il entra donc au P.C.N. puis commença ses études de Médecine. Quelques années plus tard, il entra à l’Ecole Supérieure de Pharmacie de Paris, où il se fit d’emblée remarquer puisque, dès la première année, il fut reçu le deuxième au concours de l’Internat en 1913. Les contacts avec les malades devinrent alors pour lui pharmaceutiques et médicaux. Mais voilà août 1914. Après des classes très rapides, c’est sous l’uniforme d’un médecin auxiliaire d’infanterie que l’on retrouve André Choay quelque part sur le front dès septembre. Pendant quatre ans, il partagera dès lors le sort d’un de ces malheureux régiments de choc dont les fantassins sont décimés dans des proportions que l’on ne saurait imaginer; en 1918, il sera cruellement brûlé par l’ypérite: quatre citations, Légion d’Honneur bien sûr, mais il aura vu les pires horreurs et couru les mêmes dangers que ses poilus sans même la compensation parfois grisante de la participation directe au combat. il en restera profondément marqué toute sa vie. Remis, puis démobilisé, il reprend ses doubles études et se décide à préparer le Concours de Médaille d’Or des hôpitaux : il enlèvera ce titre, particulièrement envié, qu’Eugène Choay, son Père, avait déjà obtenu en 1888. C’est vers la même époque que, averti des premiers travaux effectués au Canada concernant l’insuline, il réussit parmi les toutes premières en France, une préparation de laboratoire qui permit une chute de la glycémie chez le lapin puis chez l’homme diabétique et dont l’extension sur le plan industriel ne put alors être envisagée, faute de moyens suffisants. Ses travaux et ses recherches bibliographiques sur le sujet firent, en 1925, l’objet d’une thèse de médecine monumentale (560 pages) intitulée : Essai sur la sécrétion interne du pancréas d’après les connaissances de l’époque, puis, en 1926, d’une conférence à la Société de Chimie biologique ayant pour titre : Hypothèses sur la nature de la sécrétion interne du pancréas et sur le mécanisme de son action. Quelques années plus tard, en 1935, il accéda à la Société de Pharmacie, notre Académie actuelle, dont il fut le Secrétaire Général en 1942. Entretemps, il publiait, en collaboration avec sa femme le Dr Lucie CHOAY, sur « le traitement du diabète insipide par prises nasales de poudre de lobe postérieur d’hypophyse », et organisait à l’Etablissement pharmaceutique créé par son père, un centre de recherche auquel fut adjoint un service de bibliographie et de documentation, ainsi qu’un laboratoire de contrôle biologique, complété par une animalerie particulièrement importante pour l’époque. Mais voici 1939. Le nouveau drame que l’on pressent éclate en septembre, et il en est profondément ulcéré. Affecté comme médecin capitaine à la Direction du Service de santé, il y accomplira avec conscience et discipline une besogne administrative particulièrement ingrate, et ceci jusqu’après l’Armistice. C’était une armistice de défaite et André Choay en éprouva une amertume intense. Puis, ce fut l’occupation, avec l’espoir de jours meilleurs; à la fin de 1941, André Choay fit, à la Maison de la Chimie, une conférence très remarquée sur les hormones hypophysaires. Par la suite parurent, en collaboration avec son frère, quelques publications sur la récolte des organes et la matière première des produits opothérapiques, puis, en collaboration avec son fils Henri, une note sur la « prolongation des effets de l’insuline par association avec la polyvinylpyrrolidone ». C’est alors que durement frappé par la mort de sa femme, et conformément à une vocation latente, il renonça aux activités professionnelles et chercha l’apaisement dans la vie monacale : il y servit avec sa conscience coutumière et apporta à sa pratique religieuse la note personnelle résultant de la période antérieure de sa vie, dont il avait connu les joies et la grandeur, mais aussi les exigences et la servitude. C’est avec une sérénité totale qu’il apprit, en 1963, le diagnostic du mal implacable qui devait l’emporter, et c’est avec une résignation toute chrétienne qu’il attendit alors les souffrances probables et la mort proche certaine. Le 15 février 1964, il fut rappelé à Dieu.
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Sources :
Annales pharmaceutiques Françaises, avril 1964, 22, 4 : 33-34 Centenaire de l’Internat de Pharmacie. Imp. de la Cour d’Appel, Paris, 1920 |